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Antonio Janigro

Antonio Janigro, né le à Milan et décédé le dans la même ville, est un violoncelliste, professeur et chef d'orchestre italien.

Antonio Janigro
Description de l'image Janigro1.jpg.
Naissance
Milan, Drapeau du Royaume d'Italie Royaume d'Italie
DĂ©cès (Ă  71 ans)
Milan, Drapeau de l'Italie Italie
Activité principale Violoncelliste, chef d'orchestre
Lieux d'activité Zagreb (1939–1965), Salzbourg, Stuttgart, Milan
Collaborations Paul Badura-Skoda, Jean Fournier, Anton Heiller, Alfred Brendel, Fritz Reiner, Jean-Pierre Rampal, Robert Veyron-Lacroix, Solisti di Zagreb, Trio Maček–Šulek–Janigro
Formation Conservatoire Giuseppe-Verdi (Milan), École Normale (Paris)
Maîtres Gilberto Crepax, Diran Alexanian
Enseignement Conservatoire de Zagreb, Hochschule fĂĽr Musik (Stuttgart), Mozarteum de Salzbourg
Élèves Julius Berger

Biographie

Antonio Janigro est né à Milan, via Guido d'Arezzo[1] dans une famille de musiciens. Son père Nicola Janigro natif du Molise[2], est un pianiste de talent qui voulait devenir virtuose[1], mais avait été blessé au bras gauche pendant la guerre par un tireur d'élite[2]. Sa mère, née Maria Cavo, violoniste professionnelle, est originaire de Ligurie.

Formation

Antonio commence l'étude du piano à six ans et du violoncelle à huit (1926)[3]. Il a d'abord étudié avec Giovanni Berti (sur un petit instrument[3]). Son père lui donne à choisir : « Soit vous serez un artiste digne de ce nom, soit vous serez un musicien amateur, jouant pour votre propre plaisir ; dans ce cas, vous deviendrez avocat, comme vos deux grands-pères. Vous devez décider avant qu'il ne soit trop tard[4]. » Antonio fait rapidement son choix, tant il apprécie l'instrument. L'année suivante, il entre au Conservatoire Verdi de Milan, où il reçoit l'enseignement de Gilberto Crepax.

En 1929, sa mère Maria lui permet de jouer avec Pablo Casals de passage à Milan. Le maître catalan, impressionné, lui donne une recommandation pour Diran Alexanian à Paris, où il enseigne de 1921 à 1937. Casals écrit dans sa lettre[5] : « Magnifique instrumentiste, doué de goût et, j’espère, sérieux, il doit devenir une brillante figure de notre instrument. »

Quelque temps après la mort de son père à Tunis, exilé en raison de ses positions anti-fascistes, et la fin de ses études à Milan, Janigro poursuit donc son perfectionnement avec Diran Alexanian à l'École normale de Paris dès 1934 et en sort diplômé en 1937 ; il a dix-sept ans.

Dans le riche environnement de la capitale française, pendant ses années d'études parisiennes, il lie des relations amicales avec le pianiste Dinu Lipatti et la violoniste Ginette Neveu[2] qui sont ses camarades de classe à l'École Normale et entre en contact avec Cortot, Thibaud, et les compositeurs ou professeurs Nadia Boulanger, Paul Dukas, Stravinsky, Martinů[3] et d'autres personnalités. Il commence à se produire en récital alors qu'il est encore étudiant, avec Dinu Lipatti, et ensuite régulièrement avec les pianistes Paul Badura-Skoda, un élève d'Edwin Fischer, Carlo Zecchi, un élève d'Artur Schnabel et Georges Enesco.

Ses études terminées, dans le train qui le transporte à Milan, alors qu'il répète avec son instrument, il rencontre un agent qui lui propose ses premiers concerts professionnels[2].

Croatie

En vacances en Croatie avec sa mère, il est bloqué par le début de la guerre, ce qui l'oblige à passer la durée du conflit à Zagreb. Il y développe une carrière d'enseignant, marquant de son empreinte la musique de chambre, au conservatoire de Zagreb, ainsi qu'une forte influence sur l'école de violoncelle en Yougoslavie[6], animant la vie musicale avec l'aide de son collègue Rudolf Matz. Il se produit également au sein du trio Maček – Šulek – Janigro.

En 1953, il épouse Neda Cihlar, fille de l'écrivain croate Milutin Nehajev (1880–1931). Ils ont deux enfants, Nicole et Damir[2]. La même année, il fonde l'orchestre de chambre I Solisti di Zagreb composé d'une douzaine de cordes. L'orchestre est dissous en 1967, après l'invitation de Dmitri Chostakovitch que Janigro connaissait personnellement, depuis une tournée en URSS effectuée en 1957.

Janigro a aussi développé une carrière de chef d'orchestre entamée dès 1948[4], notamment à la tête de l'Orchestre symphonique de la Radio de Zagreb, et a été bientôt chef d'orchestre invité partout en Europe. Dans ce domaine, loin de se cantonner à un répertoire baroque ou classique, Janigro a aussi joué les contemporains, tels Roussel, Ligeti et Penderecki.

Carrière internationale

Après la guerre Janigro voyage et reprend son activité de soliste en Amérique du Sud et en Extrême-Orient, jouant avec Carlo Zecchi, Eugenio Bagnoli et Aldo Ciccolini et fait ses premiers disques, notamment en trio, avec Paul Badura-Skoda et Jean Fournier ; avec le chef Erich Kleiber. En 1956, il fait ses débuts aux États-Unis[3], et en 1959, il enregistre avec Fritz Reiner et l'Orchestre de Chicago, le Don Quichotte de Strauss. Il est invité à remplacer Ferenc Fricsay au RIAS pour une série de concerts en RFA et à Berlin.

Au début des années 1960, il enregistre deux concertos de Mozart avec Brendel, qui avait passé, comme lui, la guerre à Zagreb[4].

Il vit et enseigne une trentaine d'années à Zagreb (jusqu'en 1965), puis retourne à Milan avec sa famille, et dirige l'ensemble Angelicum pendant deux ans. En 1967, invité par l'Orchestre de Chicago, il est victime d'une crise cardiaque[2] qui l'oblige à réduire son activité.

En 1968, quelques semaines après la mort brutale de Karl Ristenpart, il prend la tête de l'Orchestre de chambre de la radio de la Sarre[7] (Saarländisches Kammerorchester), que Ristenpart avait lui-même fondé en 1953. Puis il dirige la Camerata Academica du Mozarteum de Salzbourg de 1971 à 1974. Il donne des master classes en Angleterre, au Portugal, au Canada et en Italie.

Professeur de talent, Janigro forme et promeut de jeunes talents. Tout au long de sa vie, de nombreux violoncellistes du monde entier sont venus en Allemagne pour travailler avec lui. Pendant la décennie 1965-1974, il enseigne à l'Académie de Musique de Dusseldorf puis en 1975, à la Staatliche Hochschule für Musik und Kunst de Stuttgart. Parallèlement, depuis 1971, il enseigne au Mozarteum de Salzbourg.

De son travail pédagogique est issu un large éventail de personnalités très différentes d'interprètes. Parmi ses élèves, on note Julius Berger, Mario Brunello, Thomas Demenga, Michael Flaksman, Michael Groß, Antonio Meneses, Andrej Petrac, Mario de Secondi, Gustavo Tavares, Christoph Theinert, Stefan Tittgen, Stefan Trauer, le compositeur Giovanni Sollima, Enrico Dindo.

Janigro jouait sur un instrument Guadagnini de 1769[8].

Hommages

  • Paavo Heininen, Poème Ă  Antonio Janigro (1974)
  • Le Concours international de violoncelle Antonio Janigro se tient Ă  Zagreb depuis 1996, tous les quatre ans environ.
  • En 2007, son fils Jamir, aujourd'hui docteur en neurologie, fonde Ă  Cleveland, l’Antonio Janigro Foundation[9].

Discographie partielle

Janigro a principalement enregistré pour les labels Westminster, Vanguard Classics et RCA, ainsi que pour des firmes locales d'Allemagne et de Croatie.

Soliste
Chambriste
Chef d'orchestre

Notes et références

  1. (en) « Biographie »
  2. (it) « Article Antonio Janigro, par Ennio Speranza (extr. Dizionario Biografico degli Italiani) », sur www.treccani.it, (consulté le )
  3. Campbell 2011
  4. (en) « Biographie », sur www.naxos.com (consulté le )
  5. Gavoty 1962, p. 8
  6. (en) « Biographie Antonio Janigro » (consulté le )
  7. Marc Vignal, Dictionnaire de la musique, Paris, Larousse, , 1516 p. (ISBN 2-03-505545-8, OCLC 896013420, lire en ligne), p. 505
  8. Brie Zeltner, The Plain Dealer, « Cleveland Clinic researchers find music can have a soothing effect during brain surgery », The Plain Dealer,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. https://www.guidestar.org/organizations/41-2214377/antonio-janigro-foundation.aspx
  10. Ginette Doyen est l'Ă©pouse de Jean Fournier.
  11. Pour ces enregistrements, Janigro fait usage des nouvelles partitions éditées par Robbins Landon.

Bibliographie

  • Bernard Gavoty, Antonio Janigro, Genève, RenĂ© Kister, coll. « Les Grands Interprètes », , 30 p. (OCLC 12276515)
  • (en) Margaret Campbell, The Great Cellists, Londres, Faber & Faber, , 352 p. (ISBN 978-0-571-27800-8 et 0-575-03684-2, OCLC 748770801, BNF 42889438, lire en ligne), ch. 22
  • Alain Pâris (dir.), Dictionnaire des interprètes et de l'interprĂ©tation musicale au XXe siècle, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », (rĂ©impr. 1985, 1989, 1995, 2004), 5e Ă©d. (1re Ă©d. 1982), 1278 p. (ISBN 978-2-221-08064-1 et 2-221-08064-5, OCLC 901287624, lire en ligne).
  • (de) Ulrich Bracher, Antonio Janigro : Musiker mit Leib und Seele : Leben und Werk eines grossen Dirigenten und Cellisten, Berlin, Frieling, , 208 p. (ISBN 3-8280-0859-3, OCLC 41877156)

Liens externes

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