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Bloch MB.210

Le Bloch MB.210 est un bombardier moyen bimoteur français de l'entre-deux-guerres. De construction entièrement métallique, c’est le premier avion mis en service dans l’Armée de l'air française équipé d’un train d'atterrissage escamotable. Totalement dépassé techniquement, il constituait pourtant l'équipement de base des unités de bombardement françaises au début de la Seconde Guerre mondiale.

Bloch MB.210
Vue de l'avion.

Constructeur Société des avions Marcel Bloch
RĂ´le Bombardier
Statut Retiré
Premier vol
Mise en service
Date de retrait
Nombre construits 274
Équipage
5 hommes
Motorisation
Moteur Gnome et RhĂ´ne 14 Kirs/jrs
Nombre 2
Puissance unitaire 870 ch
Dimensions
Envergure 22,81 m
Longueur 18,90 m
Hauteur 6,15 m
Surface alaire 72 m2
Masses
Ă€ vide 6 200 kg
Avec armement 9 500 kg
Maximale 10 200 kg
Performances
Vitesse maximale 335 km/h (Ă  4 000 m)
Vitesse de dĂ©crochage 105 km/h
Plafond 8 000 m
Rayon d'action 1 700 km
Charge alaire 132 kg/m2
Rapport poids/puissance 5,40 kg/ch
Armement
Interne 1 600 kg de bombes
Externe 3 mitrailleuses MAC 35 de 7,5 mm (tourelle de nez, tourelle ventrale, tourelle dorsale), 800 coups chacune.

Un bombardier-torpilleur pour la Marine

En 1932 l’Aéronautique navale française émit un cahier des charges pour un bombardier-torpilleur lourd, pour lequel la Société des avions Marcel Bloch lança sur fonds propres une étude[1]. Le projet portait sur un monoplan à aile basse cantilever entièrement métallique utilisant un fuselage similaire à celui du MB.200 : quatre longerons en cornière soutenus par des cadres et un revêtement en tôle, raidi par des lisses extérieures en U. Cet appareil reposait sur un train fixe doté d’un carénage pantalon.

Deux prototypes furent mis en chantier à Courbevoie. Transféré à Villacoublay le , le MB.210-01 effectua son premier vol le piloté par André Curvale[1] assisté du mécanicien navigant d'essais Armand Raimbeau[2]. Il était équipé de deux moteurs Gnome & Rhône 14 Kdrs/grs de 760 ch. Dès les premiers essais il s’avéra nécessaire d’accroitre la surface de la dérive. Il retourna donc en atelier en , recevant au passage une tourelle à l’avant. Les essais militaires débutèrent le et le l’avion gagnait Cazaux pour les essais d’armes. L’Aéronautique navale n’ayant pas l’utilisation d’un avion terrestre, elle demanda la transformation du prototype en hydravion, modification qui fut effectuée à Marignane, où le premier vol en configuration hydravion fut réalisé en . Livré à la CEPA le , le prototype se révéla vite lent et surtout doté d’une autonomie insuffisante pour ce type d’appareil. Une commande portant sur huit MB.218, notifiée à la SNCASO en 1937, fut finalement annulée et le prototype affecté à la base de Saint-Raphaël jusqu’en 1940 avec le code SR-25, puisqu’il avait été acheté par la Marine. Il fut utilisé par le Centre d'essais du matériel aérien (CEMA) pour divers essais de torpilles.

Récupéré par l'Armée de l'air

L’ArmĂ©e de l’air, qui avait suivi de près le programme, estima au vu des premiers essais du MB.210-01 que ce bimoteur Ă©tait supĂ©rieur au MB.200 qui commençait tout juste Ă  entrer en service. Elle passa donc commande de 80 appareils en septembre et au titre du Plan I et le second prototype mis en chantier Ă  Courbevoie, fut adaptĂ© aux besoins de l’Air : il reçut en particulier un train d’atterrissage escamotable se relevant vers l’avant et des moteurs Gnome & RhĂ´ne 14 Kirs/jrs dans des nacelles plus profondes, Ă©quipĂ©s d’un dĂ©marreur Ă©lectrique et entrainant des hĂ©lices Ă  pas variable. L’armement dĂ©fensif comportait trois tourelles (avant, dorsale et ventrale) Ă©quipĂ©es de mitrailleuses MAC-34 de 7,5 mm, l’empennage Ă  nouveau modifiĂ© et le dièdre des panneaux extĂ©rieurs de voilure augmentĂ©. Entièrement fermĂ©, le poste de pilotage dispose d’une double commande cĂ´te Ă  cĂ´te, d’un Ă©quipement de vol sans visibilitĂ©, d’un poste de radio-goniomĂ©trie.

Devenu MB.210 no 1 malgré ses nombreuses différences le distinguant du MB-210-01, il effectua son premier vol le et entra au CEMA le .

Versions

Le Bloch MB.211 au Salon de l'aéronautique de .
  • Bloch MB.210 : 257 MB.210 furent commandĂ©s par l’État français au titre de divers marchĂ©s passĂ©s entre 1935 et 1937 Ă  plusieurs avionneurs. Les premiers appareils sortirent en configuration BN4 (Bombardier de nuit quadriplace) mais Ă  partir du no 51, sorti de l’usine Hanriot de Bourges en , tous les Bloch 210 furent livrĂ©s en configuration BN5 (Bombardier de nuit 5 places), dĂ©cision ayant Ă©tĂ© prise en d’ajouter un mitrailleur. Le dernier appareil (no 257) effectua son premier vol, toujours Ă  Bourges, le . S’ajoutent 24 appareils commandĂ©s par la Roumanie et quelques exemplaires construits chez Hanriot pour l’Espagne rĂ©publicaine.
  • Bloch MB.211 : En la SociĂ©tĂ© des avions Marcel Bloch prĂ©senta au Salon de l’aĂ©ronautique un prototype Ă©quipĂ© de moteurs Hispano-Suiza 12Ybrs-1 de 860 ch portant les marques de l’aĂ©ronautique navale et le nom de baptĂŞme « Verdun[1] ». TransfĂ©rĂ© Ă  Villacoublay le , il effectua son premier vol le mais resta sans suite.
  • Bloch MB.212 : RestĂ© propriĂ©tĂ© du constructeur, le MB.211 abandonna ses moteurs en ligne pour des moteurs en Ă©toile Hispano-Suiza 14AA 00/01 de 940 ch. Il fut essayĂ© en vol en juillet 1936 puis comparĂ© au MB.210 no 87 qui prit l’air en avec des Renault 14T 2/3 de 1 000 ch. Le programme des moteurs 14 cylindres de 1 000 ch fut un Ă©chec et ces deux motorisations restèrent sans suite, d’autant que le faible entr’axe des moteurs ne permettait par le montage d’hĂ©lices de plus grand diamètre qui auraient permis de tirer parti du surcroĂ®t de puissance, comme le dĂ©montra l’ingĂ©nieur Marcel Riffard.
  • Bloch MB.218 : DĂ©signation attribuĂ©e Ă  la version hydravion torpilleur du MB.210-01. Huit appareils commandĂ©s puis annulĂ©s par la Marine française.

Utilisateurs

  • Allemagne nazie : 37 MB.210 saisis fin 1942 en Zone Sud.
  • Bulgarie : 6 MB.210 saisis par les Allemands après l’occupation de la Zone Sud furent cĂ©dĂ©s Ă  la Bulgarie, mais on ignore le sort rĂ©servĂ© Ă  ces appareils.
  • Seconde RĂ©publique espagnole : Sous-traitant une partie des commandes de MB.210 destinĂ©s Ă  l’ArmĂ©e de l’Air, Hanriot a Ă©galement construit quelques exemplaires destinĂ©s aux Forces aĂ©riennes de la RĂ©publique espagnole. Un seul exemplaire a Ă©tĂ© livrĂ© avec certitude, convoyĂ© en vol par Lionel de Marmier le et utilisĂ© par l’Escadrille internationale d’AndrĂ© Malraux. Trois autres exemplaires furent livrĂ©s en caisse fin .
  • Drapeau de la France France : 253 MB.210 livrĂ©s. Les premières commandes furent passĂ©es en septembre et , soit avant mĂŞme le premier vol de l’appareil, notifiĂ©es Ă  la SociĂ©tĂ© des avions Marcel Bloch (25 exemplaires), Potez-CAMS (25 exemplaires) et Hanriot (30 exemplaires)[3]. En 1936 Renault obtint une commande pour 35 appareils, A.N.F. Les Mureaux se vit commander 20 bimoteurs et Breguet 16, Potez-CAMS se vit notifier 10 exemplaires supplĂ©mentaires et Hanriot 20. En 1937 les dernières commandes furent accordĂ©es aux SociĂ©tĂ©s nationales : SNCASO, SNCAO et SNCAC.
  • Roumanie : 24 appareils commandĂ©s. Les trois premiers quittèrent Étampes le , la livraison de 10 exemplaires seulement Ă©tant confirmĂ©e avant l’étĂ© 1938. Il semble cependant que 20 exemplaires au total aient bien Ă©tĂ© livrĂ©s.

En service dans l'armée de l'air française

En , le Bloch MB.210 équipait douze groupes de bombardement de l'Armée de l'air française. Au moment de la campagne de France en 1940, ces escadrons étaient en pleine réorganisation due au retrait de ces avions obsolètes. Jusqu'à l'armistice du 22 juin 1940, les Bloch MB.210 furent encore utilisés pour le bombardement de nuit puis repliés en Afrique du Nord.

La mise en service de ces bimoteurs fut laborieuse. Les premiers appareils de série furent livrés en au GB II/21. Quatre nouveaux groupes furent transformés en 1937 (GB II/21, II/19, I/12 et II/12), mais les accidents se multiplièrent : plusieurs appareils s’écrasèrent au décollage à la suite de problèmes de surchauffe de moteur, ou à l’atterrissage, les équipages maitrisant mal l’utilisation des hélices à pas variable et se présentant trop vite. Qualifiés comme les MB.200 de cercueils volants par une certaine presse, les MB.210 furent interdits de vol du 24/09/37 au 04/03/38, alors que 145 exemplaires avaient été livrés. Finalement re-motorisés avec des Gnome et Rhône 14N 10/11 puis N 20/21, l’appareil se révéla sain, et 100 exemplaires supplémentaires furent livrés en 1938, permettant le rééquipement des GB II/23 et I/51. Déjà dépassé, c’est pourtant cet appareil qui allait composer l’ossature du bombardement français à la Mobilisation, 238 exemplaires équipant 12 des 33 groupes de bombardement.

Malgré l’arrivée des premiers LeO-451 en , puis des Amiot 351/354 et Douglas DB-7 en , deux groupes, les GB I/21, II/21 et I/23 utilisent toujours de MB.210 en première ligne début . Utilisés de jour comme de nuit, ces bimoteurs participèrent donc aux opérations, bombardant divers objectifs le long du Rhin, en Belgique puis en France. 19 furent perdus en opérations (5 abattus et 9 réformés en raison de dommages au combat, 2 sur accident et 3 victimes de bombardements allemands). Le les GB I/21 et II/21 reçurent l’ordre de se replier en Afrique du Nord, avant d’être dissous durant l’été 1940.

Les appareils retirés de première ligne ayant été versés aux écoles, en particulier au centre de formation des bombardiers de Toulouse, ou stockés dans divers parcs de matériel, on en dénombrait 120 MB.210 en zone sud et 20 en Afrique du Nord à la cessation des hostilités. Ces appareils auraient dû être détruits en vertu des accords d’Armistice, mais quelques exemplaires furent remis en état de vol et affectés à l’école de Salon-de-Provence pour former des navigateurs. 37 furent saisis par les Allemands en , dont 6 cédés à la Bulgarie.

Le détail des groupes de bombardement ayant utilisé le MB.210 est le suivant[4] :

  • GB I/11 : Ce groupe (escadrilles BR 29 et BR 123) abandonna en Ă  Toulouse ses Bloch MB.200 pour des MB.210, avant de passer Ă  Istres dĂ©but 1939 et de recevoir ses premiers LeO.45 en .
  • GB II/11 : Ce groupe (escadrilles BR 44 et F 465) abandonna en Ă  Toulouse ses Bloch MB.200 pour des MB.210, avant de passer Ă  Istres dĂ©but 1939 et de recevoir ses premiers LeO.45 en .
  • GB I/12 : StationnĂ© Ă  Reims-Courcy depuis 1927, les escadrilles BR 107 et BR 126 abandonnèrent leurs Bloch MB.200 dĂ©but 1937 pour des MB.210, avant de passer sur LeO.45 en .
  • GB II/12 : StationnĂ© Ă  Reims-Courcy depuis 1927, les escadrilles BR 205 et BR 134 abandonnèrent leurs Bloch MB.200 dĂ©but 1937 pour des MB.210, avant de passer sur LeO.45 en .
  • GB I/19 : DĂ©but le troisième groupe de la 21e escadre de bombardement (escadrilles BR 121 et F119) quitta Nancy pour Bordeaux-MĂ©rignac, devenant 1er groupe de la 19e escadre de bombardement avec une dotation mixte de Potez 540 et Amiot 143 en attendant de recevoir ses MB.210 courant 1937. Ce groupe fut transformĂ© sur Douglas DB-7 en .
  • GB II/19 : ConstituĂ© Ă  Bordeaux-MĂ©rignac le Ă  partir d’un groupe de reconnaissance autonome (escadrilles SAL 28 et SPA 79) Ă©quipĂ© de Potez 540, le II/19 reçut ses premiers MB.210 en 1937 et fut transformĂ© sur Douglas DB-7 en .
  • GB I/21 : StationnĂ©es Ă  Nancy depuis , les escadrilles F 25 et VB 114 furent transfĂ©rĂ©es Ă  Bordeaux-MĂ©rignac en pour y recevoir leurs premiers Bloch 210. Après une campagne de tir en AFN entre janvier et , le groupe rejoignit Chambry en , puis La FertĂ©-Gaucher en septembre, et Avord du au 1er janvier. TransfĂ©rĂ© Ă  Avignon-Châteaublanc en avec une dotation mixte de MB.200 et MB.210, le groupe regagna La FertĂ©-Gaucher le après transformation sur Amiot 354 mais conserva quelques Bloch 210 jusque dĂ©but juin. Le MB.210 no 194 est endommagĂ© Ă  La FertĂ©-Gaucher par un bombardement allemand le .
  • GB II/21 : Les escadrilles F 110 et F 118 abandonnèrent courant 1938 leurs Bloch MB.200 Ă  Bordeaux pour des MB.210 avant d’effectuer une campagne de tirs en AFN entre janvier et . StationnĂ© Ă  Athies-sous-Laon fin , le groupe passa Ă  Nangis le puis rejoignit le I/21 Ă  Avord de dĂ©cembre Ă  . TransfĂ©rĂ© Ă  Avignon-Châteaublanc en , il commença sa transformation sur Amiot 354 mais n’abandonna ses derniers MB.210 qu’en juin Ă  La FertĂ©-Gaucher, oĂą le bombardement allemand du dĂ©truisit le MB.210 no 104. Le no 14 fut encore abattu par la flak dans la nuit du 25 au Ă  Pommiers.
  • GB I/23 : Abandonnant Ă  Toulouse en ses Bloch MB.200 pour des MB.210, ce groupe (escadrilles BR 127 et BR 128) passa Ă  Istres en avant d’être converti sur LeO.451 en .
  • GB II/23 : Comme le I/23 ce groupe (escadrilles BR 66 et BR 129) stationnĂ© Ă  Toulouse sur Bloch MB.200 fut transformĂ© sur MB.210 en avril 1938 puis LeO.451 en .
  • GB II/31 :C’est Ă  Tours que le 2e groupe (escadrilles BR 226 et SAL 56) de la 31e Escadre de Bombardement reçut en 1938 ses premiers MB.210, puis en des Bloch MB.200 cĂ©dĂ©s par le GB I/31 en cours de transformation sur LeO.45. En le II/31 se trouvait repliĂ© Ă  LĂ©zignan, toujours sur Bloch. Il passa Ă  Chartres le , partiellement converti sur LeO.45, conservant quelques MB.210, puis Ă  Til-Châtel et Dole-Tavaux avant de se replier sur Arles le . StationnĂ© Ă  Istres le , il fut dissous le suivant.
  • GB I/51 : HĂ©ritier des traditions du 31e RAO de Tours (SPA BI 42 et SAL 39), ce groupe abandonna en 1939 ses Potez 542 pour des MB.210, remplacĂ©s mi- par des Potez 63.11 en attendant l’arrivĂ©e des premiers Breguet Br.691/693.
  • GB II/51 : Comme le I/51 ce groupe (SAL 4 et SAL 41) a utilisĂ© quelques MB.210 en 1939 en attendant l’arrivĂ©e des Breguet Br.691/693.

Notes et références

  1. Dassault Aviation.
  2. Bernard Marck, Dictionnaire universel de l'aviation, Paris, Tallandier, , 1129 p. (ISBN 2-84734-060-2), p. 864.
  3. A. Prudhomme, vol 1.
  4. Henri GUYOT, « Traditions des escadrilles de l'Armée de l'air », sur traditions-air.fr (consulté le ).

Bibliographie

  • Arnaud Prudhomme, Les Ailes françaises 1939-1945 (vol 1 Ă  5). Éditions TMA (Paris).
  • Les Flottes de combat 1938 par Robert Gruss.
  • Enzo Angelucci et Paolo Matricardi, Les avions, t. 3 : La Seconde Guerre mondiale - France, Allemagne, Angleterre, etc..., Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », (ISBN 2-8003-0387-5), p. 246.

Liens externes

Voir aussi

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