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Amesys

Amesys était un groupe de société de services en ingénierie informatique française, fondé en 1979 et développant son activité principalement sur les marchés de la défense et de l'aéronautique, des télécommunications, du transport, de l'énergie, de l'industrie, des réseaux, de la sécurité et de la microélectronique. Amesys a été renommé en Nexa Technologies[2].

Présentation

Amesys est une filiale du groupe Crescendo Industries, dirigé par Philippe Vannier et créée début 2007 par fusion de deux filiales du groupe : I2E et Artware. L'entreprise a été intégrée dans le groupe Bull, société française spécialisée dans l'informatique professionnelle, à partir du , au moment où Crescendo Industries est entré dans le capital de Bull. Bull est ensuite racheté par Atos pour 620 millions d'euros en 2014.

Le groupe réunissait neuf cents employés, répartis entre onze entreprises, dans toute la France (Aix-en-Provence, Paris, Toulouse, Grenoble, Rennes, Sophia Antipolis, Montpellier, Lyon, Strasbourg, Bordeaux) ainsi qu'à l'étranger (Luxembourg, Canada, Allemagne, Suisse et Singapour). Son activité englobait l'ingénierie et l'intégration de systèmes complexes, le développement matériel, logiciel (notamment au travers la marque BEN Marine) et de technologies informatiques, le conseil en hautes technologies et l'assistance technique..

Affaire de la vente de technologies de surveillance à la Libye

En , plusieurs sites d'information, dont Reflets.info[3] et Owni.fr[4] mettent en lumière la compromission de la société Amesys dans une affaire d'espionnage liée au régime libyen, dirigé par le colonel Kadhafi[5]. Le de la même année, un reportage du Wall Street Journal précise les faits[6]. Des documents rendus publics par l'ONG Wikileaks détaillent les moyens techniques mis en œuvre[5]. L'entreprise a en effet vendu des technologies de surveillance qui ont permis au chef de l'État libyen de faire surveiller, traquer et, à terme, éliminer ses opposants et d'organiser l'écoute de l'ensemble des communications sur les réseaux internet et de téléphonie mobile et satellitaire en Libye[5] - [7] - [8]. La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme et la Ligue des droits de l'homme mettent en cause Amesys et portent plainte contre X à Paris, le [9]. Le , Bull annonce se séparer de sa filiale Amesys, commercialisant le logiciel Eagle mis en cause. Deux nouvelles sociétés sont créées sous de nouveaux noms, par l'ancien directeur commercial d'Amesys. En , une entrevue du directeur commercial d'Amesys Bruno Samtmann compare la responsabilité d'Amesys dans les vies humaines mises en danger en Libye du fait de l'usage de cette technologie de surveillance à la responsabilité d'un vendeur de stylo dans les textes écrits avec ce stylo[10] - [11].

L'une d'elles, Nexa Technologies[12] - [13] vend une solution logicielle qui reprend le système de surveillance fourni au colonel Kadhafi. Un de ses clients est l'Égypte dirigée par le général Abdel Fattah al-Sissi[14].

Le une information judiciaire à l'encontre d'Amesys est ouverte à Paris pour complicité d'actes de torture[15]. L'enquête est confiée à un juge du pôle spécialisé dans les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et génocide du tribunal de grande instance de Paris. Le chef de complicité d'actes de torture se justifie par le fait que la technologie livrée en Libye permettait à Mouammar Kadhafi et son régime de placer sous surveillance toute la population libyenne, afin de repérer les opposants, qui étaient arrêtés, mis en prison et torturés.

Dans un rapport de l'association Reporters sans frontières accuse Amesys de faire partie des « sociétés ennemies d'internet », notamment du fait de son implication en Libye[16] - [17].

Le journal Le Nouvel Observateur révèle, le , qu'Amesys est partie prenante dans la création du fichier TES, une base de données d'environ soixante millions d'enregistrements, gérée par le ministère de l'Intérieur et qui rassemble les données personnelles et biométriques des Français pour la gestion des cartes nationales d'identité et des passeports français[18].

Plusieurs cadres et dirigeants ayant travaillé pour Amesys sont mis en examen en juin 2021 pour « complicité d’acte de torture »[19]. En , la chambre d'instruction de la Cour d'appel de Paris confirme la mise en examen de l'entreprise et de ses anciens dirigeants Philippe Vannier (président jusqu'en 2010) et Olivier Bohbot (président de Nexa depuis 2014), et annule celle de deux anciens employés[20] - [21]. En , la Cour d'appel de Paris annule la mise en examen de l'entreprise et 4 cadres pour les placer sous le statut de témoin assisté. Elle a « en revanche rejeté les requêtes en nullité portant sur la procédure elle-même et renvoyé le dossier à la juge d’instruction chargée du dossier pour qu’elle poursuive ses investigations »[22].

Notes et références

  1. Système national d'identification et du répertoire des entreprises et de leurs établissements, (base de données)
  2. #LeBrief, « Surveillance de masse : la Cour d'appel valide la mise en examen d'Amesys/Nexa et de ses dirigeants », sur www.nextinpact.com, (consulté le )
  3. Bluetouff, « Deep Packet Inspection : retour sur la rencontre avec le PDG de Qosmos », article réservé aux abonnés, sur Reflets.info, (consulté le ).
  4. Olivier Tesquet, « La Libye sur écoute française », sur OWNI, (version du 17 avril 2019 sur Internet Archive).
  5. Catherine Graciet, Sarkozy-Kadhafi : histoire secrète d'une trahison, Paris, éditions du Seuil, , 265 p. (ISBN 978-2-02-115534-1, OCLC 937051195, lire en ligne), « Amesys : attention scandale d'État ! ».
  6. (en) Paul Sonne et Margaret Coker, « Firms Aided Libyan Spies », article réservé aux abonnés, sur WSJ, The Wall Street Journal, (consulté le ).
  7. « Libye - Une filiale de Bull fournissait à Kadhafi des équipements de surveillance du Web », Blog de la rédaction du journale Le Monde, Le Monde, (consulté le ).
  8. Fabrice Amedeo, «Comment j'ai mis 5 millions de Libyens sur écoute», Le Figaro, (consulté le ).
  9. « Répression en Libye. Les Ligues des Droits de l'homme mettent en cause Amesys », Le Télégramme, (consulté le ).
  10. Paul Moreira, Canal+, « Traqués... » [archive du ], sur le site de Canal+, (consulté le )
  11. Sylvain Bergère (réalisateur) et Jean-Marc Manach et Julien Goetz (écrivains), Arte France, Premières Lignes, « Une contre-histoire de l'internet », sur le site Arte, (consulté le )
  12. Nexa Technologies (formerly Amesys)
  13. Cybersurveillance en Égypte : la société française Nexa Technologies mise en examen pour «complicité de torture»
  14. Damien Leloup, « Après la Libye de Kadhafi, Amesys a vendu son système de surveillance à l’Egypte de Sissi », Le Monde, (consulté le ).
  15. Pierric Marissal, « Amesys : information judiciaire ouverte pour complicité de torture en Libye », L'Humanité, (consulté le ).
  16. « Amesys », page web archivée sur Archive.is [archive], Reporters sans frontières, (consulté le ).
  17. Guénaël Pépin, « RSF liste les pays et entreprises "ennemis d'Internet" en 2012 », Le Monde, (consulté le ).
  18. Andréa Fradin, « Amesys file un coup de main à l’agence en charge du fichier monstre », L'Obs, (consulté le ).
  19. Fabrice Arfi et Pierre Alonso, « Du matériel français pour les dictatures : la justice prononce plusieurs mises en examen pour « complicité d’acte de torture » », sur Mediapart, (consulté le )
  20. Agence France-Presse, « Cybersurveillance en Libye: la mise en examen d'Amesys confirmée, celles de deux ex-salariés annulées », sur Notre Temps, (consulté le )
  21. « Surveillance de masse : la Cour d'appel valide la mise en examen d'Amesys/Nexa et de ses dirigeants », sur le site [NextImpact]], (consulté le )
  22. Agence France-Presse, « Cybersurveillance en Egypte: les mises en examen de Nexa Technologies et de quatre cadres annulées », sur le site Mediapart, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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