Alice Milliat
Alice Milliat, née le à Nantes et morte le à Paris, est une nageuse, hockeyeuse et rameuse de nationalité française.
Naissance | |
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Décès |
(Ă 73 ans) 12e arrondissement de Paris (France) |
SĂ©pulture |
Cimetière Saint-Jacques (d) |
Nom de naissance |
Alice Joséphine Marie Million |
Nationalité | |
Activités |
Rameur, traductrice, entraîneuse de football |
Sport |
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Cofondatrice et présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France, elle est aussi reconnue comme l'une des plus grandes militantes du combat pour la reconnaissance du sport féminin au niveau international.
Biographie
Née le à Nantes (Loire-Atlantique, alors Loire-Inférieure)[1], Alice Joséphine Marie Million a tout juste 20 ans quand elle épouse à Londres, le , Joseph Milliat, un jeune Nantais employé de commerce, qui meurt quatre ans plus tard. Ses parents, Édouard et Joséphine Million, tiennent une épicerie rue Guépin, dans le centre-ville de Nantes[2].
Bien que n'étant pas une sportive émérite depuis sa jeunesse, Alice Milliat choisit de se consacrer à l'aviron qu'elle pratique au Fémina Sport, club du 14e arrondissement de Paris, dont elle devient la présidente en 1915[3] - [4]. Elle est également la première femme à remporter le brevet Audax rameur 80 km pour avoir réalisé cette distance dans une embarcation légère et dans le temps imposé[4].
Avant la fin de la Première Guerre mondiale, en , les responsables des clubs de sport féminins créent la Fédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF), qui regroupe des clubs déjà existants comme le Fémina Sport (1912) ou En Avant, autre club parisien (1912)[5] - [6] - [7]. Le docteur Raoul Baudet en est le premier président et Mme Surcouf la première présidente. Alice Milliat est tout d'abord trésorière, puis secrétaire générale en avant d'accéder à la présidence le [3].
En 1919, Alice Milliat demande au Comité international olympique (CIO) d'inclure des épreuves féminines d'athlétisme lors des Jeux olympiques suivants, mais sa demande est refusée[6] - [3]. Parallèlement, la FSFSF étend son champ d'action et organise les premiers championnats de France féminins de football , tout comme la création de championnats en basket-ball, cross, natation ou hockey[3] - [7]. La première équipe de France féminine de football est fondée en 1920[8].
En , Alice Milliat organise le meeting d'éducation physique féminin international à Monte-Carlo, où se rencontrent des représentantes de cinq pays : France, Grande-Bretagne, Italie, Norvège et Suède[3]. Devant le succès rencontré, elle crée la Fédération sportive féminine internationale (FSFI), le [6] - [3]. Elle est élue présidente, et son domicile du 3, rue de Varenne à Paris devient le siège social de la Fédération.
La Fédération sportive féminine internationale participe à l'organisation de Jeux mondiaux féminins en alternance avec les Jeux olympiques. Les premiers s'ouvrent à Paris au stade Pershing le [9] - [10], soit deux ans avant les Jeux olympiques officiels. L’événement mobilise 20 000 personnes venues assister à ces jeux où se rencontrent des athlètes de 5 pays dans 11 compétitions sportives[11]. L'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF) décide face à ce succès, de créer une commission chargée de la mise en place de compétitions athlétiques féminines aux niveaux national et olympique en collaboration avec la FSFI[11].
Alice Milliat est ainsi à l'origine des premiers Jeux olympiques féminins, à une époque ou les épreuves sportives au féminin sont jugées « inintéressantes, inesthétiques et incorrectes » par le Comité international olympique (CIO) de Pierre de Coubertin. Pour l'historien et pédagogue français, la femme est avant tout une reproductrice destinée à « couronner les vainqueurs »[12].
En 1926, la Suède accueille la seconde édition des Jeux olympiques. À partir des Jeux de 1928 à Amsterdam, l'athlétisme apparaît comme discipline olympique. Alice Milliat devient la première femme juge lors des épreuves d'athlétisme des hommes[10] - [12].
Le , elle est à l'origine des championnats du monde féminins, qui perdurent jusqu'en 1936, date où l'IAAF intègre la FSFI dans ses structures et proclame leur fin[5]. Le gouvernement cesse également de distribuer des subventions et la militante s'épuise à trouver de nouvelles sources de financement[13].
Alice Milliat, qui parle couramment trois langues, est la principale ambassadrice de la défense du sport féminin en Europe[14]. Malade et décriée pour le lancement d'une loterie destinée à l'acquisition d'un terrain d'entraînement, elle se retire définitivement de la scène sportive en 1935[15]. L'année suivante, la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) disparaît de la scène internationale.
Selon le biographe Stéphane Gachet dans Alice Milliat, les 20 ans qui ont fondé le sport féminin, la militante, issue d'une formation de sténodactylo, accepte des travaux de secrétaire bilingue ou de traductrice jusqu'à la fin de sa vie[12].
Mort
Veuve et sans enfant, Alice Milliat meurt le , dans le 12e arrondissement de Paris[16] - [2]. Elle est inhumée au cimetière Saint-Jacques dans le quartier sud de Nantes, dans la concession n°10990 de la famille Brevet, celle de sa mère. Son nom a longtemps été absent de sa sépulture, jusqu’à ce qu’en 2020, ses descendants collatéraux décident d’y apposer une plaque[17] - [18].
Postérité
En 1982, l'écrivain André Drevon lui consacre la biographie Alice Milliat, La pasionaria du sport féminin[12]. En 2019, le Nantais Stéphane Gachet publie Alice Milliat, les 20 ans qui ont fondé le sport féminin.
Plusieurs villes ont donné son nom à une de leurs installations sportives, comme : une salle du stadium métropolitain Pierre-Quinon de Nantes, le fronton d’un gymnase du 14e arrondissement de Paris[19], la piscine Alice-Milliat à Pantin[20] ou un gymnase à Bordeaux. À Nantes, le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) lui a dédié sa résidence universitaire[21].
La postérité d'Alice Milliat se poursuit avec la Fondation Alice Milliat, qui a pour but de promouvoir le sport féminin en créant des événements à l’échelle européenne et en labellisant des projets œuvrant pour le sport féminin et la mixité[22]. L’entité est fondée le à l'INSEP, à l’occasion du lancement du « 11 Tricolore – la France au rendez-vous », en présence du président de la République François Hollande. La création de la Fondation Alice Milliat marque un tournant dans la prise en compte du sport au féminin car, pour la première fois, une organisation française agit au quotidien pour l’amélioration de la médiatisation du sport au féminin[23]. Abritée par la Fondation du sport français, elle est reconnue d’utilité publique.
Le , le Conseil de Paris votait pour que le nom d'Alice Milliat soit attribué à la future Arena Porte de la Chapelle de 8 000 places qui doit accueillir des épreuves olympiques et paralympiques lors des Jeux de 2024 [24]. Toutefois, en juillet 2022 le Conseil de Paris vote l'attribution du nommage de la salle à Adidas. En contrepartie, le nom d'Alice Milliat sera donné à l'esplanade devant l'Arena[25] - [26].
Le , une statue d'Alice Milliat est mise en place dans le hall du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) à Paris, aux côtés de celle de Pierre de Coubertin, dans le but de reconnaître et de saluer le travail d'Alice Milliat pour la juste reconnaissance du sport féminin[27].
En 2022, la réalisatrice Anne-Cécile Genre sort Les Incorrectes, documentaire sur Alice Milliat et les premiers Jeux mondiaux féminins[28]. Le 17 décembre 2022, son nom est attribué à la piscine Saint-Charles de Marseille.
Notes et références
- Archives de la Loire Atlantique, commune de Nantes, canton no 3, acte de naissance no 113, année 1884 (avec mention marginale de décès) (page 20/53)
- « Alice Milliat, pasionaria du sport féminin », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
- Leigh et Bonin 1977, p. 75.
- Ghislaine Quintillan, « Alice Milliat et les Jeux féminins », Revue olympique, vol. XXVI, no 31,‎ , p. 27-28 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
- Musée national du Sport, Sportives (Plaquette d’une exposition) (lire en ligne), p. 10.
- IAAF, Tables de Cotation de l'IAAF pour les Epreuves Combinées, (réimpr. 2004) (lire en ligne [PDF]), p. 28.
- (en) Erik Garin; Hervé Morard, « France - List of Women Champions and Runners-Up », sur rsssf.com, (consulté le ).
- Fabienne Broucaret, « Alice Milliat, une héroïne sportive francaise », sur sportissima.wordpress.com, (consulté le ).
- « Les championnats des sportives groupant un choix international », L'Auto, no 7918,‎ , p. 1 (lire en ligne ).
- IAAF, Tables de Cotation de l'IAAF pour les Épreuves Combinées, (réimpr. 2004) (lire en ligne [PDF]), p. 29.
- Leigh et Bonin 1977, p. 77
- Chrystelle Bonnet, Anne-Sophie Bourdet (ill. Pénélope Bagieu), « A Contre-Courant - Super-Héroïnes : Les vies méconnues et extraordinaires des pionnières du sport », L'Equipe,‎ .
- Leigh et Bonin 1977, p. 81.
- Sylvain Charlet, « Alice Milliat (1884-1957) l'apôtre du sport féminin français », sur home.nordnet.fr (consulté le ).
- M., « Mme Milliat maintient sa démission de présidente… que le Conseil fédéral refuse », L'Auto, no 12465,‎ , p. 4 (lire en ligne ).
- Archives de Paris 12e, acte de décès no 1439, année 1957 (page 15/31)
- « La Nantaise Alice Milliat a défié Pierre de Coubertin », sur ouest-france.fr, (consulté le )
- Dominique Bloyet, « La Nantaise qui a fondé l’équipe de France de foot féminin et créé les JO féminins », sur ouest-france.fr, (consulté le )
- Philippe Gambert, « Le stade d'athlétisme s'appellera Pierre-Quinon », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
- « La piscine Leclerc devient Alice-Milliat et rouvre bientôt ses portes », sur pantin.fr, (consulté le )
- « Résidence Alice Milliat », sur crous-nantes.fr (consulté le ).
- « Nos missions », sur Alice Milliat (consulté le )
- « Fondation Alice Milliat », sur Fondation Alice Milliat (consulté le )
- « Paris 2024 : L’Arena 2 renommée « Arena Alice Milliat » », sur SPORTMAG.fr, (consulté le )
- « Jeux olympiques de Paris : l’Arena de la Chapelle portera bien le nom d’Adidas », sur Le Parisien (consulté le )
- « Naming : Adidas pour l'Arena, Alice Milliat pour l'esplanade », sur L'Équipe (consulté le )
- « "Elle a été complètement oubliée" : Alice Milliat, pionnière du sport féminin, enfin honorée par le comité olympique français », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Les Incorrectes : Alice Milliat et les débuts du sport au féminin | TF1 Pro », sur tf1pro.com (consulté le )
Bibliographie
- (en) Mary H. Leigh et Thérèse M. Bonin, « The Pioneering Role Of Madame Alice Milliat and the FSFI in Establishing International Trade and Field Competition for Women », Journal of Sport History, vol. 4, no 1,‎ , p. 72-83 (lire en ligne [PDF], consulté le )
- Annick Davisse, LĂ©o Lorenzi et Jane Renoux, Olympie : la course des femmes, Le Havre, La Courtille, (ISBN 2-7207-0063-0).
- Stéphane Gachet, Alice Milliat : les 20 ans qui ont fondé le sport féminin, La Compagnie du Livre, (ISBN 979-10-93644-34-9).
- André Drevon, Alice Milliat, la pasionara du sport féminin, Paris, Vuibert, , 197 p. (ISBN 2-7117-7134-2, BNF 39976420).
- Robert Parienté, La fabuleuse histoire de l'athlétisme, La Martinière, .
- Jean Zorro, 150 ans d'EPS, Le Havre, AEEPS, , 395 p. (ISBN 2-902568-13-4, BNF 41209035).
- « Portrait d’Alice Milliat, militante du sport féminin », sur museedusport.fr (consulté le )
- Louis Dabir, « S'il y a des femmes aux jeux olympiques c'est un peu grâce à elle », sur sports.vice.com, (consulté le )
- Florence Carpentier, « Alice Milliat et le premier « sport féminin » dans l’entre-deux-guerres », Revue d'histoire, nos 20 et 21,‎ , p. 93-107 (lire en ligne)
- Alice Milliat pionnière olympique ; BD de Chandre - D. Quellat-Guyot - L. Lessous - M. Millote (septembre 2021, édition Petit à Petit).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative au sport :
- (en) Olympedia
- Site officiel de la Fondation Alice Milliat