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Écotron

Un écotron[1] - [2] est un dispositif expérimental et instrumenté en écologie qui permet simultanément de conditionner l’environnement d’écosystèmes naturels, simplifiés ou complètement artificiels et de mesurer des processus générés par les êtres vivants présents dans ces écosystèmes, notamment les flux de matière et d’énergie. Son principe est de confiner les écosystèmes dans des enceintes totalement ou partiellement étanches (i.e. étanche en matière mais pas en énergie) aptes à générer une gamme de conditions physiques et chimiques appliquées sur des écosystèmes terrestres ou aquatiques, continentaux ou marins. Le contrôle environnemental et les mesures en temps réel sont suffisamment précis pour permettre de tester des hypothèses ou des modèles de fonctionnement. À cet effet, les enceintes sont dotées d’un appareillage important permettant de mesurer en continu des flux, des états ou des caractéristiques biologiques. D’autres mesures ponctuelles, in situ et ex situ, sur des échantillons prélevés complètent ces mesures en ligne. Un nombre suffisant d’enceintes de confinement, indépendantes, est nécessaire pour assurer l’étude de plusieurs facteurs en interaction, dans un cadre d’inférence statistique.

Selon les cas, on parle de macrocosme quand l'espace est assez grand pour étudier plusieurs m3 d'écosystème reconstitué durant un pas de temps se mesurant généralement en années (3-5 ans ou plus par exemple), de microcosme pour des volumes se mesurant en décimètres cubes (étude d'écosystèmes fongiques, bactériens, du sol, etc.) et de mésocosme pour les situations intermédiaires.

Missions

Les Ecotrons sont conçus pour que les chercheurs puissent contrôler certains paramètres du milieu et également mesurer avec grande précision sur des pas de temps significatifs certains flux et les réponses biologiques et écologiques à une modification d'un ou plusieurs des paramètres contrôlables[3] - [4]. Les Ecotrons bénéficient d'un label Très Grande Infrastructure de Recherche (TGIR) du Ministère de la Recherche et du CNRS depuis 2009[5]. Ils servent la communauté de recherche des écologues[6], des sciences agronomiques, de la biologie de l'évolution et des organismes, mais aussi des sciences de l'atmosphère et de la planète.

Exemple

En France

Entrée de l'Ecotron d'Île-de-France à Saint-Pierre-lès-Nemours

La TGIR Ecotrons du CNRS est utilisée pour étudier l’impact des modifications environnementales sur le fonctionnement des écosystèmes dans leur globalité. Elle comprend à l'heure actuelle l'Ecotron Européen de Montpellier[7] situé sur le campus de Baillarguet et dont la première pierre a été posée par le CNRS le [8] et l'Ecotron IleDeFrance[9] situé sur le site de l'École normale supérieure à Foljuif en Seine-et-Marne et dont la première unité a été installée en 2008[10]. Ces deux infrastructures permettent d'étudier principalement l'impact des variations de CO2, de la température et de l'hygrométrie, d'autres paramètres pouvant aussi varier à la demande dans l'Ecotron IleDeFrance[11].

Les chercheurs disposent de quatre approches spatiotemporelles possibles ;

  • Le plateau « macrocosmes » en fonctionnement Ă  Montpellier (12 enceintes de conditionnement de 35 m3 sous lumière naturelle, se succĂ©dant) permettra l'Ă©tude de rĂ©ponses in situ et Ă  « moyen terme » (3 Ă  5 ans) de systèmes biologiques contrĂ´lĂ©s ou manipulĂ©s.
  • Le plateau « mĂ©socosmes » en cours de dĂ©veloppement Ă  Montpellier (24 modules sous lumière naturelle) qui peuvent ĂŞtre associĂ©s par deux ou par quatre. Ils sont consacrĂ©s aux Ă©tudes Ă  court terme (de trois mois Ă  deux ans).
  • Le dispositif de l'ECOLAB (brevet CNRS-CESBRON 08/05951) en fonctionnement Ă  Foljuif qui comprend trois cellules environnementales indĂ©pendantes et sous lumière artificielle autorisant ainsi le confinement de petits Ă©cosystèmes modèles dans des conditions de contrĂ´le maximal par rapport aux autres dispositifs[11].
  • Le plateau « microcosmes »en cours de dĂ©veloppement Ă  Montpellier offrira des plans de travail pouvant recevoir des microĂ©cosystèmes de 1 Ă  200 dm3, Ă©quipĂ©s de capteurs pour la mesure fine de processus biologiques de base (photosynthèse, respiration, transpiration…).

Des appels à propositions ou appels à manifestation d'intérêt[12] inviteront les chercheurs français et des équipes internationales à proposer des expériences à réaliser dans cet équipement. Les Ecotrons ont été financés par le CNRS, le conseil régional de Languedoc-Roussillon et le conseil général de l'Hérault et par le conseil régional d'Île-de-France. Leur fonctionnement scientifique est coordonné par l'Institut Écologie Environnement du CNRS[6].

En Angleterre

L'Ecotron de Silwood Park est partiellement fermé[13] et les États-Unis d'Amérique envisagent le développement d'un dispositif inspiré des Ecotrons français (projet Variable Atmospheric Laboratory de l'Université d'Arizona[14]).

Exemples d'utilisation

Le CNRS cite à titre d'exemples quelques usages possibles pour un Écotron :

  • Mise Ă  l'Ă©preuve de modèles ou thĂ©ories Ă©cologiques et relatives Ă  la complexitĂ© Ă©cologique et rĂ©ponses physiologiques fonctionnelles d'organismes et communautĂ©s vĂ©gĂ©tales ou microbiennes Ă  l'Ă©chelle Ă©cosystĂ©mique, par les tests in situ et la reproductibilitĂ© des expĂ©riences
  • ParamĂ©trisation de modèles de dynamique des populations face Ă  un changement d’aires de distribution induit par le dĂ©règlement climatique
  • ParamĂ©trisation ou mise Ă  l'Ă©preuve de modèles de fonctionnement Ă©cosystĂ©mique ou d'organismes dans certains contextes
  • Expression des gènes et interactions gĂ©notype-environnement, comparaison de rĂ©ponses physiologiques et adaptatives de gĂ©notypes exposĂ©s Ă  certaines variations de l'environnement
  • RĂ©ponse des rĂ©seaux trophiques face aux contraintes ou modifications du milieu
  • MĂ©canismes d'interactions durables, de complĂ©mentaritĂ© d'utilisation des ressources par diffĂ©rentes espèces
  • Interactions climat/microclimats-biodiversitĂ©
  • ConsĂ©quences Ă©cosystĂ©miques d'Ă©vĂ©nements extrĂŞmes, et impacts sur la biodiversitĂ©
  • Évaluation ou mise au point de techniques d'ingĂ©nierie Ă©cologique, dont au service des services Ă©cosystĂ©miques (qui pourront aussi ĂŞtre mieux Ă©valuĂ©s, quantitativement et qualitativement)
  • Fractionnement et discrimination isotopique
  • Test et calibrage de capteurs et d'instrumentation utiles pour l'Ă©valuation ou le biomonitoring de processus Ă©cosystĂ©miques, etc.

Notes et références

  1. [PDF]écosystème 2008 sur www.roadmaptgi.fr
  2. Lawton, J. H., Naeem, S., Woodfin, R. M., Brown, V. K., Gange, A., Godfray, H. J. C., Heads, P. A., Lawler, S., Magda, D., Thomas, C. D., Thompson, L. J. & Young, S. (1993) The Ecotron - a Controlled Environmental Facility for the Investigation of Population and Ecosystem Processes. Phil. Trans. R. Soc. B, 341, 181-194.
  3. Lawton, J. H. (1996) The Ecotron facility at Silwood Park: The value of big bottle experiments. Ecology, 77, 665-669.
  4. Loreau, M. (1998) Biodiversité et fonctionnement des écosystèmes. Sciences de la vie. Lettres des départements scientifiques du CNRS. Supplément BIO n°81, p. 3-7. Centre National de la Recherche Scientifique, Paris.
  5. TGIR Ecotrons CNRS sur www.foljuif.ens.fr
  6. Ecotron, une grande infrastructure pour l'Ă©cologie sur www.cnrs.fr
  7. Site de l'Ecotron Européen de Montpellier
  8. Information d'Actu-environnement 2007/03/25
  9. Bienvenue au CEREEP - Ecotron IleDeFrance ! UMS 3194 Ens CNRS
  10. [PDF]Lettre de l'école normale supérieure de mai 2008
  11. Système Ecolab
  12. [PDF]1er appel à manifestation d'intérêt (PDF, 2,86 M0), consulté 2010 03 26
  13. (en) The Ecotron Soil Biodiversity Experiment Research Team
  14. (en) Design and Scientific Merit of the Variable Atmosphere Laboratory (VAL)

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Lawton, J. H., Naeem, S., Woodfin, R. M., Brown, V. K., Gange, A., Godfray, H. J. C., Heads, P. A., Lawler, S., Magda, D., Thomas, C. D., Thompson, L. J. & Young, S. (1993) The Ecotron - a Controlled Environmental Facility for the Investigation of Population and Ecosystem Processes. Phil. Trans. R. Soc. B, 341, 181-194.
  • Lawton, J. H. (1996) The Ecotron facility at Silwood Park: The value of big bottle experiments. Ecology, 77, 665-669.
  • Loreau, M. (1998) BiodiversitĂ© et fonctionnement des Ă©cosystèmes. Sciences de la vie. Lettres des dĂ©partements scientifiques du CNRS. SupplĂ©ment BIO n°81, pp. 3-7. Centre National de la Recherche Scientifique, Paris.


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