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Auguste GĂ©rard

Biographie

Jeunesse

Auguste GĂ©rard, originaire d'un milieu rĂ©publicain plutĂ´t modeste (père marchand de bois), symbolise Ă  bien des Ă©gards la montĂ©e des « couches nouvelles » dans les dĂ©buts de la IIIe RĂ©publique. Il fait ses Ă©tudes au collège Sainte-Barbe oĂą il devient l'ami de Paul Bourget. Ă€ 17 ans, au dĂ©but de 1870, alors qu'il est Ă©lève au lycĂ©e Louis-le-Grand, il fait connaissance Ă  l'AssemblĂ©e nationale de LĂ©on Gambetta dont il restera l'intime et qui le pousse Ă  faire l'École normale supĂ©rieure. Auguste GĂ©rard en sort en 1876. Après un sĂ©jour en Angleterre oĂą il prĂ©pare une thèse sur Coleridge, il devient, sur les recommandations de Gambetta et d'Ernest Bersot, directeur de l'École normale, le lecteur et le secrĂ©taire français de l'impĂ©ratrice Augusta de Saxe-Weimar-Eisenach, Ă©pouse de Guillaume Ier et francophile. Il reste quatre ans Ă  Berlin oĂą il s'initie Ă  la politique internationale et a en particulier l'occasion d'apercevoir Bismarck et d'assister au Congrès de Berlin de 1878.

À l'initiative de Gambetta, Charles de Freycinet, président du Conseil et ministre des affaires étrangères, le nomme, en , chef du bureau de la presse au Quai d'Orsay, rattaché à son cabinet. Ainsi, alors même qu'il est un pur produit de la méritocratie républicaine, c'est sur recommandation et non par la voie des concours, qui commençait alors d'être mise en place, qu'il entre dans la carrière diplomatique.

Premières missions

Ă€ la chute du ministère, GĂ©rard est envoyĂ© Ă  l'ambassade de France Ă  Washington comme deuxième secrĂ©taire. Il s'ennuie alors dans la capitale amĂ©ricaine, qui est loin d'ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme un poste central. L'annĂ©e suivante, c'est le gouvernement LĂ©on Gambetta. Le prĂ©sident du Conseil, ministre des affaires Ă©trangères, rappelle Auguste GĂ©rard et le nomme chef de son cabinet au Quai d'Orsay. Après la chute du gouvernement Gambetta, Freycinet, revenu aux affaires, l'envoie comme premier secrĂ©taire Ă  Madrid. Auguste GĂ©rard reste cependant très proche de Gambetta et recevra de lui ses dernières observations sur l'Ă©volution souhaitable de la RĂ©publique[2]. Le troisième poste d'Auguste GĂ©rard est Ă  Berne en 1883 comme secrĂ©taire puis conseiller. Il y est nommĂ© chevalier de la LĂ©gion d'honneur, Ă  33 ans. En 1885, Auguste GĂ©rard est conseiller puis ministre plĂ©nipotentiaire au Quirinal[3] puis chef de lĂ©gation au MontĂ©nĂ©gro en 1889.

Les grands postes

Auguste Gérard est deux ans plus tard[4] au Brésil comme envoyé extraordinaire et chef de légation et y occupe son premier grand poste.

En 1893, il est chef de poste à Pékin. Son action, pendant et après la guerre sino-japonaise, va permettre à la France de lier la Chine à l'alliance franco-russe et de disposer d'une zone d'influence au sud de la Chine, verrouillant le nord de l'Indochine française. Il intervient en Chine dans tous les domaines. En particulier, il joue un rôle important dans l'ouverture de la Chine impériale à la notion de relations diplomatiques avec le reste du monde. Ainsi, il est parmi les premiers envoyés diplomatiques à remettre ses lettres de créance à l'empereur de Chine au cours d'une audience privée qui est alors perçue comme une expérience quasi traumatisante par la cour de Pékin. Il est la cheville ouvrière de la présence française dans les domaines financiers et bancaires et est l'initiateur français de la création de la Banque russo-chinoise, dans laquelle intervient la Banque de Paris et des Pays-Bas[5]. Il défend les missions et, à la suite des émeutes antichrétiennes au Sichuan, obtient des dédommagements importants, la punition des coupables et la destitution du vice-roi Liu Bingcheng[6]. Sans l'activité persévérante de Gérard, écrira Gabriel Hanotaux en 1928[7], la France serait peu de chose sur cette partie du monde, et, pour tout dire en un seul mot, la grande Indochine française n'existerait pas.

Le huitième poste d'Auguste Gérard est à Bruxelles en 1898 comme envoyé extraordinaire et chef de poste. Il y reçoit un excellent accueil du roi des Belges Léopold II qui suit personnellement les intérêts de la Belgique en Chine et a eu de nombreuses occasions de l'apprécier les années précédentes[8]. Il est nommé en 1906 au grade prestigieux d'ambassadeur de France[9].

En 1906, il ne peut obtenir d'être gouverneur général de l'Indochine, et il est nommé chef de poste à Tokyo, où il sera le premier ambassadeur de France, marquant l'élévation de la représentation française du rang de légation à celui d'ambassade[10]. Il y retrouve l'Extrême-Orient dont il est alors un grand spécialiste, dans le pays qui a vaincu la Chine puis la Russie. Il a parmi ses missions de faire en sorte que, dans le cas de plus en plus probable d'une guerre avec l'Allemagne, le Japon soit du côté de la France[11]. En 1908, il représente la France en qualité d'ambassadeur extraordinaire[12] (il est accompagné par Paul Claudel, alors consul général à Tien-Tsin et plus tard ambassadeur au Japon) aux funérailles communes de l'empereur de Chine Guangxu et de l'impératrice douairière Cixi. En 1911, il est chargé à Paris d'une mission d'organisation du Quai d'Orsay, qui aboutira à la création du poste de secrétaire général, pour lequel il postule mais qui ne sera mis en place qu'en 1915. Auguste Gérard revient à Tokyo où il continuera à servir les intérêts français, aidé par sa mère qui, devenue veuve, l'a suivi et se lie efficacement avec l'impératrice régente puis douairière et la famille impériale. Il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur. À son départ en , le Japon lui fait des adieux grandioses.

Historien des relations diplomatiques

À Paris puis dans l'Indre, Auguste Gérard entreprend à partir de 1913 une double carrière, d'historien de la diplomatie et dans les milieux financiers, où il appartient à plusieurs conseils d'administration. Il crée une Fondation Auguste Gérard auprès de l'Institut de France. L'Académie des sciences morales et politiques décerne tous les cinq ans un prix Auguste Gérard à un ouvrage diplomatique rédigé en français[13]. L'ambassadeur de France Auguste Gérard meurt en 1922 au château de la Fosse, près d'Argenton-sur-Creuse. Il est enterré à Paris au Père-Lachaise[14].

Ĺ’uvres

  • Souvenirs de Carrière, Ă©crit Ă  Paris entre 1913 et 1916
  • L'Effort japonais, 31 p., Blood & Gay, Paris, 1916
  • Ma mission en Chine, 1893-1897, français, 347 p., Plon-Nourrit, Paris, 1918 : traduction en chinois, 223 p., Shang wu yin shu Guan, PĂ©kin, 1989 (ISBN 7100004586) ; Ă©dition annotĂ©e, 545 p., Éditions de l'Albatros, 2022 (ISBN 9781471730023)
  • Nos alliĂ©s d'ExtrĂŞme-Orient, français, 249 p., Payot, Paris, 1918
  • La Triple entente et la guerre, 357 p., Calmann-LĂ©vy, 1918
  • "Le Front d'Asie", in Revue des deux Mondes, tome 46, juillet-
  • L'ExtrĂŞme-Orient et la paix, français, 221 p., Payot, Paris, 1919
  • Ma mission au Japon (1907-1913) avec un Ă©pilogue de 1914 Ă  1919 et quatre portraits, français, 412 p., Plon-Nourrit, Paris, 1919
  • Ă€ la mĂ©moire de ma mère, français, 100 exemplaires hors commerce, 164 p., Plon-Nourrit, Paris, 1924
  • Souvenirs de jeunesse d'un ambassadeur, La Revue Universelle, no 1010, 98.0932, p. 385-407, français, Paris,
  • MĂ©moires d'Auguste GĂ©rard, ambassadeur de France, La vie d'un diplomate de la 3e RĂ©publique, prĂ©face de Gabriel Hanotaux, 568 p., français, Plon, Paris, 1928
  • La Revue des deux Mondes, La Revue philosophique, le Courrier LittĂ©raire : diffĂ©rents articles d'Auguste GĂ©rard, français
  • Papiers d'Auguste GĂ©rard, Correspondance personnelle, Documentation iconographique sur le Japon (1907-1914), fonds Pierre Arnoult, cartons 18 Ă  28, Archives Nationales de France
  • Trente-sept lettres d'Auguste GĂ©rard, ambassadeur de France, 1902-1911, Bibliothèque universitaire de la Sorbonne, Manuscrits de la bibliothèque Victor-Cousin, Paris, Ff. 3629 et 3637-3691
  • Sur le Yang-Tse, journal d'une double exploration pendant la campagne de Chine (1900-1901), FĂ©lix HĂ©mon et all., prĂ©face par A. GĂ©rard, ancien ministre de France en Chine, Ch. Delagrave, Paris, 1904
  • Les IdĂ©aux de l'Orient - Le RĂ©veil du Japon, par Okakura Kakuso, traduction française de Jenny Serruys, prĂ©face d'Auguste GĂ©rard, Paris, Payot, 1917

Traductions

  • Jacob Burckhardt, Le Cicerone, Guide de l'art antique et de l'art moderne en Italie, 1855, traduction française d'Auguste GĂ©rard, ancien Ă©lève de l'École normale supĂ©rieure, conseiller d'ambassade, Firmin-Didot, Paris, 1885

DĂ©corations

Prix

  • Prix Thiers de l'AcadĂ©mie française (1919)[16]
  • prix Drouyn de Lluys de l'AcadĂ©mie des sciences morales et politiques (1921)[20]

Bibliographie

  • Henri Cordier, Histoire des relations de la Chine avec les puissances occidentales de 1860 Ă  1902, chapitres XIII Ă  XVII
  • Alexandre Escorcia, Auguste GĂ©rard (1852-1922), un diplomate de la RĂ©publique, mĂ©moire de maĂ®trise, UniversitĂ© Paris IV-Sorbonne, 2002
  • DiĂ©go Colas et Jean Paul Gires, « Le docteur Antoine Fabry et l'ambassadeur Auguste GĂ©rard », Argenton et son histoire, no 27, 2010, p. 19-25, Cercle d'histoire d'Argenton-sur-Creuse, Argenton-sur-Creuse (ISSN 0983-1657)
  • Isabelle Dasque, « Conformisme et valorisation de soi dans la correspondance et les rĂ©cits autobiographiques d'un diplomate sous la Troisième RĂ©publique, Auguste GĂ©rard », Car c'est moy que je peins : Écritures de soi, individu et liens sociaux, colloque Les Ă©crits du for privĂ© en France, de la fin du Moyen Ă‚ge Ă  1914, p. 127-141, 281 p., CNRS et universitĂ© de Toulouse-Le Mirail, Toulouse, 2011 (ISBN 978-2-912025-71-5).

Sources

  • Les papiers personnels d'Auguste GĂ©rard et de son parent Pierre Arnoult sont conservĂ©s aux Archives nationales sous la cote 329AP[21].

Notes et références

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-2r8ndqdh4--1ez4g0sdbazf0 »
  2. Lettre de Gambetta à Auguste Gérard, 12 août 1882.
  3. Auguste Gérard, ambassadeur de France à Rome, par Ernest Hébert, 1889, crayon, 0,254 m sur 0,168 m, musée Hébert, Paris ; l'ambassadeur Auguste Gérard près d'une fontaine à Caprarola, résidence des Farnese, anonyme, 1888, photographie, 0,082 m sur 0,109 m, musée Hébert, Paris ; Ernest Hébert est alors directeur de l'Académie de France à Rome.
  4. MĂ©moires d'Auguste GĂ©rard, p. 185
  5. "Les Banques", in Gazette de Shanghai, n° 26, 27 mai 2009
  6. Voir Missions Étrangères de Paris, La Chine.
  7. Dans sa préface aux Mémoires d'Auguste Gérard.
  8. Sur l'activité d'Auguste Gérard pour le développements des chemins de fer chinois et ses bonnes relations à cet effet avec l'ambassadeur de Belgique et le roi des Belges, v. French finance and railway construction in Northern China, 1894-1905, Robert Lee, University of Western Sydney, Australie.
  9. Devenu plus tard une dignité.
  10. Décision du ministre des Affaires étrangères Rouvier ; v. Auguste Gérard, Mémoires, p. 359.
  11. Ce qui sera le cas quelques années plus tard.
  12. MĂ©moires d'Auguste GĂ©rard, p. 408 et suivantes.
  13. Le dernier a été attribué en 2010 à Francine-Dominique Lichtenham pour Élisabeth Ire de Russie, français, Fayard, Paris, 2007.
  14. Division 17.
  15. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
  16. Qui ĂŞtes-vous ?, idem
  17. Cf. le texte de la convention franco-chinoise de PĂ©kin du 26 juin 1887.
  18. Qui êtes-vous ? Annuaire des contemporains, volume 3, p. 330, Ehret et Ruffy, Delagrave, Paris, 1924 sur Google Livres (consulté le 2 août 2016)
  19. Voir MĂ©moires d'Auguste GĂ©rard, Ma mission au Japon, p. 515.
  20. Qui ĂŞtes vous ?, idem
  21. Archives nationales

Liens externes

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