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Armées blanches

Armée contre-révolutionnaire russe
Armées blanches
Đ‘Đ”Đ»Đ°Ń Đ°Ń€ĐŒĐžŃ (ru)
Image illustrative de l’article ArmĂ©es blanches
Projet de blason du gouvernement de Koltchak.

Création 1917
Dissolution 1922
Pays Drapeau de l'Empire russe Empire russe
ou
Drapeau de la RĂ©publique russe RĂ©publique russe
Allégeance Monarchisme, républicanisme pour certains comme Wrangel, anticommunisme.
Branche Armée de terre, armée de l'air et marine.
Effectif environ 2 400 000
Composée de Armée des volontaires, Armée du nord-ouest, Forces Armées du Sud de la Russie, Armée russe.
Surnom Russes blancs, Garde blanche, Blancs, Mouvement blanc, Partisans Blancs.
Couleurs Flag of Russia.svg
Blanc, bleu, rouge.
Guerres Guerre civile russe
Commandant historique Sibérie
Alexandre Koltchak
Vladimir Kappel
Sud de la Russie
Lavr Kornilov
Anton DĂ©nikine
Piotr Wrangel
Nord
Ievgueni Miller
Nord-ouest
NikolaĂŻ Ioudenitch

Les noms d'ArmĂ©es blanches, ArmĂ©e blanche (russe :Â Đ‘ŃŁĐ»Đ°Ń ĐŃ€ĐŒiя/Đ‘Đ”Đ»Đ°Ń ĐŃ€ĐŒĐžŃ, BelaĂŻa Armia), Mouvement blanc (Đ‘ŃŁĐ»ĐŸĐ” ĐŽĐČĐžĐ¶Đ”ĐœiĐ”/Đ‘Đ”Đ»ĐŸĐ” ĐŽĐČĐžĐ¶Đ”ĐœĐžĐ”, BeloĂŻe dvijenie) ou, tout simplement Blancs (БѣлыД/БДлыД, Belye), dĂ©signent les armĂ©es russes, formĂ©es aprĂšs la rĂ©volution d'Octobre 1917, luttant contre le nouveau pouvoir soviĂ©tique. Pendant la guerre civile russe elles combattirent l'ArmĂ©e rouge, de 1917 à 1922. L’expression « armĂ©es blanches » aurait Ă©tĂ© une convention permettant « d’unir au moins formellement les diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s d’adversaires du bolchevisme »[1],[2], d’une part, et qui ordinairement dĂ©signe « essentiellement les quatre armĂ©es les plus importantes qui ont combattu les bolcheviks »[3], d’autre part, Ă  savoir[3] :

J.-J. Marie insiste longuement[4] sur ce qui sépare les différents combattants regroupés au sein de cette « coalition souvent vacillante, voire déchirée de conflits violents »[5], « aux alliances si fragiles et temporaires »[6] et aux divergences profondes et aux objectifs politiques opposés (restauration, république, assemblée constituante de novembre 1917, nouvelle assemblée constituante, etc.), souvent évasifs[7] pour ce qui est des monarchistes.

Origines

Pourquoi Blancs ? L'origine du nom est discuté : ce serait les rouges qui leur aurait attribué ce nom, il proviendrait des événements en Finlande, alors province russe, de la révolution de 1905, ou encore de la bande blanche du drapeau tricolore tsariste, d'une organisation secrÚte d'officiers contre-révolutionnaires créée à Petrograd à la mi-octobre 1917 par M. Alekseïev ou de la décision prise par L. Kornilov d'imposer une bande ou une cocarde blanche sur la casquette des officiers[8].

Qui sont-ils ? Selon D. Venner[9], les armĂ©es blanches sont les combattants issus de tous les partis et groupement politiques opposĂ©s au pouvoir bolchevik, de l’extrĂȘme droite aux socialistes-rĂ©volutionnaires, Ă  l’exclusion des anarchistes. J.-J. Marie tend Ă  exclure des armĂ©es blanches les insurrections paysannes (qualifiĂ©es de « gardes blancs » dans les rapports des commandants rouges), ces derniĂšres s’opposant Ă  celles-ci lorsqu’elles pĂ©nĂštrent sur leurs territoires, ainsi que les socialistes-rĂ©volutionnaires de gauche et les nationalistes ukrainiens de Symon Petlioura[5]. Par ailleurs, nombreux sont les cas individuels d’hĂ©sitation et de passage d’un camp Ă  un autre en passant par les camps intermĂ©diaires (les armĂ©es vertes, par exemple, ou les gouvernements antibolchĂ©viques Ă©phĂ©mĂšres, qui se sont constituĂ©s ici et lĂ  en Russie durant cette pĂ©riode de chaos et de dĂ©sintĂ©gration des structures civiles, sociales et militaires tsaristes)[10].

Buts

Les contradictions au sein de la coalition formĂ©e par les armĂ©es blanches rendent complexe, si ce n’est impossible, la dĂ©finition de buts politiques clairs. « Le corps des officiers qui encadrent les armĂ©es blanches est massivement monarchiste, voire ultramonarchiste »[11]. Parmi les officiers supĂ©rieurs, L. Kornilov Ă©tait rĂ©publicain alors que A.DĂ©nikine, P. Wrangel et A. Koltchak s’affirment publiquement apolitiques. « A.DĂ©nikine, P. Wrangel , A. Koltchak et bien d'autres sont incontestablement monarchistes »[12]. Concernant l’assemblĂ©e constituante, les mĂȘmes laissent dans l’ombre la nature de cette assemblĂ©e car les gĂ©nĂ©raux blancs ne veulent pas s’aliĂ©ner les couches qui ont Ă©lu l’AssemblĂ©e constituante de 1917[13]. Ils ne veulent pas de cette AssemblĂ©e et « pensent, eux, Ă  une AssemblĂ©e lointaine Ă©ventuellement Ă©lue aprĂšs la fin de la guerre civile et Ă  laquelle ils renvoient toutes les questions brĂ»lantes dont l’indĂ©pendance de la Finlande, des Pays baltes, la solution dĂ©finitive de la question agraire et la nature mĂȘme du rĂ©gime de la Russie de demain »[14]. En revanche, la souverainetĂ© de l’AssemblĂ©e constituante de 1917 est le mot d’ordre central des socialistes-rĂ©volutionnaires de droite[14]. Finalement, le seul but commun est de renverser le pouvoir soviĂ©tique[11].

Théùtre des opérations

  • FrontiĂšres de 1921
  • Zone sous le contrĂŽle bolchevique en novembre 1918
  • Avance maximale des armĂ©es blanches

DĂšs aoĂ»t 1917, un premier regroupement, se forme autour du gĂ©nĂ©ral AlekseĂŻev, rejoint en dĂ©cembre par le gĂ©nĂ©ral Kornilov, dans la rĂ©gion du Don, au sud de la Russie. Avec l’aide des alliĂ©s de la Triple-Entente, des armĂ©es blanches se crĂ©ent en 1918 dans les rĂ©gions pĂ©riphĂ©riques de l’ancien Empire russe. PlacĂ©es un moment sous le commandement de l’amiral Koltchak, elles convergent vers Moscou. Pendant la premiĂšre moitiĂ© de l’annĂ©e 1919, elles progressent rapidement et, durant l’étĂ©, le gouvernement soviĂ©tique ne contrĂŽle plus qu’une portion de territoire correspondant Ă  l’ancienne Moscovie.

Dans le sud, outre l’ArmĂ©e des volontaires commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral DĂ©nikine, il y avait celle des cosaques dirigĂ©e par les atamans KalĂ©dine et BogaĂŻevski.

À l’est, toute la SibĂ©rie et la rĂ©gion de l’Oural Ă©taient sous le contrĂŽle des armĂ©es de l’amiral Koltchak. Les troupes plus ou moins autonomes de diffĂ©rents atamans opĂ©raient en Asie centrale et Ă  la frontiĂšre avec la Chine et la Mongolie.

Dans le nord-ouest, l’armĂ©e de IoudĂ©nitch avançait vers Petrograd. En Lettonie l’armĂ©e de Bermondt-Avalov luttait de façon autonome contre les bolchĂ©viques et les indĂ©pendantistes.

Le nord Ă©tait tenu par l’armĂ©e du gĂ©nĂ©ral IevguĂ©ni Miller, dont la base d’opĂ©rations Ă©tait Ă  Arkhanguelsk.

Intervention alliée

Les armĂ©es blanches ont reçu l’aide occasionnelle de forces de l’extĂ©rieur de la Russie : du Japon, du Royaume-Uni, du Canada, de la France, des États-Unis, de l’Allemagne, de l’Australie, de la GrĂšce, de la TchĂ©coslovaquie, de la Pologne (guerre polono-soviĂ©tique), ainsi que de la Belgique. Cette aide extĂ©rieure s’est notamment traduite par l’opĂ©ration Arkhanguelsk, oĂč les alliĂ©s, sous l’impulsion des États-Unis, dĂ©barquent des troupes dans la rĂ©gion d’Arkhanguelsk Ă  la fin de 1917. La France, pour sa part, enverra deux escadrons de cavalerie de lĂ©gion Ă©trangĂšre formĂ©es, en grande partie, par les premiers russes partisans blancs rĂ©fugiĂ©s en France. La France et l’Angleterre interviennent aussi en mer Noire en 1918-1919 au profit de l’armĂ©e de DĂ©nikine, mais sans grand succĂšs.

Soldats des armées blanches à Kiev, 1919.

Recul

DĂšs la fin de 1919, la situation militaire est modifiĂ©e au profit de l’ArmĂ©e rouge et les fronts tenus par les armĂ©es blanches sont pratiquement disloquĂ©s. Cependant, Wrangel mĂšne un retour offensif en CrimĂ©e en 1920 (le gouvernement français reconnut officiellement en 1920 le gouvernement Wrangel, sans lui apporter d'aide rĂ©elle[15]) et un mouvement armĂ© persiste dans la rĂ©gion de Vladivostok jusqu’en 1922. En aoĂ»t 1922, deux mois avant sa dĂ©faite, le commandant de l’armĂ©e blanche d’ExtrĂȘme-Orient Mikhail Dieterichs a convoquĂ© un Zemski sobor dans la rĂ©gion de l’Amour Ă  Vladivostok et a Ă©lu (sans sa participation) le grand-duc NikolaĂŻ NikolaĂŻevitch Romanov comme tsar de toute la Russie. Mais les troupes blanches doivent abandonner le combat et sont dispersĂ©es. Les survivants s’embarquent sur les navires alliĂ©s ou se rĂ©fugient dans les pays limitrophes de l’URSS.

Le drapeau Ă  tĂȘte de mort du rĂ©giment de Kornilov.

Les raisons de la défaite

J.-J. Marie considĂšre qu'une des clĂ©s de l'Ă©chec des Blancs rĂ©side dans le fait que « depuis le dĂ©but de la guerre civile ils ont liĂ© leur action au soutien politique, financier et militaire de puissances Ă©trangĂšres »[16]. J.-J. Marie analyse et commente longuement les diffĂ©rentes raisons avancĂ©es, tant par les blancs que par les rouges, au nombre d'une vingtaine, pour expliquer cet Ă©chec[17]. Les raisons de l’échec des armĂ©es blanches sont d’ordre politique et militaire. L’ArmĂ©e rouge a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une supĂ©rioritĂ© numĂ©rique et d’un commandement uni et de meilleure qualitĂ©. De leur cĂŽtĂ©, les armĂ©es blanches ont souffert de dĂ©faillances dans leur commandement et n’ont pas rĂ©ussi Ă  s’unir ou Ă  coopĂ©rer efficacement entre elles. Au-delĂ  de cet aspect, l’absence d’un programme politique et social qui aurait pu rallier les populations autour Ă  la cause de la contre-rĂ©volution a Ă©tĂ© dĂ©terminant. Les mesures impopulaires, telles que la mobilisation dans les rĂ©gions occupĂ©es et la restitution des grands domaines Ă  leurs propriĂ©taires, ont Ă©loignĂ© des blancs la masse des paysans qui espĂ©raient enfin accĂ©der Ă  la propriĂ©tĂ© de la terre.

AprĂšs la guerre civile

Dans les années 1920 et 1930, plusieurs organisations blanches se sont formées à l'extérieur de la Russie avec l'intention de renverser le gouvernement soviétique à travers la guérilla. Des corps de cadets russes ont été créés dans plusieurs pays en vue de préparer la prochaine génération à la « campagne de printemps » (un terme inventé par des émigrés blancs, signifiant le renouvellement espéré de leur campagne contre les bolchéviks). Un nombre important de ces recrues se sont portées volontaires pour le service dans l'armée russe pendant la Seconde Guerre mondiale.

Alors que de nombreux Russes blancs ont souhaité participer à l'Armée de libération de la Russie, à l'inverse, d'autres émigrés russes blancs comme Dénikine ont soutenu l'Armée rouge et l'Union soviétique contre l'Allemagne nazie, par patriotisme.

Chant

Le Chant des partisans blancs a Ă©tĂ© Ă©crit dans les annĂ©es 1960 par Alain Sanders et Bernard Lugan, en contrepoint Ă  celui communiste des Partisans. Les deux chansons reprennent la mĂ©lodie du chant des partisans de l'Amour Â«Â ĐŸĐŸ ĐŽĐŸĐ»ĐžĐœĐ°ĐŒ Đž ĐżĐŸ ĐČĐ·ĐłĐŸŃ€ŃŒŃĐŒÂ Â» (composĂ©e en 1828, reprise en 1919 pour le chant du rĂ©giment de Drozdovski).

Notes et références

Notes

Références

  1. (ru) A. Epiphanov, « Pouti Dobrovoltcheskogo dvijenia », Grani, vol. 97 et 98,‎
  2. Marie 2017, p. 28.
  3. Marie 2017, p. 26.
  4. Marie 2017 (Préambule - Qui sont les blancs ? Pages 13 à 39), p. 14 à 20.
  5. Marie 2017, p. 15.
  6. Marie 2017, p. 17.
  7. Marie 2017, p. 25.
  8. Marie 2017, p. 27 et 28.
  9. Marie 2017, p. 13.
  10. Marie 2017, p. 19 à 21.
  11. Marie 2017, p. 21.
  12. Marie 2017, p. 22.
  13. Marie 2017, p. 23.
  14. Marie 2017, p. 24.
  15. Jacques La Besse Kotoff, Le général Wrangel en Crimée et l'intervention française, 1920, Paris, , Mémoire de Maßtrise Paris I Sorbonne p.
  16. Marie 2017, p. 430.
  17. Marie 2017 (Chapitre XVIII - Pourquoi ont-ils perdus ?), p. 433 à 468.

Sources

Bibliographie

  • Marine Grey et Jean Bourdier, Les armĂ©es blanches, Paris, Editions Stock, coll. « tĂ©moins de notre temps », , 283 p., livre=brochĂ© (EAN 9782253019725)
  • Jean-Jacques Marie, Histoire de la guerre civile russe 1917-1922 (histoire), Paris, Tallandier, , 432 p., brochĂ© (EAN 9791021010086, prĂ©sentation en ligne)
  • Dominique Venner, Les Blancs et les Rouges : histoire de la guerre civile russe, 1917-1921 (histoire), Paris, Pygmalion, , 380 p., brochĂ© (EAN 9782403015492, prĂ©sentation en ligne)
  • Piotr NikolaĂŻevitch Wrangel, MĂ©moires du GĂ©nĂ©ral Wrangel, Éditions J. Tallandier, , 332 p. .
  • Anton Ivanovitch DĂ©nikine, La DĂ©composition de l’armĂ©e et du pouvoir, Paris, J. Povolozky & Cie Ă©diteurs, (lire en ligne) .
  • Marie-NoĂ«lle Snider-Giovannone, Les Forces alliĂ©es et associĂ©es en ExtrĂȘme-Orient, 1918-1920. Les soldats austro-hongrois (thĂšse), Poitiers, UniversitĂ© de Poitiers, (lire en ligne) .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes