Anne PĂ©richon
Marie Anne Périchon de Vandeuil, connue en Argentine comme Ana ou Anita Périchon, Madame Périchon et surtout par son surnom « La Perichona », née le à Saint-Denis de la Réunion et morte le à La Matanza dans la province de Buenos Aires, est une Franco-Argentine membre de la haute société ayant fait scandale à Buenos Aires et Rio de Janeiro durant les années 1800.
Naissance | |
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Décès | |
SĂ©pulture | |
Nom de naissance |
Marie Anne PĂ©richon de Vandeuil |
Pseudonyme |
Ana ou Anita Périchon Madame Périchon « La Perichona » |
Nationalité | |
Conjoint |
Thomas O'Gorman |
Parentèle |
Camila O'Gorman (petite-fille) |
Les Mascareignes
Fille du fonctionnaire colonial Armand Étienne Périchon de Vandeuil (né à Paris en 1746) et de Jeanne Abeille (née à Pondichéry en 1754), elle grandit entre La Réunion (appelée « île Bourbon » jusqu'en 1793) et Maurice (alors appelée « Île-de-France »), où elle épouse, le à Port-Louis, le commerçant irlandais Thomas O'Gorman[1]. Elle donne naissance à deux garçons l'année suivante, aux prénoms bientôt hispanisés en Tomás et Adolfo[1]. Ce dernier sera le père de la célèbre Camila O'Gorman.
Buenos Aires
La situation politique française, mais aussi le goĂ»t de l'aventure et des affaires, pousse la famille Ă prendre le large et Ă s'installer au RĂo de la Plata en 1797[2]. Cette mĂŞme annĂ©e Anne, dĂ©sormais Ana PĂ©richon, donne naissance Ă une fille, MarĂa Micaela Leonor, Ă Montevideo[1]. Son mari (dorĂ©navant Tomás O'Gorman) est pris par ses affaires et parcourt l'Atlantique entre les ĂŽles Britanniques, le Portugal et le BrĂ©sil, et la rumeur portègne va attribuer de multiples liaisons Ă son Ă©pouse dĂ©laissĂ©e, par exemple avec le gĂ©nĂ©ral William Carr Beresford[2]. La plus cĂ©lèbre commence en 1806 avec son compatriote Jacques de Liniers, bientĂ´t vice-roi du RĂo de la Plata. Elle s'installe dans son appartement, s'entoure d'un certain luxe, bĂ©nĂ©ficie d'une escorte, influence les choix de son amant (notamment dans la distribution de faveurs) et assiste aux conversations importantes, en cette veille de RĂ©volution de Mai, avec un Juan JosĂ© Castelli ou un Juan MartĂn de PueyrredĂłn[2]. Cette liaison avec le vice-roi vaut Ă Ana PĂ©richon le surnom de « La Perichona », par analogie avec Micaela Villegas, maĂ®tresse du vice-roi du PĂ©rou, appelĂ©e « La Perricholi » (dans les deux cas la maĂ®tresse est beaucoup plus jeune que l'amant).
Rio de Janeiro
DĂ©jĂ mal perçue par l'opinion publique, Ana PĂ©richon est rejetĂ©e par Liniers lui-mĂŞme lorsque sa liaison avec l'espion britannique James Florence Burke Ă©clate au grand jour : « La Perichona » mènerait-elle un double jeu[3] ? Le scandale l'oblige Ă fuir pour Rio de Janeiro en 1809, oĂą elle retrouve son mari, mais poursuit ses infidĂ©litĂ©s - par exemple avec l'ambassadeur britannique Percy Clinton Sydney Smythe - et s'entoure bientĂ´t de nouvelles rumeurs de conspiration. Elle est dĂ©sormais persona non grata : Charlotte-Joachime d'Espagne, princesse du BrĂ©sil, ne veut plus entendre parler d'elle Ă Rio, ni Baltasar Hidalgo de Cisneros, nouveau vice-roi du RĂo de la Plata, Ă Buenos Aires[2].
La Matanza
On lui permet finalement de passer le reste de ses jours à l'écart de la vie publique, isolée dans l'estancia familiale de La Matanza, entourée de ses enfants, petits-enfants (dont Camila) et esclaves, et où elle meurt à 72 ans. Elle repose au cimetière de Recoleta[1].
Anne PĂ©richon dans la fiction
Le destin rocambolesque de « La Perichona » en a fait un personnage de plusieurs romans et films.
- En 1984 elle est interprĂ©tĂ©e par Mona Maris dans Camila de MarĂa Luisa Bemberg
- En 1998 elle est au centre du roman Ana y el virrey de Silvia Miguens
- En 2001 elle est interprétée par Mónica Galán dans Cabeza de tigre de Claudio Etcheberry
- En 2020, le roman historique La libertina de Florencia Canale obtient un beau succès en Argentine.
Références
- « MarĂa Ana Perichon de Vandeuil D'Abeille n. 1775 Saint Denis, Isla ReuniĂłn,… », sur genealogiafamiliar.net (consultĂ© le ).
- (es) Felipe Pigna, « La Perichona, una vida entre amantes, espĂas e intrigas », sur ClarĂn,
- Certains auteurs n'hésitent pas à franchir le pas et à voir en « La Perichona » une véritable « Mata Hari coloniale », titre d'un article de l'historien Francisco Hipólito Uzal dans Todo es Historia.
Liens externes
- Paul Groussac, Santiago de Liniers, 1907