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André Gatineau

André Gatineau (né le à Saumur et mort le à Briançon) est un polytechnicien français, navigateur d'Air France, qui a été secrétaire général de l'Union des navigants de ligne CGC, puis maire du village de Cervières de 1974 à 1977[1], où il a pris la tête d'une contestation ayant mené à l'abandon d'un des plus grands projets du Plan neige[2].

André Gatineau
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Fonction
Maire de Cervières
Ă  partir de
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  60 ans)
Briançon
Nom de naissance
André Prosper Georges Gatineau
Nationalité
Activités

Biographie

Ingénieur diplômé de l'École polytechnique et de l'École nationale supérieure de l'aéronautique et de l'espace, André Gatineau a fait sa carrière à Air France comme navigateur. Devenu secrétaire général de l'Union des navigants de ligne CGC[3], un syndicat qui avait brisé le monopole du Syndicat national des pilotes de ligne[4], il anime très tôt la commission « Conduite des Avions », composée de membres de l'administration, de l'industrie et du personnel, chargée d'améliorer la sécurité au sein des avions de ligne dans les années 1960[5] et devient un spécialiste de la médecine aéronautique, puis formule des propositions pour améliorer l'enregistrement des données de vol.

InstallĂ© dans le petit village de Cervières, dans les Hautes-Alpes, qu'il frĂ©quentait en famille depuis de longues annĂ©es et dont il fait peu Ă  peu sa rĂ©sidence permanente[6], il y devient un spĂ©cialiste de l'observation du TĂ©tras lyre et estime que le tourisme doit rester Ă  visage humain, et respecter les activitĂ©s agricoles. Dès la fin des annĂ©es 1960[7], il fait partie des habitants, menĂ©s par leur maire Raymond Faure-Brac, qui rĂ©agissent lorsque l'immense domaine naturel de la haute vallĂ©e est menacĂ© de destruction[8] et de surpopulation[9] par un projet de construction d'une super station de ski[10], appelĂ© « Super-Cervières », d'au moins 15 000 Ă  40 000 lits[2]. Il s'agissait alors pour le gouvernement de relancer le vaste « Plan Neige », lancĂ© en 1963 sous forme de future très grandes stations[11], dont une autre toute proche Ă  Vars. AndrĂ© Gatineau fait partie des crĂ©ateurs les plus remarquĂ©s[7], en dĂ©cembre 1969, de l'Association pour l'Ă©tude et la sauvegarde de la vallĂ©e de Cervières (A.E.S.C.)[12], dont il devient prĂ©sident. L'association, toujours active 45 ans plus tard[13], Ă©dite un journal, La Paparelle. Elle formule des contre-propositions, dans lesquelles la protection de la nature et sa mise en valeur ne paraissent plus incompatibles. L'A.E.S.C et AndrĂ© Gatineau sont Ă  l'origine de la « FĂ©dĂ©ration haut-alpine de protection du milieu montagnard » (F.A.P.M), regroupement en d'associations locales rĂ©gies par la loi de 1901. AndrĂ© Gatineau inspire en particulier la crĂ©ation le de l'« Association pour la DĂ©fense du Casset »[14], par les habitants des villages des hauteurs du Col du Lautaret.

Devant le refus des habitants de Cervières, le prĂ©fet a menacĂ© de crĂ©er une zone d'amĂ©nagement diffĂ©rĂ© (ZAD), puis est passĂ© Ă  l'acte. D'après le dossier relatif Ă  cette ZAD dĂ©posĂ© Ă  la mairie de Cervières, le site Ă  urbaniser est situĂ© au niveau du hameau du Bourget, au cĹ“ur de la vaste plaine du mĂŞme nom, longue de dix kilomètres, Ă  environ 1 900 mètres d'altitude. Le Conseil municipal de la commune, qui compte cinq agriculteurs sur dix conseillers, s'y oppose. Il publie une brochure avec le "Syndicat agricole de Cervières" et la FDSEA des Hautes-Alpes. Mais sans arrĂŞter les promoteurs, qui obtiennent un arrĂŞtĂ© prĂ©fectoral, en janvier 1972, pour l'expropriation de soixante-dix chalets de 22 agriculteurs[15] et de 6 500 hectares de terres sur les 11600 que compte la commune[6]. Le projet d'expropriation ne leur verse que 30 centimes du mètre carrĂ©[2].

AndrĂ© Gatineau et ses amis s'opposent sur ce projet au dĂ©putĂ© maire de Briançon, Paul Dijoud, qui soutient l'investissement prĂ©vu[2], mais ne retrouvera plus jamais son siège de dĂ©putĂ©. L'action des paysans de Cervières, relayĂ©e par une pĂ©tition, passionne la presse locale, mais aussi nationale (Paris Match, Le Nouvel Observateur, Politique hebdo, Autrement), et se dĂ©roule au mĂŞme moment que la Lutte du Larzac, Ă©galement très suivie. Son efficacitĂ© et la solidaritĂ© des habitants du village, autour de leur association et de leurs Ă©lus[6], expriment un profond attachement au village, touchĂ© par l'exode rural et une grave inondation douze ans plus tĂ´t, selon l'Ă©tude d'une historienne[6], tĂ©moin direct de l'action "unanime" des habitants. Son analyse sera reprise par le cĂ©lèbre historien Fernand Braudel[16]. En janvier 1973, un foyer de ski de fond est crĂ©Ă© Ă  Cervières, dans l'idĂ©e d'un tourisme respectueux des activitĂ©s agricoles, avec 42 kilomètres de pistes, enneigĂ©es de novembre Ă  mai[17]. Il est complĂ©tĂ© par un gite[9].

Peu après l'inauguration du Parc national des Écrins, tout proche, le , Virgile Barel, député des Alpes-Maritimes, pose à l'Assemblée nationale une question au gouvernement[18] sur ses intentions quant au projet "Super Cervières", "dont le bruit se répand qu'il serait abandonné". Finalement, les habitants de Cervières ont réussi à faire annuler la constitution d'une ZAD. La station de ski géante ne verra jamais le jour. André Gatineau est élu maire de Cervières en 1974, pour succéder à Raymond Faure-Brac, puis réélu en 1977. En 1980, il décède de mort accidentelle[1]. Peu avant, son combat et celui de ses amis agriculteurs ont eu un impact important. Les principes énoncés dans le "discours de Vallouise" (Hautes-Alpes), du président Valéry Giscard d'Estaing, le et la directive qui le suit, pour assurer la protection des espaces montagnards sont perçus "comme un désaveu de la mise en œuvre du Plan neige"[19]. Il n'est relancé que partiellement, via la procédure des "Unités Touristiques Nouvelles (UTN)". Des stations de moyenne montagne sont promues comme un moyen de développer un tourisme un peu moins rentable mais plus respectueux des équilibres naturels et humains, non sans parfois quelques déboires[20].

Notes et références

  1. « Le Courrier de la nature », bulletin de la Société nationale de protection de la nature et d'acclimation de France,‎
  2. Jean Piaget, « "Le loup chez les bergers" », Le Nouvel Observateur,‎ (lire en ligne)
  3. Revue Air et Cosmos, 1963
  4. "LES PILOTES S'ORGANISENT", par Jean Belotti, ex-président du Syndicat National des Pilotes de Ligne, février 2005
  5. Technique et Science Aeronautiques et Spatiales, 1963, page 429
  6. "Cervières, une communauté rurale des Alpes briançonnaises, du XVIIIe siècle à nos jours", de Colette Bauduy, historienne CNRS
  7. Michel PĂ©ricard et Louis BĂ©riot 1973, p. page 173
  8. "Sauver le Larzac, Cervières et Naussac : enquête sur trois expropriations d'utilité publique" Volume 93 de la revue Cahiers Tribune libre, Éditions Tribune libre, 1973
  9. Marianne Channel et Jean-Michel Neveu 2009, p. 35
  10. Combat nature, journal de la Fédération nationale pour la défense de l'environnement (France) - 1997
  11. "La doctrine française de l'aménagement de la montagne (ou plan neige)", par Maurice Michaux, dans Le Monde du 8/2/1970
  12. Site de l'Association AESC
  13. L'AESC et Mountain Wilderness pour la préservation du site du Col d'Izoard l'hiver
  14. Amis du Casset, historique
  15. Yves Hardy et Emmanuel Gabey 1974, p. 319
  16. "Le temps du monde", par Fernand Braudel, page 31 --1979 -
  17. e-Briançon
  18. Compte-rendu de séance, 3 octobre 1973, Assemblée nationale
  19. Yvette Veyre et Annette Ciattoni, "GĂ©o-environnement" (lire en ligne)
  20. Raymond Woessner, "France : aménager les territoires" (lire en ligne)

Bibliographie

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