Alexandre Mercereau
Alexandre Mercereau (né le à Paris et mort en 1945 à Gandelu) est un homme de lettres, poète, critique d'art, philosophe et journaliste français. Il fut étroitement lié au développement de l'art moderne.
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Poète, orateur, doyen, conférencier, chef d'entreprise, critique d'art, philosophe, écrivain, journaliste, commissaire d'exposition |
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Membre cofondateur de l'Abbaye de Créteil, membre du Salon d'automne, membre du Salon des indépendants, membre du Groupe de Puteaux et du Cercle de Passy, membre des "après-midi" du Salon de Léone Ricou, membre du comité de la Délégation permanente des sociétés françaises de la paix, membre d'Honneur de la Ligue internationale contre l'antisémitisme, membre de la Ligue internationale contre la guerre des gaz |
Grade militaire |
Sergent, brancardier première ligne |
Conflit |
Croix de guerre Médaille militaire Prix Balzac Prix des Vacances du poète Prix de la critique indépendante Prix Maria Star Grand Prix international de littérature de Genève Ex-libris de la Société philotechnique |
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Biographie
Alexandre Noël Mercereau est le fils de Pierre Hector, professeur, et de Marie Charlotte Lacour[1].
Il signe ses premiers textes « Eshmer-Valdor », pseudonyme qu'il abandonne rapidement. De 1907 à 1908, il participe à l'expérience de l'Abbaye de Créteil, villa communautaire en bord de Marne ouverte aux artistes, avec, entre autres, Albert Gleizes. Il est assez sévère sur cette expérience, qui, selon lui, tourna court, et publie après la Première Guerre mondiale un pamphlet, L'Abbaye et le bolchevisme culturel (éd. Eugène Figuière), où il dénonce, entre autres, l'attitude de Charles Vildrac et de Georges Duhamel.
En 1910 c'est lui qui est chargé de choisir les œuvres de peintres français représentées à l'exposition le Valet de Carreau à Moscou. Il connaissait l'art russe étant correspondant de la revue la Toison d'or[2].
En 1911, il rencontre le sculpteur espagnol Julio González et devient dès lors son agent[3]. Jean Metzinger publie un ouvrage sur Mercereau[4].
Il est propriétaire du château de Gandelu (dans l'Aisne) et y reçoit en ami Fernand Pinal, peintre dont la vie est attachée à ce village[5].
Dans La Terrasse du Luxembourg (Fayard 1945), André Billy dresse, page 175, un intéressant portrait du jeune Alexandre Mercereau.
En 1925, il épouse Alice Germaine Narbonne.
Première Guerre mondiale
De confession Pan-celtique et pacifiste, Alexandre Mercereau refuse de combattre. Au début du conflit de la première guerre mondiale, il explique à son état major, qu'il lui est impossible de tenir une arme, encore moins pour tuer un homme. Il reçoit alors le poste de brancardier sur le front de Verdun.
Ses faits d'armes, sans armes, lui octroient le grade de sergent, la Médaille militaire et la Croix de guerre. Ainsi que 40% d'invalidité, de longues années de convalescences, dues aux gaz, qui abîmèrent gravement ses poumons, ainsi qu'aux bombardements qui le rendirent à moitié sourd.
Les Jardins de Jenny l'ouvrière
Créée sous l'impulsion d'Eugène Figuière et d'Alexandre Mercereau en 1913, l'œuvre de charité Les Jardins de Jenny l’ouvrière est créée. Elle distribue aux femmes ouvrières des bas quartiers de Paris, des bulbes à fleurs, de la terre, des pots, des statuettes, des places de théâtre; afin de fleurir leur fenêtres et d'apporter un peu de joie en leur foyer. 5 défilés de chars sont organisés de 1910 à 1914.
Affaire Princesse X
Princesse X est une sculpture en bronze poli réalisée par Brancusi en 1916 se présentant sous la forme d'un phallus stylisé à partir de plâtres conçus l'année précédente. Du fait de sa forme suggestive, elle fut refusée au Salon d'Antin organisé par André Salmon en 1916 et au Salon des indépendants en 1920.
Le scandale fut également du côté des artistes qui dénoncèrent cette censure. Une importante pétition fut lancée par Marcel Duchamp, Fernand Léger et Alexandre Mercereau.
Art picturale et sculpturale
Expositions de l'Abbaye de Créteil, 1907 1908
Alexandre Mercereau est cofondateur de l’exposition qui ouvre dans le parc du phalanstère de l'Abbaye de Créteil, le .
Elle accueille des peintres et graveurs tels que Umberto Brunelleschi, Eugène Charvot, Henri Doucet, Albert Gleizes, Mlle Krouglicoff, Berthold Mahn, Jacques d'Otémar et Gabriel Pinta. Deux sculpteurs sont également présents: Maurice-Edme Drouard et Constantin Brancusi.
La seconde exposition de L'Abbaye de Créteil, qui aurait dû avoir lieu dans son parc, se déroule, à la suite de difficultés financières, dans une salle de location à Paris. Elle se déroule du 15 janvier au 8 février 1908 et accueille à nouveau peintre et graveurs (Umberto Brunelleschi, Henri Doucet, T. Essaian, Albert Gleizes, Mlle Krouglicoff, Maurice Robin, Ory Robin et Louis Triquigneaux) ainsi que des sculpteurs (Naoum Aronson, Constantin Brancusi, Maurice-Edme Drouard, de Sczezpkowski et Geo Printemps).
Exposition Valet de carreau, 1910
Valet de carreau (en russe : Бубновый валет) est un mouvement pictural moscovite des années 1910-1913, dont les buts reposent sur l'interprétation des leçons de Paul Cézanne et du postimpressionnisme français, du fauvisme et de l'expressionnisme allemand du Blaue Reiter (Le Cavalier bleu). Il fut, pendant deux ans, le mouvement phare de l'avant-garde russe. C'est aussi le nom de l'exposition organisée par les aveniristes, Bourliouk et Larionov, en 1910, et qui fut à l'origine du mouvement. Elle fut suivie d'autres expositions du même nom jusqu'en 1916.
Alexandre Mercereau y fut chargé de sélectionner la section française[6].
L'Armory Show, The International Exhibition of Modern Art, 1913
L'« Armory Show » (officiellement The International Exhibition of Modern Art) est une exposition internationale d'art moderne organisée par l'Association des peintres et sculpteurs américains (Association of American Painters and Sculptors), qui s'est tenue à New York du 17 février au 15 mars 1913.
Itinérante, cette grande exposition collective fut ensuite remontée dans un format réduit à l'Art Institute of Chicago, du 24 mars au 16 avril, en enfin à Boston, au siège de la Copley Society of Art, du 28 avril au 19 mai.
L'International Exhibition of Modern Art attire, au total, plus de 250 000 visiteurs. Elle fait date dans l'histoire américaine car elle est la première exposition de ce genre et permit l'affirmation d'un nouveau courant pictural, le réalisme américain.
Alexandre Mercereau y envoya le sculpteur Constantin Brancusi via son réseau outre atlantique[7].
Exposition de Prague, 45° Vystava Moderniho Umeni, 1914
Alexandre Mercereau en est le commissaire d'exposition. Elle se déroula au "Pavilion in Kinsky Garden", de février à Mars 1914[8].
Il sélectionna les artistes suivants: Alice Bailly, Hanns Bolz, Patrick Henry Bruce, Josef Chochol, Othone Coubine, Robert Delaunay, Raoul Dufy, Othon Friesz, Albert Gleizes, Vlastislav Hofman, Moïse Kisling, Bohumil Kubišta, Roger de La Fresnaye, André Lhote, Jean Marchand, Louis Marcoussis, Jean Metzinger, Piet Mondrian, Luc-Albert Moreau, Otto van Rees, Adriana Catharina van Rees-Dutilh, Diego Rivera, John Sten, Félix Elie Tobeen, Marie Vassilieff et Constantin Brancusi[9].
A la fin de l'exposition, dans le but de remercier le commissaire d'exposition, Constantin Brancusi lui offrit une de ses sculptures exposée, "Le Baiser", en plâtre, aujourd'hui propriété du Nasher Sculpture Center[10].
Cubisme
Le cubisme est un mouvement artistique du début du XXe siècle, qui constitue une révolution dans la peinture et la sculpture, et influence également l'architecture, la littérature et la musique. Produites essentiellement dans la région parisienne, les œuvres cubistes représentent des objets analysés, décomposés et réassemblés en une composition abstraite, comme si l'artiste multipliait les différents points de vue. Elles partagent également une récurrence des formes géométriques et du thème de la modernité.
Le rôle et l'influence d'Alexandre Mercereau concernant le cubisme peuvent se résumer par la constitution d'un réseau littéraire international englobant tous les arts novateurs, dont le cubisme, la promotion des nouvelles expressions artistiques par l'organisation d'expositions et de conférences à l'étranger, et sa participation à un occultisme ambiant qui imprégna l'approche que les cubistes avaient de l'art[11].
Le Futurisme
Le futurisme est un mouvement littéraire et artistique européen du début du XXe siècle (de 1909 à 1920), qui rejette la tradition esthétique et exalte le monde moderne, en particulier la civilisation urbaine, les machines et la vitesse. Né en Italie autour du poète Filippo Tommaso Marinetti, un mouvement Valet de Carreau apparaît en Russie (appelé également cubo-futurisme) dans les années 1910-1917.
Camilla Gray signale que ce fut Alexandre Mercereau qui organisa la section française de la 1re exposition du Valet de Carreau[12], liant les futurismes italiens et russes.
À la suite des traités de Filippo Tommaso Marinetti de plus en plus antisémites, Alexandre Mercereau s'en éloigne.
Œuvres littéraires
Poésies
- Les Thuribulums affaissés, 1905, Prix des Vacances du poète par référendum public, lire en ligne sur Gallica
Nouvelles, contes, légendes imaginaires
- Gens de là et d'ailleurs : gens de la terre, gens de la ville, gens de Paris, 1907, prix Balzac SGDL, lire en ligne sur Gallica
- Contes des ténèbres, Paris, Eugène Figuière, 1911, couverture illustrée par Albert Gleizes
- Séraphyma, 1922, bois de Gaspard Maillol
- La Conque miraculeuse, 1922, bois d'Albert Gleizes
- Une histoire merveilleuse, 1928, lire en ligne sur Gallica
- Le Crime du parc Monceaux, 1930
- Un saint au bagne
Études, critiques
- Fondation Franz-Jourdain
- Société des gens de lettres France : Henri Matisse, Moscou, 1907
- Société des gens de lettres France : Adolphe Monticelli, Moscou, 1908
- František Kupka, 1922
- André Lhote , 1921
- À propos de Salon d'automne : Toutes les écoles d'art moderne, 1922
- La Littérature et les idées nouvelles, 1912, lire en ligne sur Gallica
- La paix armée et le problème d'Alsace - dans l'opinion des nouvelles générations françaises, 1912, en collaboration avec Philippe Norard (Agrégé de l'Université) et Marcel Laurent (Docteur en droit)
- L'Abbaye et le Bolchevisme, 1924
Essais
- Paroles devant la vie : la vie, le poète, la fiancée, la femme enceinte, la mère, soi-même, la demeure, la mort, 1913
- Les Pensées choisies d'Alexandre Mercereau, 1922
- Évangile de la bonne vie, 1919
- Un petit Bréviaire des Fiancés , 1920
- Un petit Bréviaire de la Mère , 1920
Notes et références
- Selon l'acte no 2767, dans l'état-civil de la ville de Paris 5e arrondissement, naissance de 1884.
- Camilla Gray, L'Avant-garde russe dans l'art moderne 1863-1922, Édition Thames et Hudson, 2003, p. 120 (ISBN 2-87811-218-0).
- Julio González, collection du Musée national d'art moderne, sous la direction de Brigitte Léal, éditions MNAM, 2007, p. 307 (ISBN 978-2-84426-323-0).
- Jean Metzinger, Alexandre Mercereau, Vers et prose 27, Eugène Figuière Éditeurs, Octobre–novembre 1911.
- Noël Coret, Autour de l'Impressionnisme : les peintres de la Vallée de la Marne, La Renaissance du Livre, 2000.
- (it) Giovanni Lista, Futurestie
- (en) Walter Pach, Queer Thing, Painting : Forty Years in the World of Art, Read Books Ltd, , 380 p. (ISBN 978-1-4733-8759-1, lire en ligne)
- Brancusi, Constantin, 1876-1957., Lemny, Doïna. et Centre Georges Pompidou., L'atelier Brancusi : la collection, Paris, Centre Georges Pompidou, , 288 p. (ISBN 2-85850-929-8 et 978-2-85850-929-4, OCLC 38920310, lire en ligne)
- Lenka Bydžovská, Mánes Union of Artists, Oxford University Press, coll. « Oxford Art Online », (lire en ligne)
- (en-US) « Constantin Brancusi : The Kiss (Le Baiser) », sur Nasher Sculpture Center (consulté le )
- Le Dictionnaire du Cubisme, Groupe Robert Laffont, sous la direction de Brigitte Léal, éditions MNAM, 13 septembre 2018 - 852 pages, (ISBN 978-2-221-21991-1).
- "Futurestie" - Giovanni Lista - p. 45