Accueil🇫🇷Chercher

Vincent Courtillot

Biographie et carrière

Formation et carrière universitaire

Diplômé de l'École des mines de Paris, de l'université Stanford, de l’université Pierre-et-Marie-Curie et de l’université Paris-Diderot, docteur ès sciences, Vincent Courtillot est professeur émérite de géophysique à l’université Paris-Diderot. Il a été directeur de l’Institut de physique du globe de Paris jusqu'au , remplacé par Claude Jaupart[1].

Il a enseigné à Stanford, à l’université de Californie à Santa Barbara et au Caltech. Il a été membre de l'Institut universitaire de France. Il a également exercé des responsabilités administratives (directeur de la recherche, conseiller spécial) au ministère chargé de l'enseignement supérieur, pendant le mandat de ministre de Lionel Jospin et de Claude Allègre.

Thèmes de recherche

Ses thèmes de recherche vont du champ magnétique terrestre actuel (géomagnétisme) et passé (paléomagnétisme) à la géodynamique, la tectonique des plaques et les points chauds (mouvements de convection à l'intérieur de la Terre). Il a travaillé dans les années récentes sur les conséquences climatiques et biologiques du volcanisme massif des trapps sur les extinctions de masse d’espèces et sur les évolutions climatiques des derniers siècles. Il a été décoré à plusieurs reprises pour ses travaux en géodynamique et en géophysique[2].

Vincent Courtillot a publié de nombreux articles[3] dans les revues scientifiques internationales sur le géomagnétisme (découverte des sauts de variation séculaire ou « jerks »), le paléomagnétisme (collision de l'Inde et de l'Asie, formation du Tibet), la tectonique des plaques au Tibet et en Afar (propagation des déchirures continentales), les points chauds et leurs conséquences sur la dérive des continents et d'extinction en masse des espèces biologiques.

Positions concernant le réchauffement climatique

Il fait partie des climato-sceptiques dans les controverses sur le réchauffement climatique et a été au cœur d'une polémique importante qui a eu un large écho médiatique dans la presse française[4] - [5]. Ses conclusions lui ont valu le surnom de « chevalier de la Terre noire et plate » par certains climatologues américains[6].

Il fait également partie de groupes climatosceptiques : l'Association des climato-réalistes emmenée par Benoît Rittaud[7] ainsi que du think tank anglais Global Warming Policy Foundation, où il fait partie du Conseil scientifique (Academic Advisory Council)[8], avec un autre Français, Christian Gerondeau.

Controverses

Sur le climat

En 1982, Vincent Courtillot a publiĂ© dans la revue Nature, en collaboration avec notamment Anny Cazenave, un article consacrĂ© Ă  la « variation sĂ©culaire gĂ©omagnĂ©tique comme prĂ©curseur du changement climatique Â»[9] - [10]. Toutefois, en 2008, il ne se considère pas comme un expert de la question, car il ne s'est rĂ©ellement intĂ©ressĂ© Ă  cette problĂ©matique que depuis quelques annĂ©es seulement, au sein d'une Ă©quipe animĂ©e par Jean-Louis Le MouĂ«l (en)[11]. Certains climatologues ont d'ailleurs critiquĂ© la mĂ©thode employĂ©e dans ses recherches et relevĂ© des erreurs dans ses publications[12].

Questionné en 2009, au sujet d'un possible conflit d'intérêts posé par le financement par les entreprises Total et Schlumberger, dont le cœur de métier est les énergies fossiles, de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP) pour son programme de recherche sur la séquestration du CO2, Vincent Courtillot affirme que ce soutien ne conditionne en rien l'orientation et le résultat de ses travaux[13].

Vincent Courtillot est proche de Claude Allègre, à qui il a succédé à la direction de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP), et ils travaillent ensemble pour contester le consensus du GIEC. Selon le journaliste Stéphane Foucart[14] : « Leurs interventions publiques sont complémentaires. […] Le discours de Vincent Courtillot est marketé pour toucher le personnel scientifique et les décideurs politiques. Celui de Claude Allègre est quant à lui dirigé vers le très grand public […]. » Selon un des membres de l'Académie des sciences, cité par la journaliste Audrey Garric[15] : « […] l’Académie a été paralysée, sur le sujet climatique, par un petit groupe de climatosceptiques menés par le géochimiste Claude Allègre et le géophysicien Vincent Courtillot […] Ils bloquaient les débats sur le sujet, ainsi que l’élection de certains climatologues à l’Académie. » En 2015, il influence au sein de ladite Académie la rédaction d'un avis devant servir de base aux négociations climatiques lors de la COP21 ; après d'âpres débats, le texte final ne reconnaît explicitement ni la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique, ni les risques causés par ce dérèglement[15].

En 2019, il fait partie des 40 signataires français d'une pĂ©tition remise aux dirigeants de l'Organisation des Nations unies et assurant qu'il n'existe pas « d'urgence ou de crise climatique »[7].

Certains opposants à ses thèses se sont penchés sur son discours pour en souligner les incohérences[16] - [17] - [18].

Sur les publications scientifiques

Vincent Courtillot ainsi que deux autres membres de l'IPGP, Claude Jaupart et Paul Tapponnier, sont accusés de manque d'éthique scientifique pour avoir supervisé, en tant qu'éditeurs, la publication de dizaines de travaux issus de leur propre institut dans la revue scientifique Earth and Planetary Science Letters (EPSL), affaire révélée en 2008 par les journaux Le Monde[19] - [20] et Libération[21]. Cette situation de conflit d'intérêts aurait dû, selon Friso Veenstra, directeur de publication au journal, les faire renoncer à assurer la supervision de ces soumissions. Étant donné l'intensité des controverses autour de la question climatique et la position sceptique de Vincent Courtillot ainsi que l'implication de Claude Allègre, qui se trouve être parmi les auteurs des publications visées, cette affaire a eu un retentissement dépassant le cadre de la communauté des géophysiciens et a été reprise dans de grandes revues scientifiques[22].

Cette affaire de conflits d'intérêts se superpose à une autre[23] concernant le contenu scientifique d'une publication signée par Vincent Courtillot et parue en 2007 dans EPSL (sous la supervision d'un éditeur, R. van der Hilst, qui travaille régulièrement à l'IPGP comme « professeur invité »[24]). Dans cet article intitulé « Are there connections between the Earth's magnetic field and climate? »[25], Vincent Courtillot et ses collaborateurs ont voulu montrer que les séries temporelles des variations du champ magnétique terrestre se trouvaient être bien corrélées avec les mesures de température terrestre — suggérant ainsi l’existence d’une source de forçage non anthropique (corrélation avec un indice d'activité géomagnétique et d'éclairement solaire total). Ces résultats furent critiqués par Édouard Bard et Gilles Delaygue[26] qui montrèrent que le calcul de Courtillot se fondait sur un modèle de la Terre à albédo nul (équivalent d'un disque noir) non sphérique (erreur dite de la « Terre plate et noire »)[27].

Publications

  • La Vie en catastrophes, Fayard, (ISBN 978-2-2135-9511-5).
  • Nouveau voyage au centre de la Terre, Éditions Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-1939-1).
  • « Quelques Ă©lĂ©ments de dĂ©bat scientifique dans la question du changement climatique[28] », Annales des mines, ResponsabilitĂ© et environnement, no 50, .

Prix et distinctions[2]

Notes et références

  1. « Décret du », sur Légifrance (consulté le ).
  2. (fr) Voir sur ipgp.fr, (consulté le ).
  3. « Académie des sciences », sur academie-sciences.fr.
  4. Stéphane Foucart, L'avenir du climat : enquête sur les climato-sceptiques, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Folio », (1re éd. 2010), 432 p. (ISBN 978-2-07-046559-0).
  5. Stéphane Foucart, La Fabrique du mensonge : comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger, Espagne, Denoël, , 409 p. (ISBN 978-2-07-045685-7), p. 184-191, 196-197, 200.
  6. Sylvestre Huet, « Climato-scepticisme et médias : la duperie », Le Monde {Sciences²},‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Lucie Oriol, « Face au GIEC, une tribune climato-sceptique rĂ©colte 500 signatures », sur huffingtonpost.fr, .
  8. « Professor Vincent Courtillot », sur thegwpf.org, (consulté le ).
  9. (en) V. Courtillot, J.L. Le Mouël, J. Ducruix, A. Cazenave, Nature, 297, 386-387, 1982 « Geomagnetic secular variation as a precursor of climatic change ».
  10. (en) V. Courtillot, J.L. Le Mouël, J. Ducruix, A. Cazenave, « Corrigendum: Correction to 'Geomagnetic secular variation as a precursor of climatic change' »., Nature, 303, 638, 1983.
  11. Conférence sur le climat de Vincent Courtillot lors des journées de l'université de Nantes, Vincent Courtillot () La scène se produit à 2:30. “Je suis tout sauf un spécialiste du réchauffement climatique”.
  12. Sylvestre Huet, « Soleil et climat, l'affaire Courtillot, suites », sur Blog sciences de Libération, (version du 18 décembre 2008 sur Internet Archive).
  13. « Faut-il brûler les climatosceptiques ? », sur slate.fr, .
  14. Stéphane Foucart, L'avenir du climat : enquête sur les climato-sceptiques, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Folio », (1re éd. 2010), 432 p. (ISBN 978-2-07-046559-0), chap. VIII (« L'incroyable imposture de L'imposture climatique »), p. 172.
  15. Audrey Garric, « L’Académie des sciences tourne la page du climatoscepticisme », sur lemonde.fr, .
  16. Le Réveilleur, « Analyse du discours d'un climato-sceptique: V. Courtillot. Part. 1 », sur YouTube, (consulté le ).
  17. Le Réveilleur, « Le climat des derniers milliers d'années. [Analyse] V. Courtillot. Part. 2 », sur YouTube, (consulté le ).
  18. Le Réveilleur, « Cycles glaciaires, paramètres de Milankovitch et CO2 [Analyse] V. Courtillot. Part. 3 », sur YouTube, (consulté le ).
  19. « Petits arrangements entre géologues », article publié le par Stéphane Foucart & Hervé Morin dans Le Monde.
  20. « Défense et illustration de pratiques éditoriales », article publié le par Stéphane Foucart & Hervé Morin dans Le Monde.
  21. « Vincent Courtillot, directeur de l'Institut de physique du globe de Paris, mis en cause dans une affaire d'éthique scientifique »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Libération.
  22. (en) « Geophysicists accused of breach of publishing ethics », nature.com, 457, 140,‎ (DOI 10.1038/457140a, lire en ligne).
  23. « Le coup de colère du climatologue », sur Libération, .
  24. (en) C.V. de R. van der Hilst, sur quake.mit.edu.
  25. (en) « Are there connections between the Earth's magnetic field and climate? » Vincent Courtillot, Yves Gallet, Jean-Louis Le Mouël, Frédéric Fluteau, Agnès Genevey. Earth Planet. Sci. Lett., 253, 3-4, 328-339, 30 January 2007.
  26. (en) Comment on “Are there connections between the Earth's magnetic field and climate?” by V. Courtillot, Y. Gallet, J.-L. Le Mouël, F. Fluteau, A. Genevey EPSL 253, 328, 2007. Edouard Bard & Gilles Delaygue. Earth Planet. Sci. Lett., 265, 1-2, 302-307, 15 January 2008 ScienceDirect - Earth Planet. Sci. Lett. : Comment on “Are there connections between the Earth's m agnetic field and climate?” by V. Courtillot, Y. Gallet, J.-L. Le Mouël, F. Fluteau, A. Genevey EPSL 253, 328, 2007.
  27. Ray Pierre, « Les Chevaliers de l’Ordre de la Terre Plate, Part I : Allègre and Courtillot », sur RealClimate.org, .
  28. Voir sur annales.org[PDF].
  29. « Le Professeur Vincent Courtillot nommé académicien à la Chinese Academy of Science »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur ambafrance-cn.org, (consulté le ).
  30. Voir sur egu.eu.

Voir aussi

Article connexe

Audio et vidéo

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.