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Élections générales boliviennes de 1985

Les élections générales boliviennes de 1985 ont lieu le dimanche afin d'élire le président de la République de Bolivie, le vice-président, les sénateurs et les députés du Congrès national. Comme aucun candidat n'obtient plus de la moitié des voix lors du vote populaire, le Congrès national procède à l'élection indirecte de Víctor Paz Estenssoro comme président de la République dans un vote où participent les deux candidats ayant préalablement obtenu le plus de voix.

Élections générales boliviennes de 1985
Président et vice-président
Type d’élection Élections générales
Postes à élire 130 sièges à la Chambre de députés, 27 sièges au Sénat
Corps électoral et résultats
Population 5 630 066
Inscrits 2 108 458
Votants 1 728 365
81,97% en augmentation 7,7
Votes exprimés 1 504 056
Votes blancs 126 800
Votes nuls 97 509
Hugo Banzer SuárezADN
Colistier : Eudoro Galindo Anze
Voix 493 735
32,83%
Députés élus 41 en augmentation 17
Sénateurs élus 10 en augmentation 4
Víctor Paz EstenssoroMNR
Colistier : Julio Garrett Ayllón
Voix 456 704
30,36%
Députés élus 43 en augmentation 9
Sénateurs élus 16 en augmentation 6
Jaime Paz ZamoraMIR
Colistier : Oscar Eid Franco
Voix 153 143
10,18%
Députés élus 15
Sénateurs élus 1
Parti arrivé en tête par département
Carte
Chambre des députés
Diagramme
Chambre des sénateurs
Diagramme2
Président de la Bolivie
Sortant Élu
Hernán Siles Zuazo
UDP
Víctor Paz Estenssoro
MNR

Contexte

Les élections générales de 1985 font suite à la première présidence démocratique depuis la succession de dictatures qui marque la politique bolivienne entre 1964 et 1982. Le gouvernement de gauche d'Hernán Siles Zuazo, élu en 1980, n'a toutefois pu prendre le pouvoir qu'en 1982, à cause d'un coup d'État militaire du général Luis García Meza peu après les élections générales de 1980[1].

Après deux décennies de dictatures, le président Hernán Siles Zuazo récupérait une Bolivie en piètre situation économique frappée par l'hyperinflation. Celui-ci ne réussit pas à améliorer l'état du pays et les mécontentements des milieux ouvriers se faisaient de plus en plus importants. Bien qu'il devait terminer son mandat en 1986, Siles Zuazo décide donc de procéder aux élections de manière anticipée. Les principaux aspirants au poste, l'ancien président Víctor Paz Estenssoro et l'ancien président de facto Hugo Banzer Suárez dirigeaient deux partis de droite (à degrés divers) et promettaient de profondes réformes visant à relancer l'économie bolivienne. La participation au scrutin est d'ailleurs importante. Les élections générales de 1985 marquent d'ailleurs le début d'une succession de présidences néolibérales durant vingt ans[1].

Système électoral

La Loi électorale de 1980 définit à son article 45 les personnes bénéficiant du droit de vote. Celui-ci se détaillant comme suit : « Sont citoyens les Boliviens hommes et femmes, majeurs de vingt-et-un ans s'ils sont célibataires ou de dix-huit ans s'ils sont mariés, peu importe leur instruction, leur occupation ou leur rente ».

Postes à pourvoir

Les listes étaient fermées et bloquées. En plus de l'élection du président et du vice-président, il se votait au cours du même processus électoral, les députés, les sénateurs, les maires et les conseillers municipaux.

Élection du binôme présidentiel

Tel que l'établit la Constitution de 1967, la Loi électorale de 1980 prévoit que le président et le vice-président doivent être élus à la majorité absolue du vote populaire, dans le cas contraire, il revient au Congrès national de choisir le président via un vote indirect[2].

Divisions électorales

Comme lors des élections antérieures, deux types de circonscriptions permettent l'élection des politiciens boliviens. D'un côté, la circonscription nationale afin d'y élire le président et le vice-président et de l'autre, les neuf circonscriptions départementales qui permettent l'élection des sénateurs et députés. Des maires et conseillers municipaux y furent également élus, des circonscriptions municipales existaient également à cette fin, celles-ci servaient par contre uniquement aux élections municipales.

En ce qui a trait au Sénat, il s'est maintenu la règle présente depuis les élections générales de 1979, selon laquelle chaque département élirait trois sénateurs. Quant à la Chambre des députés, la distribution de sièges est conforme à celle établie depuis les élections générales de 1980. Le tout se détaillant comme suit[3] :

Département Sénateurs Députés
Chuquisaca 3 13
La Paz 3 28
Cochabamba 3 18
Oruro 3 10
Potosí 3 19
Tarija 3 9
Santa Cruz 3 17
Beni 3 9
Pando 3 7
Total 27 130

Candidatures

Un total de dix-huit candidatures s'est présenté aux élections de 1985, soit le plus grand nombre de l'histoire politique bolivienne. Les règles afin de poser sa candidature pouvaient souffrir d'un manque de clarté ou leur application était défaillante. Ainsi, Jaime Paz Zamora, qui était vice-président lors de la période qui se concluait, a pu être habilité comme candidat à la présidence.

Résultats

Bien que l'Action démocratique nationaliste (ADN) ait gagné la première place au suffrage populaire, celle-ci ne constitue toutefois pas la première force parlementaire, en raison du fait qu'elle ait remporté la première place uniquement dans deux départements, soit ceux de La Paz et de Cochabamba. Même s'il obtient la deuxième place en ce qui a trait au suffrage populaire, le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR) devient tout de même la première force parlementaire avec une majorité de sénateurs et plus de députés que l'ADN[4].

Les électeurs du département de La Paz, qui avaient pourtant majoritairement soutenu en 1980 l'Unité démocratique et populaire (UDP), parti de gauche d'Hernán Siles Zuazo, ont fait remporter en 1985 l'ADN, parti de droite dirigé par l'ancien dictateur Hugo Banzer Suárez[4].

Les résultats des élections générales de 1985 laissent suggérer que la population recherche un gouvernement stable qui aura la fermeté et la capacité de résoudre les problèmes qu'apparemment la gauche n'a pas été capable de faire. Des partis comme le MNR et l'ADN font campagne en mettant l'accent sur les solutions à la situation économique et sociale actuelle et sur l'expérience gouvernementale dont ils bénéficiaient[4].

Le mécontentement vis-à-vis la gestion économique du gouvernement de gauche et le blocus parlementaire des partis de droite sont des raisons qui ont suscité un déplacement du vote vers la droite lors de ces élections, mais également un déplacement global du centre électoral vers la droite[4].

Après l'élection, les partis de gauche décident de soutenir Víctor Paz Estenssoro afin d'empêcher Banzer d'accéder au pouvoir lors de l'élection du président par le Congrès. Essayant d'éviter l'expérience de la période précédente, le MNR nouvellement élu cherche à stabiliser les relations entre l'exécutif et le législatif à travers le Pacte pour la démocratie, qui réunissait déjà les deux tiers des membres de la Chambre des députés et pratiquement tout le Sénat. Ce pacte a permis au système politique d'atteindre un ordre qui a mis exclusivement l'accent sur cette relation entre les pouvoirs et qui a survécu pendant près de deux décennies[4].

Résultats des élections générales boliviennes de 1985[5]
Candidats Parti Votes % Députés Sénateurs
Hugo Banzer Suárez

Eudoro Galindo Anze

Action démocratique nationaliste 493 735 32,83 41 10
Víctor Paz Estenssoro

Julio Garrett Ayllón

Mouvement nationaliste révolutionnaire 456 704 30,36 43 16
Jaime Paz Zamora

Oscar Eid Franco

Mouvement de la gauche révolutionnaire - Nouvelle Majorité 153 143 10,18 15 1
Roberto Jordán Pando

Marcelo Velarde Ortiz

Mouvement nationaliste révolutionnaire de gauche 82 418 5,48 8
Carlos Serrate Reich

Zenón Barrientos Mamani

Mouvement nationaliste révolutionnaire d'avant-garde 72 197 4,80 6
Ramiro Velasco Romero

Wálter Vásquez Michel

Parti socialiste-1 38 786 2,58 5
Antonio Araníbar Quiroga

Óscar Salas Moya

Front du peuple uni 38 124 2,53 4
Genaro Flores Santos

Filemón Escobar Escobar

Mouvement révolutionnaire Túpac Katari de libération 31 678 2,11 2
Luis Ossio Sanjinés

Jaime Ponce García

Parti démocrate-chrétien 24 079 1,60 3
David Añez Pedraza

José Luis Gutiérrez Sardán

Phalange socialiste bolivienne 19 985 1,33 3
Macabeo Chila Prieto

Hermógenes Bazualdo García

Mouvement révolutionnaire Túpac Katari 16 269 1,08
Guillermo Lora Escobar

Ascencio Cruz Cruz

Parti ouvrier révolutionnaire 13 712 0,91
Raúl Catacora Córdova

Guido Capurata Mamani

Action civique populaire 12 918 0,86
Francisco Figueroa

Marcos Chuquimia

Mouvement nationaliste révolutionnaire de gauche-1 11 696 0,78
Isaac Sandóval Rodríguez

Luis Luján Ticona

Gauche unie 10 892 0,72
Luís Fernando Mostajo Cavero

Delfín Berdeja Taboada

Force nationale progressiste 9 635 0,64
Juan Santa Cruz

Adolfo Murillo Blanco

Action humaniste révolutionnaire 9 420 0,63
Humberto Cayoja Riart

Antonio Chiquíe Dippo

Alliance nationale de renouvellement 8 665 0,58
Votes valides 1 504 056 71,33
Votes blancs 126 800 7,34
Votes nuls 97 509 5,64
Total 1 728 365 100 130 27
Abstention 308 093 18,03
Inscrits/participation 2 108 458 81,97

Vote du Congrès

Le , le Congrès national se réunit pour élire le président de la République, procédure prévue par la Constitution lorsqu'aucun candidat n'obtient la majorité absolue lors du vote populaire[6]. Le candidat du MNR, Víctor Paz Estenssoro, est élu président de la Bolivie, obtenant l'appui de la majeure partie des groupes politiques.

Candidat présidentiel Partis Votes
Víctor Paz Estenssoro (MNR) MNR, MIR, MNRI, MNR-V, PDC, MRTKL 94
Hugo Banzer Suárez (ADN) ADN 51
Abstention PS-1, FSB, FPU 12
Total 157

Notes et références

  1. (en) Union interparlementaire, Bolivie - Archive des résultats des élections parlementaires - 1985, Genève, 2 p. (présentation en ligne, lire en ligne), p. 1-2
  2. (es) República de Bolivia, Constitución Política de Bolivia de 1967 con reformas de 1994, La Paz, (lire en ligne), art. 90
  3. « Atlas Electoral de Bolivia, Tomo 1 » (consulté le )
  4. (es) Órgano Electoral Plurinacional, « Atlas Electoral v. 2 - Elecciones Generales 1985 », sur atlaselectoral.oep.org.bo, (consulté le )
  5. Elections in the Americas : a data handbook / ed. by Dieter Nohlen, Vol. 2. [Oxford] [u.a.]: Oxford Univ. Press, 2005. P.151.
  6. « Paz Zamora, presidente de Bolivia tras 15 horas de debate parlamentario », El País, (consulté le )
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