Wilhelm Burgdorf
Wilhelm Emanuel Burgdorf, né le et mort le , est un officier général allemand, qui a occupé le poste de « premier aide de camp » de Hitler au cours des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale.
Wilhelm Burgdorf | |
Naissance | FĂĽrstenwalde, province de Brandebourg |
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Décès | Berlin, Troisième Reich |
Origine | Allemand |
Allégeance | Empire allemand République de Weimar Troisième Reich |
Arme | Heer de la Wehrmacht |
Grade | General der Infanterie |
Années de service | 1915 – 1945 |
Commandement | Infanterie-Regiment 529 |
Conflits | Première Guerre mondiale Seconde Guerre mondiale |
Distinctions | Croix de chevalier de la croix de fer |
Biographie
Burgdorf s'engage le , après le début de la Première Guerre mondiale, comme volontaire dans le 12e régiment de grenadiers de l'armée prussienne. À partir du , il rejoint le front où il est promu lieutenant le . Du au , il est adjudant du bataillon de fusiliers et est ensuite promu adjudant de régiment.
Après la fin de la guerre et la démobilisation de son régiment dans son pays, Burgdorf travaille dans un corps franc de la mi-février à la mi-, avant d'être incorporé dans la Reichswehr provisoire. Lors de la formation de la Reichswehr le , Burgdorf est affecté au 8e régiment (prussien) d'infanterie. Il y est d'abord chef de section avant d'être promu lieutenant le et capitaine le [1].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Burgdorf commande le 529e régiment d'infanterie, entre mai 1940 et avril 1942. Il est ensuite promu chef adjoint du bureau du personnel de l'Armée de terre à partir du , succédant au général Viktor Linnarz (en). Il travaille dans ce bureau pendant environ deux ans avant de le diriger à partir du mois d', à la suite de la mort de son supérieur, le général Rudolf Schmundt[N 1]. Il lui succède également en tant que premier aide de camp du Führer : à ce poste, il est soupçonné par les généraux du front de dissimuler à Hitler l'ampleur des défaites qu'essuie la Wehrmacht à partir de [2], ce qui rend les généraux concernés méfiants à son encontre ; ainsi, Reinhardt, à la tête de la 4e armée, lui cache les premiers mouvements de retraite des unités qu'il commande[N 2] - [3]. Il souhaitait également purger après la guerre les officiers catholiques de l'armée à l'instar de ce qui fut fait avec les Juifs avant le conflit[4].
Le suicide forcé de Rommel
Burgdorf joue un rôle clé lors de la mort du maréchal Erwin Rommel. Celui-ci, fortement compromis dans le complot du 20 juillet 1944, est forcé par Hitler de se suicider, en échange de la préservation de son honneur et du respect de sa famille, en lui évitant la Sippenhaft. Une telle issue préservait également les dirigeants nazis d'un éventuel contrecoup qu'aurait provoqué l'incarcération, voire l'exécution d'un maréchal devenu très populaire au fil de son ascension et de ses victoires.
La relation qu'en donne l'amiral Friedrich Ruge est la suivante :
« Le (un samedi), les généraux Wilhelm Burgdorf et Ernst Maisel, annoncés par l'OKW, arrivèrent à Herrlingen dans la matinée. Burgdorf s'entretint en tête-à -tête avec Rommel et lui révéla que les officiers arrêtés après le l'avaient désigné comme chef suprême de l'armée, voire comme chef de l'État. Hitler lui donnait le choix : comparaître devant un tribunal ou s'empoisonner. Dans ce dernier cas, il n'arriverait rien à sa femme et à son fils.
Après l'entretien, Rommel, le visage pétrifié, alla trouver sa femme et lui dit : « Dans un quart d'heure, je serai mort ». Elle essaya de le déterminer à comparaître devant le tribunal du peuple, mais il refusa. Il le fit très certainement dans la conviction qu'il n'arriverait pas vivant, qu'il serait tué au cours du trajet vers Berlin, l'assassinat étant camouflé en accident. Devant le tribunal du peuple, le procès ne demeurerait pas secret et Hitler ne pouvait pas se permettre de laisser la nouvelle se répandre dans tout le pays. Rommel choisit donc le poison pour sauver sa femme et son fils qu'il aimait infiniment. Il leur dit adieu et quitta la maison avec les deux généraux dans une voiture conduite par un SS. Peu de temps après, son corps était amené dans un hôpital d'Ulm (le poste de secours de l'école Wagner d'Ulm). La cause du décès fut attribuée à une thrombose coronaire. Son visage exprimait le mépris le plus intense[5]. »
La fin dans le FĂĽhrerbunker
Le 29 avril 1945, Burgdorf assiste, en tant que témoin, à la rédaction du testament politique d'Adolf Hitler et en signe la minute, aux côtés de Goebbels, Bormann et d'autres personnalités du régime nazi.
Il se suicide, comme le général Hans Krebs, le 1er mai 1945 dans le bunker de la chancellerie à Berlin[6].
Bibliographie
- Anthony Beevor, La Chute de Berlin, Paris, Ă©ditions du Fallois, , 492 p. (ISBN 978-2-87706-439-2).
- Ian Kershaw (trad. de l'anglais), La Fin : Allemagne, 1944-1945, Paris, Seuil, , 665 p. (ISBN 978-2-02-080301-4).
- Jean Lopez, Berlin : les offensives géantes de l'Armée rouge. Vistule - Oder - Elbe (12 janvier-9 mai 1945), Paris, Economica, , 644 p. (ISBN 978-2-7178-5783-2).
- Philippe Masson, Histoire de l'Armée allemande. 1939-1945., Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-00844-4).
- Philippe Masson, Hitler, Chef de Guerre, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-01561-9).
Filmographie
- La Chute (2004), d'Oliver Hirschbiegel , où il est interprété par Justus von Dohnányi.
Notes et références
Notes
- Schmundt, présent aux côtés de Hitler lors de l’attentat du , cet officier meurt deux mois plus tard de ses blessures.
- A contrario, dans ce cas-ci, la défiance peut être due à la crainte que la retraite soit connue de Hitler, ce dernier étant violemment hostile à tout repli.
Références
- Anton Joachimsthaler (1999) [1995]. The Last Days of Hitler: The Legends, the Evidence, the Truth. Trans. Helmut Bögler. London: Brockhampton Press (ISBN 978-1-86019-902-8), S. 286.
- Kershaw 2012, p. 262.
- Kershaw 2012, p. 266.
- (en) Philipp Boeselager, Florence Fehrenbach et JĂ©rĂ´me Fehrenbach (trad. Steven Rendall), Valkyrie : the story of the plot to kill Hitler by its last member, New York, Vintage Books, , 145 p. (ISBN 978-0-307-77353-1, OCLC 712601940), p. 177.
- Ruge 1964, p. À préciser.
- Beevor 2002, p. 532-533.