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Marie Vassilieff

Maria Ivanovna Vassilieva (en russe : Мароя ИĐČĐ°ĐœĐŸĐČĐœĐ° Đ’Đ°ŃĐžĐ»ŃŒĐ”ĐČĐ°), dite Marie Vassilieff, nĂ©e le Ă  Smolensk en Russie et morte le Ă  Nogent-sur-Marne en France, est une artiste peintre et sculptrice russe et française.

Marie Vassilieff
Portrait de Marie Vassilieff par Modigliani
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Autres noms
Мароя ИĐČĐ°ĐœĐŸĐČĐœĐ° Đ’Đ°ŃĐžĐ»ŃŒĐ”ĐČĐ°Ì
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MaĂźtre

Biographie

Elle naßt à Smolensk, en Russie, dans une famille aisée qui l'encourage à étudier la médecine. Son penchant naturel, cependant, va aux arts et, en 1903, elle entre à l'Académie impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg. En 1905, elle gagne Paris, alors la capitale artistique du monde.

Elle suit des cours Ă  l’AcadĂ©mie de la Palette avec Sonia Delaunay et Ă  l’AcadĂ©mie Henri Matisse avec Olga Meerson. Elle devient partie intĂ©grante de la communautĂ© artistique de la « Rive Gauche » Ă  Montparnasse[1]. Elle traduit et envoie en Russie des extraits de Notes d’un peintre d’Henri Matisse Ă  la revue moscovite La toison d’or qui les publie dans son numĂ©ro 6, en .

En 1911, elle fonde l'AcadĂ©mie russe de peinture et de sculpture au 54, avenue du Maine mais dĂšs 1912, elle ouvre l'« AcadĂ©mie Vassilieff[2] » qui devint un lieu de rencontre pour l'avant-garde de l'art de cette Ă©poque avec la frĂ©quentation d'artistes comme Maria Blanchard, Nina Hamnett, Amedeo Modigliani, Ossip Zadkine, Jacques Lipchitz ou ChaĂŻm Soutine. De 1998 Ă  2013, l’atelier ayant abritĂ© cette acadĂ©mie deviendra le musĂ©e du Montparnasse[3].

En peu de temps les murs de l'atelier de Marie Vassilieff se tapissent d'une collection de peintures de Marc Chagall et Modigliani, des dessins de Pablo Picasso et Fernand LĂ©ger.

Atelier de Marie Vassilieff

Le , Fernand LĂ©ger y donne une confĂ©rence sur l'art moderne : « Les origines de la peinture actuelle et sa valeur reprĂ©sentative »[4] puis le , la seconde partie de cette confĂ©rence : « Les rĂ©alisations picturales actuelles », hommage Ă  l’esprit indĂ©pendant des peintres de l’École de Paris.

En , Marie Vassilieff montre prĂ©cisĂ©ment au Salon des IndĂ©pendants trois tableaux de facture cubiste : Composition, Recherche I  et Recherche II. Cependant, le , le journal Excelsior reproduit, en premiĂšre page, Recherche I qu’il baptise « une toile futuriste »[5].

En , Marie Vassilieff ferme son acadĂ©mie de peinture et annexant un second atelier, elle ouvre une cantine populaire pour artistes et modĂšles. Elle s'Ă©tait portĂ©e volontaire comme infirmiĂšre dans la Croix-Rouge française et avait vu Ă  quel point avait empirĂ© la situation financiĂšre de nombreux artistes de Paris. Le gouvernement français en guerre dĂ©cida, afin de soutenir l'Ă©conomie en guerre, de verser une pension de compensation Ă  toute activitĂ© Ă©conomique lĂ©sĂ©e par la situation. Les artistes, ne pouvant en principe plus vendre leurs Ɠuvres aussi facilement, bĂ©nĂ©ficiĂšrent ainsi d'une minime pension les rendant souvent plus riches qu'avant le dĂ©clenchement du conflit. Comme ils n'avaient souvent que peu ou rien Ă  manger, la cantine leur Ă©tait un prĂ©cieux refuge en fournissant pour quelques centimes un repas complet et un verre de vin et, en outre, un lieu de rencontre convivial.

Le gouvernement avait mis en place un couvre-feu et les restaurants et les cafés de Paris étaient tous obligés de fermer tÎt, mais la cantine de Marie Vassilieff, inscrite comme club privé, n'était pas soumise à cette obligation. L'endroit devint instantanément trÚs fréquenté. Le Norvégien Kist Thaulow y jouait du violon, le Suédois E.M. Melchers du piano, Ossip Zadkine et Marie Vassilieff donnaient des danses russes et Pablo Picasso imitait les toreros pour amuser ses amis Foujita et Diego Rivera.

En ,  Marie Vassilieff retourne en Russie oĂč elle revoit une derniĂšre fois ses parents. Elle a l’occasion de participer Ă  deux expositions mi-futuristes, mi-suprĂ©matistes.  À PĂ©trograd, l'exposition DerniĂšre exposition futuriste de tableaux 0,10 de fin 1915(6) dans laquelle Kasimir Malevitch expose son fameux CarrĂ© noir sur fond blanc. À Moscou, l’exposition Magasin, de oĂč elle montre pour la premiĂšre fois les poupĂ©es qui la rendront cĂ©lĂšbre.

RentrĂ©e en France, en , elle rouvre sa cantine. Le critique d’art AndrĂ© Salmon qui prĂ©pare l’exposition rĂ©trospective : L’Art moderne en France lui accorde neuf numĂ©ros, signe de son aura artistique d’alors. Cette exposition est passĂ©e Ă  la postĂ©ritĂ© sous le nom de « Salon d’Antin » car elle prit place 26, avenue d’Antin (Paris 8e), dans l’hĂŽtel particulier du couturier Paul Poiret. Pablo Picasso y exposait pour la premiĂšre fois ses fameuses et nouvellement baptisĂ©es Demoiselles d’Avignon.

En , Georges Braque, qui avait Ă©tĂ© blessĂ© au combat fut libĂ©rĂ© du service militaire. Marie Vassilieff et Max Jacob dĂ©cidĂšrent d'organiser un banquet pour lui et son Ă©pouse, Marcelle. Parmi les invitĂ©s se trouvait Alfred Pina avec sa nouvelle compagne, Beatrice Hastings, qui venait de mettre fin Ă  sa liaison de deux ans avec Modigliani. Connaissant trop le penchant de Modigliani Ă  provoquer du dĂ©sordre quand il avait bu, Marie Vassilieff ne l'invita pas Ă  la fĂȘte. Le monde de l'art Ă©tait cependant petit et la nouvelle de ce banquet parvint bientĂŽt aux oreilles de Modigliani qui, passablement ivre, s'y prĂ©senta en cherchant la bagarre. Une rixe s'ensuivit, un pistolet sortit, et Marie Vassilieff, malgrĂ© sa petite taille, poussa Modigliani au bas de l'escalier pendant que Pablo Picasso et Manuel Ortiz de Zarate fermaient Ă  clĂ© la porte. Marie Vassilieff en fit un dessin maintes fois reproduit.

Devenue mĂšre en 1917, Marie Vassileff peint de nombreux portraits de son fils Pierre dans un style proche de celui de Fernand LĂ©ger et ses poupĂ©es en chiffons ou en cuir sont cĂ©lĂ©brĂ©es Ă  Berlin, New York et Londres oĂč Peggy Guggenheim l’invite Ă  exposer en .

En , Marie Dormoy, l’amie de l’écrivain Paul LĂ©autaud, Ă©crit dans la revue Art et dĂ©coration l’article « PoupĂ©es nouvelles »  dont voici un extrait : « Quant Ă  Marie Vassilieff, ses poupĂ©es sont de vĂ©ritables Ɠuvres d’art. Nul ne peut s’y tromper, elles ont un tel caractĂšre qu’on les reconnaĂźtrait entre mille. Pour chacune, elle fait de nombreux croquis et, par la puissance du modelĂ©, la soliditĂ© de la construction qui s’appuie sur le meilleur cubisme, la technique sans cesse renouvelĂ©e, elle accuse un caractĂšre, souligne une hĂ©rĂ©ditĂ©, crĂ©e des personnages douĂ©s de sentiments et de passions, donne enfin la vie Ă  des matiĂšres inertes ; et les portraits de Paul Poiret, Pablo Picasso, AndrĂ© Derain, AndrĂ© Salmon et de sa femme, sont criants de vĂ©ritĂ©. »

Marie Vassilieff dessine pour Paul Poiret en 1923 le flacon du parfum Arlequinade – Nouveau parfum de Rosine. Elle dirige les ateliers de confection des costumes de la saison thĂ©Ăątrale 1923-1924 des Ballets suĂ©dois de Rolf de MarĂ©, notamment ceux de La CrĂ©ation du monde dont la premiĂšre a lieu le au ThĂ©Ăątre des Champs-ÉlysĂ©es.

En 1925, elle crĂ©e un « mobilier baroque et anthropomorphe « composĂ© de six « meubles marionnettes » pour l’Exposition internationale des arts dĂ©coratifs et industriels modernes.

Elle dĂ©core, en 1927, deux piliers de la brasserie La Coupole, boulevard du Montparnasse. Sur le premier, elle peint une Vierge noire et dit-on l’homme de lettres Georges Duhamel mais il s’agit en fait de son ami, le compositeur Claude Duboscq, jouant de la flĂ»te. Effectivement, ce portrait aux yeux Ă©carquillĂ©s derriĂšre des lunettes rondes, le renard juchĂ© sur son Ă©paule et la Vierge noire, sont similaires Ă  ceux figurĂ©s sur les panneaux dĂ©coratifs du guignol Le Pauvre Clair conçu par Marie Vassilieff pour Claude Duboscq en 1928[5].

Inscrite au catalogue officiel comme « Artiste peintre dĂ©corateur », sa participation Ă  l’Exposition Internationale des Arts et Techniques dans la Vie moderne de 1937, est triple. Elle expose les maquettes dont des masques et des petits animaux d’une « Boutique fantasque » ; la maquette de son immense panneau dĂ©coratif L’ÉtĂ©-L’État – RĂ©seau d’État vers la mer conçu avec RenĂ© PĂ©ro pour la gare Montparnasse, et les cinq costumes en RhodoĂŻd des Voyelles pour la transposition Ă  la scĂšne du sonnet d’Arthur Rimbaud par le ThĂ©Ăątre Art et Action de Louise et Édouard Autant-Lara.

De 1939 à 1946, Marie Vassilieff vit et travaille à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Elle expose 32 tableaux, 20 poupées et des dessins chez Monsieur Gasser, 8 rue des Belges à Cannes du au .

En 1949, l’entrepreneur en bĂątiment Edmond Didier, devenu son mĂ©cĂšne lui passe commande d’un service de table en cĂ©ramique. Elle en supervise les moulages et enthousiasmĂ©e par cette collaboration avec l’Atelier Lafourcade, elle rĂ©alise en sus des sculptures mystiques ou Ă©rotiques. DĂšs le mois de mai, elle montre ces cĂ©ramiques dans l’exposition Hommage Ă  Marie Vassileff – Peintre de la grande Ă©poque de Montparnasse organisĂ©e par Marc Vaux au Foyer d’Entr’aide aux artistes et aux intellectuels du boulevard du Montparnasse puis au Salon des IndĂ©pendants (Paris) de 1952.

De 1953 Ă  sa mort, elle rĂ©side Ă  la Maison nationale de retraite des artistes de Nogent-sur-Marne. En dĂ©pit du fait que cette institution fut fondĂ©e en 1945 par deux femmes, Marie Vassilieff est la premiĂšre Ă  y ĂȘtre admise. Elle est inhumĂ©e au cimetiĂšre de Nogent-sur-Marne.

En 2016, la Villa Vassilieff reprenant les ateliers de Marie Vassilieff est inaugurĂ©e. Établissement culturel de la Ville de Paris, la Villa Vassilieff accueille quatre artistes par an. Elle est un centre de recherche autour de l’histoire du 21, avenue du Maine et du quartier des Montparnos via les archives publiques et privĂ©es.

Selon La Gazette Drouot, le tableau de Marie Vassilieff : L’Enfant Ă  la poupĂ©e de 1917 est vendu 151 000 Euros par Cannes EnchĂšres, le . En 2009, poussĂ© par des collectionneurs russes, le Port d'Espagne de Marie Vassilieff de 1915 atteint 175 000 euros Ă  Enghien, le 1er fĂ©vrier. Puis le , le portrait d’Anna Winding, modĂšle apparentĂ© Ă  la famille du peintre Renoir et peint par Marie Vassilieff Ă  Cagnes-sur-Mer, en 1945, fait 140 000 euros Ă  la vente Artcurial en l’HĂŽtel Marcel-Dassault. En 2017, le tableau de 1912, CafĂ© de la Rotonde, haut lieu de la vie des Montparnos de la haute Ă©poque, est adjugĂ© 170 800 euros, le , en l’étude Toledano d’Arcachon puis est revendu le , 254 534 euros, Ă  Christie's Londres. Pour sa part, Paysage d’Espagne s'est vendu 101 480 euros, le dimanche Ă  Bayeux enchĂšres.

AprĂšs les expositions rĂ©trospectives : Marie Vassilieff (1884-1957) - Eine Russische KĂŒnstlerin in Paris au Verborgene Museum de Berlin, en 1995, Marie Vassilieff dans ses murs au MusĂ©e du Montparnasse en 1998, l’exposition Marie Vassilieff – l’ñme de Montparnasse prend place au chĂąteau de Vert-Mont Ă  Rueil-Malmaison du au .

Villa Vassilieff

En , la mairie de Paris inaugure dans ce qui Ă©tait son atelier de Montparnasse un nouvel espace consacrĂ© aux arts visuels : la Villa Vassilieff[6] – anciennement MusĂ©e du Montparnasse. Conçu comme un lieu de travail et de vie, il favorise Ă  la fois le mĂ»rissement des idĂ©es, les rencontres et le partage des savoirs. À travers un programme vivant de rĂ©sidences, d’expositions, d’évĂ©nements et d’ateliers, la Villa Vassilieff propose d’associer le public aux dĂ©marches d’artistes et de chercheurs liant patrimoine et crĂ©ation contemporaine[7] - [8]. Virginie Bobin, responsable des programmes prĂ©cise que la Villa Vassilieff est un outil patrimonial permettant de repenser l’histoire de l’art parfois trop eurocentrĂ©e et masculine[9].

Bibliographie

  • Claude BernĂšs, BenoĂźt NoĂ«l : Marie Vassilieff - L’Ɠuvre artistique, L’acadĂ©mie de peinture, La cantine de Montparnasse, Éditions BVR, Livarot Pays d'Auge, 2017 (ISBN 978-2-9556296-2-8)
  • BenoĂźt NoĂ«l : Daniel Wallard et le fameux sextet de bons peintres, Hommage Ă  Yvonne GuĂ©gan - L’HumanitĂ© au fĂ©minin, catalogue d'exposition, Association Les Amis d’Yvonne GuĂ©gan, Caen, 2017
  • Jean-Claude MarcadĂ© : L'avant-garde russe 1907-1927 , Flammarion, Paris 1995, 2007 (ISBN 2-08-120786-9).
  • Peintres russes en Bretagne, ouvrage collectif (R. N Antipova, Jean-Claude MarcadĂ©, Dimitri Vicheney, Cyrille Makhroff, C. Boncenne, V. Brault, Ph. Le Stum, T. Mojenok, I. Obuchova-Zielinska, M. Vivier-Branthomme), MusĂ©e dĂ©partemental breton Ă  Quimper, Éditions Palentines, 2006, p. 122 Ă  p. 123 (ISBN 2-911434-56-0).
  • Gisela Breitling, Ada Raev, Claude BernĂšs et Bernard Houri : Marie Vassilieff (1884-1957) Eine Russische KĂŒnstlerin in Paris, Catalogue de l’exposition du Verborgene Museum - Berlin, 1995.

Notes et références

  1. Marie Vassilieff:A Splash of Montparnasse Color, New York Times consulté le 17 janvier 2010
  2. Chronologie, site de la Villa Vassilieff
  3. Marie Vassilieff, peintre et dĂ©coratrice, figure de proue de Montparnasse, rĂ©sumĂ© d'un article de Dimitri Vicheney et Cyrille Makhroff in Bull. Soc. hist. & arch. du XVe arrondt de Paris – N° 32.
  4. Jean-Claude Marcadé : L'avant-garde russe 1907-1927 , Flammarion, Paris 1995, 2007 p. 139 (ISBN 2-08-120786-9)
  5. Claude BernĂšs et BenoĂźt NoĂ«l, Marie Vassilieff : L’Ɠuvre artistique : L’acadĂ©mie de peinture : La cantine de Montparnasse, Livarot-Pays-d'Auge, Editions BVR, , 224 p. (ISBN 978-2-9556296-2-8)
  6. Villa Vassilieff, site officiel.
  7. Elodie D., « La Villa Vassilieff remplace le Musée du Montparnasse », sur Sortir à Paris, (consulté le ).
  8. « La villa Vassilieff renaßt », sur Le Parisien, (consulté le ).
  9. Sabrina Silamo, « Villa Vassilieff : un lifting rĂ©ussi pour l'ex-QG des peintres de l'avant-garde », TĂ©lĂ©rama,‎

Liens externes

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