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LĂ©one Ricou

LĂ©one (ou LĂ©onie) Ricou, dĂ©signĂ©e par Brancusi comme Madame L.R., nĂ©e Élise, Marie, Albertine Roux, le 24 septembre 1875 Ă  Joyeuse (Ardèche). Salonnière, mĂ©cène et collectionneuse d’art dans le Montparnasse des annĂ©es 1900-1920, elle accueille le Tout-Paris littĂ©raire et artistique dans son appartement du 270 boulevard Raspail (Paris 14e), d'oĂą elle lance et inspire de nombreux peintres, sculpteurs, poètes, Ă©crivains.  Elle meurt Ă  Paris, le 21 mars 1928.

LĂ©one Ricou
LĂ©one Ricou vers 1910.
Naissance
Décès
Nom de naissance
Élise Marie Albertine Roux
Autres noms
Élise Roux
Nationalité
Française
Activité
Famille
Isabelle Dugas, Marthe Roux, Louis-Robert Pelletier, Joseph Ricou, Alexandre Stoppelaere, Louise Pelletier
Père
Albert Auguste Roux
Mère
Marie Justine Deleuze

Biographie

D’Élise Roux à Léone / Léonie Ricou

Élise / Léone / Léonie passe son enfance en Ardèche, puis à Paris au 4 rue Eugène Sue, Paris 18e. Son père, photographe, vient d'une famille d'huissiers et de petits propriétaires ardéchois, sa mère, d'une famille d'agriculteurs de Rosières. Ses parents arrivent à Paris vers 1880, où son père devient journaliste au Petit Journal. En 1895, Élise s’installe, avec sa mère veuve, ses sœurs Isabelle et Marthe, et leur frère, dans un appartement au 21 rue Pierre Nicole, Paris 5e, près de Montparnasse.

La vie familiale

À cette époque, Élise (qui se fait appeler Léone ou parfois Léonie) rencontre Joseph Ricou (1876-1957), jeune médecin, avec qui elle s’installa à Montparnasse, rue Victor Considérant. Avant leur mariage, alors que Joseph est encore interne en médecine, ils ont deux petites filles qui meurent de maladie, à 17 mois, en 1899 et 1901. Ils se marient fin 1901 et s’installent dans un vaste appartement 270 boulevard Raspail, Paris 14e, où le docteur Ricou ouvre son cabinet de médecin. En 1907, le docteur Ricou part en mission médicale à Shanghai (Chine). Cependant, son épouse, Léone, frappée par le deuil de ses enfants, de santé fragile, décide de rester à Paris.

Le salon parisien du 270 boulevard Raspail

Le « cubisme des Salons »

En compagnie des poètes Guillaume Apollinaire, Paul Fort et Alexandre Mercereau (fondateur du groupe de L'Abbaye de Créteil), de ses sœurs, Marthe et Isabelle, ainsi que d’une foule de jeunes artistes de tous pays, Léone Ricou se met à fréquenter les cafés de Montparnasse (La Coupole, La Closerie des Lilas). Avec ses amis, elle participe à l'édition de revues littéraires (Vers et Prose[1] , Le Caméléon), et aide à l'organisation d'expositions (Salon des Indépendants, 1911 ; Salon de la Section d’or[2], galerie La Boétie, 1912). Avec son ami Mercereau, Léone Ricou est véritablement à l'origine du mouvement cubiste, puisqu'elle réunissait autour d'elle les concepteurs et initiateurs de ce mouvement : Braque, Picasso, ainsi que Metzinger et Gleizes[3], qui ont révélé le cubisme au grand public au Salon des Indépendants l'année suivante.

Les invités et protégés de Léone

Vers 1902, sous le nom de Léonie (puis de Léone) Ricou, elle commence à recevoir (d'abord chez Mercereau, 88 boulevard de Port Royal, puis dans son propre appartement, 270 boulevard Raspail), les artistes cubistes qui arrivent à Montparnasse après avoir délaissé Montmartre. Avant la fin de la guerre de 1914-18, son mari rentre en France, mais ils divorcent, en 1916. Le Dr Ricou repart en Chine plusieurs années, puis termine sa carrière et sa vie en Guadeloupe.

Les "après-midi" du Salon de Léone Ricou, sous l'égide d'Alexandre Mercereau, réunissent un cercle d'habitués : artistes, gens de lettres, journalistes, politiciens, ainsi que leurs égéries. La liste de ces personnalités, dont la plupart atteignent la célébrité, voire la gloire, compte environ 200 noms. Beaucoup des artistes invités appartiennent à la cosmopolite "École de Paris", parmi lesquels beaucoup d'étrangers, pour lesquels le Salon de Léone est la première escale parisienne.

En 1915-1916, Léone Ricou donne l’hospitalité au sculpteur François Pompon, qui se retrouve sans commandes, avec sa femme paralysée, et doit accepter de petits travaux pour survivre. D'autres artistes provinciaux bénéficieront également de la générosité de cette hôtesse parisienne toujours bienveillante.

Les trois sœurs Roux

Dans le "Salon" du boulevard Raspail, Léone et ses deux sœurs, Isabelle et Marthe, agréables, cultivées, bienveillantes, offrent un accueil de bon aloi, éloignées des polémiques politiciennes. La modestie de leur train de vie est compensé par leur liberté de ton et par leur attrait pour les nouveaux courants artistiques.

Leur ami le peintre italien Gino Severini, gendre de Paul Fort, évoque le rôle des trois sœurs dans la vie artistique parisienne[4] : « Parmi ces gens, il y avait d’abord madame Ricou, avec ses deux sœurs madame Dugas et mademoiselle Marthe Roux, qui était une jeune fille un peu moins jeune que la fille de Paul Fort. ».

Quant à Brancusi, pourtant solitaire, il se dévoue pour emmener les trois sœurs au cinéma, accepte de passer prendre le café chez Léone, ou de les accueillir en visite dans son atelier voisin.

Le salon de LĂ©one (LĂ©onie) Ricou, vivier artistique

Léone Ricou mécène des Cubistes

De 1902 Ă  1922, LĂ©one Ricou reçoit dans son salon du 270 Bd Raspail de nombreuses personnalitĂ©s des arts, tant françaises qu’étrangères,  dont les noms sont devenus mondialement connus. Or, beaucoup n’auraient pas percĂ© dans le microcosme parisien, si LĂ©one Ricou ne les avait pas introduits et soutenus sans faiblir. VĂ©ritable Ă©gĂ©rie du mouvement cubiste, LĂ©one Ricou accueille les plus grands noms des arts de cette Ă©poque : Jacques Villon, Marcel Duchamp, Albert Gleizes, Max Jacob, Pablo Picasso , Julio Gonzalez, Modigliani, AndrĂ© Derain, Brancusi, Ungaretti, Gino Severini, Giovanni Papini, Kees Van Dongen, Francisco Durrio de Madron, Ignacio Zuloaga, Jean Metzinger, Joan Miro, Supervielle, Maurice de Vlaminck, Fernand LĂ©ger, Matisse, Jean-Joseph Crotti, Henry de Waroquier, Paul DermĂ©e. Elle soutient beaucoup de jeunes artistes en leur offrant son soutien matĂ©riel et en les prĂ©sentant aux agents, galeristes et marchands.

Léone Ricou et Alexandre Stoppelaëre

Vers 1918, elle fait la connaissance du peintre Alexandre Stoppelaëre (1890-1978) qui expose à Montparnasse et à la galerie des Aquarellistes Indépendants. Il devient son garde-malade, quand se déclare la maladie pulmonaire qui devait l’emporter 10 ans plus tard. Elle l’épouse en 1922 à la mairie du 14e à Paris. Entre 1920 et 1924, il anime le Salon à ses côtés, amenant ses amis cubistes, devenant agent d’artistes, recherchant la clientèle américaine après-guerre. À partir de 1922, le couple passe plusieurs mois dans le village de Cagnes-sur-Mer (rue des Combes) où ils achètent une petite maison, dans laquelle Léone vit ses toutes dernières années. Ils y reçoivent des amis artistes, parmi lesquels Zuloaga, les Crotti, les Derain, Gleizes, de Waroqiuer.

De Cagnes à Paris, la fin et l’oubli

Quittant sa maison de la CĂ´te d'Azur, LĂ©one revient Ă  Paris, pour dĂ©cĂ©der de maladie, Ă  52 ans, le 21 mars 1928, Ă  son domicile du 270 boulevard Raspail. DemeurĂ©e LĂ©one Ă  jamais, elle est enterrĂ©e sous le nom de « LĂ©one StoppelaĂ«re nĂ©e Roux » Ă  quelques allĂ©es de ses filles, disparues toutes deux Ă  17 mois (dont la tombe a Ă©tĂ© relevĂ©e depuis longtemps). La sĂ©pulture est recouverte d’une dalle en marbre gris sur laquelle est gravĂ©e le nom STOPPELAERE.  LĂ©one y repose avec d'autres membres de la famille Stoppelaere (parents de son mari, tante, nièce), qui ont vĂ©cu jusque dans les annĂ©es 1960 dans l’appartement du boulevard Raspail que Stoppelaere avait conservĂ©.

En 1929, Stoppelaëre part en Belgique, pour y enseigner aux Beaux-Arts. Il contacte des marchands et disperse les œuvres léguées par Léone. Le produit de ses ventes lui servira à financer ses recherches en Égypte t la construction des "Maisons Stoppelaëre"[5]. Ayant obtenu un poste dans la mission archéologique de Louxor, il y restera de 1942 jusque vers 1956, devenant un égyptologue reconnu.

Le souvenir du Salon de Léone Ricou resurgit brièvement grâce à une rencontre fortuite de Marthe Roux et de George Oprescu, un critique d'art roumain qui le fréquentait lors de séjours à Paris en 1908-1910. Se remémorant cette époque heureuse, l lui consacrera un article élogieux[6], 30 ans plus tard, en citant les noms des artistes qui bénéficièrent de l’hospitalité et de la générosité de Léone Ricou, et qui, grâce à l'appui de Léone, devinrent célèbres. Avec nostalgie, il rappelle les qualités humaines et intellectuelles de cette généreuse hôtesse.

À l’inverse, Léone sombre dans l'oubli le plus total, au point que plus personne n’évoquera son souvenir jusqu’à ce que surviennent la vente de la collection Bergé-Saint-Laurent en 2009, puis le mémoire de master soutenu en 2016 à La Sorbonne par Louise Pelletier, son arrière-petite-nièce.

Égérie et collectionneuse

Amie de Julio González

Arrivé de Barcelone en 1900, le peintre espagnol Julio González (1876-1942) fréquente le salon de Léone et y amène ses amis Picasso, Juan Gris, Max Jacob. Alexandre Mercereau devient son agent. Son atelier de sculpture et de création de bijoux est voisin du Salon de Léone Ricou. Il lui confie sa fille Roberta González (1909-1976), que Léone élèvera en partie pendant l’absence de ses parents. Dans ses lettres, elle l'informe régulièrement des progrès de l'enfant et lui dit la joie que lui procure la compagnie de cette petite fille de 5 ans[7].

Muse et amie de cœur de Constantin Brancusi

En 1908, Léone rencontre le sculpteur roumain Constantin Brancusi, avec qui elle noue une amitié amoureuse. En 1914-1915, fuyant la guerre, Léone se réfugie dans sa maison familiale de son village natal de Joyeuse, en Ardèche, où elle invite Brancusi à la rejoindre. Plus tard, dans les lettres qu'elle lui adresse[8], elle tente de lui faire part de ses sentiments, et une fois divorcée, elle va jusqu'à lui proposer de l’épouser, ce qu’il refuse, à sa grande déception..

Passionnée par l’œuvre de Brancusi, Léone Ricou a inspiré une de ses plus célèbres sculptures, Le Portrait de madame L. R. A l’origine propriété de Fernand Léger (en 1910), revendue plusieurs fois, cette œuvre en bois que Brancusi dédie à Léone atteint le prix record de 29 millions d’euros, lors de la vente Bergé - Yves Saint Laurent[9] de 2009. C'est lors de l'immense publicité donnée à cette vente, à l'exposition de laquelle accourt un énorme public, que le nom de Léone Ricou apparaît dans la presse, comme étant la fameuse "Madame L.R." du portrait, qui s'avérera être le "clou" de la vente..

Mademoiselle LĂ©onie, Max Jacob, Picasso, Derain

Catholique pratiquante, Léone/Léonie Ricou accompagne son grand ami Max Jacob dans sa conversion au catholicisme. Sous l’influence bienveillante de Léone, il raconte son chemin mystique vers le baptême dans son livre Saint Matorel[10], que Picasso illustre, à la demande du marchand Daniel-Henry Kahnweiler, de quatre gravures[11] qu’il nomme, en référence à leur amie, hôtesse et mécène : Mademoiselle Léonie (Dans une chaise longue, Au chapeau, A la mandoline). La vignette est réalisée par André Derain, grand ami de Léone. Ce livre, qui allie écriture et dessin, est considéré comme le premier livre cubiste.

La collection de LĂ©one Ricou

Les "Brancusi" de Léone, enchères records

Selon certains experts, Léone Ricou possédait plusieurs sculptures de Brancusi : La Maiastra (l'oiseau d'or) , Le Baiser, œuvres citées par sa sœur Marthe à Oprescu, ainsi qu'une Muse endormie (en plâtre ou en marbre blanc, visible sur une photo de son salon).

En outre, elle dĂ©tenait aussi une version de L’Oiseau dans l’espace (en marbre gris bleu sur socle de pierre ocre), qui fut vendue par StoppelaĂ«re en 1937 et qui rĂ©apparut lors d'une vente aux enchères de Christie’s, aux États-Unis, pour un prix record de 27,5 millions de dollars en 2005. Elle avait aussi une version de LĂ©da (ou un moulage en plâtre) dont elle parle dans une lettre Ă  Brancusi  en lui racontant la visite de Madame de La Rosière : "Elle a Ă©tĂ© très contente de voir rĂ©alisĂ©e en Bronze la Leda qu elle avait vue Ă  Cagnes sur la grande photo que vous m'avez envoyĂ©e"[12].

Enfin, elle avait une gouache de Brancusi la représentant assise en robe rouge, tenant sur ses genoux la Muse endormie ; elle évoque ce portrait dans une lettre à Brancusi[13].

Autres Ĺ“uvres de la collection de LĂ©one Ricou

Léone Ricou possédait aussi le tableau Le Port, de Jean Metzinger[14], considéré comme l’œuvre fondatrice du cubisme, dont la trace n’a pas été retrouvée.

Il reste chez les descendants de ses deux sœurs, familles Dugas et Pelletier, des œuvres acquises par Léone ou offertes par les artistes à Léone ou à ses sœurs : tableau et bijoux de Julio Gonzalez, tableau de Roberta Gonzalez, tableaux de Stoppelaëre, dessin de Derain, Léone ne chercha pas à accumuler des œuvres, qu'elle aurait pu acheter alors à bas prix, car elle s'intéressait à l'art pour l'art, et offrait l'hospitalité aux artistes sans chercher à spéculer.

De Léone Ricou, injustement tombée dans l'oubli, nous voulons conserver cette lumineuse dédicace que lui laissa Ungaretti : « Elle se donne à la grâce comme le collier de larmes. Et que le soleil éteint les pleurs »[15].

Notes et références

  1. « Vers et prose, revue littéraire éditée par Paul Fort »
  2. DALBERT Guillaume, La Section d’or, 1912-1925, [exposition, Galerie Vavin-Raspail, Paris, du 12 au 31 janvier 1925], Paris, réalisée par la Galerie Vavin-Raspail, 1925
  3. Gleizes, Metzinger, Du Cubisme
  4. SEVERINI Gino, La vie d’un peintre, traduit de l'italien par Alain Madeleine-Perdrillat, Paris, éd. Hazan, 2011.
  5. « Maisons Stoppelaere », Egyptophile,‎ (lire en ligne)
  6. OPRESCO George, Un Chapitre peu connu de la vie sociale et artistique du Paris de la « Belle Époque », Gazette des Beaux-Arts, juillet-août 1968.
  7. Instituto Valenciano de Arte Moderno (IVAM), correspondance Léone Ricou / Julio González
  8. Fonds Constantin Brancusi, Bibliothèque Kandinsky - MNAM-CCI - Centre Pompidou, Paris - correspondance Léone Ricou / Brancusi
  9. Collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé: vente Christie's[Paris, Le Grand Palais, les 23, 24 et 25 février 2009], SVV Pierre Bergé & Associés, Paris : Christie’s France
  10. Max Jacob, Saint Matorel, Kanhweiller,
  11. L’une des 4 gravures de Picasso, datée de 1910, a été achetée par la Fundación MAPFRE à Marina Picasso, au prix d’un million d'euros en 2012.
  12. Lettre de LĂ©one Ricou Ă  Constantin Brancusi
  13. Gouache de Brancusi, identifiée par Margit Rowell
  14. GLEIZES Albert, « Du "Cubisme" »
  15. François Livi, De Marco Polo à Savinio: écrivains italiens en langue française, Presses de la Sorbonne,

Bibliographie

  • PELLETIER Louise, Le salon du 270 Boulevard Raspail de LĂ©one Ricou : un chapitre oubliĂ© de la vie littĂ©raire et artistique parisienne de 1900 Ă  1925, mĂ©moire de master I, UniversitĂ© Paris Sorbonne, Institut national d'Histoire de l'Art, 2016
  • ROWELL Margit, Ann TEMKIN Ann, Constantin Brancusi, 1876-1957 [expositions, Centre Georges Pompidou, Paris, du 14 avril au 21 aoĂ»t 1995, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie, du 8 octobre au 31 dĂ©cembre 1995], Paris, Ă©d. Gallimard – Centre Georges Pompidou, 1995.
  • PIA-LACHAPELLE LĂ©one, François Pompon, sculpteur bourguignon, sa vie, son Ĺ“uvre, Dijon, Les cahiers du vieux-Dijon, 1988.
  • AMIS DE GEORGES DUHAMEL ET DE L’ABBAYE DE CRÉTEIL, Les Cahiers de l’Abbaye de CrĂ©teil, Ă©d. CrĂ©teil
  • SECKEL HĂ©lène, Max Jacob et Picasso, [exposition, MusĂ©e des Beaux-Arts de Quimper, du 21 juin au 4 septembre 1994 et MusĂ©e Picasso, du 4 octobre au 12 dĂ©cembre 1994], Quimper, Ă©d. RĂ©union des MusĂ©es Nationaux, 1994
  • CENTRE NATIONAL D’ART ET DE CULTURE GEORGES-POMPIDOU, Le Portrait ? : [exposition, Paris, Galerie de l'Atelier Brancusi, 2002-2003], Paris, Ă©d. du Centre Pompidou, 2002, coll. Les Carnets de l'Atelier Brancusi
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