Acquisition du langage
L'acquisition du langage est un domaine de recherche pluridisciplinaire, relevant notamment de la recherche en psychologie et en sciences du langage, qui vise à décrire et comprendre comment l'enfant acquiert le langage, oral ou gestuel, du milieu qui l'entoure. L'acquisition du langage d'un jeune enfant est rapide et s'effectue sans apprentissage formel. Le langage se développe toute la vie, mais c'est surtout entre la naissance et l'ùge de cinq ans, que les apprentissages essentiels sont observés. Durant cette période, les transformations de la communication verbale orale sont les plus remarquables tant en compréhension qu'en production. Il s'agit surtout d'un apprentissage implicite démarrant bien avant la scolarisation. Cet apprentissage procÚde par étapes, commençant par du babillage, pour passer au mot, puis à l'utilisation de suites de mots et à l'acquisition progressive des rÚgles de grammaire.
La scolarisation permet l'apprentissage du langage Ă©crit et la prise de conscience et l'apprentissage explicites des rĂšgles de grammaire et d'orthographe de la langue, ainsi que la poursuite de l'enrichissement du vocabulaire.
L'acquisition du langage oral a fait l'objet de controverses théoriques, en particulier sur la question des origines innées ou acquises des compétences linguistiques de l'enfant. La comparaison entre l'acquisition d'une premiÚre et d'une seconde langue permet aussi aux scientifiques d'explorer la notion souvent débattue de l'existence et des caractéristiques de périodes critiques, ou périodes sensibles, dans le développement humain.
Disciplines scientifiques et cliniques
Le langage humain peut ĂȘtre dĂ©crit par ses aspects structurels et par ses aspects pragmatiques. L'Ă©tude des aspects structurels du langage intĂ©resse la linguistique et la psycholinguistique qui s'intĂ©ressent aux sons comme les syllabes ou phonĂšmes (phonologie), au vocabulaire (sĂ©mantique), Ă la grammaire (syntaxe et morphosyntaxe), ou encore au discours narratif. Les aspects pragmatiques du langage sont relatifs Ă son utilisation en contexte de la conversation (comme prendre la parole Ă tour de rĂŽle) ou l'usage de gestes. La psychologie Ă©tudie l'acquisition du langage ainsi que les mĂ©canismes sous-jacents Ă la comprĂ©hension du langage et Ă sa production[1].
Bien que le langage continue de se dĂ©velopper au cours de la vie, câest dans lâenfance que la phonologie, la sĂ©mantique, la syntaxe et la pragmatique sont acquises, dans cet ordre[1]. Ces acquisitions des systĂšmes ou principes structurant la langue maternelle chez le jeune enfant sont un sujet d'Ă©tude de la psychologie dĂ©veloppementale, des neurosciences cognitives du dĂ©veloppement, et des disciplines associĂ©es[1].
Ătapes d'acquisition
L'observation du développement du langage fait la distinction entre l'aspect réceptif qui touche à la compréhension du langage, et la production du langage. Chez le jeune enfant, tout comme chez l'adulte, la compréhension du langage est meilleure que sa production[1]. Les premiÚres phases de l'acquisition du langage sont qualifiées de prélinguistiques[2]. L'enfant n'utilise pas encore des mots, néanmoins il communique et développe des habiletés qui le préparent à articuler ses premiers mots.
Reconnaissance des sons
Avant la naissance, durant les derniÚres semaines de la grossesse, l'humain semble capable de reconnaßtre certaines caractéristiques de sa langue maternelle ainsi que de distinguer la voix de sa mÚre de celle d'une autre femme. Il est possible que cette sensibilité aux sons de la langue et à ses intonations et rythmes le prépare déjà à reconnaßtre des phonÚmes de sa langue maternelle[3] - [4] - [5].
Pleurs, cris et gazouillis
Les premiÚres vocalisations du nouveau-né, et son premier moyen de communiquer à distance, sont les pleurs. Pour un étranger, les pleurs de l'enfant semblent identiques, mais les parents apprennent à distinguer les modulations des pleurs et les interprÚtent comme signifiant que leur enfant a faim, qu'il est fatigué, qu'il a mal ou qu'il est en colÚre[6] - [7].
Vers trois semaines, l'enfant produit des sons vocaliques de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e (comme « oooo »), comme s'il Ă©coutait sa propre voix et la dĂ©couvrait, bien qu'aucune explication scientifique de ce phĂ©nomĂšne ne puisse ĂȘtre donnĂ©e[7].
Entre 6 semaines et trois mois, les mélodies des vocalisations de l'enfant deviennent plus variées. L'enfant rit, sourit lors des interactions, et produit des gazouillis dans ce contexte[7] - [6]. L'enfant commence à reproduire des sons qui l'environnent, un phénomÚne décrit comme un « tennis verbal »[2]. Sur le plan cognitif, à ce stade l'enfant produit ce que le psychologue Jean Piaget a décrit comme les réactions circulaires primaires, c'est-à -dire des répétitions d'actions corporelles qui semblent volontaires et indiquent l'apprentissage des premiÚres habitudes. Ces gazouillis font partie de ces réactions circulaires[8].
Babillage et développement phonologique
Vers trois mois, les gazouillis du nourrisson deviennent plus complexes. Vers six mois, des syllabes du type consonne-voyelle sont répétées, comme « ma-ma-ma-ma ». Cette production orale pré-linguistique est appelée le babillage[7]. Tous les enfants de six mois babillent de maniÚre relativement similaire quel que soit leur environnement linguistique. Ce babillage est observé également chez les enfants sourds[7].
Entre six et huit mois environ, le babillage prend des sonorités qui varient selon l'environnement dans lequel l'enfant est élevé. Le babillage commence à inclure la phonologie de la langue environnante, sa prosodie, ses phonÚmes et syllabes[7]. Ainsi, dans les années 1980, des expériences mettent en évidence que des adultes peuvent distinguer l'origine linguistique des nourrissons ùgés de dix mois, élevés dans des environnements linguistiques anglais, français, chinois ou arabe[9] - [10].
Vers neuf ou dix mois, l'enfant semble imiter volontairement des paroles entendues autour de lui. Certaines de ces productions sont interprétées et répétées par les parents qui facilitent ainsi spontanément l'acquisition du langage de leur enfant (voir ci-aprÚs le langage parental utilisé dans l'interaction avec les bébés)[11].
DĂ©veloppement de l'expression gestuelle
Le nourrisson dĂ©veloppe spontanĂ©ment des gestes qui semblent faire partie intĂ©grante de l'apprentissage de la langue orale. Au moment oĂč apparaissent les premiers mots, des gestes qui ont une signification, ou gestes symboliques (par exemple, pointer du doigt vers un objet souhaitĂ© ou hocher la tĂȘte pour dire « oui ») sont frĂ©quemment utilisĂ©s. Les gestes symboliques sont souvent utilisĂ©s avant mĂȘme l'apparition des premiers mots, ce qui indique que l'enfant a compris que des symboles peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour dĂ©signer des choses ou Ă©vĂ©nements de leur environnement[12].
Des études menées par la psychologue Susan Goldin-Meadow (en) ont permis de mieux comprendre l'importance des gestes sur le développement du langage. En observant par vidéo de jeunes enfants de 14 mois, Goldin-Meadow et son équipe ont mis en évidence que les enfants de cet ùge utilisent environ 13 mots en moyenne mais 20 gestes symboliques. Plus le registre gestuel de l'enfant est riche, plus riche est l'acquisition de son vocabulaire quelques années plus tard[13].
Premiers mots et développement du vocabulaire
Vers la fin de la premiĂšre annĂ©e et jusqu'Ă environ 18 mois, le nourrisson prononce ses premiers mots. Les deux tiers des mots prononcĂ©s rĂ©fĂšrent Ă des personnes ou des objets qui les entourent. Ces mots ne sont pas employĂ©s comme chez l'adulte ou l'enfant plus ĂągĂ©. Par exemple le terme « papa » peut rĂ©fĂ©rer Ă toute personne autre que le pĂšre, ou Ă une situation (le bruit de la porte d'entrĂ©e de l'appartement qui s'ouvre) : il s'agit d'une sur-extension du sens du mot. L'enfant peut Ă©galement employer le mot par sous-extension en employant un mot gĂ©nĂ©rique uniquement pour un objet spĂ©cifique[14]. Ă mesure que les expĂ©riences de l'enfant se diversifient et sous l'effet des interactions avec des adultes ou enfants, le sens des mots se prĂ©cise et le vocabulaire augmente, mĂȘme si le langage ressemble encore Ă du babillage[15].
La période pendant laquelle l'enfant produit des mots isolés et ne produit pas encore des phrases est désignée par le psychologue David McNeill (en) comme une période holophrasique pendant laquelle un mot prend le sens de toute une phrase. Par exemple, si un jeune enfant dit « balle », il peut vouloir signifier qu'il veut jouer avec la balle[16]. Cette théorie est cependant difficile à tester[17].
L'usage des prototypes est courant chez des enfants ùgés de 10 à 14 mois environ. Le prototype d'un mot désigne un mot (ou un signe) articulé par le jeune enfant, dont certains paramÚtres de la prononciation correspondent au mot de référence (nombre de syllabes notamment), mais dont les composantes phonétiques sont déformées du fait du jeune ùge et du non-aboutissement du systÚme phonétique du locuteur.
Tandis que le vocabulaire se développe graduellement dans les premiers mois suivant la prononciation des premiers mots, le vocabulaire connaßt ensuite une augmentation trÚs rapide durant la seconde année. Ce phénomÚne est décrit comme une « explosion » du vocabulaire. L'explosion de mots concerne surtout les noms (de personnes, d'objets), quelle que soit la langue maternelle de l'enfant[18].
Phrases et début de la grammaire
Tandis que l'enfant continue à étendre son vocabulaire, vers 18-24 mois, il commence à agencer deux mots puis plusieurs mots dans une production articulée. L'ùge d'articulation de la premiÚre phrase est trÚs variable d'un enfant à l'autre. Ces premiÚres phrases ont un style télégraphique. Les mots y sont juxtaposés sans utilisation de la grammaire. Par exemple, l'enfant dit « Sien dodo » pour exprimer qu'un chien est endormi. Tout comme pour les mots isolés, les significations des phrases sont variés. Comme noté auparavant, la production est moins importante que la compréhension, et bien que l'enfant n'utilise pas encore de nombreux mots de fonction, il peut les comprendre[15].
Entre 20 et 30 mois, l'enfant commence Ă utiliser des Ă©lĂ©ments de syntaxe, comme les pronoms ou des terminaisons marquant le pluriel. Il commence Ă utiliser des rĂšgles de grammaire et Ă les gĂ©nĂ©raliser[19]. Cette sur-gĂ©nĂ©ralisation engendre des erreurs lorsque l'enfant rencontre une exception grammaticale. Ainsi, lorsque l'enfant dit « vous faisez », au lieu de « vous faites », il a perçu que le pronom de la seconde personne du pluriel est souvent suivi d'un verbe se terminant en « ez » et il gĂ©nĂ©ralise cette rĂšgle, bien qu'il ne l'ait pas encore apprise explicitement. De telles erreurs augmentent Ă mesure que l'enfant cherche Ă produire ses propres phrases. Elles indiquent un progrĂšs dans l'acquisition du langage, et non pas une rĂ©gression[20] - [21]. Ces sur-gĂ©nĂ©ralisations suggĂšrent alors que l'enfant ne rĂ©pĂšte pas uniquement ce qu'il entend, mĂȘme si parfois l'enfant utilise une sur-gĂ©nĂ©ralisation parce qu'il a simplement entendu un autre jeune enfant l'utiliser[22].
Développements subséquents
Vers trois ans, la plupart des enfants savent se faire comprendre, font des phrases et peuvent tenir une conversation. Leur langage continue à se développer considérablement jusqu'à cinq ans. Les phrases s'allongent, ce qui est mesuré par le nombre de morphÚmes produits. Les morphÚmes sont les unités signifiantes de la phrase et du discours. Ces morphÚmes incluent les prépositions, suffixes et préfixes que l'enfant utilise de plus en plus. Les phrases se complexifient également. On parle de sophistication accrue du langage[22].
Les enfants dĂ©veloppent aussi le sens pragmatique du langage, c'est-Ă -dire qu'ils savent de mieux en mieux adapter leur discours aux circonstances. Par exemple, un enfant de quatre ans ne parle pas de la mĂȘme façon Ă un jeune enfant de 2 ans ou Ă un adulte[22].
Interactions
Le mamanais, ou langage des mÚres, appelé motherise dans la littérature anglo-saxonne, ou encore infant-directed speech (IDS) ou child-directed speech (CDS), décrit la maniÚre de parler d'une personne qui s'adresse à un bébé ou tout jeune enfant. La personne qui interagit avec un trÚs jeune enfant utilise spontanément un vocabulaire simplifié, un rythme de parole plus lent, des répétitions fréquentes et une voix chantante plus aiguë. Ce langage se modifie à mesure que l'enfant grandit et que son propre langage s'enrichit[23]. Malgré cette simplification, les parents et autres adultes qui interagissent avec l'enfant utilisent des phrases plus longues que celles de l'enfant. Par exemple, à un jeune enfant qui dit « chat-dehors », l'adulte tend à répondre « Oui, le chat veut aller dehors »[24].
Des expĂ©riences menĂ©es en langue anglaise dans les annĂ©es 1980 par Margaret Harris et ses collaborateurs ont montrĂ© que les interactions linguistiques prĂ©coces entre une mĂšre et son jeune enfant, y compris le mamanais, sont liĂ©es au niveau de langage de l'enfant[25]. Cependant, ce phĂ©nomĂšne nâapparaĂźt pas universel. Il existe des cultures comme celle des Kaluli de Nouvelle-GuinĂ©e, oĂč les adultes parlent aux enfants comme ils parlent aux adultes, et les enfants apprennent nĂ©anmoins le langage Ă un rythme normal[24] - [26].
Théories
Dans les années 1950, deux écoles de pensée ont défendu des points de vue trÚs opposés sur la question des processus psychologique ou neurologiques sous-jacents à l'apprentissage du langage chez l'humain. D'un cÎté, le linguiste Noam Chomsky a défendu l'hypothÚse de facteurs innés communs dans l'espÚce humaine, tandis que le psychologue Burrhus Frederick Skinner soutenait que les enfants apprennent à parler comme ils apprennent d'autres comportements, c'est-à -dire par un renforcement opérant résultant d'un apprentissage social. Ce débat sur l'inné et l'acquis n'anime plus ce champ de recherche car, dans les décennies qui ont suivi, la plupart des spécialistes se sont accordés sur le fait que des facteurs innés et environnementaux interagissent dans l'acquisition du langage. Ces deux approches théoriques ont chacune permis d'avancer des arguments et de conduire des expériences qui ont mis en évidence ces deux aspects complémentaires[27].
Théories de l'apprentissage
Selon Skinner et les premiers thĂ©oriciens de l'apprentissage s'appuyant sur les thĂ©ories comportementalistes, les enfants imitent les phonĂšmes puis les mots entendus dans leur environnement ; les parents y rĂ©pondent et renforcent le comportement du nourrisson par des sourires, de l'attention ou des actions (donner la nourriture ou le jouet dĂ©sirĂ©). Ces thĂ©ories ont cependant montrĂ© leurs limites et ne peuvent pas expliquer plusieurs phĂ©nomĂšnes observĂ©s chez les jeunes enfants, en particulier leur crĂ©ativitĂ© verbale qui ne peut ĂȘtre expliquĂ©e par une simple imitation d'un modĂšle[27][28].
Théories innéistes
En 1957, Chomsky publie l'ouvrage Syntactic Structures (en) oĂč il prĂ©sente l'idĂ©e d'une grammaire gĂ©nĂ©rative[29] - [30]. Il dĂ©fend l'idĂ©e que les enfants possĂšdent un dispositif d'apprentissage du langage forcĂ©ment innĂ©. En effet, le langage est universellement observĂ© chez l'humain, tout comme la marche bipĂšde. Cette disposition innĂ©e permet Ă l'enfant de comprendre les rĂšgles sous-jacentes Ă la langue et de savoir que la parole entendue est signifiante, c'est-Ă -dire qu'elle a un certain sens. Plusieurs observations appuient cette hypothĂšse, comme le fait que le nouveau-nĂ© puisse discriminer des phonĂšmes, le fait que l'enfant puisse produire des phrases qu'il n'a encore jamais entendues, ou encore le fait que l'ĂȘtre humain semble ĂȘtre le seul animal douĂ© de parole et avoir des structures cĂ©rĂ©brales spĂ©cialisĂ©es dans la comprĂ©hension et la production du langage oral[27].
Cette théorie a aussi des limites, puisqu'elle n'explique pas les variations individuelles qui sont observées chez les jeunes enfants, et qu'elle ne rend pas compte du fait qu'un langage ne s'apprend pas en écoutant une langue mais uniquement lors d'une interaction avec un interlocuteur[27].
PĂ©riode sensible
Dans les domaines de la psychologie du dĂ©veloppement et de la biologie dĂ©veloppementale, la pĂ©riode sensible est une pĂ©riode au cours du dĂ©veloppement pendant laquelle un individu est plus rĂ©ceptif Ă certains types de stimuli environnementaux, gĂ©nĂ©ralement parce que le dĂ©veloppement du systĂšme nerveux est particuliĂšrement sensible Ă certains stimuli sensoriels. Cela rend l'individu plus prĂ©disposĂ© Ă l'apprentissage. Si l'individu ne reçoit pas la stimulation appropriĂ©e pendant cette pĂ©riode, il peut ĂȘtre difficile de dĂ©velopper ces fonctions plus tard dans la vie[31].
Les observations d'une pĂ©riode sensible sont l'objet d'un dĂ©bat de longue date dans le domaine de l'acquisition du langage[32]. Pourtant, l'acquisition du langage est une compĂ©tence fondamentale dans la vie humaine. Penfield and Roberts (1959) et Lenneberg (1967) ont Ă©tĂ© les premiers Ă proposer une fenĂȘtre de temps idĂ©ale, « pĂ©riode critique », pour l'acquisition de la premiĂšre langue (un certain temps avant la pubertĂ©), aprĂšs laquelle lâacquisition de la langue devient plus difficile et exige de lâeffort[33] - [34]. Plus tard, cette hypothĂšse a Ă©tĂ© Ă©tendue Ă une « pĂ©riode sensible » pour lâacquisition des deuxiĂšmes langues, bien que ce soit beaucoup moins acceptĂ©[35] - [36].
Bien que de nombreuses observations aillent dans le sens dâune pĂ©riode sensible dans lâacquisition d'une seconde langue, le mĂ©canisme sous-jacent nâest pas encore compris aujourdâhui. Quelques hypothĂšses acquiĂšrent de plus en plus de terrain[37].
Acquisition d'une langue primaire
En adaptant la notion dâune pĂ©riode critique observĂ©e chez les animaux, on a postulĂ© lâhypothĂšse suggĂ©rant lâexistence dâune pĂ©riode dĂ©veloppementale optimale pour le dĂ©veloppement de la langue maternelle chez lâindividu[33] - [34] . Selon Lenneberg (1967), la pĂ©riode critique pour lâacquisition du langage commence vers lâĂąge de deux ans et se terminerait avec la fin de la plasticitĂ© neuronale (la pubertĂ©), caractĂ©risĂ©e par une forte plasticitĂ© du cerveau. Cette pĂ©riode est disposĂ©e Ă lâapprentissage de la langue et, aprĂšs, la disposition se voit dĂ©tĂ©riorĂ©e. Lenneberg (1967) et Penfield et Roberts (1959) fondent lâhypothĂšse sur lâobservation (1) dâenfants sourds et leur acquisition tardive des langues des signes; (2) dâenfants aphasiques qui montrent une meilleure rĂ©cupĂ©ration comparĂ© aux adultes aphasiques; (3) dâenfants qui ont grandi coupĂ© du contact humain (âEnfants-Loupsâ), comme le cas de Victor de l'Aveyron et Genie. Leurs acquisitions langagiĂšres, aprĂšs leur rĂ©intĂ©gration, restaient limitĂ©es et diffĂ©rentes[33] - [34].
Acquisition d'une deuxiĂšme langue
En 1989, lâhypothĂšse de la pĂ©riode critique Ă©tait reprise concernant le dĂ©veloppement dâune deuxiĂšme langue[35] - [38]. On ne parlait plus dâune « pĂ©riode critique », mais dâune « pĂ©riode sensible ». Le nouveau terme implique que, aprĂšs la pubertĂ©, lâindividu est encore capable dâapprendre des structures langagiĂšres, mais, alors, lâapprenant ne pourra plus atteindre le niveau de compĂ©tence dâun locuteur natif et exigera plus dâefforts. David Singleton (1995) le rĂ©sume comme « plus jeune = mieux sur long terme », suggĂ©rant que des adultes souvent apprennent plus vite que des enfants durant les premiĂšres Ă©tapes de lâapprentissage, mais ils atteignent rarement un niveau natif dans le long terme. En somme, lâhypothĂšse prĂ©dit que, Ă un certain stade de la maturation, on observe un dĂ©clin brusque du potentiel dâapprentissage des langues. Le modĂšle de ce dĂ©clin nâest pas encore compris[36].
Certains comportements langagiers sont affectĂ©s plus que dâautres par lâĂąge dâapprenant. Par exemple, plusieurs chercheurs ont constatĂ© une pĂ©riode plus sensible pour lâapprentissage des structures phonologiques (ex., de forts accents) et des structures grammaticales que pour des structures lexicales (vocabulaire).
Aujourdâhui, peu de chercheurs contestent le fait que des apprenants prĂ©coces dâune langue tendent Ă atteindre un niveau de compĂ©tence supĂ©rieur Ă celui des apprenants dont lâexposition commence plus tard, mĂȘme si les derniers manifestent un avantage au dĂ©part. Cependant, les avis divergent quant aux causes sous-jacentes[37]. Lâapprentissage, au-delĂ dâune pĂ©riode donnĂ©e au cours de la maturation, se fera par des mĂ©canismes diffĂ©rents de ceux Ă la base de lâacquisition de la L1 et de jeunes apprenants.
Approche comportementale
Tout dâabord, lâhypothĂšse de la pĂ©riode sensible, fondĂ©e biologiquement, est entrĂ©e en conflit avec une approche comportementale[39]. Selon cette approche, une langue est apprise par le principe de conditionnement et dâimitation (Mowrer, 1960). Cette assomption, cependant, ne peut pas expliquer les performances supĂ©rieures des enfants, et lâhypothĂšse est restĂ©e non falsifiĂ©e. Comme Pinker l'a remarquĂ©[31] , toutes les phrases quâon produit sont des combinaisons uniques de mots qui ne sont jamais entendues avant. Alors, on ne peut pas apprendre des langues simplement par imitation et conditionnement. Il doit y avoir quelqueâ chose d'innĂ©[40], permettant de crĂ©er des phrases grammaticales complexes se basant sur un vocabulaire limitĂ©. On a proposĂ© une thĂ©orie de la grammaire universelle[41].
Grammaire universelle
Selon Noam Chomsky, les facteurs environnementaux ont peu Ă faire pour lâacquisition dâune langue[42]. Au contraire, il a suggĂ©rĂ© des structures innĂ©es crĂ©ant un dispositif isolĂ© dâacquisition du langage. Une entrĂ©e seule (la parole des adultes dans l'environnement â ex. : les instructeurs â les parents, etc.) ne peut pas expliquer lâacquisition du langage, car elle est dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© par des caractĂ©ristiques telles que bĂ©gaiement et elle manque de correction de laquelle les apprenants dĂ©couvrent variations incorrectes. Chomsky sâest basĂ© sur une observation de âSimonâ, un enfant sourd dont les parents ne sont pas sourds. Simon avait appris la langue des signes comme langue maternelle. Il nâavait pas eu un bon exemple de ses parents, qui avaient appris les signes comme deuxiĂšme langue, et lui avaient alors offert des modĂšles imparfaits. Cependant, Simon avait acquis un systĂšme langagier bien organisĂ© avec des rĂšgles de grammaire et de logique malgrĂ© lâexposition inconsĂ©quente. Chomsky avait Ă©tendu sa thĂ©orie Ă lâapprentissage des deuxiĂšmes langues, supposant que des adultes doivent rĂ©activer les structures innĂ©es de la premiĂšre langue. Les enfants, au contraire, ont des structures encore actives permettant dâapprendre des langues simultanĂ©ment sans effort. Alors, bien que toutes les langues puissent ĂȘtre acquises par le dispositif universel, les apprenants plus ĂągĂ©s ont des difficultĂ©s Ă avoir accĂšs aux rĂšgles sous-jacentes de la langue cible. Ils dĂ©pendent de plus en plus des instructions explicites (l'enseignement comme dans les Ă©coles).
Approche mnésique
Une autre classe dâexplications pourrait suggĂ©rer que la baisse de lâapprentissage des langues sâexplique parce que les capacitĂ©s cognitives augmentent. Par exemple, des adultes sont capables de stocker plus dâarticles dans la mĂ©moire Ă court terme que les enfants. Ceci est connu comme lâhypothĂšse de less is more[43]. Paradoxalement, les capacitĂ©s plus limitĂ©es dâenfants peuvent fournir un avantage pour les tĂąches (comme lâapprentissage des langues). Si les enfants ne retiennent que des composantes des stimuli linguistiques et complexes auxquels ils sont exposĂ©s, tandis que les adultes retiennent plus facilement tout stimulus complexe, les enfants peuvent ĂȘtre dans une meilleure position pour localiser les composants.
Plus rĂ©cemment, une nouvelle hypothĂšse mnĂ©sique sâest construite, appelĂ©e lâhypothĂšse de la mĂ©moire dĂ©clarative et procĂ©durale[44]. Selon cette hypothĂšse, les diffĂ©rences dâacquisition du langage observĂ©es entre les enfants et les adultes peuvent ĂȘtre dues Ă lâutilisation de diffĂ©rents systĂšmes mnĂ©siques dâapprentissage. Câest-Ă -dire, lâacquisition du langage natif sâappuie sur la mĂ©moire implicite ou procĂ©durale tandis qu'elle s'appuie principalement sur la mĂ©moire explicite ou dĂ©clarative dans les langues apprises plus tard dans la vie. Ăvolutivement, câest connu que la mĂ©moire implicite mĂ»rit Ă un jeune Ăąge Ă©tant donnĂ© que les fonctions procĂ©durales (basal ganglia, striatum et cerebellum) sâappuient sur des structures phylogĂ©nĂ©tiques entiĂšrement fonctionnelles tĂŽt dans le dĂ©veloppement. Par contre, les fonctions dĂ©claratives (hippocampe) sâappuient sur des structures qui mĂ»rissent plus tard dans la vie et qui sont interfĂ©rĂ©es par des connaissances et des structures existantes (less is more). Quelques Ă©tudes rĂ©centes impliquent cette direction. En outre, lâhypothĂšse Ă©tait dĂ©jĂ suggĂ©rĂ©e par des pionniers de la pĂ©riode critique : « Automatic acquisition from mere exposure to a given language seems to dissappear, and foreign language have to be taught and learned through a conscious and labored effort. »[45].
« A conscious theory of the language he is learning. » [46].
Donc, lâapprentissage aprĂšs la pubertĂ© se ferait selon des mĂ©canismes gĂ©nĂ©raux de rĂ©solution de problĂšmes et de connaissance de la L1, des mĂ©canismes dĂ©claratifs ou explicites.
DiffĂ©rences notables entre lâapprentissage implicite et explicite
LâidĂ©e que les enfants apprennent mieux une seconde langue que les adultes est trĂšs populaire. Lâapprentissage phonologique dâune L2 semble plus facile pour les enfants les plus jeunes, puisque câest en grandissant que les bĂ©bĂ©s vont se spĂ©cialiser phonĂ©tiquement en adoptant les sons des langues dans lesquels ils baignent. Par exemple, des recherches montrent comment la diminution de la perception des sons non-natifs sâaccompagne dâune augmentation de la perception des sons natifs : alors quâun bĂ©bĂ© japonais va de moins en moins diffĂ©rencier les sons /r/ ou /l/ qui, dans sa langue, sont similaires, un bĂ©bĂ© amĂ©ricain va de plus en plus faire de diffĂ©rences entre les deux. Câest en effet Ă cette Ă©tape du dĂ©veloppement que les bĂ©bĂ©s ont la capacitĂ© de plus aisĂ©ment devenir des natifs dans une langue et de gagner un accent naturel propre Ă leur L2. Les apprenants adultes ont plus de difficultĂ© Ă assimiler les sons dâune nouvelle langue en raison de leur dĂ©veloppement langagier, qui sâest spĂ©cialisĂ© sur leur(s) langue(s) maternelle(s). NĂ©anmoins, lâapprentissage demeure plus rapide et optimal si lâapprenant se trouve en situation dâimmersion totale plutĂŽt quâen milieu scolaire, comme les jeunes enfants qui grandissent entourĂ©s dâinput natifs. En effet, il faudrait, selon une Ă©tude de Cyrille Granget[47], quelques mois d'exposition Ă la L2 en immersion pour atteindre un niveau de comprĂ©hension et plusieurs annĂ©es pour parvenir Ă un niveau Ă©lĂ©mentaire de production alors quâen milieu scolaire, il faudrait environ le double de temps pour une maĂźtrise optimale de la langue.
Lâapprentissage traditionnel donnĂ© aux enfants est basĂ© sur des processus implicites qui coĂŻncideraient avec leur maturitĂ© et leurs compĂ©tences. Lâapprentissage implicite implique en effet une approche ludique de la langue Ă travers des jeux et des chansons, ainsi quâun apprentissage par mimĂ©tisme. Les rĂšgles de la langue ne sont pas explicitĂ©es. Les mots et/ou expressions que lâon donne aux enfants sont donc gĂ©nĂ©ralement trĂšs simples pour leur donner plus facilement accĂšs Ă une L2. Pourtant, selon une Ă©tude de Karen Lichtman [48], les enfants apprendraient mieux avec des processus dâapprentissage explicites normalement rĂ©servĂ©s aux adolescents et aux adultes en milieu scolaire. Les enfants suivant un apprentissage explicite dĂ©velopperaient une plus grande attention Ă la structure de la langue et feraient moins dâerreurs que les apprenants implicites.
Sur le long terme, plusieurs Ă©tudes montrent que les jeunes apprenants arrivent Ă un niveau de maĂźtrise plus complet, notamment Ă un niveau phonologique. Pourtant, selon lâĂ©tude de Sara Ferman et Avi Karni[49], lorsque lâon fait apprendre implicitement une nouvelle rĂšgle grammaticale liĂ©e Ă une L2, les adultes restent plus avantagĂ©s que les enfants. Cela tendrait Ă invalider lâhypothĂšse que la supĂ©rioritĂ© dâapprentissage des enfants serait due Ă ce type dâapprentissage. Cependant, cette Ă©tude nâĂ©tant rĂ©alisĂ©e que sur 3 mois, elle prouve simplement quâĂ court terme les adultes sont plus performants.
En conclusion, les enfants comme les adultes apprennent mieux sâils bĂ©nĂ©ficient dâun apprentissage explicite plutĂŽt quâimplicite. Aussi, les enfants restent avantagĂ©s sur le long terme puisquâil leur est plus aisĂ© dâatteindre un niveau natif dâune L2, leur marge de progression Ă©tant plus large que celle des adultes.
Pathologies et retards
Surdité
Un enfant peut souffrir dâune dĂ©ficience auditive, ou surditĂ©, dont la gravitĂ© varie de lĂ©gĂšre Ă modĂ©rĂ©e, sĂ©vĂšre ou profonde. La surditĂ© altĂšre le dĂ©veloppement du langage oral chez le jeune enfant, et ultĂ©rieurement, lâapprentissage de la lecture car celle-ci se base en grande partie sur le dĂ©codage grapho-phonologique, câest-Ă -dire lâassociation entre les lettres Ă©crites et les phonĂšmes de la langue orale[50].
Cette altĂ©ration de la perception de la langue orale est compensĂ©e par lâapprentissage d'une langue des signes. Nombre dâauteurs dĂ©fendent lâidĂ©e que la langue des signes doit ĂȘtre enseignĂ©e comme premiĂšre langue pour les enfants sourds sĂ©vĂšres et profonds, car un apprentissage prĂ©coce du langage, y compris de la langue des signes, favorise le dĂ©veloppement de fonctions cognitives et lâapprentissage des autres langues[51]. L'acquisition d'une langue des signes durant une pĂ©riode critique ou pĂ©riode sensible, assure que certaines fonctions du langage (comme sa phonologie) sont mieux apprises que lorsque le langage est appris plus tard dans le dĂ©veloppement ; la latĂ©ralisation cĂ©rĂ©brale, c'est-Ă -dire le fait que le langage est traitĂ© prĂ©fĂ©rentiellement par l'hĂ©misphĂšre gauche, est Ă©galement meilleure[52]. L'apprentissage de la langue des signes favorise Ă©galement l'apprentissage de la lecture[53].
En ce qui concerne le langage oral, la rĂ©Ă©ducation orthophonique et les appareillages visant Ă amĂ©liorer l'audition, comme les prothĂšses auditives ou les implants cochlĂ©aires amĂ©liorent la perception et production du langage oral. Le langage parlĂ© complĂ©tĂ© est une mĂ©thode de complĂ©ment Ă la lecture labiale qui, lorsquâelle est utilisĂ©e prĂ©cocement et frĂ©quemment, aide les sourds Ă dĂ©velopper de meilleures compĂ©tences phonologiques et morpho-syntaxiques de la langue orale[54].
Troubles spécifiques d'acquisition du langage et de la parole
La classification internationale des maladies CIM-10 répertorie des troubles de l'acquisition du langage spécifiques. Il s'agit de troubles dans l'acquisition du langage qui apparaissent en dehors d'autres pathologies. Ils ne sont pas causés par un déficit intellectuel majeur, ni par un syndrome neurologique ou par des troubles sensoriels comme la surdité. Cet ensemble de troubles est défini dans la version de 2008 du CMI comme : « Troubles dans lesquels les modalités normales d'acquisition du langage sont altérées dÚs les premiers stades du développement. Ces troubles ne sont pas directement attribuables à des anomalies neurologiques, des anomalies anatomiques de l'appareil phonatoire, des altérations sensorielles, un retard mental ou des facteurs de l'environnement. Les troubles spécifiques du développement de la parole et du langage s'accompagnent souvent de problÚmes associés, tels des difficultés de la lecture et de l'orthographe, une perturbation des relations interpersonnelles, des troubles émotionnels et des troubles du comportement. »[55] Il est répertorié en catégorie F80 du CIM-10.
Ces troubles spécifiques du développement de la parole et du langage regroupent : le trouble spécifique de l'acquisition de l'articulation ; le trouble de l'acquisition du langage de type expressif ; le trouble de l'acquisition du langage de type réceptif ; et d'autres troubles du développement de la parole et du langage non spécifiés. Ils sont accompagnés de difficulté de scolarisation et difficultés dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Il peut aussi s'accompagner de troubles émotionnels et du comportement[55].
Retards intellectuels
Les troubles provoquant un déficit intellectuel important peuvent retarder et compromettre l'acquisition du langage, c'est le cas dans des syndromes tels que la trisomie 21, certaines anomalies chromosomiques, certains cas de paralysie cérébrale, des tableaux cliniques de retards globaux du développement, de nombreux cas d'autisme.
Les personnes qui ont subi une exposition prénatale à l'alcool ont un risque plus élevé de présenter des difficultés dans l'apprentissage du langage[56].
Notes et références
- Eysenck 2000, p. 345-346.
- Papalia 2009, p. 93.
- (en) « Fetal reactions to recurrent maternal speech », Infant Behavior and Development, vol. 17, no 2,â , p. 159â164 (ISSN 0163-6383, DOI 10.1016/0163-6383(94)90051-5, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Jean-Pierre Lecanuet, C. Granier-Deferre et M-C. Busnel, « Familiarisation prénatale aux signaux de la parole », dans Gilberte Piéraut-Le Bonniec, Connaßtre et le dire, Burxelles, Mardaga, p. 14-36.
- Carolyn Granier-Deferre et Marie-Claire Busnel, « L'audition prĂ©natale, quoi de neuf ? », Spirale, no 59,â , p. 17â32 (ISSN 1278-4699, DOI 10.3917/spi.059.0017, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Papiala 2009, p. 93.
- Eysenck 2000, p. 346.
- Papalia 2009, p. 93-94.
- (en) Benedicte De Boysson-Bardies et al., « Discernible Differences in the Babbling of Infants According to Target Language », Journal of Child Language, Education Resources Information Center, vol. 11, no 1,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) Benedicte De Boysson-Bardies et al., « A Crosslinguistic Investigation of Vowel Formants in Babbling », Journal of Child Language, Education Resources Information Center, vol. 16, no 1,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Papalia 2009, p. 94.
- papalia 2009, p. 94.
- Meredith L. Rowe et Susan Goldin-Meadow, « Differences in early gesture explain SES disparities in child vocabulary size at school entry », Science, vol. 323, no 5916,â , p. 951â953 (ISSN 0036-8075, PMID 19213922, PMCID PMC2692106, DOI 10.1126/science.1167025, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Eysenck 2000, p. 346-347.
- Papalia 2009, p. 94-95.
- (en) David McNeill, The Acquisition of Language: The Study of Developmental Psycholinguistics, New York, Education Resources Information Center, (lire en ligne).
- Eysenck 2000, p. 356-347.
- (en) Marc H. Bornstein, Linda R. Cote, Sharone Maital, Kathleen Painter, Sung-Yun Park et al., « Cross-Linguistic Analysis of Vocabulary in Young Children: Spanish, Dutch, French, Hebrew, Italian, Korean, and American English. », Child Development, Education Resources Information Center, vol. 75, no 4,â (ISSN 0009-3920, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) Peter Cahill, Patricia Cleave, Elissa Asp et Bonita Squires, « Measuring the complex syntax of schoolâaged children in language sample analysis: A knownâgroups validation study », International Journal of Language & Communication Disorders, vol. 55, no 5,â , p. 765â776 (ISSN 1368-2822 et 1460-6984, DOI 10.1111/1460-6984.12562, lire en ligne, consultĂ© le )
- Papalia 2009, p. 96-97.
- (en) Christophe Parisse et Marie-ThĂ©rĂšse Le Normand, « How children build their morphosyntax: the case of French », Journal of Child Language, Cambridge University Press, vol. 27, no 2,â , p. 267â292 (ISSN 1469-7602 et 0305-0009, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Eysenck 2009, p. 348.
- (en) Marilyn Shatz et Rochel Gelman, « The Development of Communication Skills: Modifications in the Speech of Young Children as a Function of Listener », Monographs of the Society for Research in Child Development, vol. 38, no 5,â (ISSN 0037-976X, DOI 10.2307/1165783, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Eysenck 2000, p. 351-352.
- (en) Margaret Harris, David Jones, Susan Brookes et Julia Grant, « Relations between the non-verbal context of maternal speech and rate of language development », British Journal of Developmental Psychology, vol. 4, no 3,â , p. 261â268 (ISSN 2044-835X, DOI 10.1111/j.2044-835X.1986.tb01017.x, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) Bambi B. Schieffelin, The Give and Take of Everyday Life: Language, Socialization of Kaluli Children, CUP Archive, (ISBN 9780521386548, lire en ligne).
- Papalia 2000, p. 97-99.
- Eysenck 2000, p. 350-352.
- Noam Chomsky, Structures syntaxiques, Paris, Le Seuil, .
- Encyclopaedia Universalis, Structures syntaxiques de Noam Chomsky : Les Fiches de lecture d'Universalis, Encyclopaedia Universalis, (ISBN 9782852295612, lire en ligne).
- Pinker, S. (1994). The Language Instinct. New York : Morrow.
- Singleton, D. (2003). « Le facteur de l'ùge dans l'acquisition d'une L2 : remarques préliminaires » Acquisition et interaction en langue étrangÚre, vol. 18, p. 3-15. .
- Penfield, W. and Roberts, L. (1959). Speech and Brain Mechanisms. Princeton, NJ : Princeton University Press.
- Lennberg, E.H. (1967). Biological Foundations of Language. New York, NY : Wiley.
- Johnson, J. and Newport, E. (1989). « Critical period effects in second language learning : the influence of maturational state on the acquisition of English as a second language. » Cognitive Psycholoqy, vol. 21, p. 60-99.
- Birdsong, D. (2006). « Age and Second language acquisition and processing : A selective overview » Language Learning, vol. 56, p. 9-49
- Mitchell, R., Myles, F., and Marsden, E. (2013). Second Language Learning Theories. New York / London : Routledge.
- Galindo, A. et Moreno, L.M. (2007). « LâHypothĂšse de la pĂ©riode sensible et le dĂ©veloppement de la langue maternelle et seconde : un cadre de rĂ©fĂ©rence pour le bilinguisme chez lâindividu ». Revista de Investigaciones, vol. 17, p. 35-54.
- Skinner, B.F. (1957). Verbal Behavior. Englewood Cliffs, NJ : Prentice-Hall.
- Christophe, A. (2002). « Lâapprentissage du langage : une capacitĂ© innĂ©e ? » Intellectica, vol. 34 (1), p. 189-210.
- Chomsky, N. (1993). A minimalist program for linguistic theory. In The view from building 20 (Eds. K. Hale & S. J. Keyser). Cambridge, MA: MIT Press.
- Chomsky, N. (1993). A minimalist program for linguistic theory, in The view from building 20 (Eds. K. Hale & S. J. Keyser). Cambridge, MA: MIT Press.
- Newport, E.L. (1990). Maturational Constraints in language learning. Cognitive Science, vol. 14, p. 11-28.
- Ullman, M.T. (2001). A neurocognitive perspectve on language : the declarative/ procedural model. Neuroscience, vol. 2, p. 717-726.
- Lenneberg, 1967, p. 176.
- Krashen, 1975, p. 220.
- Granget, Cyrille (2018). « Effets de l'ùge d'immersion sur la compréhension initiale d'expressions modales épistémiques en français L2 ».
- Lichtman, Karen (2016). Age and learning environment are children implicit second language learners.
- Ferman S, Karni A (2010). No Childhood Advantage in the Acquisition of Skill in Using an Artificial Language Rule..
- Catherine Transler, « Comment l'enfant sourd développe puis utilise le principe du B-A/b/ », dans Catherine Transler, Jacqueline Leybaert et Jean-Emile Gombert, L'acquisition du langage par l'enfant sourd : Les signes, l'oral et l'écrit, Marseille, Solal, , 344 p. (ISBN 2-914513-80-1).
- Daphné Ducharme et Rachel Mayberry, « L'importance d'une exposition précoce au langage : la période critique s'applique au langage signé tout comme au langage oral », dans Catherine Transler, Jacqueline Leybaert, Jean-Emile Gombert, L'acquisition du langage par l'enfant sourd : les signes, l'oral et l'écrit., Marseille, Solal, , 344 p. (ISBN 2-914513-80-1).
- (en) Newport, Elissa L., Daphne Bavelier, and Helen J. Neville, « Critical thinking about critical periods: Perspectives on a critical period for language acquisition », dans Emmanuel Dupoux, Language, brain and cognitive development: Essays in honor of Jacques Mehler, MIT Press, (lire en ligne), p. 481-502.
- (en) Charlene Chamberlain, Jill P. Morford et Rachel I. Mayberry, Language Acquisition By Eye, Psychology Press, (ISBN 9781135679163, lire en ligne).
- Jacqueline Leybaert, Brigitte L. Charlier, Catherine Hage et Jesus Alegria, L'enfant sourd, De Boeck SupĂ©rieur, (ISBN 9782804121808, lire en ligne), p. 277â315.
- (en) « CIM-10 Version:2008 », sur apps.who.int (consulté le ).
- [PDF] Lang, J., Ten Brain Domains: A Proposal for Functional Central Nervous System Parameters for Fetal Alcohol Spectrum Disorder Diagnosis and Follow-up, Journal of the FAS Institute, 4, 1â11, 2006.
Voir aussi
Articles connexes
Ouvrages
- Bernicot, J., Veneziano, E., Musiol, M. & Bert-Erboul, A. (Eds.) (2010). Interactions verbales et acquisition du langage. Paris: lâHarmattan.
- Bernicot, J.& Bert-Erboul, A. (2009). Lâacquisition du langage par lâenfant. Paris: Ăditions In Press.
- Mireille Brigaudiot, Danon-Boileau L. La naissance du langage dans les deux premiÚres années, PUF, 2002.
- MichÚle Kail (dir), L'acquisition du langage, PUF, coll. « Psychologie et sciences de la pensée », 2003. Deux volumes.
- Jean-François Le Ny, Comment l'esprit produit du sens, Odile Jacob, 2005.
Articles
- Harriet Jisa, Lâacquisition du langage, Terrain, no 40 - Enfant et apprentissage (). [lire en ligne].
- Dossier acquisition des langues, un ensemble d'articles et de conférences publiées par la Clé des langues.