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BĂ©ton cellulaire durci en autoclave

Le bĂ©ton cellulaire durci en autoclave ou bĂ©ton gaz ou bĂ©ton autoclavĂ© est un bĂ©ton lĂ©ger ayant une masse volumique faible[1] grĂące aux bulles de gaz qu’il contient. Ce gaz provient d'une rĂ©action chimique qui a lieu lors de sa fabrication[2]. Le bĂ©ton cellulaire est un matĂ©riau de construction prĂ©fabriquĂ© destinĂ© au gros Ɠuvre du bĂątiment. Il peut ĂȘtre un bĂ©ton porteur (avec armature pour les portĂ©es horizontales par exemple) ou non porteur. Il peut ĂȘtre dĂ©coupĂ© en Ă©lĂ©ments dimensionnĂ©s (prĂ©alablement au passage en autoclave)[3].

Photographie montrant quelques blocs blancs de béton cellulaire empilés les uns sur les autres.
Blocs standards de béton cellulaire.
Photographie montrant le bĂąti en construction d'une maison en blocs en bĂ©ton cellulaire disposĂ©s de la mĂȘme maniĂšre que pour les maisons en brique.
Construction d'une maison en béton cellulaire.
Photographie d'un morceau de béton cellulaire vue de prÚs avec un aspect proche de celui d'une éponge.
Macro détail de béton cellulaire autoclavé.
Scie à dentition spéciale pour béton cellulaire


Histoire technique

Le ciment artificiel pour faire du béton de ciment artificiel existe de façon pratique depuis 1820. Il fait partie de l'histoire de la pierre artificielle.

Le Dr Zernikow a Ă©tĂ© le premier, en 1877, Ă  Ă©tudier le durcissement de mĂ©langes de sable silicieux avec de la chaux vive portĂ©s Ă  haute tempĂ©rature sous pression de vapeur d’eau. « Les mortiers obtenus ne prĂ©sentaient pas de rĂ©sistances mĂ©caniques suffisantes pour la construction[4] ». L'allemand W. Michaelis brevette un procĂ©dĂ© de bĂ©ton autoclavĂ© en 1880.

La seconde invention vient de l’émulsification des mortiers. En 1889, cette invention a Ă©tĂ© octroyĂ©e Ă  E. Hoffmann. Il a utilisĂ© de la pierre Ă  chaux finement broyĂ©e et de l’acide sulfurique pour Ă©mulsionner des mortiers Ă  base de ciment et de gypse. En 1914, J.W. Aylsworth et F.A. Dyer ont brevetĂ© un procĂ©dĂ© utilisant de la poudre d’aluminium ou de zinc comme Ă©mulsifiant. Ces poudres de mĂ©tal rĂ©agissent en milieu alcalin (chaux ou ciment) en dĂ©gageant de l’hydrogĂšne[3]. « Cette formation de gaz fait lever la masse de bĂ©ton frais Ă  l’instar de ce qui se produit lors de la fabrication du pain[3] ».

La conception de bloc de béton manufacturé (parpaing ou moellon de ciment) débute en France en 1922 pour des raisons économiques d'autoconstruction possible de maisons individuelles à la suite de la guerre mondiale et des migrations ouvriÚres[5].

Le béton cellulaire est depuis 1930 dans la pratique du bùti modulaire en concurrence avec le verre cellulaire non poreux (appellation usuelle foam glass) utilisé pour une isolation rapportée (doublage)[6].

Les formes armées ou renforcées du béton cellulaire existent depuis 1935.

Le bĂ©ton cellulaire durcit en rĂ©action de prise ordinaire de bĂ©ton et aurait lui aussi ses valeurs de rĂ©sistance augmentĂ©es par le durcissement sous l'eau Ă  tempĂ©rature ordinaire. Le bĂ©ton cellulaire n'est pas un produit cĂ©ramique (brique historique, brique alvĂ©olaire extrudĂ©e moderne) oĂč on obtient par la tempĂ©rature une transformation physico-chimique d'un matĂ©riau hydrophile plastique qui devient rigide et stable.

Utilisation

Le bĂ©ton cellulaire est couramment utilisĂ© sous forme non armĂ©e en Europe centrale et orientale, en Chine et en Inde. Les pays dĂ©veloppĂ©s, comme le Japon, la CorĂ©e du Sud, l'Australie, les États-Unis ou l'Europe occidentale maĂźtrisent ses derniĂšres techniques plus sophistiquĂ©es . On estime, Ă  l'Ă©chelle europĂ©enne, que 500 000 maisons individuelles[7] sont construites chaque annĂ©e avec ce matĂ©riau.

Si le matĂ©riau est trĂšs utilisĂ© dans les pays d’Europe du Nord, il s’impose plus doucement dans les rĂ©gions oĂč l'isolation d'une habitation s'effectue par l’intĂ©rieur — comme en France jusqu'Ă  la derniĂšre partie du XXe siĂšcle — ou plus rĂ©cemment par l'extĂ©rieur partout dans le monde.
Le bĂ©ton cellulaire est beaucoup moins connu en France, il a fait l'objet de la norme NF EN 441-7, des normes DIN en Allemagne et ASTM aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Le béton cellulaire, sous forme de bloc, sert notamment à la construction de bùtiments, en particulier de maisons individuelles. Un bloc se présente généralement sous forme de parallélépipÚde rectangle de couleur blanche. Le matériau est disponible sous des formes types propres à la préfabrication. Les éléments sont de différentes tailles. Ils présentent des réservations. On peut les utiliser en linteau, ou également pour réaliser des dalles de plancher et de toiture, ou encore sous forme de carreaux pour des cloisons. Les fournisseurs et fabricants utilisent cet argument qui permet de réaliser une maison entiÚrement en béton cellulaire.

En pavillonnaire autoconstruction — Ă  souci Ă©cologique vu le surcoĂ»t (prix doublĂ© de la structure[7] ) des matĂ©riaux constructifs tous postes intĂ©grĂ©s gros-oeuvre — est utilisable puisque ne nĂ©cessitant pas de mĂ©canisation de la mise en Ɠuvre (manipulation-levage et sciage Ă  la scie Ă©goĂŻne). Le bĂ©ton cellulaire est utilisĂ© en bĂąti industriel pour constituer des murs non porteurs coupe-feu, mais il ne peut constituer des cheminĂ©es. Il est utilisĂ© pour des rĂ©novations[7], sur des structures nĂ©cessitant de ne pas ĂȘtre mises en charge plus lourdement [8].

En chantier

La pose du matĂ©riau est rĂ©putĂ©e rapide, l'assemblage se fait au mortier-colle pour une pose dite « Ă  joint mince. » En France, le DTU rĂ©gissant la pose des Ă©lĂ©ments de maçonnerie quel que soit le matĂ©riau impose que le premier rang de blocs doit ĂȘtre Ă  un minimum de 15 cm au-dessus du niveau du sol extĂ©rieur, il faut donc respecter la pose du premier rang de mur sur une arase de mortier avec soit un hydrofuge de masse ou une bande d'arase Ă©tanche. Lorsque ceci n'est pas possible, comme dans le cas d'un mur enterrĂ©, il est nĂ©cessaire de le protĂ©ger de maniĂšre Ă©tanche contre la venue d'eau au pied du mur.

Propriétés d'isolation thermiques et de légÚreté, isolation phonique

L’isolation rapportĂ©e Ă  l’intĂ©rieur ou Ă  l'extĂ©rieur est moins efficace pour des bĂątis comportant des balcons et terrasses car il y a propagation des flux de chaleur par les ponts thermiques (jonction des murs extĂ©rieurs, jonction des murs et planchers), ce qui peut reprĂ©senter jusqu'Ă  40 % des dĂ©perditions d’énergie dans certains bĂątiments.

Le bĂ©ton cellulaire est un matĂ©riau dit « Ă  isolation rĂ©partie ». À la fois porteur et isolant, ce procĂ©dĂ© permet une isolation stable (pas d’affaiblissement, pas de dĂ©tĂ©rioration possible autre que mĂ©canique, comme cela peut ĂȘtre aussi le cas pour une isolation rapportĂ©e en extĂ©rieur). La performance thermique du matĂ©riau correspond Ă  une conductivitĂ© thermique variable selon le produit. Sa structure alvĂ©olaire constituĂ©e de millions de bulles d’air (mousse) lui confĂšre ses propriĂ©tĂ©s d’isolant thermique selon son Ă©paisseur. Cependant sa conductivitĂ© oblige pour ce cas d'un mur porteur pĂ©riphĂ©rique (monomur non doublĂ©) fait avec un produit de base Ă  avoir une Ă©paisseur Ă©quivalente (mini 30 cm) Ă  la brique alvĂ©olaire extrudĂ©e de base. EmprisonnĂ© de façon homogĂšne dans la masse du matĂ©riau, l’air assume son rĂŽle d’isolant, tout en garantissant une bonne inertie thermique au bĂątiment. Il existe des matĂ©riaux avec une densitĂ© permettant l'obtention de coefficient de conductivitĂ© thermique de 0,09 W m−1 K−1 avec une rĂ©sistance mĂ©canique de 3 MPa, suffisante pour la construction de murs porteurs.

L'isolation acoustique du béton cellulaire est assez moyenne, surtout pour le cloisonnement intérieur rapporté.

Du fait de sa teneur en aluminium, ce béton possÚde des propriétés électromagnétiques, effet possible de cage de Faraday.

Fabrication

Le bĂ©ton cellulaire est constituĂ© de sable siliceux, chaux (vive ou pas), ciment en matiĂšres premiĂšres de base. Les composants sont intimement mĂ©langĂ©s dans des proportions bien dĂ©terminĂ©es. L’adjonction d’une petite quantitĂ© de poudre d’aluminium ou de la pĂąte d'aluminium aura pour effet « de faire lever la pĂąte[3] ».

Une fois la mise en forme par moulage durcie par autoclavage sans rĂ©trĂ©cissement dimensionnel notable, le bĂ©ton emprisonne — dĂ©finitivement et de maniĂšre stable — une grande proportion d'air et de gaz dans une structure dite cellulaire. Ses propriĂ©tĂ©s en termes d'isolation thermique et de lĂ©gĂšretĂ© sont amĂ©liorĂ©es par rapport aux autres bĂ©tons.

Procédé

Le processus consiste à industrialiser un matériau existant historiquement, le béton, que les Romains avaient utilisé pour la construction de certains de leurs ouvrages sous-marins.
Les phases importantes de la fabrication sont :

  • La prĂ©paration, le dosage et le malaxage des matiĂšres premiĂšres (sable, chaux, ciment, poudre ou pĂąte d'aluminium et eau) ;
  • La prĂ©paration des moules ;
  • La coulĂ©e, la levĂ©e et le durcissement de la pĂąte ;
  • Le dĂ©coupage et le profilage des produits ;
  • Le passage en autoclave sous une pression d’environ 11 bars et Ă  180 °C pendant 10 Ă  12 heures.

Le mode de fabrication en autoclave correspond Ă  mĂ©caniser un processus qui aboutit, Ă  l’état naturel, Ă  la crĂ©ation d’un minĂ©ral Ă  la structure molĂ©culaire analogue : la tobermorite, silicate de calcium hydratĂ©. La structure alvĂ©olaire est reproduite grĂące Ă  la poudre ou pĂąte d'aluminium qui, en prĂ©sence des autres composants de fabrication, agit comme agent d'expansion. Le mĂ©lange rĂ©agit vigoureusement avec l'hydroxyde de calcium et produit un bullage de gaz hydrogĂšne. Les rĂ©actions chimiques impliquĂ©es sont les suivantes :

CaO + H2O → Ca(OH)2 + 65,2 kcal/mol ou 1155 kJ/kgCaO
3 Ca(OH)2 + 2 Al + 6 H2O → Ca3[Al(OH)6]2 + 3H2gaz
6 SiO2 + 5 Ca(OH)2 → 5 CaO. 6 SiO2. 5 H2O solide

Ce mode de fabrication favorise le fonctionnement des usines en cycle fermĂ© : elles ne rejettent aucune substance liquide ou solide susceptible de polluer eaux ou sols, et les dĂ©chets issus de cette phase de production, peu importants et totalement inertes, sont valorisĂ©s Ă  90 %. Dans l’atmosphĂšre, le seul gaz libĂ©rĂ© est de la vapeur d’eau.

La fabrication du bĂ©ton cellulaire nĂ©cessite en outre peu d’énergie (dont une partie peut ĂȘtre utilisĂ©e pour chauffer les locaux d'usine), en comparaison avec la fabrication de la brique et de la construction non prĂ©fabriquĂ©e; l’eau nĂ©cessaire Ă  ce processus peut Ă©galement ĂȘtre rĂ©utilisĂ©e.

Composition

Composition des matiÚres pour réaliser le béton cellulaire :

  • Environ 64 % de sable de quartz siliceux
  • Environ 20 % de ciment (cpj32,5)
  • Environ 16 % de chaux
  • Environ 0,05 % de pĂąte ou poudre d'aluminium
  • Environ 1 % de gypse
  • De l'eau

Un bloc composĂ© de 20 % de matiĂšre et 80 % d'air (valable pour un bloc en masse volumique de 400 kg/m3). 100 % des dĂ©chets avant autoclavage sont recyclĂ©s, et aprĂšs autoclavage plus de 90 % sont remis dans le cycle de fabrication.

Dans la culture

Par sa tendreté, sa facilité de travail, son aspect à bulles, le béton cellulaire a été utilisé par certains artistes comme matériau de sculpture, comme Roger Chomeaux.

Notes et références

  1. Pour la manipulation prĂ©voir entre 300 et 650 kg/m3 selon OPPBTP (consultĂ© le 12 mars 2019).
  2. Georges Dreux, Jean Festa, Nouveau guide du béton et de ses constituants, Eyrolles, 1998 (8e édition)
  3. Jos Cox, Jacques Sizaire, Pascal Meulders, Elly Van Overmeire et Albert Ingelaere, « Le BĂ©ton Cellulaire, MatĂ©riau d’Avenir », sur FĂ©dĂ©ration belge de BĂ©ton Cellulaire, Jacques Sizaire Avenue des CrĂ©neaux 18 bte 7 1200 Bruxelles (consultĂ© le ).
  4. Nicolas Fatré, « cellulaire autoclavé dans la construction », sur Techniques de l'Ingénieur (consulté le ) .
  5. « Charles Broutta imagine en 1922 un carreau de ciment de 50cm de cĂŽtĂ©, « muni de rainures et de languettes coulĂ©es dans la masse pour faciliter l'assemblage » Denis Guthleben, Centre National de la Recherche Scientifique, RĂȘves de savants : Etonnantes inventions de l'Entre-deux-guerres, Paris, Armand Colin, , 159 p. (ISBN 978-2-200-25760-6).
  6. Ce verre est lui aussi issu d'un dégagement de gaz par un additif dans un matériau fournissant la structure rigide sur une portée de type plaque (au contraire des isolants types granulat, laine et plaque hydrocarbures (polystyrÚne).
  7. 5% des maisons individuelles (surcoût matériau) en France avec deux acteurs sur le marché français qui proposent des produits assez similaires : Xella avec sa marque Ytong (leader) et Cellumat (Challenger), « Le Béton cellulaire », sur organisation Conseils thermiques
  8. Surtout celles (structures bois) nécessitant pour des isolations périphériques la perméabilité à la vapeur d'eau par l'usage d'un produit poreux.

Liens externes

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