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Astrid de Suède

Astrid de Suède (en suédois : Astrid av Sverige), princesse de Suède, née le à Stockholm (Suède) et morte dans un accident de voiture le à Küssnacht am Rigi (Suisse), est la quatrième reine des Belges, du jusqu’à sa mort.

Astrid de Suède
Description de cette image, également commentée ci-après
Astrid de Suède alors reine des Belges. (1935).

Titres

Reine des Belges

–
(1 an, 6 mois et 6 jours)

Prédécesseur Élisabeth en Bavière
Successeur Fabiola de Mora y AragĂłn

Duchesse de Brabant

–
(7 ans, 3 mois et 7 jours)

Prédécesseur Marie-Henriette d’Autriche
Successeur Mathilde d'Udekem d'Acoz
Biographie
Titulature Reine des Belges
Princesse de Suède
Duchesse de Brabant
Princesse de Belgique
Dynastie Maison Bernadotte
Distinctions Ordre de LĂ©opold
Ordre de la Croix étoilée
Ordre de Thérèse
Nom de naissance Astrid Sofia Lovisa Thyra Bernadotte
Naissance
Stockholm, Drapeau de la Suède Suède
Décès
KĂĽssnacht am Rigi, Drapeau de la Suisse Suisse
SĂ©pulture Crypte royale de Laeken
Père Carl de Suède, duc de Västergötland
Mère Ingeborg de Danemark
Conjoint LĂ©opold III de Belgique
Enfants Joséphine-Charlotte
Baudouin Roi des Belges
Albert Roi des Belges
RĂ©sidence Palais royal de Bruxelles
Religion Luthéranisme suédois puis
Catholicisme romain
Description de cette image, également commentée ci-après

Petite-fille du roi Oscar II, elle vit dans un climat simple et décontracté avec ses parents, ses sœurs et son frère, avant de rencontrer le prince héritier Léopold de Belgique. S'aimant passionnément, ils se marient d'abord à Stockholm le , puis à Bruxelles le , sous les yeux des journalistes de toute l'Europe. Devenue princesse de Belgique, puis reine des Belges après la mort de son beau-père Albert Ier, elle s'investit dans des œuvres humanitaires, renforçant davantage l'affection que lui voue la population belge. Décédée brutalement à la suite d'un accident de voiture alors que son mari conduisait, sa personnalité sera regrettée par le pays entier et imprègne encore aujourd'hui la famille royale belge. Elle est la mère des rois Baudouin et Albert II.

Biographie

Premières années

La princesse Astrid (au centre) avec sa mère la princesse Ingeborg et ses deux sœurs, la princesse Margaretha (à gauche) et la princesse Märtha (à droite).

Astrid Sofia Lovisa Thyra de Suède naît le au palais du Prince-héréditaire de Stockholm, alors résidence de ses parents dans la capitale suédoise[1]. La troisième fille du couple formé par le prince Carl de Suède et par Ingeborg de Danemark, elle est la petite-fille du roi Oscar II et la nièce du futur roi Gustave V. Elle a deux sœurs aînées, la princesse Margaretha, qui épousera plus tard le prince Axel de Danemark, et la princesse Märtha, qui épousera plus tard le futur roi Olav V de Norvège. Elle a ensuite un frère cadet, le prince Carl, duc d'Östergötland.

Petite fille aux yeux bleu-vert et aux cheveux châtains, elle vit ses premiers mois au palais du Prince-héréditaire avant d'aller vivre dans une villa sur l'île de Djurgården à proximité de Stockholm. Ils y vivent jusqu'en 1923, date à laquelle la famille doit quitter la maison par souci d'économie (la faillite d'une banque danoise en 1922 ayant réduit les revenus familiaux)[2]. Vivant dans une atmosphère peu protocolaire, elle passe une enfance heureuse. Son père étant président de la Croix-Rouge en Suède, Astrid participe à des actions bénévoles pour aider le peuple suédois durant la Première Guerre mondiale. Il lui arrive même de donner ses propres jouets à des enfants qui en sont dépourvus[3]. Elle apprécie aussi grandement les activités extérieures : natation, ski, golf, escalade..., passions qu'elle partagera plus tard avec son époux[4].

L'éducation des petites princesses est organisée et très soignée. Les objectifs sont d'en faire « des êtres bons, et seulement après, des princesses[5]». Excellant dans les préparations culinaires avec ses sœurs (au point qu'un dessert fut nommé d'après elles), elles ne sont cependant pas dépourvues des connaissances mondaines de l'aristocratie européenne comme les leçons de maintien ou de danse. Après un passage dans une école assez stricte en 1923 où ses résultats ne sont pas brillants, Astrid commence une formation d'infirmière puéricultrice dans laquelle elle s'épanouit réellement[6].

Mariage

En 1925, Astrid se rend dans les établissements thermaux de Spa où elle rencontre la reine Élisabeth, épouse d'Albert Ier. L'avis de la reine sur la jeune fille est très enthousiaste, et permet la progression du projet d'union entre les deux dynasties (sans qu'Astrid en soit forcément consciente)[7]. Arrivé avec la reine à Stockholm en mars 1926 sous l'identité d'un professeur de français curieux de la Scandinavie, le duc de Brabant est invité à la villa Fridhem dans le Kolmården, où Astrid lui fait explorer les environs de la baie de Bråviken[8]. Les deux personnalités étant très timides, la princesse semble éviter les rendez-vous avec un héritier très épris d'elle et avec qui elle communique en anglais[8]. Finalement, après une déclaration d'amour à laquelle elle répond par « long silence angoissant[9]», Astrid accepte d'épouser Léopold et la nouvelle est télégraphiée dans les cours européennes le 21 septembre. Le même jour, une conférence de presse se déroule au palais royal de Bruxelles où le roi Albert et le Premier ministre Henri Jaspar annoncent la nouvelle aux médias, et où la reine rajoute qu'il s'agit d'un réel mariage d'amour et non d'un calcul politique[10].

Astrid en tenue de mariage (1926).

Afin de régler l'épineuse question religieuse (la princesse étant luthérienne et les Belges majoritairement catholiques), il est décidé d'organiser un mariage civil suivi d'une cérémonie luthérienne à Stockholm, avant d'en organiser une autre selon le rite catholique à Bruxelles. Ainsi, le 4 novembre 1926 à 15h30, Léopold en uniforme de lieutenant et Astrid dans une tenue de crêpe blanche et avec un voile en dentelle soutenu par une couronne de myrte s'unissent au cours d'une cérémonie qui dure 7 minutes, en présence des familles royales suédoise et belge (qui retourneront ensuite vite à Bruxelles avec Léopold pour préparer la cérémonie en Belgique). Après un voyage sur le bateau Fylgia, Astrid arrive à Anvers devant une foule très enthousiaste. Une fois la passerelle abaissée, Léopold court vers son épouse et l'embrasse devant la population extatique, avant de prendre un bain de foule forcé (le peuple ayant renversé les barrières)[8]. Empruntant le chemin de fer pour arriver à Bruxelles, le couple s'unit une deuxième fois dans la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule le 10 novembre 1926. Le duc de Brabant, en grand uniforme, épouse Astrid habillée d'une robe de lamé d'argent et d'un voile de dentelle de Malines retenu par une couronne de fleurs d'oranger[8]. Ce mariage est l'un des premiers à bénéficier d'une couverture médiatique moderne.

Princesse de Belgique puis reine des Belges

La reine Astrid avec le prince Albert de Liège.

Le jeune couple s'installe à l'hôtel Bellevue, proche du palais royal, puis déménage en 1930 au château du Stuyvenberg, où il vit dans une ambiance heureuse et décontractée[8]. La nouvelle duchesse du Brabant, gracieuse et volontaire, s'engage dans de nombreuses activités en faveur des défavorisés ou suit son époux dans ses représentations officielles et ses voyages au Congo[11] ou dans les Indes néerlandaises[12]. C'est durant cette période qu'Astrid donne le jour à ses trois enfants : Joséphine-Charlotte (1927-2005), Baudouin (1930-1993) et Albert (1934).

Après la mort tragique d'Albert Ier, le statut d'Astrid change. Enceinte de son troisième enfant, elle devient reine des Belges lorsque son époux prête le serment constitutionnel le 23 février 1934. Elle s'engage encore davantage dans ses actions humanitaires, comme par exemple lorsqu'elle ouvre l'hôtel de Bellevue en 1935 pour récolter des vêtements et des vivres destinés aux victimes de la crise économique[13].

Ses actions et sa gentillesse lui valent tout de suite l'attachement du peuple belge à sa nouvelle princesse, puis reine. Astrid n'hésite pas non plus à se montrer au public sans escorte, comme le montre une photographie de 1933 où elle apparait souriante et sans escorte, en train de regarder passer avec sa fille le prince Léopold à cheval[14]. L'affection explicite que se montrent les deux époux (on les voit souvent se tenir la main en public) renforce encore cette admiration.

Décès

En 1935, le couple royal décide de prendre quelques vacances en Suisse. Le 29 août, ils résident dans la villa Haslihorn, près du lac des Quatre-Cantons, et décident d'une dernière excursion avant de retrouver leurs enfants à Bruxelles. Aimant tous deux les grandes balades en voiture, Léopold III a fait venir une Packard 120 décapotable qu'il désire conduire lui-même. Le chauffeur s'installe en postillon dans le spider tandis qu'Astrid s'installe sur le siège passager. Roulant sur une route humide à cause des pluies des jours précédents, la voiture se dirige vers le village de Küssnacht quand la reine décide de vérifier l'itinéraire sur une carte qu'elle déplie sur ses genoux. Le roi se penche pour l'aider, mais après quelques secondes d'inattention, il perd le contrôle du véhicule qui s'enfonce dans une ornière avant de percuter deux arbres et d'effectuer plusieurs tonneaux. Une fois le véhicule enfoncé dans les roseaux d'une rivière, Léopold se relève avec une côté cassée et saignant du visage et des mains pour constater qu'Astrid a été éjectée du véhicule. Une voiture des autorités helvétiques (qui suivait partout les souverains par sécurité) se gare et un médecin accourt, mais il ne peut que constater le décès de la reine.

Funérailles de la reine Astrid en 1935.

La population belge est abasourdie de la nouvelle, au point que certains avanceront des thèses ahurissantes sur un possible assassinat[15]. L'Ă©motion se propage aussi dans les autres pays europĂ©ens, via la presse et la diffusion des photos de l'accident[16]. La dĂ©pouille, dont les blessures sont masquĂ©es par des bandelettes blanches, sera exposĂ©e dans le salon du Penseur au palais royal de Bruxelles, pièce servant habituellement de chapelle ardente en cas de dĂ©cès dans la famille royale et oĂą plus de 500 000 personnes viendront rendre hommage Ă  la dĂ©funte[17]. Ses funĂ©railles se dĂ©roulent le 3 septembre 1935, suivies par des millions de personnes. Le corbillard sera prĂ©cĂ©dĂ© par LĂ©opold III en uniforme, mais tĂŞte nue et le bras en Ă©charpe, qui accompagne le corps de son Ă©pouse[18] jusqu'Ă  la crypte royale, oĂą reposent les corps des souverains belges et de leurs Ă©pouses. Vers 13h30, dix-neuf coups de canons retentissent, pour marquer l'arrivĂ©e de la dĂ©pouille dans la crypte[19].

Postérité et honneurs

MĂ©moriaux

Toponymie

  • En Belgique, de nombreuses rues, places et avenues sont nommĂ©es en souvenir de la reine Astrid. Ainsi, l'ancien parc d'Anderlecht (ou parc du Meir) a Ă©tĂ© rebaptisĂ© parc Astrid en 1935, Ă  la suite du dĂ©cès de la reine et il existe un parc Reine Astrid au cĹ“ur de Charleroi.
  • La chapelle Reine Astrid Ă  Briquemont en province de Namur est nommĂ©e en son honneur.
  • Ă€ l'hĂ´tel de ville de Liège, une Ĺ“uvre du sculpteur Adelin Salle la reprĂ©sente prĂ©sentant son fils, le prince Albert, aux LiĂ©geois le .
  • En France, il existe une place de la Reine-Astrid dans le 8e arrondissement de Paris, Ă  proximitĂ© des quais de Seine et près du pont de l'Alma.
  • Au Rwanda, la ville de Butare, au sud du Rwanda, portait anciennement le nom d'Astrida en son honneur.

Honneurs

Astrid de Suède est décorée des ordres suivants[21] :

Botanique

Descendance

Du mariage avec LĂ©opold III naissent :

Ascendance

Bibliographie

  • Pascal Dayez-Burgeon, La reine Astrid : Histoire d'un mythe, Librairie acadĂ©mique Perrin, .
  • Anna Sparre (trad. du suĂ©dois), Astrid, mon amie [« Vännen min »], La Renaissance du Livre, .
  • Marie-Bernadette Dupuy, Astrid, la reine bien-aimĂ©e, Calmann-LĂ©vy, .
  • Jean des Cars, La saga des Reines, Paris, Perrin, , « Astrid, reine des Belges. AdorĂ©e dans sa vie, adulĂ©e dans sa mort ».
  • Nicolas Énache, La descendance de Marie-ThĂ©rèse de Habsburg, Paris, Éditions L'intermĂ©diaire des chercheurs et curieux, , 795 p. (ISBN 978-2-908003-04-8).

Notes et références

  1. (en) « Princess Astrid », sur www.kungahuset.se (consulté le )
  2. Christian Laporte, « Astrid, une reine trop tôt disparue », La Libre,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Jean des Cars 2012, p. 313.
  4. (en) Emily McMahon, « Wedding of King Leopold III and Princess Astrid of Sweden », sur unofficialroyalty.com, (consulté le ).
  5. Carl de Suède (trad. Étienne Avenard), Je me souviens... Souvenirs d'une longue vie, Stock, (réimpr. 1961).
  6. Jean des Cars 2012, p. 316.
  7. Jean des Cars 2012, p. 317.
  8. « Léopold III et Astrid, un mariage hollywoodien », Soir Mag Histoire : Les secrets de nos mariages royaux, Bruxelles,‎ , p. 40-48.
  9. Confession de Léopold III à sa sœur Marie-José de Belgique.
  10. Jean des Cars 2012, p. 321.
  11. Régine Salens, « Portrait : Astrid, reine des Belges », sur noblesseetroyautes.com, (consulté le ).
  12. (id) « Kunjungan Putra Mahkota Belgia Leopold dan Putri Astrid ke Hindia Belanda », sur historia.id, (consulté le ).
  13. Jean des Cars 2012, p. 331.
  14. Jean des Cars 2012, p. 309.
  15. Jean des Cars 2012, p. 334.
  16. Alexis Schwarzenbach, RĂŞves royaux : RĂ©actions Ă  la mort de la reine Astrid, 1905-1935, (lire en ligne).
  17. Simon de Saint-Vincent, « Le destin d'Astrid de Suède, reine adorée des Belges, morte tragiquement à 29 ans », Vanityfair,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. « Funeral of Queen Astrid Pathe Gazette - The World Around In Sight And Sound (1935) », sur youtube.com (consulté le ).
  19. Dominique Bonnet, « Il y a 85 ans, la reine des Belges Astrid trouvait la mort accidentellement », ParisMatch,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. « Mort de la reine Astrid: le roi des Belges sur les lieux du drame », sur tdg.ch, (consulté le ).
  21. Énache 1999, p. 685.

Articles connexes

Liens externes

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