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Édouard Otlet

Édouard Barthélemi Lucien Joseph Otlet[1], à Bruxelles le et mort à Blanquefort le , est un politicien et entrepreneur belge du XIXe siècle. Il se lance dans le secteur des tramways.

Edouard Otlet
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  65 ans)
Blanquefort
Nationalité
Activité
Enfants
Paul Otlet
Maurice Otlet (d)
Autres informations
Parti politique
Édouard Otlet en 1887

Ses succès lui valent le titre de roi des tramways dans les années 1880[2].

Il est présent dans toute l'Europe. À l'aube du XXe siècle, son entreprise florissante subit des revers répétés. La banqueroute intervient au moment de la crise économique de 1900. Sa collection d'œuvre d'art est alors vendue[3]. Son fils, Paul Otlet, l'un des fondateurs de l'Office International de Bibliographie ou du Mundaneum, hérite de l'esprit d'entreprise de son père.

Origines familiales et vie privée

Edouard Barthélémi Lucien Joseph Otlet est né à Bruxelles le 13 juin 1842[4]. Ses parents, Charles Joseph Désiré Otlet, né à Morlanwelz le 14 avril 1813, à l'origine professeur de langues puis négociant, et Aurélie Josèphe Dupont, marchande, née à Renaix le 6 mai 1813 et résidant alors à la rue de la Madeleine à Bruxelles, s'étaient mariés à Bruxelles[5] en 1837. Leur négoce, et puisque Aurélie Josèphe Dupont étant originaire de Renaix - une ville vouée au textile - , était évidemment un négoce de textiles. Ainsi, à l'Exposition des produits belges de 1847[6], Joseph Otlet-Dupont présentait trois belles pièces de textiles. En 1851, il est mentionné dans l'Almanach du commerce et de l'industrie pour ses tissus de laine et soies, au Midi, n° 22. Par ailleurs, Joseph Otlet-Dupont était propriétaire d'un grand nombre de terrains notamment à Bruxelles[7], dans le quartier du boulevard du Midi, ainsi qu'à Anderlecht, dans le quartier Cureghem et dans la rue Brogniez, pour lesquels il obtint de tracer des rues pour y former de nouveaux quartiers et sur lesquels il éleva des constructions. La rue des Foulons[8] constituait l'axe principal du lotissement planifié par Joseph Otlet-Dupont. Enfin, il était également homme politique, qui se présenta aux élections locales, et il fut ainsi conseiller communal à Bruxelles, mais aussi sans succès aux élections législatives sur une Liste unioniste pour l'arrondissement de Bruxelles[9] aux élections de 1857 et en 1859. Charles Joseph Désiré Otlet, veuf, est mort à Uccle[10] le 11 décembre 1897, en son domicile du n° 683 de l'avenue Brugmann. Il avait survécut à son épouse, Aurélie Josephe Dupont, morte à Bruxelles le 12 avril 1868, près de 30 ans...

Leur fils, Edouard Otlet, alors qualifié de banquier et résidant au no 47 du boulevard du Midi, épouse en premières noces à Bruxelles[11] le 10 avril 1866 Marie Adolphine Jeanne, dite Maria Van Mons, née à Bruxelles le 3 juillet 1846, résidant à Bruxelles, au no 8 de la rue d'Accolay, fille de l'avocat Michel Barthélémi Louis Van Mons, résidant à Bruxelles, et de son épouse Marie Louise Elisabeth Verhaeren. Notons aussi que Marie Adolphine Jeanne Van Mons était la cousine germaine de l'écrivain et poète Émile Verhaeren[12]. De ce premier mariage d'Edouard Otlet sont issus Paul Otlet, né à Bruxelles en 1868, et Maurice Otlet, né en 1869 qui développa aussi avec son père la station balnéaire de Westende. Marie Adolphine Jeanne Van Mons est morte le 4 mai 1871.

En secondes noces, le 27 septembre 1876 à Ixelles, résidant au n° 20 de la rue Vautier et alors qualifié d'industriel, Edouard Otlet épouse[13] Marguerite Louise Valérie Linden, née à Schaerbeek le 7 septembre 1851, résidant à Ixelles, au n° 8 de la rue Vautier, fille de Jean Linden, résidant à Ixelles et consul général du Grand Duché de Luxembourg, commandeur des ordres de Léopold, de la couronne de chêne, de Stanislas avec couronne, de François Joseph, de la couronne d'Italie et officier de plusieurs autres ordres, et de son épouse Anne Elisa Reuter. Plusieurs enfants naîtront de ce second mariage.

L'homme des tramways dans la Belgique industrielle

C'est en 1867 qu'Édouard Otlet se lance dans la construction et l'exploitation de chemin de fer dans le nord de la France. Il est associé à André Lebon, qui vient de quitter les entreprises Philippart[14] - [15].

En 1875, il réoriente son activité et crée sept sociétés de tramways disséminées dans toute l'Europe. Sa fortune est suffisante pour lui permettre d'acquérir en 1880, l'île du Levant, située en Méditerranée[16]. Il commence à mettre sur pied une collection d'œuvres d'art dans sa demeure, chaussée de Charleroi à Bruxelles. Elle contient des tableaux issus de diverses époques, du Moyen Âge à la période plus contemporaine : un Memling, La déposition du Christ ; Le Christ descendu de la Croix de Jan Mostaert ; un triptyque de Rogier van der Weyden ; un Rubens, le Temps enlevant la Vérité et un Turner, Une vue de Venise[17].

Westende, station balnéaire

Après avoir achevĂ© la ligne Ostende-Torhout-Armentières en 1874, l'homme d'affaires acquiert des terrains de chasse Ă  proximitĂ© de la ville d'Ostende qui jouit alors d'un dĂ©veloppement touristique unique. 64 hectares de dunes sont acquis au hasard d'une promenade pour 35 000 Francs[18]. Le projet est d'y fonder une ville. Édouard et son fils aĂ®nĂ©, Paul, vont investir ce terrain. En 1896, une infrastructure hĂ´telière, l'hĂ´tel des Bains, est ouverte avec sa salle des fĂŞtes, La Terrasse. C'est l'architecte Alban Chambon qui a procĂ©dĂ© Ă  l'amĂ©nagement intĂ©rieur. Paul Otlet prend les rĂŞnes de Westende peu après. L'amĂ©nagement de son hĂ´tel particulier, l'HĂ´tel Otlet[19], après son mariage avec Fernande Gloner, lui ouvre des perspectives nouvelles en matière d'architecture[20]. Avec l'aide Octave van Rysselberghe et Henry Van de Velde, l'habitation, situĂ©e rue de Florence, est construite dans le style Art nouveau entre 1894 et 1898[21]. Ă€ partir de cette expĂ©rience, l'art et l'architecture vont dominer l'avenir de Westende.

Homme Politique

En 1894, Édouard Otlet mène campagne pour le Parti Catholique dans la province du Luxembourg et est élu au Sénat pour un mandat de 6 ans. Lors de ces élections législatives, la représentation proportionnelle entre en vigueur (extension du suffrage). La majorité catholique s'installe donc au pouvoir avec une solide majorité, 173 élus dont 69 sénateurs. L'opposition compte 79 élus, socialistes et libéraux confondus[22].

Notes et références

  1. Académie royale - Biographie d'Édouard Otlet p.315
  2. Kurgan, Jaumain, Montens, Dictionnaire des Patrons en Belgique, De Boeck Université, Bruxelles, 1996, pp. 496-497.
  3. Catalogue des tableaux (Ă©coles gothique, renaissance, moderne), tapisserie, objets d'art, meubles de la vente collection Otlet, Bruxelles, 1902, 62 p.
  4. Acte de naissance de la ville de Bruxelles, no 2169, du 14 juin 1842. Le père, qui signe Joseph Otlet, est qualifié de négociant, et réside avec son épouse à la place de la Vieille Halle aux Blés, no 32.
  5. Acte de mariage de la ville de Bruxelles, no 682, du 9 août 1837. Les parents du futur époux étaient Jean Joseph Otlet, cultivateur à Morlanwelz, et Désirée Delfossse. Les parents de la future épouse étaient feus Martin Joseph Dupont et Bonne Josèphe Busine. Les témoins étaient Charles Bareel, employé, âgé de 29 ans et résidant à Bruxelles, Charles Berard, contrôleur du cadastre, âgé de 40 ans et résidant à Tervuren, Jules Pelegrie, âgé de 23 ans, fabricant à Renaix, et Augustin Otlet, âgé de 22 ans, cultivateur à Morlanwelz, et frère du futur époux.
  6. Catalogue de l'Exposition de produits belges à Bruxelles, 1847, no 722, page 154 : M. Joseph Otlet-Dupont, à Bruxelles, présentait une pièce de toile blanche de trois aunes de longueur, une pièce paramatta, double croisé, une pièce Orléans.
  7. Journal de procédure ou Cahiers mensuels à l'usage des juges de paix, des avocats, des avoués, des notaires des greffiers et des huissiers , Volume 17, Bruxelles, 1864, pages 341 et suivantes.
  8. Le patrimoine monumental de la Belgique, Bruxelles, volume I, tome B, Mardaga, page 86, v° R. des Foulons.
  9. Revue Générale, XVIIe année, tome XXXIII, Bruxelles, 1881, page 552.
  10. Registre de décès de la commune d'Uccle pour l'année 1897, acte n° 264 du 12 décembre 1897. Les déclarants du décès étaient ses fils Edouard Otlet, sénateur, âgé de 55 ans et Adolphe Otlet, âgé de 52 ans, sans profession, tous deux domiciliés à Saint-Gilles.
  11. Acte de mariage de la ville de Bruxelles, n° 428. Les témoins étaient le notaire ixellois Henri Casimir Louis Van Mons, âgé de 50 ans, oncle de la future épouse, le négociant bruxellois Célestin Warocquier, âgé de 58 ans, oncle du futur époux, le frère de la future épouse, Emile Jean Marie Van Mons, âgé de 21 ans et résidant à Bruxelles, et Augustin Otlet, âgé de 50 ans, propriétaire à Morlanwelz, oncle du futur époux.
  12. La mère de Maria Van Mons était Marie-Louise Elisabeth Verhaeren (née à Bruxelles en 1812 - morte en 1893) qui avait épousé à Bruxelles en 1843 Michel Louis Barthélemy Van Mons (né à Bruxelles en 1817 - mort en 1906). Le père de celle-ci était Jean-Baptiste Verhaeren (né à Bruxelles en 1781 - mort à Schaerbeek en 1851), négociant à Bruxelles, qui avait épousé à Bruxelles en 1807 Marie-Jeanne Antoinette Van Mons (née à Bruxelles en 1783 - morte à Bruxelles en 1824). Le fils de ces derniers, qui était donc le frère de Marie-Louise Elisabeth Verhaeren, était Henri Gustave Marie Gérard Gustave Verhaeren (né à Bruxelles en 1817 - mort à Saint-Amand en 1888) qui avait épousé à Saint-Amand en 1853 Adélaïde De Bock (née à Saint-Amand en 1817 - morte à Bornem en 1888). Ces derniers sont les parents d'Emile Verhaeren (né à Saint-Amand en 1855 - mort à Rouen en 1916).
  13. Acte de mariage d'Ixelles, n° 225. Les témoins étaient Lucien Linden, rentier à Gand, âgé de 23 ans et frère de la future épouse, Auguste Charles Joseph Linden, âgé de 26 ans, sous-lieutenant aux grenadiers, résidant à Ixelles et frère de la future épouse, le juge de paix à Audenarde Hector Soenens, âgé de 39 ans et beau-frère du futur époux, et l'ingénieur Fernand Guillon, âgé de 36 ans et résidant à Saint-Gilles, beau-frère du futur époux.
  14. Ginette Kurgan - Van Hentenryk, Rail, finance et politique : les entreprises Philippart (1860-1890), Bruxelles, éditions de l'Université Libre de Bruxelles, 1982, 392 p.
  15. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k210066z/f1.image.r=Bulletin%20des%20lois.langFR.swfv
  16. Il la rachète Ă  Madame Philippart selon Françoise Levie, l'homme qui voulait classer le monde, 2007, p. 23. Voyez aussi : Claude Gritti, Les enfants de l'ĂŽle du Levant, 1999, Ĺ“uvre de fiction mais bien documentĂ©e qui nous dit qu'en 1880, les 937 hectares de l'ĂŽle du Levant sont vendus Ă  Mme Marguerite Linden, Ă©pouse d'Edouard Otlet. En 1 883,65 hectares sont encore vendus Ă  Joseph Otlet-Dupont, comme mandataire de son fils. Avec cette acquisition, la quasi-totalitĂ© de l'Ă®le appartient aux Otlet. Dès 1892, la plus grande partie de l'Ă®le est remise en vente. En 1928, les hĂ©ritiers Otlet vendent les 65 hectares qui leur appartenaient encore.
  17. En raison de la banqueroute qui frappe sa société, la collection fait l'objet d'une vente publique le 19 décembre 1902. Catalogue des tableaux école gothique- renaissance- Moderne tapisseries objets d'art meubles de la vente collection Otlet ayant lieu en la salle Sainte Gudule le vendredi 19 décembre 1902, Bruxelles, 62 pages.
  18. Marc Constandt, Westende in de Belle Époque. Van Exclusieve badplaats tot spookstad, Brugge, 2007, p. 9-12
  19. Description de l'HĂ´tel Otlet sur le site officiel de l'inventaire du patrimoine architectural de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale
  20. Voir Ă  ce sujet le livre sous la direction de Jacques Gille : Paul Otlet, fondateur du Mundaneum (1868-1944), Architecte du savoir, Artisan de paix, Les impressions nouvelles, 2010.
  21. Visite de l'habitation
  22. Xavier Mabille, Histoire politique de la Belgique. Facteurs et acteurs de changements, CRISP, Bruxelles, édition complétée 1992, p. 193-194.

Bibliographie

  • M. Dumoulin, notice de la biographie nationale, XLI, fasc.2, 1980, col.601-612.
  • [PDF] AcadĂ©mie royale - Biographie d'Édouard Otlet p. 315.
  • L. De Ryck, Otlet en zonen, projectontwikkelaars en bouwheren van een internationale imperium in het openbaar vervoer (1864-1914), thèse V.U.B., 1988-1989.
  • M. Constandt, Westende in de Belle Époque. Van exclusieve badplaats tot spookstad, Brugge, De Klaproos, 2007.
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