Accueil🇫🇷Chercher

Zápara

Les Zápara (parfois orthographié Sapara) sont un peuple indigène d'Amazonie présents au Pérou et en Équateur. Ils appartiennent à l'ensemble linguistique zaparoan.

Le patrimoine oral et les manifestations culturelles du peuple Zápara *
Pays * Drapeau de l'Équateur Équateur
Drapeau du PĂ©rou PĂ©rou
Liste Liste représentative
Année d’inscription 2008
Année de proclamation 2001
* Descriptif officiel UNESCO

Les territoires Zápara

Ils vivent le long des fleuves Conambo et Pindoyacu et sur le haut Curaray en Équateur (province de Pastaza), et le long du Tigre au PĂ©rou dans la province du Loreto. Ils possĂ©daient autrefois un territoire beaucoup plus vaste qui s’étendait (du XVIIIe et XIXe siècle) de près de 12 000 km2 des rĂ­os Pastaza Ă  Curaray et du piĂ©mont andin Ă  la frontière pĂ©ruvienne.

Le nom « Záparo » vient du panier fait de lianes bejuco fendues en deux et deux fois tressées, entre lesquelles des feuilles imperméables sont placées, et d’un couvercle travaillé de la même façon, dont les Zápara se servent pour mettre leurs vêtements et autres biens au sec (Simson 1877). Eux-mêmes s’autodésignent káyapwö (Tessmann 1999).

Aujourd'hui ils se dĂ©signent comme "Zápara". Ils sont estimĂ©s Ă  250 personnes en Équateur et une centaine au PĂ©rou.

En Équateur, ils sont reconnus comme formant l’une des treize nationalités indigènes (voir : Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur - CONAIE).

Histoire des Zápara

Les Zápara sont considérés comme les premiers occupants de la région amazonienne qu’ils occupent toujours aujourd’hui. Avec d’autres populations du même groupe ethno linguistique, de la famille Záparo, ils formaient l’un des peuples les plus nombreux de l’ouest du bassin amazonien. Les populations Gae et Semigae ont disparu. Seuls subsistent encore aujourd'hui à côté des Zápara :

Destruction et assimilation

Ă€ la fin du XVIIe siècle, Ă©poque des premiers contacts avec les colons venus d’Europe, on estime leur nombre Ă  plus de 100 000 personnes. Un siècle plus tard au dĂ©but de la « fièvre du caoutchouc » il n’étaient plus que 20 000. DĂ©cimĂ©s par les massacres, les Ă©pidĂ©mies apportĂ©es par les nouveaux arrivants, l’esclavagisme et le travail forcĂ© dans les plantations d'hĂ©vĂ©as, les guerres et les conflits avec d’autres groupes dĂ©logĂ©s de leurs propres territoires, assimilĂ©s par la culture nationale Ă©quatorienne.

La division entre Équateur et Pérou

Les derniers survivants sont séparés par le conflit territorial entre l’Équateur et le Pérou en 1941 (le Pérou annexant la plus grande part de l’Amazonie équatorienne). En 1975, un texte publié en Équateur affirme : «Dans ce pays, les Zápara ont officiellement disparu».

Patrimoine culturel immatériel de l'humanité

En 2001, leurs manifestations culturelles et orales ont été inscrites sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l’UNESCO. Cette reconnaissance, a permis la mise en place par les locaux ou autochtones, soutenus par des associations et parcimonieusement par les gouvernements de l’Équateur et du Pérou, de programmes de renaissance de la langue et de la culture Záparo.

On compte aujourd'hui en Équateur moins de cinq locuteurs « fluides Â» (et âgĂ©s) de la langue. Au PĂ©rou, il n'y a plus aucun locuteur. Pour pallier cette situation, de façon volontaire, les Zápara ont choisi de mettre en place un système Ă©ducatif trilingue (zápara, kichwa, espagnol), oĂą les derniers locuteurs enseignent aux enfants la langue : vocabulaire, chants[1]. Un dictionnaire a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Carlos Andrade, et distribuĂ© aux familles. MalgrĂ© de grandes difficultĂ©s et le manque de moyens, cet apprentissage produit dĂ©jĂ  des rĂ©sultats parmi la jeune gĂ©nĂ©ration. Les premiers futurs professeurs zápara sont en formation, ce qui reprĂ©sente un espoir supplĂ©mentaire face Ă  la grande difficultĂ© de trouver des enseignants, les mĂ©tis s'adaptant mal aux conditions de vie amazoniennes. L’UNESCO a Ă©galement commandĂ© une Ă©tude linguistique complète de la langue Záparo publiĂ©e en 2008.

Les langues usuelles actuelles sont principalement celles des populations voisines qui se sont installées sur le territoire traditionnel Zápara et mêlées à eux: le kichwa (quechua) en premier lieu, et l'espagnol dans une moindre mesure puisque l'on remarque que les femmes le maitrisent peu ou pas.

La culture Zápara

Autrefois semi-nomades, les Zápara ont développé une culture orale riche de connaissances sur leur environnement naturel, comme l'attestent le vocabulaire sur la faune et la flore, les pratiques thérapeutiques associées à la connaissance des plantes médicinales de la forêt[2]. Ce patrimoine culturel s’exprime à travers leur cosmologie et leur mythologie ainsi qu’à travers leurs rituels[3], leurs pratiques artistiques et leur langue, dépositaire des mythes et légendes qui retracent l’histoire de leur peuple, mais aussi celle de toute la région[4].

La destruction du territoire Zápara

Actuellement, et comme d'autres populations voisines du piémont et des basses terres amazoniennes d'Équateur et du Pérou, les Zápara tentent de s’opposer à l’exploitation des ressources minières, forestières et principalement pétrolières de leur territoire.

Le pétrole amazonien

L'Équateur est un producteur important (530 kbbl/j de brut) disposant de vastes réserves dans l'Oriente, en particulier dans le bassin du Putumayo (près de 5 Gbbl), même s'il s'agit presque uniquement de pétrole lourd chargé en soufre. Du côté péruvien de nouveau gisements de gaz, dans la région de Camisea en Amazonie péruvienne permettent l'exportation de gaz naturel dans la basse vallée du Río Urubamba (1,88 milliard de m³ en 2007) [5] - [6] et de nouvelles réserves de pétrole lourd ont été identifiées dans le bassin du Marañón dans la province du Loreto.

La construction par des compagnies pétrolières, sous concession octroyées par l’État équatorien, de puits de pétrole, la construction d'oléoducs, et de routes, met gravement en danger l’intégrité du territoire et de l’écosystème, le mode de vie et l'éventuelle renaissance culturelle du peuple Zápara[7].

La Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur

Bartolo Ushigua représentant Zápara au IIe congrès de la CONAIE 2004

En Équateur, depuis quelques années, les Zápara ont créé leur organisation, qui leur permet de se faire entendre au niveau régional à travers la CONFENIAE – (Confédération des Nationalités Indigènes de l’Amazonie Équatorienne), et au niveau national, au travers de la CONAIE (Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur).

Notes et références

  1. http://www.unesco.org/courier/2000_04/fr/doss02.htm
  2. http://cths.fr/co/communication.php?id=3868
  3. Bilhaut, Anne-Gaël, « Biographie d’un esprit au corps brisé. Les pierres magiques des anc... », sur revues.org, Journal de la Société des américanistes, Société des américanistes, (ISSN 0037-9174, consulté le ), p. 237–254.
  4. Jolly, Éric, « Erikson Philippe (éd.), La pirogue ivre. Bières traditionnelles en ... », sur revues.org, Journal de la Société des américanistes, Société des américanistes, (ISSN 0037-9174, consulté le ).
  5. http://www.suezenergyint.com/content_fr/activities/southamerica/peru_tgp.asp
  6. http://www.oilwatch.org/2005/francais/documentos/petroleo/peru2002fra.pdf
  7. « Équateur : le peuple Sapara menacé par l’extraction pétrolière », Le journal international,

Annexes

Bibliographie

  • (es) Carlos Andrade Pallares, Kwatupama Sapara, Palabra Zápara. Quito : PRODEPINE, 2001. (dictionnaire trilingue zapara/kichwa/espagnol)
  • (en) Anne-GaĂ«l Bilhaut, « The Zápara Indians : the consecration of an endangered people », Museum International, 218 (vol. 55, no 2), Paris, UNESCO, 2003a : 25-30.
  • (es) Anne-GaĂ«l Bilhaut, « “Soñar, recordar y vivir con eso”. Los sueños de los Záparas en la construcciĂłn del pasado, Amazonia Ecuatoriana », Estudios Atacameños, 26, San Pedro de Atacama, Chili, universitĂ© catholique du Nord, Instituto de investigaciones arqueolĂłgicas, Museo R.P. Gustavo Le Paige S.J., 2003b: 61-70.
  • (es) Anne-GaĂ«l Bilhaut, SituaciĂłn de la Nacionalidad Zápara y sus Organizaciones: Ecuador y PerĂş. Unpublished MS, 2005.
  • Anne-GaĂ«l Bilhaut, « L’adieu aux Zápara », in Philippe Erikson (ed.), La Pirogue ivre. Bières traditionnelles en Amazonie, Saint-Nicolas-de-Port, musĂ©e français de la brasserie, 2006a: 87-90.
  • Anne-GaĂ«l Bilhaut, « Biographie d’un esprit au corps brisĂ©. Les pierres magiques des ancĂŞtres zapara d’Amazonie : des sujets du passĂ© », Journal de la SociĂ©tĂ© des amĂ©ricanistes, 2006, tome 92, no 1 et 2: 237-254.
  • Anne-GaĂ«l Bilhaut, Le RĂ©veil de l’immatĂ©riel. La production du patrimoine onirique des Indiens Zápara (Haute Amazonie). Thèse de doctorat en ethnologie (universitĂ© Paris X-Nanterre), 2007.
  • (es) Anne-GaĂ«l Bilhaut, El sueño de los Záparas. Patrimonio onĂ­rico de un pueblo de la Alta AmazonĂ­a. Quito : Abya Yala & Flacso Ecuador, 2011.
  • Anne-GaĂ«l Bilhaut, Des nuits et des rĂŞves. Construire le monde zapara en Haute Amazonie. Nanterre : SociĂ©tĂ© d'ethnologie, coll. Anthropologie de la nuit, 2011. (ISBN 978-2901161950)
  • (es) Gaetano Osculati, ExploraciĂłn de las Regiones Ecuatoriales a travĂ©s del Napo y del los RĂ­os de las Amazonas. Quito : Abya-yala, 2000 [1848]
  • (en) Catherine Peeke, « Structural Summary of Záparo Â». In Studies of Ecuadorian Indian Languages. Benjamine Elson, p. 125–216. Norman, SIL, University of Oklahoma, 1962.
  • (es) Catherine Peeke, Bosquejo Grammatical del Záparo. Revised by Mary Ruth Wise and Stephen H. Levinson. Cuadernos EthnolingĂĽĂ­sticos 14. Quito, Ecuador, Instituto LingĂĽĂ­stico de Verano, 1991.
  • (en) Alfred Simson, « Notes on the Záparo ». Journal of the Anthropological Institute of Great-Britain and Ireland, 1877, 7 : 502-510.
  • (es) GĂĽnter Tessmann, Los indĂ­genas del PerĂş Nororiental. Investigaciones fundamentales para un estudio sistemático de la cultura. Quito : Abya-Yala, 1999 (1930)
  • (en) Maximilian Viatori, The Language of authenticity: Shifting Constructions of Zapara Identity, the Politics of Indigenous Representation, and the State in Ecuador. Ph.D. Dissertation, Department of Anthropology, universitĂ© de Californie Ă  Davis, 2005.

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.