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Amiot 143

L'Amiot 143 est un bombardier français bimoteur de la Seconde Guerre mondiale.

Amiot 143
Vue de l'avion.
Vue de l'avion.

Constructeur SECM-Amiot
RĂ´le Bombardier moyen
Premier vol (Amiot 140)
Mise en service
Date de retrait
Nombre construits 138
Équipage
5
Motorisation
Moteur Gnome & RhĂ´ne 14Kirs/Kjrs Mistral Major
Nombre 2
Type 14 cylindres en double Ă©toile
Puissance unitaire 870 ch
Dimensions
vue en plan de l’avion
Envergure 24,53 m
Longueur 18,26 m
Hauteur 5,68 m
Surface alaire 100 m2
Masses
Ă€ vide 5 455 kg
Carburant 2 720 litres kg
Maximale 10 300 kg
Performances
Vitesse maximale 310 km/h
Vitesse de dĂ©crochage 120 km/h
Plafond 7 600 m
Rayon d'action 1 200 km
Armement
Interne 4 mitrailleuses MAC 1934 de 7,5 mm ( 1 dans en tourelle avant , 1 en tourelle dorsale, 2 dans la gondole
Externe 900 Ă  1 600 kg de bombes

Origine

Au moment où naissait en France une Armée de l'air autonome, le gouvernement français s'intéressait fortement au concept d'avion polyvalent inventé par le général italien Giulio Douhet : ce multiplace de combat devait assurer les missions de bombardement de jour comme de nuit ou de grande reconnaissance ; rapide, lourdement chargé de bombes et protégé de toutes parts par de nombreuses mitrailleuses, cet avion « trois en un » coûtait beaucoup moins cher et les crédits alloués à l’Armée de l'air naissante étaient maigres. Fin 1928 le STAé lança un programme de multiplaces de combat (M4) pour assurer le remplacement des bombardiers Lioré et Olivier LeO 20 et Farman F.60 datant de la fin de la Première Guerre mondiale. Ce programme donna naissance aux Blériot 137, Breguet 410, Farman F.211 (en), SPCA 30 et Amiot 140.

Les versions

  • Amiot 140M : Le premier des deux prototypes Amiot 140M prit l'air le 12 avril 1931, Ă©quipĂ© de 2 moteurs Hispano-Suiza 12Nbr de 650 ch. Cet appareil entièrement mĂ©tallique n’était pas très harmonieux, mais dĂ©fendu par 5 mitrailleuses Lewis de 7,7 mm disposĂ©es de façon Ă  couvrir le plus d’angles possibles. L’aile haute, cantilever, Ă©tait dotĂ©e d’un profil très Ă©pais, permettant Ă  l’équipage d’accĂ©der aux moteurs en vol. Elle comportait une section centrale rectangulaire, sans dièdre et d’épaisseur constante, supportant les moteurs et, de chaque cĂ´tĂ©, la jambe amortie du train principal. Le fuselage est très Ă©troit, avec d'avant en arrière un poste de mitrailleur avant, un pilote au niveau du bord d'attaque de l'aile et un poste de mitrailleur dorsal. Sous l'aile Ă©tait installĂ©e, entre les jambes du train d’atterrissage fixe Ă©quipĂ© de grosses roues carĂ©nĂ©es, une importante gondole vitrĂ©e avec le bombardier-navigateur Ă  l'avant et un mitrailleur Ă  l’arrière. La soute ventrale permettait de loger 912 kg de bombes. Il n'Ă©tait pas prĂ©vu de commander en sĂ©rie cet appareil mais, comme ses concurrents, l'Amiot 140 devait permettre de mettre au point le futur multiplace de l'ArmĂ©e de l'air.
  • Amiot 141 : Projet d’évolution en 1932, non rĂ©alisĂ©.
  • Amiot 142 : Un prototype similaire Ă  l’Amiot 143, commandĂ© Ă  titre comparatif avec des moteurs Hispano-Suiza 12Ybrs. Premier vol en .
Amiot 143 no 125 crashé en Algérie à Sétif (Base Aïn-Arnat) en 1940. La mitrailleuse arrière, arrachée, pend sur le côté. L'avion a effectué un atterrissage « long » qui s'est achevé sur un muret en terre en extrémité de piste. L'avion a franchi le muret en laissant le train d'atterrissage arraché.
  • Amiot 143 : En le ministère de l’Air remplaça le programme de 1930 par le programme des multiplaces BCR (bombardement, chasse, reconnaissance). Ă€ titre intĂ©rimaire fut passĂ©e le une commande de 40 Amiot 140 Ă  moteurs Gnome & RhĂ´ne 14 K de 870 ch. Deux appareils de prĂ©sĂ©rie furent construits, le premier prenant l’air en . Les 10 premiers appareils recevaient 6 mitrailleuses Lewis de 7,7 mm : 1 dans la tourelle de nez (8 chargeurs de 97 cartouches), 2 dans le poste infĂ©rieur arrière (12 chargeurs) et 2 dans le poste dorsal (12 chargeurs), et une en position ventrale (6 chargeurs). Ă€ partir du no 11 la mitrailleuse ventrale fut supprimĂ©e et Ă  partir du no 31 le fuselage fut allongĂ© de 30 cm Ă  l’avant et la tourelle supĂ©rieure avancĂ©e de 90 cm, les mitrailleuses Lewis Ă©tant remplacĂ©es par 3 MAC 1934 de 7,5 mm (12 chargeurs de 100 cartouches pour les postes arrière, 8 chargeurs pour la tourelle avant). MalgrĂ© son Ă©troitesse, la soute permettait de charger 1 bombe de 500 kg, 4 bombes de 100 ou 200 kg, 8 bombes de 50 kg et 32 bombes incendiaires de 10 kg, plus 4 bombes de 100 ou 200 kg sous les ailes.

Ce sont 73 appareils supplémentaires, commandés en , qui furent livrés entre avril et . La commande de 25 Amiot 144 ayant été convertie en autant d’Amiot 143, ce sont donc au total 138 appareils qui furent livrés à l’Armée de l'air.

  • Amiot 144 : Un prototype sans tourelle avant mais avec train rentrant a pris l’air le . 25 appareils furent commandĂ©s en , commande finalement convertie en autant d’Amiot 143.
  • Amiot 145 : Projet Ă  moteur Hispano-Suiza 14AA.
  • Amiot 146 : Projet Ă  moteur Gnome et RhĂ´ne 18 Lars
  • Amiot 147 : Un appareil de sĂ©rie modifiĂ© avec des moteurs Hispano-Suiza 12Ydrs / 12Yfrs.
  • Amiot 150 BE : Hydravion de bombardement, torpillage et reconnaissance (Bombardement-Exploration). Le prototype a volĂ© le Ă  Cherbourg avec le fuselage et l’empennage d’un Amiot 143, 2 Gnome & RhĂ´ne 14 Kdrs/grs de 740 ch, mais une voilure Ă  saumons arrondis dont la surface passait Ă  110 m2 et une roulette arrière, l’atterrisseur devant ĂŞtre interchangeable. L’empennage fut ensuite modifiĂ©, devenant bidĂ©rive, mais le prototype fut endommagĂ© au cours d’un atterrissage un peu dur le et abandonnĂ©.

En service

  • Drapeau de la France France : Les 4 premiers appareils de sĂ©rie furent livrĂ©s au CRAS en et 39 avaient Ă©tĂ© pris en compte par l’ArmĂ©e de l'air fin dĂ©cembre. Ces appareils permirent de remplacer Ă  Chartres les LeO 20/206 du GB III/22 dès septembre 1935 puis du GB I/22 en . Les 73 appareils commandĂ©s en furent livrĂ©s entre avril et . Fin 1936 l’Amiot 143 Ă©quipait donc les GB III/12, III/21, I/22, II/22, I/34, I/35, et le 14e GAR, spĂ©cialisĂ© dans les reconnaissances stratĂ©giques. Les derniers exemplaires furent livrĂ©s Ă  la 38e Escadre de bombardement.

L'État-major de l'Armée de l'air ayant le souci de montrer qu'elle n'oubliait pas les colonies, souhaitait organiser un certain nombre de missions outre-mer. C'est dans ce contexte que l'Amiot 143 no 100 [E327] décolla de Villacoublay le pour une mission de reconnaissance vers l'Indochine française. Utilisant les routes commerciales et les infrastructures des Imperial Airways, de KLM ou d'Air Orient, il regagna Villacoublay le après avoir visité Hanoï et Saïgon. L'étape suivante consistait à regrouper à Tunis une centaine d'appareils pour des manœuvres aériennes dans les territoires coloniaux fin 1937, et en particulier, d'envoyer 3 Amiot 143 à Madagascar. Or si la route de Madagascar était connue des équipages d'Air Afrique, elle était inhabituelle pour les militaires. Embarquer un équipage militaire sur un vol régulier semblant impossible, il fut donc décidé de louer un bimoteur à la compagnie aérienne. Simplement désarmé, l'Amiot 143 no 88 [E 312] reçut un certificat de navigabilité le avec immatriculation civile [F-AQDZ]. Dès le un équipage civil comprenant le pilote Lambert, le radio Faucher, et les mécaniciens Desseigne et Spinelli, effectuèrent des essais de prise en main en région parisienne. L'avion quitta Le Bourget le pour Marignane avec pour passagers les Capitaines Paul et Hucliez et le lieutenant Frébillot. Après une liaison Marignane-Alger en PSV, l'Amiot va gagner El Golea, Aoulef, Gao, Zinder, Fort Lamy, Bangui, Stanleyville, Elisabethville, Broken Hill, Tete et enfin Ivato avec un ravitaillement au Mozambique. Arrivés le à Tananarive, les 7 hommes repartirent en sens inverse le et se posèrent sans encombre au Bourget le .


Lors des grandes manœuvres de l'automne 1937 en Afrique, un escadrille de 9 Amiot 143, sous le commandement du colonel de Turennes, effectue une croisière en Afrique-Occidentale française. À son retour à l'aérodrome de Paris-Le Bourget, le , elle est saluée par une prise d'armes [1] - [2].

Malgré les prévisions du Plan V de rééquipement de l'Armée de l'air, 91 Amiot 143 constituaient encore en , avec les Bloch 210, l’équipement de base du bombardement français, équipant les GB I/34 et II/34 du Bourget, GB II/35 de Lyon-Bron, GB I/38 et II/38 de Caen. 29 autres bimoteurs étaient dans les écoles et 6 stockés. Durant la Drôle de guerre la 34e Escadre effectua des lâchers de tracts et des reconnaissances sur l’Allemagne. Reconnaissant pourtant la vétusté de l’appareil, l’État-major décida en de n’employer les Amiot 143 que de nuit et en les GB I/63 et II/63, dont le rééquipement sur Amiot 143 avait commencé au Maroc en , reçurent des Martin 167F, les Amiot étant transférés à l’école de bombardement de Marrakech.

Lors de l'offensive allemande du , les Amiot 143 des 34 et 38e escadres effectuent des missions de nuit. Le , les quatre GB I/34, II/34, I/38 et II/38 reçoivent l'ordre d'aller de jour bombarder les ponts de bateaux mis en place à Sedan dans la nuit et sur lesquels passent depuis l'aube les 1re, 2e et 10e Panzers conduites par le général Gudérian. Cette « mission de sacrifice »[3] ne sert à rien par suite d'un malencontreux changement de l'objectif à atteindre et du comportement non conforme aux ordres donnés de plusieurs unités envoyées sur Sedan. Seul quatre Amiot 143 des GB I/34 et II/34 effectuent complètement la mission ; l'appareil du Commandant de Laubier[4], chef du GB II/34 est abattu au-dessus de Sedan[5].

45 avions ayant été détruits durant la campagne de France, on recensait 52 Amiot 143 en Zone libre à l’Armistice, et 25 en Afrique française du Nord. Les GB I/38 et II/38, repliés à Istres, les utilisèrent pour des missions de transport jusqu’en . Regroupés en Groupe de Marche pour participer à la campagne de Syrie, ces appareils regagnèrent la France pour constituer la 3e escadrille du GT I/15, formée le et transformée en GT III/15 en octobre suivant. Quelques appareils furent détruits par les Alliés débarquant en Afrique du Nord, mais le GT I/36 (ex III/15) utilisait encore 4 Amiot 143 durant la campagne de Tunisie en . Ils furent réformés début 1944 par manque de pièces détachées.

  • Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand : En les Allemands rĂ©cupĂ©rèrent 11 appareils en Zone Libre, qui furent utilisĂ©s pour des missions secondaires, affectĂ©s au KG 200, qui semble avoir encore disposĂ© de 3 machines entre fĂ©vrier et . Un appareil capturĂ© par les Allemands a peut-ĂŞtre Ă©tĂ© cĂ©dĂ© Ă  l’aviation croate.
  • Drapeau de la Pologne Pologne : Quelques exemplaires furent utilisĂ©s en 1940 par un RĂ©giment de marche polonais constituĂ© avec des Ă©quipages rĂ©fugiĂ©s en France après l'invasion du pays par la Wehrmacht.

Notes et références

  1. « Grandes manœuvres », Le Petit Journal,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. « L'aviation - Nouvelles diverses », Journal des débats politiques et littéraires,‎ , p. 6 (lire en ligne, consulté le ).
  3. Voir l'article paru dans commandantdelaubier.info le Fana de l'Aviation no 133 de 1997
  4. La Base aérienne 901 a choisi en 1991 le nom de tradition : « Commandant de Laubier »
  5. Voir le récit de cette journée dans la commandantdelaubier.info Revue Historique des Armées d'octobre 1985.

Bibliographie

  • Enzo Angelucci et Paolo Matricardi, Les avions, t. 3 : La Seconde Guerre mondiale - France, Allemagne, Angleterre, etc..., Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », (ISBN 2-8003-0387-5), p. 244-245.

Liens externes

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