État satellite
Un État satellite est, en politique, un pays officiellement indépendant de droit, mais en fait sous la coupe ou sous la forte influence politique, économique et militaire d’un autre pays, par analogie avec des lunes tournant autour d’une grosse planète.
La « planète » impériale japonaise et ses « lunes » en 1942.
États satellites au sein d'organisations internationales
Parmi les nombreuses organisations internationales, certaines ont comme centre prépondérant d'influence économique, politique et militaire, un État beaucoup plus puissant que les autres membres, qui en dépendent sur divers plans : si de jure tous les membres de ces organisations sont égaux entre eux, de facto les plus modestes sont des « satellites » du plus fort et prospère, qui peut parfois être une ancienne métropole coloniale ; à titre d'exemples[1] - [2] :
- le Royaume-Uni est, économiquement, l'élément dominant au sein du Commonwealth ;
- la France est, économiquement, l'élément dominant au sein de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), mais aussi d'organisations dont elle n'est pas membre, mais seulement partenaire, comme la Cedeao, la Cemac, l'Ohada et l'Uémoa en Afrique francophone (zone d'influence informellement surnommée « Françafrique ») ;
- Bien qu'ils perdent du terrain face à la Chine, les États-Unis restent l'élément dominant au sein de l'OMC, de la banque mondiale (13 présidents américains sur quatorze de 1946 à 2019), du FMI (où les États-Unis disposent à eux seuls de 16,74 % des votes[3]) et de façon plus durable au sein de l'OEA, de l'Alena, de l'OTAN ainsi que de l'OCDE et du G7 ;
- la Chine est l'élément économiquement dominant de la BAII, de l'OBOR et de l'OCS, mais aussi d'organisations dont elle n'est pas membre, mais seulement partenaire, comme l'Asean et la plupart des organisations internationales d'États africains ;
- la Russie est l'élément dominant de la CEI (qui a succédé de l'URSS), de l'UEE (qui a succédé à la CAEM) et de l'OTSC (qui a succédé au pacte de Varsovie).
États satellites historiques
- Républiques sœurs (1796 – 1810, États satellites de la Première République durant les guerres de la Révolution française) ;
- Royaumes napoléoniens[4] (1810 – 1815, États satellites de l'Empire français durant les guerres napoléoniennes) ;
- Régence d'Alger (1710 – 1830, État satellite de l'Empire ottoman) ;
- Régence de Tripoli (1851 – 1911, État satellite de l'Empire ottoman) ;
- Khédivat d'Égypte (1867 – 1914, État satellite de l'Empire ottoman) ;
- Sultanat d'Égypte, devenu royaume en 1922 (1914 – 1953, État satellite de l'Empire britannique) ;
- Raj britannique (1858 – 1948, État satellite de l'Empire britannique) ;
- États malais fédérés (1896 – 1946, protectorat de l'Empire britannique) ;
- Protectorat français au Maroc (1912 – 1956, protectorat des Troisième et Quatrième République françaises) ;
- Mandat français sur la Syrie et le Liban (1920 – 1946, mandat français).
États satellites du Troisième Reich
- Protectorat de Bohême-Moravie (1939 – 1945, structure semi-étatique mise en place par l'Allemagne) ;
- Gouvernement général de Pologne (1939 – 1944, structure semi-étatique mise en place par l'occupant) ;
- Protectorat du Danemark (1940 – 1943, structure semi-étatique mise en place par l'occupant) ;
- Reichskommissariat Niederlande (1940 – 1944, structure semi-étatique mise en place par l'occupant) ;
- Reichskommissariat Belgien-Nordfrankreich (1940 – 1944, structure semi-étatique mise en place par l'occupant) ;
- Reichskommissariat Norwegen (1940 – 1945, structure semi-étatique mise en place par l'occupant) ;
- Reichskommissariat Ostland (1941 – 1944, structure semi-étatique mise en place par l'occupant) ;
- Reichskommissariat Kaukasus (1941 – 1943, structure semi-étatique mise en place par l'occupant) ;
- Reichskommissariat Moskowien (1941, structure semi-étatique mise en place par l'occupant) ;
- Reichskommissariat Ukraine (1941 – 1944, structure semi-étatique mise en place par l'occupant) ;
- République slovaque (1939 – 1945, État allié de l'Allemagne) ;
- État indépendant de Croatie (1941 – 1945, État allié de l'Allemagne) ;
- État collaborateur français (1940 – 1944, État théoriquement neutre, mais collaborant avec l'Allemagne, y compris militairement contre les Alliés ) ;
- État collaborateur monégasque (1943 – 1944) ;
- Royaume de Hongrie (1944 – 1945, État allié de l'Allemagne) ;
- Roumanie fasciste (1940 – 1944, État allié de l'Allemagne) ;
- Bulgarie fasciste (1940 – 1944, État allié de l'Allemagne) ;
- Gouvernement serbe de salut national (1941 – 1944, État fantoche théoriquement neutre, mais collaborant avec l'Allemagne) ;
- État collaborateur grec (1941 – 1944, État fantoche théoriquement neutre, mais collaborant avec l'Allemagne).
États satellites de l'empire du Japon
- Mandchoukouo (1932 – 1945, monarchie fantoche mise en place par l'occupant japonais en Mandchourie chinoise) ;
- Mengjiang (1936 – 1945, structure semi-étatique mise en place par l'occupant japonais en Mongolie-Intérieure chinoise) ;
- Empire coréen (1905 – 1910, protectorat du Japon jusqu'à l'annexion de la péninsule coréenne en 1910 par l'empire du Japon) ;
- Gouvernement national réorganisé de la République de Chine (1940 – 1945, structure-écran mise en place par l'occupant japonais dans la partie de la Chine qu'il contrôlait) ;
- Indochine du régime de Vichy collaborant avec le Japon, et Indochine indépendante sous occupation japonaise (1940 - 1945, protectorat de fait du Japon) ;
- État de Birmanie (1943 – 1945) ;
- Royaume de Thaïlande (1941 – 1945, État allié du Japon).
États satellites de l'URSS
- République populaire mongole (1924 – 1991) ;
- République populaire touvaine (1921 – 1944, intègre l'URSS en 1945 comme RSSA de la RSFS russe) ;
- République d'Extrême-Orient (1920 – 1922, intègre la RSFS russe) ;
- Seconde République du Turkestan oriental (1944 – 1949, créée par l'URSS en Chine en attendant que le Parti communiste chinois puisse en prendre le contrôle) ;
- République populaire de Pologne (1944 – 1989) ;
- Régime communiste de Roumanie (1945 – 1989, sous forme de « démocratie populaire » puis de « république socialiste ») ;
- République populaire de Bulgarie (1946 – 1990) ;
- République socialiste tchécoslovaque (1948 – 1989) ;
- République démocratique allemande (1949 – 1990) ;
- République populaire de Hongrie (1949 – 1989) ;
- République populaire de Chine (1949 – 1956, prend ses distances avec l'URSS lors de la déstalinisation et aura ses propres satellites ci-dessous) ;
- République populaire et démocratique de Corée (satellite soviétique de 1945 à 1953, devenue satellite de la République populaire de Chine) ;
- République populaire socialiste d'Albanie (1946 – 1960, quitte le pacte de Varsovie et le Caem pour devenir satellite de la République populaire de Chine jusqu'en 1989) ;
- Cambodge communiste (1975 – 1979, après la défaite des Khmers rouges, quitte l'orbite chinoise en devenant satellite du Viêt Nam) ;
- République démocratique du Viêt Nam (1945 – 1975, prend ses distances avec l'URSS après sa victoire sur le Viêt Nam non-communiste et la proclamation de la République socialiste unie du Viêt Nam) ;
- Cuba (1960 – 1990) ;
- République démocratique populaire du Yémen (1967 – 1990) ;
- République démocratique populaire du Laos (1975 – 1990, quitte l'orbite soviétique en devenant satellite exclusif du Viêt Nam) ;
- République démocratique populaire d'Éthiopie (1977 – 1991) ;
- République démocratique d'Afghanistan (1978 – 1991).
Voir aussi
Note
- Gérard Chaliand, Atlas du nouvel ordre mondial, Laffont 2003, (ISBN 2221100395)
- Yves Lacoste, Géopolitique : la longue histoire d'aujourd'hui, Larousse 2006, (ISBN 2035054214)
- [http://www.imf.org/external/french/np/sec/pr/2015/pr15573f.htm
- La maison Bonaparte a régné sur plusieurs pays européens au cours du Premier Empire, dans le cadre de la politique familiale de Napoléon Ier :
- l'Italie (Napoléon Ier, de 1805 à 1814) ;
- Naples (Joseph Bonaparte, de 1806 Ã 1808) ;
- l'Espagne (Joseph Bonaparte, de 1808 Ã 1813) ;
- la Hollande (Louis Bonaparte, de 1806 Ã 1810, et Louis II, en 1810) ;
- Lucques et Piombino (Élisa Bonaparte, de 1805 à 1814) ;
- la Toscane (Élisa Bonaparte, de 1809 à 1814) ;
- la Westphalie (Jérôme Bonaparte, de 1807 à 1813).
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