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Abbaye Notre-Dame de Bellaigue

L’abbaye Notre-Dame de Bellaigue est une abbaye bénédictine, ancienne abbaye cistercienne, dans la commune de Virlet (Puy-de-Dôme, France). La communauté monastique actuelle utilise le missel romain de 1962, les offices sont en latin[4].

Abbaye
Notre-Dame de Bellaigue.
image de l'abbaye
Façade de l'abbatiale

Diocèse Archidiocèse de Clermont
Patronage Notre-Dame
Numéro d'ordre (selon Janauschek) CXV (115)[1]
Fondation 950
Origine religieuse Ordre de Saint-Benoît
Cistercien depuis 1137
Dissolution 1791-2000
Abbaye-mère Menat (950-1137)
Montpeyroux (1137-1791)
Lignée de Cîteaux
Congrégation Ordre de Saint-Benoît (950-1137)
Ordre cistercien (1137-1791)
Ordre de Saint-Benoît (2000-aujourd'hui)
PĂ©riode ou style Architecture romane
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1922)
Logo monument historique Inscrit MH (1980)[2]

CoordonnĂ©es 46° 09′ 35″ nord, 2° 42′ 14″ est[3]
Pays Drapeau de la France France
Province Comté d'Auvergne
RĂ©gion actuelle Auvergne-RhĂ´ne-Alpes
DĂ©partement Puy-de-DĂ´me
Commune Virlet
Site Monastère Notre-Dame de Bellaigue
GĂ©olocalisation sur la carte : Puy-de-DĂ´me
(Voir situation sur carte : Puy-de-DĂ´me)
AbbayeNotre-Dame de Bellaigue.
GĂ©olocalisation sur la carte : Auvergne
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AbbayeNotre-Dame de Bellaigue.
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(Voir situation sur carte : France)
AbbayeNotre-Dame de Bellaigue.

Situation

L'abbaye, initialement appelĂ©e « Bellaigues », a finalement pris le nom de « Bellaigue » (Belle Eau). Elle est situĂ©e entre 490 et 500 mètres d'altitude, et baignĂ©e au sud par le ruisseau de la Vialle[5].

Histoire

Le prieuré bénédictin (Xe-XIIe siècle)

Bellaigue était un prieuré dépendant de l'abbaye bénédictine de Menat. Il fut fondé par Odon et Adémard de Bourbon en 950. L'établissement demeure un prieuré de l'abbaye et sert de nécropole à la famille des fondateurs jusqu'à ce que ceux-ci transfèrent leurs tombeaux à Souvigny[6].

L'abbaye cistercienne et son âge d'or (XIIe-XVIe siècle)

En 1136, l'évêque de Clermont tranche en faveur du prieuré de Bellaigue dans un litige l'opposant à l'abbaye-mère sur les possessions. Bellaigue devient alors une abbaye à part entière. L'année suivante (1137), des moines de Montpeyroux viennent placer le monastère sous l'observance de Cîteaux. Il s'agit de l’époque de la grande expansion cistercienne, sous l'impulsion, notamment, de saint Bernard. Commence la construction de l’église, contemporaine de celles de Clairvaux (1135), Fontenay ou Cîteaux (1140).

L'apogée du monastère, marquée par le grand nombre de ses religieux et de ses possessions, se situe au XIIe siècle et dans la première moitié du XIVe siècle. Les seigneurs de Jaligny, Marcillat, Montaigut, de Montluçon et des sires de Bourbon (dynastie des Archambaud) font des cessions considérables au monastère ; plusieurs de ces grands donateurs sont inhumés dans l'abbatiale.

Un étang fossile et une référence persistante sur la carte de Cassini dans la seconde moitié du XVIIIe siècle montrent qu'une activité de tuilerie s'était développée à environ un kilomètre de l'abbaye ; aucune source n'atteste ni ne réfute la paternité monastique de cette industrie, mais elle reste l'option la plus probable selon les études récentes[7].

Le mode de culture développé par les moines, caractéristique des Combrailles, est proche de celui mis en place dans la Dombes. De nombreux étangs parsèment la zone ; ils sont nourris en limon durant trois ans par les cours d'eau, puis vidangés, d'abord pour en récolter le poisson, puis pour être mis en culture ; après quelques années, ils sont remis en eau. Aujourd'hui encore, un chapelet de quatre étangs ponctue le fond de la vallée, ce qui en fait un lieu particulièrement humide[5].

Archambaud VIII de Bourbon, mort en 1242 à la bataille de Taillebourg, et son épouse Béatrix de Montluçon ont été inhumés dans l'abbatiale. Leur tombeau, avec les gisants, a été restauré. Sur le bouclier d'Archambaud, on distingue les éléments (lion et coquilles Saint-Jacques) du blason de Bourbon ancien : d'or au lion de gueules accompagné de huit coquilles d'azur.

Le lent déclin du monastère (XVIe-XXe siècle)

À partir des années 1480, le monastère se vide peu à peu. Huit moines en 1486, onze en 1529 puis disparition des frères convers. Le régime de la commende (l’abbé n’est plus élu mais nommé par Rome ou le roi), inspiré par Grégoire XI (1370-1378) et aggravé par le concordat de 1515, produit ici comme ailleurs ses effets désastreux : rivalités entre familles pour l’acquisition des bénéfices de l'abbaye, querelles internes, misère économique et démembrement du patrimoine.

En janvier 1689, les bâtiments conventuels sont en grande partie détruits à la suite d'un incendie. La reconstruction, longue et coûteuse, se fait sur un plan réduit, sous l’abbatiat de l’abbé Élian (1678-1756). Les querelles entre abbé commendataire et religieux continuent.

En 1768, d'après le compte rendu de la Commission des RĂ©guliers, l'abbaye est peuplĂ©e de huit moines et dispose d'un revenu net de 8 000 livres[8].

En 1791, la Révolution française entraîne la suppression du culte et la fermeture de l'abbaye, laquelle est mise aux enchères comme bien national, en février. Elle est acquise par Constantin Tailhardat de la Maisonneuve, fervent catholique, avec l’intention de la restituer aux moines en des temps meilleurs.

Dès lors, l’abbaye est utilisée à de multiples fins. L’église est affectée à des usages agricoles. Finalement, l'église abbatiale est classée au titre des monuments historiques en 1922, alors que les bâtiments conventuels sont inscrits en 1980[2].

Le renouveau de l'abbaye (XXIe siècle)

En octobre 2000, quatre moines bénédictins du monastère de la Sainte-Croix du Brésil, s'installent dans l'abbaye. Ils reconstruisent les voûtes de l'abbatiale, ce qui permet le retour du culte catholique. Le , le père Ange Araújo Ferreira da Costa, premier prieur de la nouvelle fondation, meurt à l'âge de quarante-trois ans, la dix-huitième année de sa profession monastique et la quatorzième de son sacerdoce. Sa dépouille repose dans l'abbaye.

En juin 2017, la commune commence le chantier de construction du futur monastère[9].

  • Vue de cĂ´tĂ© de l'abbatiale et entrĂ©e de l'abbaye, avant la construction de l'aile ouest et de l'aile sud (2017-2019).
    Vue de côté de l'abbatiale et entrée de l'abbaye, avant la construction de l'aile ouest et de l'aile sud (2017-2019).
  • Vue de la tour de guet.
    Vue de la tour de guet.

Architecture

Le monastère actuel est situé au même emplacement que l'édifice médiéval : cependant les travaux modernes ont montré que les niveaux d'origine sont situés environ trois mètres et demi sous les niveaux actuels, et que cet exhaussement est le fait des grands travaux monastiques du XVIIIe siècle visant à mettre hors d'eau le monastère. Le niveau originel est enfoui sous une épaisse couche de sable de rivière, elle-même couverte d'un remblai[5]. Le monastère est, par rapport au ruisseau, situé trop haut pour pouvoir utiliser directement son eau, d'autant qu'aucun bief traversant le monastère n'a été mis au jour[10].

L'abbatiale

L'abbatiale est bâtie à partir du matériau local, le granite ; un appareil mixte a été développé, alternant moyen appareil régulier et petit appareil irrégulier à litages marqués ; les quatre contreforts de la façade, les bases attiques des colonnes et les arcs en plein cintre suggèrent une construction du portail vers 1150 ; en revanche, les éléments supérieurs de la façade (trois baies largement ébrasées, la baie centrale étant de dimensions plus vastes que celles qui la flanquent) font dater la partie haute de la façade de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle ; la reprise architecturale de l'élément pourrait correspondre à la réforme monastique entreprise avec le ralliement au cistercianisme ; la base romane pourrait être le témoin subsistant de la fondation bénédictine[6].

Un des vitraux fleurdelysés de l'Abbatiale

La nef de l'abbatiale compte sept travĂ©es de courte longueur, l'ensemble mesurant 31 mètres de longueur (un contrefort tous les trois mètres environ). Les première, troisième et cinquième travĂ©es ne sont pas percĂ©es de baies, les autres prĂ©sentent des ouvertures en pleine cintre aux linteaux clavĂ©s. Trois phases diffĂ©rentes sont visibles de bas en haut de la façade septentrionale de l'Ă©glise. Dans les parties basses, le mur gouttereau est constituĂ© d’assises de petits moellons ; les parties mĂ©dianes des travĂ©es munies de baies sont appareillĂ©es en moyen appareil de pierres de taille en granite rosĂ©, et celles des travĂ©es aveugles en petit appareil rĂ©gulier de granite. Pour le sommet des murs, cinq assises de moellons de tout-venant ont Ă©tĂ© utilisĂ©es ; enfin, Ă  l'Ă©poque contemporaine, deux assises de moellons ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es pour soutenir la nouvelle toiture. En revanche, les contreforts qui s'appuient sur ces murs, composĂ©s de moyen appareil de granite soigneusement taillĂ©, sont très homogènes[11].

Bas côté avec les autels destinés à la célébration de la Messe par les moines prétres.

La première discontinuité serait due à une volonté d'économie techniques et économiques : la taille d'un appareil régulier de belles pierres doit être l'œuvre d'artisans qualifiés, alors que les moellons peuvent être disposés à moindres frais par des maçons. Aussi, le moyen appareil régulier, assurance de stabilité structurelle mais aussi plus harmonieux visuellement, n'est employé que là où sa présence est rendue nécessaire par la nécessité technique de renforcement des structures au droit des baies, et accessoirement là où le regard porte le plus[12].

Le second hiatus, en partie haute, est pour sa part accidentel : il correspond à la réfection des parties hautes après l'incendie de 1689 qui, détruisant les charpentes, détériore également la partie supérieure de la maçonnerie. Cette restauration date donc de la toute fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle. Enfin, un effondrement de l'édifice a lieu en 1880 et touche le mur gouttereau septentrional. C'est à partir de cette date que la toiture est abaissée en dessous du niveau du pignon occidental[13].

Des corniches encore existantes (sur les murs ouest et sud) ou dont l'emplacement initial a subi un rebouchage (visible sur le mur nord) sont datables de la fin du XIIe siècle. La partie supĂ©rieure du septième contrefort nord est de mĂŞme typique de la fin du XIIe ou du dĂ©but du XIIIe siècle. Ces Ă©lĂ©ments permettent de dater l'ouverture du second chantier, dit « chantier cistercien » car probablement menĂ© lors de la rĂ©forme de l'abbaye, ce chantier ayant abouti Ă  la pose des parties hautes de l’abbatiale, et probablement avec l'aide des Bourbons (Archimbaud VIII et son Ă©pouse sont inhumĂ©s dans l'abbaye en 1242)[12]. Le bras nord du transept est surmontĂ© d'une tour quadrangulaire, dite tour du clocher. PlacĂ©e juste au-dessus des tombeaux d’Archambaud VIII et de sa femme BĂ©atrix, elle s'appuie sur une base carrĂ©e de 3,50 mètres de cĂ´tĂ© et s'Ă©lève de 4,95 mètres ; sa construction semble postĂ©rieure aux XIIe et XIIIe siècles[13].

Le mur du cĂ´tĂ© du cloĂ®tre est mieux conservĂ© que le septentrional. Les contreforts prĂ©sentent le mĂŞme appareil que celui des contreforts situĂ©s cĂ´tĂ© nord, mais le glacis sommital qui les couvre a Ă©tĂ© conservĂ©. Un sondage pratiquĂ© sur l'une de ces structures a rĂ©vĂ©lĂ© l’absence de semelle ou de ressaut de fondation. Sur les murs sud et ouest de l'Ă©glise, une corniche, placĂ©e Ă  4,80 m de hauteur et dĂ©pourvue de modĂ©nature, sĂ©pare les parements en deux parties Ă©gales. Juste en dessous, des corbeaux nus, placĂ©s Ă  4,30 m de hauteur, Ă  enroulements ou Ă  copeaux, soutenaient probablement un auvent. L’espace de cinquante centimètres compris entre les corbeaux et le larmier permettait la pose d’une panne faĂ®tière supportant chevrons et toiture, peut-ĂŞtre de tuiles creuses, ce qui s'explique au-dessus d'une galerie du cloĂ®tre, mais ne permet que des hypothèses sur la façade ouest : prĂ©sence d'un porche, ou d'un simple auvent[13] ?

Chaque bras du transept est doté d'un petit pignon érigé en petit appareil irrégulier de moellons de granite et de schiste. Une baie en plein cintre ébrasée, soulignée d’un cordon qui se poursuit sur cinquante centimètres de part et d’autre du percement, est placée dans chaque pignon[13]. Les piles séparant chacune des sept travées de la nef sont de plan quadrangulaires en moyen appareil régulier avec trois colonnes engagées divisées en tambour ; ces colonnes supportent des arcs en plein cintre. Les arcs séparant la nef des bas-côtés, pour leur part, sont voûtés en berceau brisé renforcé d’arcs doubleaux, ce qui est également le cas de la croisée du transept, ainsi que des arcades aveugles ouvrant jadis sur les absidioles, ces dernières ayant été comblées. Le chœur compte une travée que vient fermer l'abside en cul-de-four. Ce chœur a reçu une décoration médiévale, sous forme de carreaux vernissés, mis au jour sous forme de fragments lors de sondages réalisés en 2004. Ces carreaux sont ornés de décors colorés représentant un griffon en or sur fond rouge, une croix de Saint-André ou encore une roue avec des rayons rouges sur fond or. La provenance de ces éléments reste inconnue[14].

Les autres bâtiments

Les bâtiments jouxtant le cloĂ®tre des cĂ´tĂ©s occidental et mĂ©ridional ont Ă©galement fait l'objet de sondages ponctuels en 2004 ; ceux-ci montrent une forte similaritĂ© avec le cadastre de 1833. Ils ont Ă©galement montrĂ© la prĂ©sence de galeries souterraines situĂ©es sous le prĂ©au et l'aile sud, qui atteindraient 3,5 mètres de largeur[14].

Organisation

Vie du monastère

Notes et références

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, , 491 p. (lire en ligne), p. 140.
  2. Notice no PA00092469, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. « Bellaigue », sur http://www.cistercensi.info, Ordre cistercien (consulté le ).
  4. Bernard Peugniez, Routier cistercien : abbayes et sites : France, Belgique, Luxembourg, Suisse, Moisenay, Gaud, , 512 p. (ISBN 2-84080-044-6 et 978-2-84080-044-6, OCLC 48199639, lire en ligne)
  5. Emma Bouvard 2016, Partie III : Corpus analytique — Chapitre I. Corpus principal — 2. Abbaye de Bellaigue, p. 399.
  6. Emma Bouvard 2016, Partie III : Corpus analytique — Chapitre I. Corpus principal — 2. Abbaye de Bellaigue, p. 400.
  7. Emma Bouvard 2016, Partie II : Les cadres territoriaux — Chapitre II. Géographie historique entre limes forézien et marges aquitaines — 1. La fabrique des pouvoirs en terres d’Auvergne et bourbonnaises, p. 293.
  8. Louis J. Lekai, Les Moines blancs, histoire de l'Ordre cistercien, Paris, 1957, p. 326.
  9. « Virlet(63) - Abbaye Notre Dame de Bellaigue », sur Mon Bourbonnais, (consulté le )
  10. Emma Bouvard 2016, Partie III : Corpus analytique — Chapitre I. Corpus principal — 2. Abbaye de Bellaigue, p. 405.
  11. Emma Bouvard 2016, Partie III : Corpus analytique — Chapitre I. Corpus principal — 2. Abbaye de Bellaigue, p. 401.
  12. Emma Bouvard 2016, Partie III : Corpus analytique — Chapitre I. Corpus principal — 2. Abbaye de Bellaigue, p. 402.
  13. Emma Bouvard 2016, Partie III : Corpus analytique — Chapitre I. Corpus principal — 2. Abbaye de Bellaigue, p. 403.
  14. Emma Bouvard 2016, Partie III : Corpus analytique — Chapitre I. Corpus principal — 2. Abbaye de Bellaigue, p. 404.
  15. « Inauguration of a New Benedictine Monastery », sur District of Asia, (consulté le ).
  16. « Bénédiction du monastère bénédictin de Reichenstein (Allemagne) - 16/05/09 • La Porte Latine », sur La Porte Latine, (consulté le ).
  17. « Kloster+Reichenstein+Neugründung », sur kloster-reichenstein.de (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • [Emma Bouvard 2016] Emmanuelle Marie Bouvard et Nicolas Reveyron (dir.), Empreintes monastiques en moyenne montagne du douzième siècle Ă  l’actuel : ArchĂ©ologie des espaces et des paysages cisterciens dans les anciens diocèses de Clermont et du Puy [Thèse de doctorat d’archĂ©ologie mĂ©diĂ©vale], Lyon, UniversitĂ© Lumière Lyon II, , 735 p..

Articles connexes

Liens externes

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