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Ahmed MaĂąninou

Hadj Ahmed Maaninou (1906 - ) est un nationaliste, résistant, panarabiste[1] et démocrate marocain. Mohammed VI, roi du Maroc dans sa lettre de condoléances adressée à la famille du défunt : « ... Le Maroc a perdu une personnalité qui avait un rÎle notable dans l'histoire du mouvement national marocain et dans la lutte par l'action et la plume pour l'avÚnement de la liberté et de l'indépendance [2]...) ».

Hadj Ahmed Maaninou
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Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom dans la langue maternelle
ŰŁŰ­Ù…ŰŻ مŰčنينو
Nationalité
Activités
Enfant
Mohamed Seddik Maaninou (d)

Biographie

Adolescence

NĂ© Ă  SalĂ© au Maroc, rue LĂ©blida, en 1906, Ahmed MaĂąninou est le cadet d’une famille de huit enfants, d’origine andalouse. Orphelin Ă  l’ñge de six mois, il est Ă©levĂ© par sa tante maternelle devenue la femme de son pĂšre.

Ahmed a suivi le cursus traditionnel des Ă©tudes islamiques. DĂšs l’ñge de cinq ans, il intĂšgre l’école coranique du quartier « msid », pour apprendre par cƓur tous les versets du Coran. Puis il poursuit ses Ă©tudes dans quelques zaouias et Ă  la Grande MosquĂ©e de SalĂ© aux cĂŽtĂ©s des grands thĂ©ologiens et oulĂ©mas de l’ExĂ©gĂšse du Coran, du Hadith, de la grammaire, du droit et de la thĂ©ologie. La fin de ses Ă©tudes a Ă©tĂ© couronnĂ©e par l’obtention d’une licence « Ijaza » verbale qui lui a Ă©tĂ© accordĂ©e par le « fkih » Ahmed al-Jariri. Au cours de son premier voyage au Moyen-Orient, il a obtenu une « Ijaza » Ă©crite du grand imam de Damas, le « Cheikh » Badr Eddine Al Housni.

Avec les autres Ă©lĂšves du msid, il participe involontairement Ă  la marche de protestation des artisans de la ville contre l’institution par le protectorat, en 1920, d’une patente connue sous le nom de « Daribat Al Akiab ».

Il assiste à la zaouïa Naciria de Rabat à quelques conférences du grand salafiste le cheikh Abou Chouaïb Doukkali, et surtout du alem Mohamed Ibn Housni Madani qui ont beaucoup aidé les jeunes dans leur émancipation culturelle.

L’influence des oulĂ©mas du Proche-Orient sur la jeunesse arabe a Ă©tĂ© trĂšs grande. Les Ă©crits des grands thĂ©ologiens du monde musulman tels que DjemĂąl ad-DĂźn al-AfghĂąni et Mohamed Abdou appelaient Ă  un retour aux sources d’un islam libĂ©rĂ© de l’influence des colonisateurs.

Lors d’une visite en compagnie de son pĂšre Ă  la zaouĂŻa Derkaouiyya situĂ©e aux abords du Rif, en 1924, il entend pour la premiĂšre fois les coups de feu et apprend beaucoup sur la rĂ©volte armĂ©e de Abdelkrim el-Khattabi contre les occupants français et espagnols.

L’annĂ©e 1927 a vu la crĂ©ation de l’Association littĂ©raire musulmane de SalĂ© « Annadi Al Adabi Al Islami » qui groupe les Ă©lĂšves de l’école de fils de notables et ceux des Ă©coles religieuses de la ville. Elle constitue une bibliothĂšque ouverte aux jeunes, organise des confĂ©rences-dĂ©bats et des voyages dans diffĂ©rentes rĂ©gions du Maroc. Ahmed participe activement Ă  la propagation des idĂ©es nobles de cette association.

L’annĂ©e suivante, sous l’égide d’Abdellatif Sbihi, une troupe thĂ©Ăątrale d’amateurs est crĂ©Ă©e groupant des jeunes du Annadi Al Adabi. Elle donne des reprĂ©sentations, Ă  SalĂ© et Rabat, des piĂšces thĂ©Ăątrales Ă  rĂ©sonance patriotique puisĂ©s des Ă©pisodes illustres du monde arabo-musulman. Ahmed participe Ă  l’organisation des spectacles.

En 1930, Ahmed ĂągĂ© de vingt-quatre ans seulement, entame un long voyage en direction de La Mecque pour accomplir le pĂšlerinage. Lors de la premiĂšre escale du bateau Ă  Marseille, il envoie son premier article qui est publiĂ© dans le journal Assaada, le seul quotidien national en arabe au Maroc. À Alexandrie, il rencontre son cousin Mustapha As-Slaoui. À Beyrouth, sa grande surprise est de trouver un nombre important de revues et de journaux en vente libre. AprĂšs un cours sĂ©jour Ă  Damas, il arrive enfin Ă  MĂ©dine puis Ă  La Mecque pour accomplir son pĂšlerinage.

Le nationaliste

De retour Ă  SalĂ©, Ahmed MaĂąninou est vite informĂ© par les jeunes nationalistes du Dahir berbĂšre qui est publiĂ© le et qui instaure une division ethnique entre Arabes et BerbĂšres pour mieux encrer la politique coloniale au Maroc. AprĂšs plusieurs concertations avec ses amis : Mohamed Hassar, Abdellatif Sbihi, les frĂšres SaĂŻd et Abdelkrim Hajji, Mohamed ChĂ©maou et Abdeslam Aouad, ils dĂ©cident d’utiliser le « Latif », comme arme religieuse pour sensibiliser les gens sur le danger que constitue ce Dahir.

Le , aprĂšs l’arrestation de tous ses amis, Ahmed MaĂąninou arrive Ă  convaincre l’imam de la Grande MosquĂ©e de SalĂ©, Hadj Ali Aouad de terminer la priĂšre de ce vendredi par la lecture du « Latif ». Tous les fidĂšles scandent Ă  haute voix la phrase suivante : « O Sauveur, Ă©pargne nous les mauvais traitements du Destin et ne nous sĂ©pare pas de nos frĂšres berbĂšres ». Cette priĂšre du Latif constitue le point de dĂ©part des manifestations religieuses qui se propagent de ville en ville dans tout le pays. Ce jour est considĂ©rĂ© comme le jour de l’éclosion du nationalisme marocain.

Le , une centaine de nationalistes se sont retrouvés dans la demeure de Ahmed Lahrech pour rédiger et signer la pétition de protestation contre la publication de ce fameux Dahir parmi lesquels figure Ahmed Maaninou, pétition adressée au Grand vizir.

Au premier anniversaire de la lutte contre ce Dahir, Maaninou participe à FÚs, avec un groupe de jeunes dirigé par Brahim Ouazzani, à la distribution des premiers tracts arrivés secrÚtement du Caire, appelant à la poursuite de la contestation contre ce Dahir.

Ahmed Maaninou donne ses premiers cours Ă  un groupe d’enfants Ă  la mosquĂ©e de la rue Herarta. La prĂ©sence parmi eux du fils du Moufti de SalĂ©, Abderrahmane Benabdenbi, est un signe de confiance trĂšs encourageant pour lui. À la crĂ©ation de la premiĂšre Ă©cole nationale libre de SalĂ© en 1932, il fait partie des enseignants volontaires qui tentent de structurer l’enseignement primaire tout en prĂ©servant son caractĂšre national.

À la suite d’un litige avec le directeur, il fonde en 1933, avec Boubker el-Kadiri, une nouvelle Ă©cole libre. En 1937, pour des raisons politiques, il crĂ©e, dans une maison offerte par Al Hadj Talbi, une autre Ă©cole moderne avec un tableau, des bancs et des bureaux.

L’annĂ©e 1932 voit la crĂ©ation de la premiĂšre association religieuse et politique au Maroc. AppelĂ©e « Association pour la sauvegarde du Coran », elle groupe au sein de son premier bureau trois Ă©lĂšves expulsĂ©s de l’école publique de SalĂ© pour leur participation Ă  la contestation contre le dahir berbĂšre : Abdeslam Bensaid, Mohamed Bakkali et Mohamed Kadiri, ainsi que Ahmed Maaninou, Boubker el-Kadiri et Ă  sa prĂ©sidence l’imam Hadj Mohamed Aouad.

À l’initiative du jeune Mohamed Hassar, la commĂ©moration de la premiĂšre fĂȘte du trĂŽne Ă  SalĂ© le a un grand succĂšs. Elle est organisĂ©e par un comitĂ© groupant Idriss Jaidi, Mohamed MaĂąninou, Mohamed Hajji, Mohamed Alaoui, Hadj Mohamed Aouad, Hadj Ahmed MaĂąninou, Hadj Boubker Aouad et Mohamed Gharbi. C’est une manifestation de loyalisme au Sultan l’associant Ă  la cause nationaliste. Un an aprĂšs cette fĂȘte est officialisĂ© le Dahir du .

En juillet de la mĂȘme annĂ©e, dans la demeure d’Ahmed Hajji, les jeunes nationalistes de SalĂ©, Rabat et FĂšs cĂ©lĂšbrent le premier anniversaire de la revue « Maghreb » publiĂ© Ă  Paris et qui dĂ©fend la cause marocaine. Cette manifestation est l’occasion d’annoncer la parution du premier hebdomadaire national de langue française sous la direction de Mohamed Hassan Ouazzani portant le nom de « L’Action du Peuple ».

Le jour de la fĂȘte de « L’Achoura », le , une marche de protestation traverse les ruelles de la mĂ©dina obligeant les gĂ©rants de vingt-sept dĂ©bits de boissons alcoolisĂ©es Ă  fermer boutique. Mohamed Hassar et Ahmed MaĂąninou, meneurs de cette rĂ©volte sont condamnĂ©s par les autoritĂ©s du protectorat Ă  deux mois de prison ferme. Une pĂ©tition de protestation signĂ©e par les notables de la ville est adressĂ©e au Sultan.

La premiĂšre rencontre entre Hadj Ahmed et Allal El Fassi se dĂ©roule chez un ami commun SaĂŻd Hajji, Ă  SalĂ© en 1934, pour discuter du « Plan de RĂ©formes Marocaines ». Les jeunes nationalistes salĂ©tins refusent d’apporter leur appui Ă  ce projet pour deux raisons. D’abord pour la crĂ©ation du ComitĂ© d'action marocaine (CAM) Ă  FĂšs, sans concertation avec les autres nationalistes du Maroc et aussi pour la non prise en considĂ©ration, dans la rĂ©daction de ce plan, du projet de rĂ©formes prĂ©parĂ© par Mohamed Hassar dĂšs 1933 avec l’appui des nationalistes de SalĂ©.

Lors du premier congrĂšs national du CAM, Hadj Ahmed prononce un discours au nom des jeunes nationalistes salĂ©tins apportant leur appui Ă  l’union nationale autour de ce projet, faisant fi des discordes internes.

Hadj Ahmed prononce un discours de bienvenue aux congressistes de l’Association des Ă©tudiants musulmans de l’Afrique du Nord en France rĂ©unis Ă  Rabat le , malgrĂ© l’interdiction du rĂ©sident gĂ©nĂ©ral.

Par ordre du contrĂŽleur civil de SalĂ©, Hadj Ahmed est incarcĂ©rĂ© une dizaine de jours Ă  la prison LaĂąlou de Rabat pour avoir applaudi Ă  l’intĂ©rieur du tribunal.

AprĂšs l’interdiction du congrĂšs du CAM qui doit se tenir Ă  Casablanca et l’arrestation des trois nationalistes : Mohamed Hassan Ouazzani, Allal Fassi et Mohamed Yazidi, Ă  l’instar des autres villes, les nationalistes de SalĂ© organisent une grande manifestation le avec comme slogans la levĂ©e de l’interdiction des journaux et la libertĂ© de la presse.

Les sentences sont vite tombées sans jugement aucun, Hadj Ahmed qui dirige cette manifestation écope de six mois de prison ferme, Boubker Kadiri de trois mois et un mois pour le reste des organisateurs.

La premiÚre grÚve des tisserons des nattes de Salé, au début de 1937, est soutenu par les jeunes nationalistes de la ville.

Devant la vague d’arrestations punitives des grĂ©vistes, Hadj Ahmed MaĂąninou et Boubker Kadiri adressent une lettre de protestation au contrĂŽleur civil de SalĂ© pour son refus de la proposition des nationalistes pour trouver une solution Ă©quitable Ă  ce problĂšme.

À la suite de dissensions internes le CAM se scinde, en , en deux mouvements : Le Parti national pour la rĂ©alisation des rĂ©formes sous la houlette de Allal Fassi et « Al Haraka al Kawmiya” le Mouvement nationaliste (MN) dirigĂ© par Mohamed Hassan Ouazzani, auquel se rallie Hadj Ahmed.

Pour donner un Ă©cho national Ă  la lutte des nationalistes de MeknĂšs qui se rĂ©voltent contre le dĂ©tournement de l’eau de la riviĂšre Abou FĂ©krane au profit des colons de la rĂ©gion, Hadj Ahmed Ă©dite Ă  SalĂ© avec Mohamed Chemaou un numĂ©ro spĂ©cial du journal Al Widade qui est largement diffusĂ© Ă  MeknĂšs et Ă  travers le Maroc.

À la commĂ©moration Ă  la Grande MosquĂ©e de SalĂ©, le , de la journĂ©e de solidaritĂ© avec la Palestine, Hadj Ahmed prononce un discours et prĂ©sente le lendemain avec des responsables du Mouvement national une pĂ©tition de protestation, signĂ©e par un grand nombre de notables et de personnalitĂ©s, Ă  l’ambassade de la Grande-Bretagne Ă  Rabat.

L’exilĂ©

Obtention miraculeuse d’un passeport le et nouveau dĂ©part de Hadj Ahmed MaĂąninou vers la Mecque pour le pĂšlerinage qu’il utilise, comme couverture officielle, pour la dĂ©fense de la cause nationale et pour rĂ©clamer la libĂ©ration des nationalistes emprisonnĂ©s, qu’il entreprend auprĂšs des responsables politiques des pays arabes du Moyen-Orient.

GrĂące Ă  sa carte de journaliste du journal Al Maghreb de SaĂŻd Hajji, il obtient un visa pour rentrer au Caire. Son cousin Mustapha Slaoui, rĂ©sidant en Égypte, lui apporte une aide financiĂšre et logistique pour rencontrer plusieurs reprĂ©sentants des associations, des journaux et des partis politiques Ă©gyptiens.

Au cours de ses activitĂ©s politiques en Arabie saoudite, au cĂŽtĂ© du grand poĂšte marocain Hadj Yamani Nasiri, Hadj Ahmed apprend que les autoritĂ©s françaises demandent son extradition. À la fin de son pĂšlerinage, son ami Naciri lui propose de retourner au Maroc, en sa compagnie, pour vivre son exil forcĂ© Ă  TĂ©touan qui est sous protectorat espagnol.

Accueilli chaleureusement, Ă  TĂ©touan, par la famille de Hadj Abdessalam Temtamani, Hadj Ahmed coopĂšre au sein du « Parti de l’UnitĂ© marocaine » dirigĂ© par Mekki Naciri en coordination avec les responsables du MN de la zone sous occupation française et participe Ă  la rĂ©daction du journal du parti « Al Wahda Al Maghribia » l’Union marocaine.

Hadj Ahmed est recommandĂ© par Mekki Nasiri et nommĂ© par Ahmed Laghninmia[3] pour le poste de secrĂ©taire culturel de l’Institut Moulay Hassan Bel Mehdi de TĂ©touan oĂč il a enseignĂ© depuis le , les rĂšgles de la langue arabe. Il y crĂ©e Ă©galement le Club des Orateurs pour amĂ©liorer l’élocution en public des Ă©lĂšves.

Hadj Ahmed participe activement avec Brahim Ouazzani et Mekki Nasiri[4] à la formation accélérée de 41 élÚves choisis pour faire partie de la premiÚre « Mission marocaine Moulay Hassan Bel Mehdi » et pour intégrer de façon exceptionnelle, les écoles supérieures au Caire sous l'influence de "Beit El Maghrib".

Hadj Ahmed engage, par voie de presse, une guerre sans merci contre les leaders du parti politique « Al Islah Al Watani » dirigĂ© par Abdelkhalek TorrĂšs, pour leur tendance Ă  imiter les mĂ©thodes fascistes du parti espagnol franquiste. Le salut hitlĂ©rien soulĂšve un grand dĂ©bat entre les oulĂ©mas pour confirmer qu’il n’est pas de pratique entre les musulmans.

Le , la radio allemande annonce l’occupation de la capitale française. Hadj Ahmed dirige Ă  l’occasion, avec Brahim Ouazzani, une manifestation qui scande « la France est morte, vive le Maroc ». Ce jour-lĂ , il prononce un discours durant sept heures pour haranguer la foule.

La mĂȘme annĂ©e, lors de sa visite au MausolĂ©e de Moulay Abdeslam Ben Mchich Alami, Hadj Ahmed est piquĂ© par un scorpion venimeux. Sa vie est en danger de mort, il ne parle plus et ne peut plus marcher. C’est grĂące au dĂ©vouement d’un mĂ©decin espagnol, Le Docteur Aragon, et l’aide de ses amis qu’il rĂ©cupĂšre lentement toutes ses fonctions.

Hadj Ahmed quitte dĂ©finitivement TĂ©touan pour s’installer Ă  Tanger. Il subit une opĂ©ration chirurgicale sur son pied Ă  l’hĂŽpital anglais de la ville.

Hadj Ahmed dirige une premiĂšre Ă©cole primaire situĂ©e rue Annidame Ă  Tanger, puis inaugure, le jour anniversaire de la fĂȘte du trĂŽne en 1941, une deuxiĂšme Ă©cole technique celle-lĂ , filiale de l’Institut Moulay Mehdi de TĂ©touan, dont il sera le directeur. L’annĂ©e suivante, il crĂ©e une autre Ă©cole primaire Ă  la rue M’sallah.

En 1942, Hadj Ahmed se marie avec Lalla SaĂądia Bent Mohamed Kadiri, niĂšce du Alem Abdellah Guennoun. Il est pĂšre de cinq garçons, Ă  chacun d’eux il donne un prĂ©nom Ă  connotation politique ou religieuse selon sa date de naissance. Mohamed Seddik est nĂ© le jour d’une fĂȘte religieuse. Nejm El Arab est nĂ© avec la crĂ©ation de la Ligue arabe. Salah Eddine est nĂ© lors de la division de la Palestine Azel Ouatane est nĂ© au dĂ©but de la grande crise marocaine. Azel Maghrib est nĂ© avec le retour au Maroc du roi Mohammed V.

DĂšs , les nationalistes de la zone nord, sous occupation espagnole, rĂ©clament la libĂ©ration et l’unification du pays sur les colonnes des journaux locaux, par des manifestations dans les rues des grandes villes et par un « Manifeste » qui est prĂ©sentĂ© au Khalifa du roi, Moulay Hassan Ben Mehdi et aux autoritĂ©s espagnoles occupantes[5]. AprĂšs une mĂ©sentente avec Mekki Naciri, Hadj Ahmed quitte provisoirement le domaine de l’enseignement et travaille dans le commerce, avec Thami Benjelloun durant quelques mois.

AprĂšs plusieurs nĂ©gociations avec un reprĂ©sentant du gouvernement français, Hadj Ahmed accepte de retourner dĂ©finitivement Ă  SalĂ© le , en compagnie d’Abdeslam Bensaid.

L’enseignant

À SalĂ©, Hadj Ahmed MaĂąninou crĂ©e la premiĂšre Ă©cole nationale libre et moderne pour les filles seulement. Le local est offert par Abdelkrim BouĂąllou et l’équipement est achetĂ© grĂące aux dons de personnalitĂ©s salĂ©tines. Elle est inaugurĂ©e le par la princesse Lalla Aicha qui lui consacre son nom.

Hadj Ahmed intĂšgre la fonction publique Ă  compter du , au sein du ministĂšre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts, en sa qualitĂ© de professeur chargĂ© des cours d’arabe.

AprÚs un demi-siÚcle de labeur, comme éducateur, enseignant et directeur à Salé, Tétouan, Tanger et de nouveau à Salé, Hadj Ahmed prend sa retraite le .

Hadj Ahmed, remet les clefs de cette école appartenant à la ville de Salé, au ministre des Habous avec obligation de la transformer, à vie, en école coranique moderne.

Hadj Ahmed est Ă©lu Ă  l’unanimitĂ© prĂ©sident du Syndicat dĂ©mocratique des enseignants lors de son congrĂšs constitutif rĂ©uni Ă  Casablanca le .

Le politicien

En 1946, le congrÚs constitutif du « Hizb Achoura Wa Al Istiqlal » Parti démocratique de l'indépendance (PDI), en remplacement du MN, élit son bureau politique avec Mohamed Hassan Ouazzani secrétaire général et les membres Abdelkader Benjelloun, Hadj Ahmed Maùninou, Mohamed Moakite, Ibrahim Hilali, Ali Laraki, Mohamed Larbi Alaoui et Abdelhadi Chraibi.

« Comme son nom l’indique, le PDI est le parti dĂ©mocratique marocain par excellence. Il est le champion de l’instauration au Maroc d’une dĂ©mocratie au profit du peuple marocain. Pour le PDI la lutte nationale pour l’indĂ©pendance a toujours Ă©tĂ© et demeure insĂ©parable du combat pour l’avĂšnement de la dĂ©mocratie dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle 
 »

En , le PDI rejette toutes les rĂ©formes proposĂ©es par le rĂ©sident gĂ©nĂ©ral Eirik Labonne et s’oppose Ă  la participation des nationalistes marocains au conseil du gouvernement.

Le PDI prĂ©sente le mĂ©moire du au gouvernement français qui propose de rĂ©gler le problĂšme franco-marocain sur la base de l’abrogation du protectorat, du recouvrement de la souverainetĂ© nationale et de l’élection d’un conseil national dont la premiĂšre tĂąche est de donner au Maroc une constitution sur la base d’une monarchie constitutionnelle. Hadj Ahmed est le correspondant rĂ©gional du journal en langue arabe Arraye AlĂąme, porte-parole du PDI, et ce dĂšs son apparition.

Hadj Ahmed est le correspondant du PDI auprÚs du roi Mohamed V. En 1952, malgré tous les obstacles qui entourent le roi, il lui remet une importante lettre de soutien de Abderrahman Azzam, président de la Ligue arabe.

Hadj Ahmed intervient auprĂšs du consulat des États-Unis Ă  Rabat, en , pour obtenir les visas permettant aux reprĂ©sentants du PDI de participer Ă  la rĂ©union annuelle de l’ONU et dĂ©fendre le droit du Maroc Ă  l’IndĂ©pendance. Hadj Ahmed apporte le soutien nĂ©cessaire Ă  Hachmi Taoud, au mois d’, chargĂ© de la coordination militaire par « Le ComitĂ© de LibĂ©ration des Pays du Maghreb ».

Le résistant

AprĂšs l’arrestation des rĂ©sistants de « La Cellule de KhĂ©misset » dirigĂ© par Hadj Ahmed MaĂąninou, il est arrĂȘtĂ© puis jugĂ© par le Tribunal militaire permanent Ă  Casablanca pour complicitĂ© de dĂ©tĂ©rioration volontaire des lignes tĂ©lĂ©phoniques. Il est condamnĂ© le Ă  dix-huit mois de prison ferme et Ă  une amende de 100 000 francs. Le recours de ce jugement a Ă©tĂ© rejetĂ© par dĂ©cision du Tribunal de cassation permanent des Forces armĂ©es d’Alger le suivant. De la prison agricole Ă  Ain Moumen, Hadj Ahmed est en relation secrĂšte avec la cellule de la rĂ©sistance « Abou Bakr Assidik » de la ville Ouezzane ayant pour chef Abdeslam Rouijal.

À sa sortie de prison, le , il reprend contact avec le reprĂ©sentant du PDI Ă  Oued Zem, Mohamed Ben Bouchaib Mamdouh, qui dirige la cellule des combattants dĂ©nommĂ©e «La Voix de l’Union », responsable du soulĂšvement historique contre l’occupant français le .

AprĂšs la libĂ©ration et l’unification des zones marocaines sous protectorat français et espagnol, Hadj Ahmed participe Ă  l’organisation de l’arrivĂ©e de centaines de rĂ©sistants et des membres de l’armĂ©e de libĂ©ration du Rif, qu’il accompagne au Palais Ă  Rabat pour prĂ©senter leur allĂ©geance au roi Mohamed V. Hadj Ahmed est Ă©lu, Ă  l’unanimitĂ©, prĂ©sident de l’ « Organisation DĂ©mocratique de la RĂ©sistance et de la LibĂ©ration » lors de son congrĂšs constitutif rĂ©uni Ă  Casablanca le .

Le démocrate

Hadj Ahmed MaĂąninou et les membres du bureau politique du PDI, sont reçus, Ă  Saint-Germain-en-Laye, par le roi Mohamed V de retour en France de son exil forcĂ© Ă  Madagascar. Il est chargĂ©, avec Ahmed Bensouda, de prĂ©parer le retour du roi, le , en sĂ©curisant la route de l’aĂ©roport de SalĂ© jusqu’à Bab Rouah Ă  Rabat. Hadj Ahmed entame une tournĂ©e dans le Rif, pour finaliser l’accord de l’unification du PDI avec le parti « Le Maroc libre » dirigĂ© par Mohamed Hamou Zerouh et Abdeslam Taoud, qui devient effectif en .

Hadj Ahmed est nommĂ©, par le roi Mohamed V, membre du premier parlement marocain « Al Majlis Al Ouatani Al Istichari » ayant comme prĂ©sident Mehdi Ben Barka. En sa qualitĂ© de chef du groupe d’opposition, il adresse une question Ă©crite au ministre de l’IntĂ©rieur pour l’interpeller sur le sort des disparus et des prisonniers politiques du PDI.

Hadj Ahmed intervient Ă  plusieurs reprises auprĂšs du procureur du Roi prĂšs la Cour suprĂȘme de Rabat Abdeslam Debbi pour soulever le problĂšme des prisonniers du centre de dĂ©tention « Dar bricha » Ă  TĂ©touan et le sort des chefs des rĂ©voltes contre la dictature du parti de l’Istiqlal : Addi ou Bihi dans l’Atlas et AmĂ©ziane Mohamed Selam dans le Rif.

En , Hadj Ahmed est réélu membre du bureau politique dirigé par Mohamed Hassan Ouazzazni, lors du congrÚs du PDI qui change de nom et devient : le Parti démocratique constitutionnel (PDC), « Hizb Addoustour Addimoukrati ».

Hadj Ahmed, au nom du PDC, et Abessamad Al Istiksa pour l’Union marocaine de la jeunesse dĂ©mocratique participent au Caire en au troisiĂšme « CongrĂšs des Peuples africains ». Hadj Ahmed se rĂ©unit avec Mohamed Abdelkrim Khattabi et son frĂšre M’Hamed et rencontre le prĂ©sident Ă©gyptien Gamal Abdel Nasser.

Hadj Ahmed est nommĂ©, par le roi Mohammed V, membre du Conseil constitutionnel. À la fin de la premiĂšre rĂ©union, le , Hadj Ahmed pour le PDC et Mahjoubi Aherdane pour le Mouvement populaire annoncent le retrait immĂ©diat des membres de ces deux partis politiques de ce conseil pour s’opposer aux agissements frauduleux des reprĂ©sentants du Parti de l’Istiqlal.

Le Sage

En 1960, Hadj Ahmed Maùninou fait partie de la délégation officielle marocaine, dirigée par le ministre Mohamed Hassan Ouazzani, qui représente le Maroc à la conférence préparatoire des pays non-alignés au Caire, puis au Conseil de défense commune arabe au Caire.

Hadj Ahmed est membre fondateur de l’Union des OulĂ©mas du Maroc « La Rabita » en 1960.

Le , le PDC forme avec le Mouvement Populaire et les IndĂ©pendants « Le Front de DĂ©fense des Institutions Constitutionnelles » (FDIC), autour d’un programme pour mettre le Maroc sur la voie de la LibertĂ©, du ProgrĂšs et de la Justice.

Le , Hadj Ahmed est candidat Ă  SalĂ© aux Ă©lections parlementaires, mais les manƓuvres frauduleuses qui ont entachĂ© ces Ă©lections lui coupent la route.

Hadj Ahmed est dĂ©corĂ© le par le ministre de l’Éducation nationale Kacem Zhiri du « Wissam Al Arche » qui lui a Ă©tĂ© attribuĂ© par le roi Hassan II.

Hadj Ahmed est parmi les invitĂ©s du roi Hassan II le au palais de Skhirate, quand le coup d’État militaire Ă©clate, il Ă©chappe de justesse Ă  la mort.

Le , Hadj Ahmed édite le premier numéro du journal Achoura, dont il est directeur. Il suspend immédiatement sa publication à la suite d'une mésentente avec quelques membres du bureau politique du PDC.

En 1975, Hadj Ahmed est membre de la dĂ©lĂ©gation officielle du Maroc au pĂšlerinage, il prĂ©sente une lettre personnelle au roi Faysal d’Arabie intitulĂ©e : RĂ©clamations d’un hadj.

Le , Hadj Ahmed devient membre de l’« Union des historiens arabes » dont le siĂšge est Ă  Bagdad. Lors du conseil national extraordinaire, rĂ©uni Ă  Casablanca le , juste aprĂšs la mort de Mohamed Hassan.

Ouazzani, Hadj Ahmed est élu secrétaire général du PDC chargé avec les membres du bureau politique de préparer le congrÚs du parti.

En 1982, Hadj Ahmed prononce un discours Ă  Al Hoceima Ă  l’occasion du 100e anniversaire de la naissance d'Abdelkrim al-Khattabi, sur invitation du prĂ©sident de l’Association de la mer MĂ©diterranĂ©e.

L’écrivain

Journaliste, bibliographe, analyste et Ă©crivain, Hadj Ahmed MaĂąninou ne cesse durant toute sa vie de mener, en parallĂšle Ă  sa vie politique, une autre lutte avec sa plume en rĂ©pondant Ă  plus d’une dizaine de lettres par jour et en publiant des centaines d’articles en langue arabe, de tous genres, sur les colonnes des journaux et des revues du Maroc et des pays arabes.

Le , Hadj Ahmed adresse une lettre ouverte au ministre des Droits de l’homme, Omar Azziman, l’invitant Ă  Ă©claircir l’opinion publique sur le sort des victimes et des disparus du PDI, durant les annĂ©es de plomb allant de 1955 Ă  l’annĂ©e 1960.

Hadj Ahmed Ă©dite plus de vingt-deux livres.

Le , Hadj Ahmed reçoit des mains du prince Sidi Mohamed le grand prix du Livre de l’annĂ©e 1992.

Le , Hadj Ahmed Maaninou est décédé, dans son lit, à la suite d'une crise cardiaque. Le roi Mohammed VI adresse une lettre de condoléances à sa famille et prend en charge tous les frais de son enterrement. Son corps est inhumé à cÎté des tombeaux des chouhadas de Salé, au cimetiÚre de Sidi Ben Acher.

ƒuvres (en langue arabe)

Notes et références

  1. « Tout sur feu haj Ahmed MaĂąninou », Aujourd'hui le Maroc, no 641,‎ (lire en ligne)
  2. pages 4 et 5 du livre Un nationaliste n'est plus
  3. MĂ©moires Hadj Ahmed Maaninou, tome 3, page 59
  4. MĂ©moires de Hadj Ahmed Maaninou, tome 3, page 61
  5. MĂ©moires de Hadj Ahmed Maaninou, tome 3, page 111

Liens externes

Bibliographie

  • (ar) Mohamed Hassan Ouazzani, MĂ©moires d'une vie et d'un combat : l'histoire politique du mouvement de libĂ©ration nationale au Maroc (six volumes), computype, 1980 /1982
  • (fr) Iz Arab Ouazzani, Entretiens avec mon pĂšre, Dar Sader, 1990
  • (fr) M'Hamed Aouad et Maria Awad, Les trente glorieuses ou l'Ăąge d'or du nationalisme marocain 1925 - 1955, Éditions LPL 2006
  • (ar) Abderraouf Hajji, Le ChaĂźnon manquant dans l'histoire du mouvement national marocain, Queberor Wold Lebonfon 2004
  • (fr) RĂ©my Leveau, Le Fellah marocain dĂ©fenseur du trĂŽne, Presse de la fondation nationale des sciences politiques, 1985
  • (ar) Abdeslam Yassine, Dialogue du passĂ© et de l'avenir, Imp. Ofok 1997
  • (ar) Abderraouf Hajji, SaĂŻd Hajji, Naissance de la presse nationale marocaine, Copyrigt 2007
  • (fr) Hassan Rachik, Symboliser la nation essai sur l'usage des identitĂ©s collectives au Maroc, Le Fennec 2003
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