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Éric de Rosny

Éric Marie Joseph de Le Gorgue de Rosny[1] dit Éric de Rosny, né le à Fontainebleau en France et mort le à Lyon, est un prêtre jésuite et anthropologue français, missionnaire au Cameroun. Il est particulièrement connu pour — dans un souci d'inculturation — s'être fait initier dans la confrérie des beyoum ba bato (hommes-souche). C’est une obédience du Ngondô, un cercle très sélectif dont les membres sont les garants de la tradition et des rites sawas, du Cameroun.

Éric de Rosny
Portrait de Éric de Rosny
Biographie
Nom de naissance Éric Marie Joseph de Le Gorgue de Rosny
Naissance
Fontainebleau
Décès
Lyon 9e
Nationalité Française
Domicile Douala
Thématique
Profession JĂ©suite, missionnaire, anthropologue
Employeur Compagnie de JĂ©sus
Intérêts « double vue », culture camerounaise
Œuvres principales Les Yeux de ma chèvre (1981)
Membre de confrérie des beyoum ba bato (hommes-souche)

Biographie

Né le à Fontainebleau[2], issu d'une famille de Picardie, Éric de Rosny passe son enfance entre l'appartement parisien de ses parents et la maison familiale située près de Boulogne-sur-Mer[3]. De ses lectures des récits de Matteo Ricci, missionnaire jésuite en Chine impériale, nait sa volonté de devenir Jésuite avec l'espoir d'être envoyé en Chine[3]. Ainsi, Éric de Rosny intègre la Compagnie de Jésus en 1949 (entrée au noviciat de Laval le [2]) mais avec la prise de pouvoir par les communistes et Mao la Chine se ferme à l'influence chrétienne. Aucun missionnaire n'y est plus admis. Cela l'empêche de rejoindre la Chine[3]. Il est alors envoyé en 1957 à Douala au Cameroun où il devient enseignant au collège Libermann qui vient d'être fondé[3] - [4]. Il est ordonné prêtre le [2].

Alors que l'Église catholique considère avec grande circonspection les traditions locales[5] et interdisait autrefois aux chrĂ©tiens la frĂ©quentation des guĂ©risseurs[3], Éric de Rosny est soucieux de comprendre ses Ă©lèves et de dĂ©couvrir leur culture[3] : il choisit de s'installer dans le quartier populaire d'Akwa Ă  Douala oĂą il s'intègre Ă  la population dont il apprend la langue et les coutumes[6]. Cela le conduit Ă  s'intĂ©resser notamment Ă  la sorcellerie et, au dĂ©but des annĂ©es 1970, après avoir reçu l'accord de ses supĂ©rieurs religieux[4], un guĂ©risseur l'initie aux mystères du « monde invisible Â» et Ă  la « double vue Â»[6] - [7]. Cette « double vue Â» lui permet de voir plus que ce qui est visible[8] et notamment de voir la violence des relations entre les hommes[3]. Il analyse la « double vue » et la compare aux Exercices spirituels de Saint Ignace et aux travaux de RenĂ© Girard sur la violence et le sacrĂ©[6]. « La double vue me sert d'instrument de connaissance comme le serait l'analyse freudienne pour un jĂ©suite qui voudrait comprendre son prochain sans ĂŞtre pour autant psychanalyste Â» explique Éric de Rosny[3]. Ă€ son tour Éric de Rosny initiera un apprenti guĂ©risseur et lui transmettra son pouvoir de « double vue Â»[3].

De 1975 à 1982, Éric de Rosny est directeur de l'Institut africain pour le développement économique et social (INADES) à Abidjan puis devient jusqu'en 1988 supérieur provincial des jésuites de l'Afrique de l'Ouest[8]. En 1981, il trouve une certaine notoriété en France avec le succès de son livre Les Yeux de ma chèvre[3].

Dans les annĂ©es 1990, Éric de Rosny devient l'un des vingt-sept « vieux sages Â» de Douala lorsqu'il entre dans la confrĂ©rie des beyoum ba bato (hommes-souche)[6] - [7]. Au centre spirituel de Bonamoussadi de Douala, il accueille et conseille les nombreux visiteurs qui le consultent sur leurs souffrances et leurs angoisses[3] - [4] et, Ă  l'antenne de radio Douala, il rĂ©pond chaque jour aux courriers qu'il reçoit[3].

En 2010, Il est fait docteur honoris causa de l'université de Neuchâtel[4].

Alors qu'il est en convalescence à la suite d'une grosse opération, Éric de Rosny meurt soudainement le , à Lyon[8].

Ĺ’uvres

Éric de Rosny écrit plusieurs livres sur la médecine traditionnelle africaine, dont Les Yeux de ma chèvre, L'Afrique des guérisons, La Nuit, les yeux ouverts.

Prix Louis-Castex de l’Académie française en 1993
  • La Nuit, les yeux ouverts, Seuil, 1996.
  • Ici ou lĂ  en Afrique : rĂ©cits et pĂ©ripĂ©ties, L’Harmattan, 2002.
  • Éric de Rosny (dir.), Justice et Sorcellerie, colloque international de YaoundĂ©, Karthala, 2006.

En 2022 parait l’édition intégrale des articles rédigés par Éric de Rosny dans un coffret en 3 volumes.

Bibliographie

Notes et références

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. « Nécrologie : Le Père Eric de Rosny rappelé à Dieu » sur le site de L'effort camerounais (consulté le 7 juin 2012)
  3. « Éric de Rosny, le jésuite aux quatre yeux » publié le 10 avril 2009 sur le site du quotidien La Croix (consulté le 7 juin 2012)
  4. Sophie Murith, « Eric de Rosny : Aristocrate, sage, sorcier et jésuite » mis en ligne le 8 décembre 2010 sur le site de L'Hebdo (consulté le 7 juin 2012)
  5. « Ă‰ric de Rosny, jĂ©suite... et homme-souche Â» sur le site de l'hebdomadaire Jeune Afrique (consultĂ© le 7 juin 2012)
  6. Gilles Séraphin, « Éric de Rosny » dans le quotidien Le Monde daté du mercredi 14 mars 2012 page 27 (rubrique disparitions)
  7. François-Xavier Maigre , « Décès du P. Eric de Rosny, le « jésuite africain » » publié le 5 mars 2012 sur le site du quotidien La Croix (consulté le 7 juin 2012)
  8. Pierre de Charentenay, « Le Père Eric de Rosny, « l’homme souche » Â», publiĂ© le 12 mars 2012 sur le site de la revue Étvdes (consultĂ© le 7 juin 2012)
  9. Anne Nelly Perret-Clermont, Jean-Daniel Morerod, Jérémie Blanc et Jean Benoist, Cultures et guérisons : Éric de Rosny, l'intégrale, (ISBN 978-2-88950-087-1, 2-88950-087-X et 978-2-88950-084-0, OCLC 1352923318, lire en ligne)

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