BĂ©la Tarr
Béla Tarr est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma hongrois né le à Pécs en Hongrie. Il est reconnu comme un auteur original et exigeant, donnant, à travers son cinéma, une expérience singuliÚre de la durée et une vision du monde inédite[1].
Naissance |
PĂ©cs, Hongrie |
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Nationalité | Hongroise |
Profession | Réalisateur, scénariste |
Films notables |
Damnation, Le Tango de Satan, Les Harmonies Werckmeister, Le Cheval de Turin |
Il a reçu l'Ours d'argent au Festival de Berlin 2011 pour Le Cheval de Turin.
Biographie
IntĂ©ressĂ© Ă l'art par des parents qui travaillent dans un thĂ©Ăątre, BĂ©la Tarr commence Ă rĂ©aliser des films amateurs Ă 16 ans[1]. Il continue Ă se familiariser avec le cinĂ©ma en travaillant Ă la Maison de la Culture et du Divertissement[1]. Son travail lui vaut rapidement l'attention des studios BĂ©la BalĂĄzs qui lui offrent la possibilitĂ© de mettre en scĂšne son premier long mĂ©trage CsalĂĄdi tƱzfĂ©szek (Nid familial) en 1979, consacrĂ© au rĂ©alisme socialiste[1]. Ses deux films suivants L'Outsider (Szabadgyalog) en 1981 et Panelkapcsolat (Rapports prĂ©fabriquĂ©s) en 1982 sont dans la mĂȘme veine. Entre-temps, Tarr vit de petits mĂ©tiers et suit des Ă©tudes Ă l'Ăcole supĂ©rieure de thĂ©Ăątre et de cinĂ©ma de Budapest[1]. Par l'usage de la camĂ©ra portĂ©e, ses premiĂšres Ćuvres ne s'inscrivent pas dans un mouvement contestataire mais se conçoivent comme des chroniques sans concession sur le quotidien pĂ©nible de la Hongrie communiste[1].
C'est avec une adaptation de Macbeth pour la télévision en 1982 que sa façon de filmer va vraiment changer : le film ne comportant que 2 plans, le premier (avant le générique) de 5 minutes, le second de 67 minutes.
La sensibilitĂ© de Tarr porte aussi bien sur les plans trĂšs serrĂ©s que sur des compositions abstraites ou de longues prises[1]. Au fur et Ă mesure, il personnalise sa maniĂšre de filmer qui traduit initialement l'empreinte de MiklĂłs JancsĂł[1] : durĂ©e dilatĂ©e, noir et blanc stylisĂ©, mouvements d'appareil complexes, plans sĂ©quences sophistiquĂ©s, confusion des espaces[2]⊠Sur le fond, il passe d'une description psychologique et sociale rĂ©aliste Ă une quĂȘte mĂ©taphysique et allĂ©gorique proche d'AndreĂŻ Tarkovski[3]. Cependant, Tarr se dĂ©finit comme athĂ©e et sa vision du monde est marquĂ©e par un profond pessimisme[2]. Contrairement aux films de Tarkovski oĂč l'espoir d'un ailleurs spirituel est possible, le cinĂ©aste rĂ©fute toute idĂ©e de grĂące salvatrice[2].
« Les Ćuvres de BĂ©la ont une dĂ©marche organique et contemplative plutĂŽt que tronquĂ©e et contemporaine. Elles s'avĂšrent contempler la vie d'une maniĂšre qui est presque impossible Ă retrouver dans un film moderne ordinaire. Elles sont tellement plus proches des vrais rythmes de la vie qu'il nous semble assister Ă la naissance d'un nouveau cinĂ©ma. BĂ©la Tarr est l'un des rares cinĂ©astes rĂ©ellement visionnaire. »
â Gus Van Sant[4] - [5]
« Béla Tarr est l'un des artistes les plus audacieux du cinéma. »
En 1984, sous l'influence de Rainer Werner Fassbinder qu'il vient de dĂ©couvrir, il tourne Ćszi almanach (Almanach d'automne), son dernier film en couleur[7]⊠En 1987, Damnation (KĂĄrhozat) marque sa premiĂšre collaboration avec le scĂ©nariste et romancier LĂĄszlĂł Krasznahorkai dont les prĂ©occupations mystiques et la reprĂ©sentation cosmogonique influencent ses futures rĂ©alisations[2]. DĂšs lors, le rĂ©alisateur radicalise sa dĂ©marche artistique : il opacifie le contour de ses personnages et dĂ©rĂ©alise l'intrigue de ses films, ancrĂ©s de prime abord dans un cadre spĂ©cifiquement hongrois[2].
La collaboration avec Krasznahorkai se poursuit : Tarr met sept ans pour adapter le roman de ce dernier, Le Tango de Satan, dont il tire un chef-d'Ćuvre de 415 minutes. Le film sort en 1994. MalgrĂ© les difficultĂ©s de production et de distribution, l'Ćuvre est encensĂ©e internationalement. Pour mener Ă bien la rĂ©alisation des Harmonies Werckmeister, sorti en 2000 et Ă©galement adaptĂ© d'un roman de Krasznahorkai ( MĂ©lancolie de la RĂ©sistance), il met plusieurs annĂ©es pour rĂ©unir le financement nĂ©cessaire et boucler le plan de tournage. Le film, derniĂšre partie du triptyque commencĂ© par Damnation, est acclamĂ© par la critique et connaĂźt un brillant parcours en festivals. En 2004, il rĂ©alise le court-mĂ©trage Prologue (Visions of Europe).
En 2003, The Guardian le classe 13e dans la liste des 40 meilleurs réalisateurs contemporains[8].
Pour la plupart de ses films, Tarr s'entoure de deux fidĂšles collaborateurs : son Ă©pouse pour le travail de script et le montage, et le musicien MihĂĄly VĂg (Ă©galement acteur dans certains de ses films) pour l'ambiance sonore si particuliĂšre de ses films.
à partir de 2004, le cinéaste travaille sur un nouveau projet L'Homme de Londres, adapté d'un roman de Georges Simenon. Cependant, le suicide de son producteur Humbert Balsan, en février 2005, retarde considérablement le projet et le tournage démarré à Bastia, en Corse, est achevé à temps pour participer à la compétition du Festival de Cannes 2007.
En février 2011, Tarr présente Le Cheval de Turin (A Torinói ló) à la 61e Berlinale. Cette fable sur la fin du monde y reçoit l'Ours d'argent. Elle est, selon ses propres dires, son ultime réalisation pour plusieurs raisons : il pense que le public ne veut plus de ce cinéma-là et que le processus de production devient de plus en plus difficile en Hongrie[9] - [10], mais surtout, il a le sentiment d'avoir dit tout ce qu'il avait à dire sur un plan métaphysique et refuse d'entrer dans un processus ennuyeux de répétition.
BĂ©la Tarr est professeur Ă la Film Akademie de Berlin depuis 1990[1].
En 2012, il contribue Ă fonder un cursus doctoral de cinĂ©ma, la film.factory, au sein de la FacultĂ© de science et technologie de lâUniversitĂ© de Sarajevo[11].
En décembre 2016, il préside le jury du 16e Festival international du film de Marrakech.
Filmographie
Courts métrages
- 1978 : Hotel Magnezit
- 1990 : City Life - segment The Last Boat
- 1995 : Voyage sur la plaine hongroise (Utazås az Alföldön)
- 2004 : Visions of Europe - segment Prologue
Longs métrages
- 1979 : Le Nid familial (Csalådi tƱzfészek)
- 1981 : L'Outsider (Szabadgyalog)
- 1982, Macbeth
- 1982 : Rapports préfabriqués (Panelkapcsolat)
- 1985 : Almanach d'automne (Ćszi almanach)
- 1988 : Damnation (KĂĄrhozat)
- 1994 : Le Tango de Satan (SĂĄtĂĄntangĂł)
- 2000 : Les Harmonies Werckmeister (Werckmeister HarmĂłniĂĄk)
- 2007 : L'Homme de Londres (A Londoni férfi)
- 2011 : Le Cheval de Turin (A TorinĂłi lĂł)
Producteur
- 2005 : Johanna de Kornel Mundruczo
- 2005 : A halĂĄl kilovagolt PerzsiĂĄbĂłl de Putyi Horvath
- 2007 : Töredék de Gyula Maår
Distinctions
- 1994 : Prix Caligari au Festival de Berlin pour Le Tango de Satan
- 1994 : Prix de l'Ăge d'or pour Le Tango de Satan
- 2000 : Présentation des Harmonies Werckmeister à la Quinzaine des réalisateurs
- 2001 : Prix des lecteurs au Festival de Berlin 2001 pour Les Harmonies Werckmeister
- 2007 : Présentation en compétition officielle pour la Palme d'or du Festival de Cannes de L'Homme de Londres.
- 2011 : Ours d'argent au Festival de Berlin pour Le Cheval de Turin[9].
RĂ©trospective
- BĂ©la Tarr, Peter Forgacs : regards sur la Hongrie, Forum des Images, Paris, 4-10 juillet 2001.
- RĂ©trospective BĂ©la Tarr au centre Pompidou dans le cadre du Festival d'Automne 2011 du 29 novembre 2011 au 2 janvier 2012[9].
- RĂ©trospective BĂ©la Tarr au Festival Premiers Plans d'Angers 2020.
Bibliographie
- Ămile Breton, « BĂ©la Tarr, le regard du maĂźtre », CinĂ©ma, no 3, avril 2002
- Dossier spécial Béla Tarr, Vertigo, n°41, octobre 2011.
- Jacques RanciÚre, Béla Tarr, le temps d'aprÚs, Paris/Avignon, Capricci, coll. « Actualité critique », , 1re éd., 96 p. (ISBN 978-2-918040-37-8)
- Jean-Michel Frodon, "Statut de Béla Tarr", Projection Publique, 6 décembre 2011
- Jean-Louis Libois, « BĂ©la Tarr : de lâautre cĂŽtĂ© de la fenĂȘtre ouverte sur le monde », dans Marie Martin et Laurence Schifano (dir.), RĂȘve et cinĂ©ma : Mouvances thĂ©oriques autour d'un champ crĂ©atif, Presses universitaires de Paris Nanterre, , 314 p. (ISBN 9782840161035, lire en ligne), p. 197-201
- Christine PalmiĂ©ri, « BĂ©la Tarr : de lâoutrance Ă lâindigence », Inter : art actuel, no 87,â , p. 21-23 (lire en ligne, consultĂ© le )
- « BĂ©la TARR â si prĂšs, si loin », Nunc, vol. 29,â (rĂ©sumĂ©), avec une discussion publique de B. Tarr et un entretien avec MihĂĄly VĂg
- Corinne Maury, "Béla Tarr, la pluie muraille", L'attrait de la pluie, Crisnée, Yellow Now, coll. « CÎté cinéma », , 1re éd., 92 p. (ISBN 978-2-87340-334-8)
- Tarr - 60: studies in honour of a distinguished cineast. PubliĂ© par Eve-Marie Kallen.Underground KiadĂł Ă©s TerjesztĆ Kft, Budapest Dec. 2015.
Notes et références
- Béla Tarr sur le site de l'encyclopÊdia Universalis, consulté le 01 juin 2014.
- « Béla Tarr : un cinéma de l'apocalypse » par Raphaël Bassan sur le site de l'encyclopÊdia Universalis, consulté le 01 juin 2014.
- Palmiéri 2004
- "La caméra est une machine", traduit en 2001 dans Trafic n°50
- https://filmfilm.eu/post/45761232726/la-cam%C3%A9ra-est-une-machine-par-gus-van-sant
- https://laboutique.carlottafilms.com/products/satantango-de-bela-tarr
- « Béla Tarr : deux trilogies » par Raphaël Bassan sur le site de l'encyclopÊdia Universalis, consulté le 01 juin 2014.
- (en-GB)« Film Features: The world's 40 best directors⊠13. Béla Tarr », sur Guardian.co.uk (consulté le )
- Isabelle Regnier, « "Le Cheval de Turin" : magistral final pour BĂ©la Tarr », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Didier PĂ©ron, « Le mors dans lâĂąme », LibĂ©ration,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « Béla Tarr ouvre une école de cinéma à Sarajevo », sur Projection Publique (consulté le )
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) Museum of Modern Art
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Bela Tarr with DFFB film students