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Antony Klobukowski

Antony Wladislas Klobukowski, nĂ© le Ă  Auxerre et mort le Ă  Paris, est un diplomate français, gouverneur gĂ©nĂ©ral de l’Indochine de 1908 Ă  1911.

Antony Klobukowski
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nationalité
Activités
Diplomate, agent administratif
ParentĂšle
Paul Bert (beau-pĂšre)
Autres informations
Archives conservées par

Origines familiales et premiers pas dans l'administration

Le pĂšre d’Antony, Romain Klobukowski, nĂ© en 1806, issu d’une famille de petite noblesse originaire de WielgomƂyny prĂšs de ƁódĆș, lieutenant de cavalerie[2], a quittĂ© la Pologne aprĂšs l’insurrection de 1831 comme beaucoup d’officiers de l’armĂ©e vaincue pour s’installer en France.

RĂ©fugiĂ© Ă  Auxerre, Klobukowski devient professeur d’allemand au collĂšge de la ville en dĂ©pit de sa connaissance plutĂŽt sommaire de cette langue, tout en assurant, pour amĂ©liorer ses faibles revenus d’enseignant, un emploi de sous-chef de bureau Ă  la PrĂ©fecture. MariĂ© avec la fille d’un petit notable local de quinze ans sa cadette, Anne Colin, il aura cinq enfants[3] dont Antony qu’il envoie Ă©tudier Ă  l’école polonaise fondĂ©e Ă  Bagneux puis aux Batignolles par le gĂ©nĂ©ral JĂłzef Dwernicki.

Revenu au lycĂ©e d’Auxerre pour prĂ©parer avec succĂšs son baccalaurĂ©at, Klobukowski s’inscrit ensuite Ă  l’universitĂ© de Paris oĂč il obtient une licence en droit. Il entre dans l’administration en , sans doute avec le soutien de relations familiales, par la toute petite porte d’un emploi de surnumĂ©raire Ă  la PrĂ©fecture d’Auxerre oĂč il est titularisĂ© en .

Klobukowski quitte le dĂ©partement de l’Yonne en pour rejoindre les Deux-SĂšvres. Il assure briĂšvement Ă  Niort les fonctions de chef de cabinet du prĂ©fet puis passe en 1878 secrĂ©taire en chef de la sous-prĂ©fecture de Parthenay. En , Klobukowski est envoyĂ© dans le dĂ©partement de l’Aube comme chef de bureau puis est choisi, en , par le nouveau prĂ©fet de la Loire, Charles Thomson[4], pour ĂȘtre son chef de cabinet. La rencontre avec ce proche de Gambetta, naturellement liĂ© aux rĂ©publicains opportunistes alors en pleine ascension, va s’avĂ©rer dĂ©terminante pour la suite de son parcours.

Entrée dans la carriÚre coloniale

En effet, lorsque Charles de Freycinet – qui sera ultĂ©rieurement un appui important pour Klobukowski - nomme Thomson gouverneur de Cochinchine en , ce dernier emmĂšne avec lui son chef de cabinet pour qu’il assume Ă  SaĂŻgon les mĂȘmes fonctions. ConservĂ© sur ce poste aprĂšs le dĂ©part de son protecteur, il continue Ă  suivre, comme chargĂ© de mission Ă  la cour du Cambodge, la mise en Ɠuvre du nouveau rĂ©gime de protectorat que Thomson a signĂ© avec le roi Norodom 1er en .

En , la nomination du ministre Paul Bert, avec lequel, du fait de leur commune origine auxerroise, il entretient de longue date des liens solides, lui offre une nouvelle promotion. Le rĂ©sident gĂ©nĂ©ral de l’Annam et du Tonkin le choisit en effet comme directeur adjoint de cabinet, aux cĂŽtĂ©s de son gendre Joseph Chailley qui l’a accompagnĂ© en Indochine. Klobukowski peut, Ă  ce poste stratĂ©gique, donner toute la mesure de ses compĂ©tences, dans une rĂ©gion qu’il dĂ©couvre en profondeur.

En la mort brutale de Paul Bert rĂ©duit Ă  nĂ©ant les projets ambitieux et innovants que ce dernier avait lancĂ©s depuis son arrivĂ©e dans la pĂ©ninsule. Elle oblige aussi son directeur de cabinet Ă  rĂ©viser ses plans de carriĂšre. NommĂ© consul hors cadre, Klobukowski est alors chargĂ© d’une mission au Siam au cours de laquelle il acquiert une trĂšs bonne connaissance de la rĂ©gion qui lui sera plus tard utile quand il y sera nommĂ© diplomate.

À son retour, le gouvernement, afin de mieux organiser ses colonies d’Indochine, crĂ©e un gouvernorat gĂ©nĂ©ral qu’il attribue en , pour la premiĂšre fois, Ă  Ernest Constans, ancien ministre de l’IntĂ©rieur. NommĂ© secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la nouvelle administration, Klobukowski retourne en mĂ©tropole en , accompagnant le gouverneur au terme du mandat de six mois de mission que celui-ci avait obtenu avant son dĂ©part.

L’annĂ©e suivante, nommĂ© consul de France Ă  Yokohama, il se lance dĂ©finitivement dans la carriĂšre diplomatique. C’est aussi le moment de son mariage – il a 34 ans – avec une des filles de Paul Bert, Pauline[5], ce qui le rapproche encore des milieux parlementaires et ministĂ©riels les plus en vue.

Les grands honneurs diplomatiques

Quittant en 1896 le Japon pour l’Inde, Klobukowski devient alors ministre de France Ă  Calcutta, poste qu’il conserve cinq ans. En 1901, tout en recevant le titre de Ministre plĂ©nipotentiaire, il est nommĂ© Ă  Bangkok, rĂ©gion qu’il connaĂźt bien pour l’avoir parcourue lors de son sĂ©jour indochinois et dans laquelle il joue un rĂŽle dans la stabilisation par traitĂ© des frontiĂšres entre le Siam et le Cambodge.

Deux ans plus tard, Klobukowski quitte l’Asie pour l’AmĂ©rique du Sud et commence alors par plusieurs postes successifs un pĂ©riple diplomatique qui frappe par sa diversitĂ© gĂ©ographique. Consul gĂ©nĂ©ral Ă  Lima au PĂ©rou en 1903, il prend en 1906 la direction de la reprĂ©sentation française au Caire.

Restant peu de temps dans ce poste, il est chargĂ© par le gouvernement, dĂšs 1907, avec rang de ministre plĂ©nipotentiaire, d’une mission en Éthiopie auprĂšs du roi MĂ©nĂ©lik. Il rejoint Addis-Abeba Ă  cheval en trois semaines, jouant sur la durĂ©e de ce voyage auprĂšs du monarque pour le convaincre de la nĂ©cessitĂ© de moderniser les transports de son État. De fait, cette mĂȘme annĂ©e, en proie Ă  des difficultĂ©s financiĂšres insolubles, la Compagnie des Chemins de fer Éthiopiens fait faillite. Elle est remplacĂ©e l’annĂ©e suivante, avec le soutien appuyĂ© de Klobukowski et celui d’investisseurs français, par la Compagnie du Chemin de fer Franco-Éthiopien qui reliera plus tard Addis-Abeba Ă  Djibouti.

TrĂšs soutenu par son ami Clemenceau alors prĂ©sident du conseil, c’est au retour en France aprĂšs son aventure Ă©thiopienne en que Klobukowski apprend par surprise sa nomination au poste de gouverneur gĂ©nĂ©ral d’Indochine. Ce couronnement de sa carriĂšre diplomatique lui permet de revenir sur une terre qu’il a certes quittĂ©e vingt ans auparavant mais qu’il connaĂźt encore trĂšs bien.

Le nouveau gouverneur, suivant les prĂ©ceptes de Paul Bert, Ă  la suite de son prĂ©dĂ©cesseur Paul Beau, dĂ©finit et met en Ɠuvre une politique relativement respectueuse, selon les canons de l’époque, des peuples autochtones. Il crĂ©e ainsi un rĂ©seau d’écoles de filles et amĂ©liore les infrastructures sanitaires. Il adresse aussi rĂ©guliĂšrement des rapports au gouvernement oĂč tiennent une grande place le dĂ©veloppement Ă©conomique comme la gestion des forces politiques locales. Klobukowski rĂ©ussit Ă  s’imposer durant trois ans dans ce poste compliquĂ© oĂč il faut Ă  tout instant adapter, en Ă©vitant d'ĂȘtre dĂ©savouĂ©, la politique qu’un gouvernement dĂ©finit Ă  des milliers de kilomĂštres sans en connaĂźtre toujours les dĂ©terminations locales, ni mĂȘme les enjeux pratiques[6].

La chute de Clemenceau est aussi celle de Klobukowski qui quitte l’Indochine pour rejoindre en 1911 un poste tout aussi prestigieux, l’ambassade de France en Belgique. Cette pĂ©riode se rĂ©vĂšle difficile pour le nouveau ministre plĂ©nipotentiaire dont le profil laĂŻque et franc-maçon presqu’affichĂ©[7] dĂ©plait beaucoup aux milieux dirigeants belges, notamment le roi Albert Ier qui l’estime peu. Pour autant, l’ambassadeur de France, que certains observateurs voient comme « intelligent et actif », rĂ©ussit Ă  gĂ©rer correctement les journĂ©es dramatiques de l’invasion allemande qui plongent en le royaume belge – a priori neutre – dans la guerre. Cette exceptionnelle situation rĂ©clame en effet des informations rĂ©guliĂšres et fiables comme de promptes rĂ©actions de la part du ministre de France[8].

Son pays envahi, Albert 1er demande l'hospitalitĂ© Ă  la France qui l’accorde immĂ©diatement, offrant la ville de Sainte-Adresse, prĂšs du Havre, pour accueillir et loger le gouvernement et les ministĂšres en exil tandis que les ambassades, dont celle de la France, accompagnent ce mouvement. Klobukowski s’installe donc Ă  son tour au Havre, assurant le contact officiel entre la Belgique et les autoritĂ©s françaises jusqu’en .

À cette date, Clemenceau qui n’oublie jamais son fidĂšle « Klobu », nomme celui-ci directeur de l'information et de la Propagande, innovation voulue par le prĂ©sident du conseil et directement rattachĂ©e Ă  lui, au moment oĂč la France, avec le retrait de la Russie mais aussi l'accroissement des effectifs des troupes amĂ©ricaines, connait son difficile mais victorieux « dernier quart d’heure ».

AprĂšs l’armistice, compte tenu de ses compĂ©tences diplomatiques et surtout parce qu'il a suivi de prĂšs les discussions qui ont dĂ©mantelĂ© les empires vaincus, Klobukowski, au titre du traitĂ© de Saint Germain signĂ© en 1919 et qui concerne l’Autriche-Hongrie, est mis en 1921, comme reprĂ©sentant de la France, Ă  la disposition de la commission des rĂ©parations.

Peu aprĂšs, ayant pris sa retraite, Klobukowski s’installe Ă  Venoy dans le domaine de Pontagny que Paul Bert avait lĂ©guĂ© Ă  son Ă©pouse. Retrouvant sa rĂ©gion natale, il s'occupe d'affaires locales. Il prĂ©side notamment la sociĂ©tĂ© scientifique de l’Yonne mais surtout rĂ©dige ses "MĂ©moires de Belgique" qu'il publie en 1928.

Antony Klobukowski meurt le Ă  Paris dans son domicile du 5 rue Davioud.

Distinctions

Bibliographie

  • « Qui ĂȘtes vous ? », 1924, G. Ruffy, Ă©diteur.
  • « Souvenirs de Belgique 1911-1918 », A. Klobukowski, L'Éventail, 1928.
  • Anna Nawrocki, Antony Klobukowski, diplomate d’origine polonaise au service de la France, Dijon, 2010

Notes et références

  1. « https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/95paap_cle4dd391__papiers_antony_wladislas_klobukowski.pdf » (consulté le )
  2. Le lieutenant Klobukowski Ă©tait par ailleurs Chevalier de l’ordre du mĂ©rite militaire de Pologne.
  3. L’un d'eux, Stephan, nĂ© en 1849, engagĂ© comme caporal en 1870 sera tuĂ© lors du conflit.
  4. Le préfet Thomson qui sera en poste dans la DrÎme et le Doubs hors la Loire, est le frÚre du député Gaston Thomson (1848-1932) lequel élu de la circonscription de Constantine, siégera sans interruption de 1877 à 1932 à la chambre des députés, soit cinquante-cinq ans de mandat.
  5. Paul Bert a eu trois filles dont deux, Henriette (1866-1933) et Léonie (1876-1923) ont chacune épousé un frÚre Chailley, Joseph pour la premiÚre et André pour la seconde. Antony Kolbukowski se marie quant à lui à Pauline qui lui survivra longtemps. Née en 1869, elle décédera en 1961.
  6. Il est fidÚle en cela aux préceptes de son mentor Paul Bert qui avait exigé, avant son départ pour l'Indochine, carte blanche de la part du gouvernement, y compris dans le domaine trÚs controversé du droit fiscal local dont l'adaptation était jugée indispensable par l'ancien ministre. Dans cette perspective, Bert exigeait un soutien ferme et continu du pouvoir sinon, disait-il dans un raccourci savoureux rapporté par Klobukowski, « inutile venir, impossible rester ».
  7. Comme beaucoup de dirigeants rĂ©publicains de l'Ă©poque, Klobukowski est clairement franc-maçon, ayant Ă©tĂ© reçu trĂšs tĂŽt au Grand orient de France, par ailleurs habituĂ© de la loge parisienne "L’avant garde maçonnique";
  8. Klobukowski décrira avec forces de détails le déclenchement de la PremiÚre Guerre mondiale qu'il a vécu de prÚs dans ses mémoires, accusant explicitement l'Allemagne d'avoir trÚs tÎt envisagé cette invasion en méprisant le statut de neutralité de la Belgique.
  9. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )

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