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Justice (allégorie)

divinité allégorique

Pour les articles homonymes, voir Justitia et Justice (homonymie).

Justice ou Justitia (écrit en latin Iustitia) est, dans la mythologie romaine, la déesse de la Justice. C'est une personnification allégorique de la force morale qui sous tend le systÚme légal. La symbolique judiciaire utilise également depuis le XIIIe siÚcle une figure de la mythologie grecque, Thémis, sous les traits d'une femme aux yeux bandés, symbolisant l'impartialité.

Allégorie de la Justice avec le bandeau, le glaive et la balance

Description

Allégorie de la Justice (1910), Henri Gervex, Paris, Palais Cambon.

Depuis la Renaissance, Justice a souvent été dépeinte portant un glaive et une balance[1], ayant un bandeau sur les yeux. D'autres interprétations plus modernes ont fait de Justice une femme enceinte dans son deuxiÚme trimestre de grossesse, car elle n'est pas une jeune fille sans expérience.

Divinités de la mythologie gréco-romaine liées à la justice

La Justitia latine est une divinité dont les attributs se retrouvent chez plusieurs divinités de la mythologie grecque et romaine qui ne lui sont pas exactement équivalentes.

Thémis

Article détaillé : Thémis.

Fille de GaĂŻa (la Terre) et d’Ouranos (le Ciel), ThĂ©mis Ă©tait l'incarnation de l'ordre divin, de la loi et de la coutume : elle personnifiait la justesse divine de la loi. Elle est une rescapĂ©e du combat cosmogonique entre les Titans et les dieux dont Zeus fut le vainqueur. PremiĂšre Ă©pouse du pĂšre des dieux, elle demeure Ă  ses cĂŽtĂ©s lors des prises de dĂ©cisions relevant de la justice divine. ThĂ©mis Ă©voque ainsi la force de la permanence et de l'impartialitĂ©, par contraste avec la future femme de Zeus, possĂ©dĂ©e par une jalousie dĂ©vorante, HĂ©ra. Elle est reprĂ©sentĂ©e armĂ©e d’un glaive et tenant une balance (cette posture peut varier, de maniĂšre plus ou moins ostentatoire). Ses couleurs vestimentaires sont dominĂ©es par le blanc, symbole de puretĂ© et de candeur (« candide » en latin signifie « blanc »), le noir et le pourpre.

Astrée

Article détaillé : Astrée (mythologie).

Fille de Zeus et ThĂ©mis (ou d'AstrĂ©os et d'Éos), elle est comme sa mĂšre un personnification de la Justice. Vivant parmi les humains, elle est la derniĂšre Ă  les quitter Ă  la fin de l'Âge d'or. Elle devint la constellation de le Vierge, tandis que la Balance de la Justice devint la constellation de la Balance.

Eunomie

Article détaillé : Eunomie.

Fille de Zeus et Thémis, Eunomie était l'une des trois Heures mentionnées par Hésiode. Elle personnifiait la Loi et l'Ordre, et par extension la justice humaine dans son aspect légal.

Dicé

Article détaillé : Dicé.

SƓur d'Eunomie, DicĂ© personnifiait la justice humaine en gĂ©nĂ©ral et notamment dans son aspect rĂ©pressif, celui du chĂątiment et de l'application des peines. On imaginait cette divinitĂ© tenant une balance comme le rappelle ce vers extrait d'un fragment ayant survĂ©cu d'un poĂšme de Bacchylide : « Si quelque dieu avait tenu en Ă©quilibre la balance de Diké ».

Tyché

Article détaillé : Tyché.

Dans la mythologie grecque, TychĂ© (en grec ancien ΀ύχη / TĂșkhĂȘ, « chance ») est la divinitĂ© tutĂ©laire de la fortune, de la prospĂ©ritĂ© et de la destinĂ©e d'une citĂ© ou d'un État. Son Ă©quivalent romain est Fortuna et son Ă©quivalent germanique est Heil, le Salut de l'Ăąme.

Némésis

Article détaillé : Némésis.

Dans la mythologie grecque, NĂ©mĂ©sis (en grec ancien ΝέΌΔσÎčς / NĂ©mesis) est la dĂ©esse de la juste colĂšre des dieux, parfois assimilĂ©e Ă  la vengeance. Le nom de NĂ©mĂ©sis dĂ©rive du terme grec ÎœÎ”ÎŻÎŒÎ”ÎčΜ / neĂ­mein, signifiant « le don de ce qui est dû ». La mythologie romaine en reprend un aspect sous la forme d'Invidia, soit « l'indignation devant un avantage injuste ». Elle est aussi interprĂ©tĂ©e comme Ă©tant un messager de mort envoyĂ© par les dieux comme punition.

Fortuna

Article détaillé : Fortuna (mythologie).

Fortuna est une divinité italique allégorique du hasard, de la chance. Son nom dérive du latin fors qui signifie « sort ». Elle est identifiée à la Tyché grecque.

Les attributs de Justice

Les attributs de Justice sont empruntés à Thémis, Dicé, Tyché et Némésis.

Le bandeau

Le bandeau qui couvre les yeux de Justice est un symbole d'impartialitĂ©[2]. Il indique que la justice est (ou devrait ĂȘtre) rendue objectivement, sans crainte ni faveur, indĂ©pendamment de l'identitĂ©, de la puissance ou de la faiblesse des accusĂ©s : la justice comme l'impartialitĂ© est aveugle.

Les yeux bandés furent initialement un attribut de la déesse grecque hellénistique Tyché (le Destin) et se retrouvent chez son équivalent, la déesse romaine Fortune (la Chance). Le bandeau ne fut attribué à la Justice latine que secondairement : les premiÚres piÚces de monnaie romaines montraient Justitia tenant le glaive dans une main et la balance dans l'autre, mais avec les yeux non couverts[3].

Le glaive

L'Ă©pĂ©e est celle de NĂ©mĂ©sis (la Vengeance) et symbolise l'aspect rĂ©pressif de la justice, l'application des peines. Chez la Justitia romaine, le glaive romain a remplacĂ© l'Ă©pĂ©e. Tenu dans la main droite, il symbolise aussi le pouvoir de la justice qui tranche les problĂšmes et litiges. Le glaive symbole de puissance, rappelle quant Ă  lui que la justice n’est rien sans la force qui permet de la faire appliquer : juger ne consiste pas seulement Ă  examiner, peser, Ă©quilibrer, mais encore Ă  trancher et sanctionner. Le glaive dĂ©signe qu'ĂȘtre juger peut ĂȘtre douloureux : la dĂ©termination du juste n’est pas seulement affaire d’apprĂ©ciation intellectuelle, elle implique surtout une dĂ©cision finale, exĂ©cutoire, tranchant dĂ©finitivement un conflit entre des intĂ©rĂȘts divergents. Mais il est Ă  double tranchant car les puissances de la raison et de la justice peuvent s'exercer aussi bien en faveur qu'au dĂ©triment de chacune des parties. ThĂ©mis utilisait le glaive pour punir les contravenants.

La balance

Justice est le plus souvent représentée tenant, dans la main gauche, une balance sur laquelle elle soupÚse les forces de soutien et d'opposition dans une affaire (principe de contradiction juridique).

La balance de Thémis est une balance composée de deux plateaux suspendus à un fléau, constituant l'un des attributs de Thémis, et en tant que tel elle est symbole de l'équité et exprime celle-ci dans le véritable symbole de la justice qui est un glaive (justice) sous contrainte de l'équité (balance). La balance seule et en fonction de ses plateaux est le symbole des comptables, des merciers et des fromagers et de la justice.

La balance constitue le symbole le plus ancien de la fonction de juger. Elle est par exemple prĂ©sentĂ©e dans plusieurs mythologies antiques comme un moyen de peser les Ăąmes aprĂšs la mort pour dĂ©terminer la valeur d’un individu. La balance fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’idĂ©e d’équilibre et de mesure : elle rappelle ainsi tant l’objectif de la justice que le moyen d’y parvenir. La balance vient Ă  ce titre symboliser le travail du juge au cours de son dĂ©libĂ©ré : prendre la mesure de chaque argument pour parvenir Ă  une dĂ©cision Ă©quilibrĂ©e. Elle symbolise aussi l’impartialitĂ© nĂ©cessaire au fonctionnement de la justice, qui ne doit pencher en faveur d’aucune des parties.ThĂ©mis l'utilisait pour juger le pour et le contre lorsqu'elle s'occupait d'une affaire.

Le Livre

Symbolise les textes de lois.

Autres attributs

Iconologie de Cesare Ripa, « Diverses justices ».

Dans son Iconologie, Cesare Ripa ajoute d'autres attributs à la Justice pour insister sur son caractÚre inviolable[4] :

  • la couronne, qui signifie que la justice est la reine des vertus ;
  • le chien, car elle doit se porter fidĂšlement Ă  servir la vertu ;
  • le serpent, car elle doit Ă©viter le vice comme un venin mortel.

La Justice rigoureuse est reprĂ©sentĂ©e par un squelette, car le juge ne se laisse pas plus flĂ©chir que la mort. La Justice divine, au contraire, est une dame trĂšs belle. Elle a sur la tĂȘte une couronne dominĂ©e par la colombe du Saint-Esprit qui communique la justice aux hommes ; tout en regardant vers le ciel, elle porte une robe d'or qui symbolise le lustre de cette justice, ainsi qu'une Ă©pĂ©e et une balance.

Représentations dans les arts

Notes et références

  1. (en) Judith Resnik, Dennis E. Curtis, Representing Justice: From Renaissance Iconography to Twenty-First-Century Courthouses, 2007, Faculty Scholarship Series. Paper 693, lire en ligne, page 143.
  2. Thémis sur le site ledroitcriminel.fr.
  3. (en) "The Scales of Justice as Represented in Engravings, Emblems, Reliefs and Sculptures of Early Modern Europe" in G. Lamoine, ed., Images et représentations de la justice du XVIe au XIXe siÚcle (Toulouse : University of Toulouse-Le Mirail, 1983) at page 8.
  4. Cesare Ripa (trad. Jean Baudoin), Iconologie, (lire sur Wikisource), « Seconde Partie », p. 56 et suivantes .


Voir aussi

  • Balance (instrument)
  • Les symboles et attributs du « Secteur comptabilité », par Claude JANSSENS, Le Parchemin, Bulletin bimestriel Ă©ditĂ© par l’Association royale office gĂ©nĂ©alogique et hĂ©raldique de Belgique, 2004.
  • (269) Justitia