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Antonio Ruiz de Montoya

Antonio Ruiz de Montoya, nĂ© le Ă  Lima (PĂ©rou) et y dĂ©cĂ©dĂ© le , est un prĂȘtre jĂ©suite pĂ©ruvien, missionnaire au Paraguay et fondateur de plusieurs RĂ©ductions. Linguiste Ă©minent (de la langue guaranie) il fut le grand dĂ©fenseur du peuple guarani et de sa culture.

Antonio Ruiz de Montoya
Naissance
Lima Drapeau de la Vice-royauté du Pérou Vice-royauté du Pérou
DĂ©cĂšs (Ă  66 ans)
Lima Drapeau de la Vice-royauté du Pérou Vice-royauté du Pérou
Nationalité péruvienne
Pays de résidence Paraguay (Réduction guaranie)
Profession
Activité principale
Enseignant, Linguiste, Ă©crivain
Autres activités
Gouvernement spirituel
Formation
Lettres, philosophie et théologie

Compléments

Ruiz de Montoya fut le grand défenseur du peuple et de la culture guaranie

Biographie

Jeunesse et formation

AprĂšs une jeunesse turbulente Antonio dĂ©cide de s’enrĂŽler dans l’armĂ©e du roi pour aller se battre contre les Mapuches, un peuple insoumis du Chili (1605). Mais spirituellement insatisfait il se confie Ă  un ami qui l’envoie auprĂšs d’un jĂ©suite. Cela change sa vie. AprĂšs un complĂ©ment d’études au collĂšge Saint-MartĂ­n de Lima, il entre au noviciat des jĂ©suites de Lima, le . Les Exercices Spirituels qu’il y fait confirment sa nouvelle orientation de vie.

Encore novice il est destinĂ© Ă  la province nouvellement crĂ©Ă©e du Paraguay. Il fait ses Ă©tudes de philosophie et thĂ©ologie (1608-1611) Ă  Santiago du Chili, et aprĂšs son ordination sacerdotale en fĂ©vrier 1611 il est envoyĂ© Ă  la RĂ©duction guaranie de Loreto dans la rĂ©gion de GuayrĂĄ (aujourd’hui au BrĂ©sil du Sud), y accompagnant ses fondateurs, JosĂ© Cataldino et Simon Mascetta. Il arrive dans cette rĂ©gion Ă©loignĂ©e de tout en 1612. Il a 27 ans.

Missionnaire parmi les Guaranis

Il y vit dans la plus grande pĂ©nurie et pauvretĂ©, au milieu de 700 familles, mais «avec une telle paix de cƓur et tel contentement que le dĂ©sir d’y rester en est presque Ă©goĂŻste». Ruiz est un bon organisateur et leader. Les missions se dĂ©veloppent. Également excellent linguiste, il Ă©tudie en profondeur la langue guaranie et compose une grammaire avec vocabulaire et prononciation qui seront publiĂ©s en 1640, pour le bĂ©nĂ©fice d'autres missionnaires qui le suivront. De 1622 Ă  1636 Ruiz est le SupĂ©rieur religieux des missions du GuayrĂĄ Durant cette pĂ©riode, et grĂące Ă  l’arrivĂ©e de renfort, douze rĂ©ductions supplĂ©mentaires sont fondĂ©es.

DĂ©vastation et grand exode

En les jĂ©suites de Sao Paolo envoient Ă  leurs confrĂšres des RĂ©ductions une mise en garde: les Bandeirantes portugais prĂ©parent une grande razzia. Ruiz cherche de l’aide auprĂšs des autoritĂ©s espagnoles, mais sans succĂšs. Ainsi, laissĂ©es sans protection, les RĂ©ductions sont frĂ©quemment attaquĂ©es durant les annĂ©es 1629 Ă  1631 par les bandeirantes de Sao Paulo (BrĂ©sil) et de leurs alliĂ©s les Tupians. Durant ces annĂ©es de dĂ©vastation et de razzia, quelque 60 000 Guaranis perdent la vie, capturĂ©s (pour ĂȘtre rĂ©duits en esclavage) ou dispersĂ©s. Les villages sont dĂ©truits, sauf les rĂ©ductions de Loreto et San Ignacio.

Le provincial Francisco VĂĄzquez Trujillo ordonne le transfert massif des survivants des rĂ©ductions dĂ©truites vers les rĂ©gions du sud du fleuve ParanĂĄ. Ruiz est mandatĂ© pour organiser cet exode des 5000 AmĂ©rindiens vers Loreto et San Ignacio. Des fugitifs d’autres villages les accompagnent: un total de 12 000 personnes, avec sept autres jĂ©suites, s’embarquent avec tous leurs biens sur 700 canots qui descendent le fleuve ParanĂĄ et ensuite, par voie de terre, couvrent une distance de quelque 600 kilomĂštres, jusqu'Ă  l'actuelle province de Misiones en Argentine. 10000 survivants arrivent Ă  destination. Dans une lettre () au SupĂ©rieur GĂ©nĂ©ral, Muzio Vitelleschi, un des missionnaires qui participa Ă  cet exode, Luis Ernot, juge que l'Ă©vacuation avait Ă©tĂ© hĂątivement prĂ©parĂ©e et mal organisĂ©e.

DĂ©fenseur des Guaranis

A la congrĂ©gation provinciale de 1637 Ruiz est Ă©lu pour ĂȘtre envoyĂ© Ă  Madrid y solliciter une action politique contre les attaques des postes missionnaires. Il doit faire face aux sympathisants que les colons ont Ă  Madrid et Ă  leurs manƓuvres. Il supplie passionnĂ©ment le roi : «Mon souhait d’obtenir rĂ©paration et justice m’a fait parcourir des centaines de kilomĂštres et venir aux pieds de votre MajestĂ©, le bĂąton Ă  la main et Ă  moitiĂ© mort comme votre MajestĂ© peut voir, pour implorer son aide... ».

Page de titre de son Arte de la lengua...'

Ruiz obtient gain de cause: le , le roi Philippe IV signe un dĂ©cret autorisant les RĂ©ductions Ă  avoir armes Ă  feu et munitions, mais cette dĂ©cision est subordonnĂ©e Ă  l’opinion du vice-roi du PĂ©rou, Pedro de Toledo y Leiva, marquis de Mancera. Pour cette raison, Ruiz retourne Ă  Lima en 1643, oĂč le vice-roi, aprĂšs de difficiles nĂ©gociations donne son accord, par le dĂ©cret du .

À peine rentrĂ© au Paraguay, Ruiz est rappelĂ© Ă  Lima par le SupĂ©rieur Provincial, Juan B. Ferrufino, pour y dĂ©fendre la Compagnie de JĂ©sus contre les attaques et accusations habituelles (exploitation de mines d’or secrĂštes, hĂ©rĂ©sies, etc) de l'Ă©vĂȘque franciscain Bernardino de Cardenas. Il passe prĂšs de six annĂ©es de sa vie Ă  cette tĂąche ingrate. Les multiples ‘mĂ©moires’ Ă©crits Ă  cette occasion sont Ă  l’origine de son livre ‘La conquĂȘte spirituelle...’

Antonio Ruiz de Montoya meurt Ă  Lima le . Apprenant la mort de leur pasteur les Guaranis envoient une quarantaine de porteurs Ă  Lima pour en ramener la dĂ©pouille mortelle Ă  la RĂ©duction de Loreto (en Argentine actuelle) pour y ĂȘtre enterrĂ© parmi les siens.

Linguiste et Ă©crivain

Ruiz a excellĂ© comme linguiste, Ă©crivain et directeur spirituel. Ses Ɠuvres de grammaire guaranĂ­e et vocabulaire, comme d’autres Ă©crits sur l’art et la culture guaranie, seront utilisĂ©s par les gĂ©nĂ©rations suivantes de missionnaires jĂ©suites comme manuels de prĂ©paration au travail dans les rĂ©ductions de la province du Paraguay. Sa ‘conquĂȘte spirituelle’, histoire et dĂ©fense de l’Ɠuvre Ă©vangĂ©lisatrice de la Compagnie de JĂ©sus parmi les GuaranĂ­s, est une des sources fondamentales de l'histoire des rĂ©ductions.

Durant son long sĂ©jour forcĂ© Ă  Lima Ruiz fut le directeur spirituel de Francisco del Castillo, pour lequel il Ă©crivit le petit traitĂ© spirituel sur l’amour mystique : ‘Silex del amor divino’.

Écrits

Plusieurs des écrits d'Antonio Ruiz ont été republiés et traduits de nombreuses fois jusqu'au milieu du XXe siÚcle:

  • Conquista espiritual hecha por los religiosos de la Compañía de JesĂșs en las Provincias del Paraguay, ParanĂĄ, Uruguay y Tape. Madrid, 1639. En anglais: The Spiritual conquest accomplished by the religious of the Society of Jesus in the provinces of Paraguay..., St Louis, Institute of Jesuit Sources, 1993, 223pp.
  • Tesoro de la lengua guaranĂ­, Madrid, 1639.
  • Arte y vocabulario de la lengua guaranĂ­, Madrid, 1640.
  • Catecismo de la lengua guaranĂ­, Madrid, 1640.
  • SĂ­lex del amor divino, Lima, 1991.

Bibliographie

  • Philip Caraman: The Lost Paradise. The Jesuit Republic in South America, New-York, Seabury, 1976.
  • R. Álvarez (et al.): El P. Antonio Ruiz de Montoya. Su vida y su obra, Posadas, 1974.
  • E. Cardozo: HistoriografĂ­a paraguaya, MĂ©xico, 1959, vol.1: pp. 228–255.
  • Guillermo Furlong: Antonio Ruiz de Montoya y su carta a Comental (1645), Buenos Aires, Editiones Theoria, 1964.
  • John E. Groh: Antonio Ruiz de Montoya and the Early Reductions in the Jesuit Province of Paraguay, dans Catholic Historical Review, vol.56 (1971), pp. 501–533.
  • Hugo Storni: Antonio Ruiz de Montoya (1585-1652), dans AHSI, Vol. 53 (1984), pp. 425–442.

Liens externes

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