Victor Chatenay
Victor Chatenay est un homme politique français, né le à Doué-la-Fontaine et mort le à Angers.
Victor Chatenay | |
Fonctions | |
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Sénateur français | |
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Circonscription | Maine-et-Loire |
Groupe politique | RPF |
Député français | |
– | |
Circonscription | Maine-et-Loire (1951-1958) Ire de Maine-et-Loire (1958-1959) |
Législature | IIe et IIIe (Quatrième République) Ire (Cinquième République) |
Groupe politique | RPF RS UNR |
Successeur | Jean Foyer |
Maire d'Angers | |
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Prédécesseur | Auguste Allonneau |
Successeur | Jacques Millot |
Membre du Conseil constitutionnel | |
– | |
Prédécesseur | Fonction créée |
Successeur | Edmond Michelet |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Angers (Maine-et-Loire) |
Nationalité | Français |
Parti politique | RPF RS UNR |
RĂ©sidence | Maine-et-Loire |
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Maire d'Angers | |
Biographie
Première Guerre mondiale
Il participa à la Première Guerre mondiale et fut notamment décoré de la croix de guerre. Gravement blessé à la mâchoire par balle et laissé pour mort sur le champ de bataille, son frère Marcel dont le régiment montait au front dans ce secteur, voulut aller récupérer son cadavre. Victor était encore en vie, et son frère le sauva ainsi d'une longue agonie. Par la suite, il réchappa une nouvelle fois de peu à la mort.
Victor Chatenay était particulièrement intéressé par l'aviation et la photographie, sans oublier l'automobile, toutes des nouveautés alors. Atteint de déficience visuelle, il ne put poursuivre cette première voie sous l'uniforme, mais nombre de ses photographies sont toujours conservées au SIRPA, les archives audio-visuelles militaires françaises. Victor Chatenay était titulaire du permis de conduire no 0007 du Maine-et-Loire. Il racontait avoir participé à la première édition des 24 Heures du Mans en tant que « mécanicien embarqué » d'un pilote connu.
En 1914, il s'enrôla sous sa propre autorité à la caserne de Versailles, mais eut une vive altercation avec un adjudant, et jugea plus prudent de s'acheter lui-même sa tenue et son armement de soldat et de joindre à la première unité qui partirait pour le front. Quelques mois plus tard, installé aux Invalides, à Paris, comme chauffeur pour les généraux, il fut rattrapé par sa « désertion » de Versailles, fut arrêté et emmené dans une compagnie disciplinaire, en compagne de criminels de tous types. Ils devaient creuser des tunnels sous les lignes ennemies pour y installer au bout des charges explosives. Ce travail de sapeur, éreintant et très dangereux, avait des résultats peu convaincants. À son retour de convalescence pour blessure, il fut conducteur de camion, notamment pendant la première année de la bataille de Verdun. Devenu sous-lieutenant, il retourna à Verdun, en tant que commandant d'une unité d'ambulances automobiles chargé de l'évacuation des blessés. Dans le récit de sa guerre, Mon Journal de Quatorze-Dix-huit (Ed. du Courrier de l'Ouest, Angers, 1968), il dit avoir été l'un des meilleurs connaisseurs des routes et chemins du champ de bataille de Verdun. L'un de ses petits-fils, Philippe, journaliste, a complété et mis au goût du jour le texte original du livre.
En 1917, il prit le commandement d'un groupe d'ambulancières volontaires issues de la haute société britannique et américaine. L'une d'entre elles, Barbara Stirling, deviendra sa femme, et la mère de Louis-Pierre (dit Peter, né en 1920), Michel (dit Moonie), Jacques, Antoine (dit Toni) et Anne-Marie.
Après la guerre, il dirigea les établissements Brisset (une entreprise d'épicerie à succursales multiples) à Angers de 1928 à 1939.
La RĂ©sistance
Dès , il a fondé le premier réseau de Résistance angevin, Honneur et Patrie, qui comptait 300 membres, dont 107 furent arrêtés, 89 déportés et 47 tués. Grâce aux contacts de sa belle-famille anglaise (son beau-frère Douglas Stirling était général de l'armée britannique), il se mit rapidement en contact avec les services de renseignement britanniques, l'Intelligence Service. Le général de Gaulle, tout en reconnaissant le patriotisme de Victor Chatenay, ne lui pardonna pas d'avoir refusé, en 1941, de quitter les Britanniques et de se mettre au service de renseignement de la France libre, le BCRA, et ne le fit pas Compagnon de la Libération — reste que de Gaulle, pendant sa « Traversée du désert » de 1946 à 1958, séjourna à deux reprises chez Victor Chatenay à la Romanerie.
Lors d'un rendez-vous, le , au café Dupont, en face de la gare Saint-Lazare à Paris, le membre du réseau auquel il devait remettre des documents d'identité falsifiés avait été retourné et travaillait pour la Gestapo. Pour passer le plus inaperçu possible, Victor Chatenay s'était fait accompagner par son plus jeune fils, Antoine, 17 ans. Lorsque les agents allemands, qui avaient pris place à des tables voisines de la terrasse du café, se levèrent pour l'arrêter, il décida de s'échapper. Atteint au genou par une balle de pistolet, il réussit à ramper parmi les tables, puis à s'engouffrer dans une bouche de métro et à semer les Allemands. Le traître fut exécuté par la Résistance quelque temps plus tard. Antoine fut arrêté par la Gestapo et torturé au quartier général de la rue Lauriston, à Paris (il lui arrivait de décrire les « joies » d'être pendu par les pouces). Il ne parla pas pour la simple raison qu'il ne « savait rien des activités et des planques de son père ». Déporté à Buchenwald et affecté au camp de travail de Magdebourg, en Allemagne, il survécut, en partie grâce au soutien d'un groupe de déportés communistes français.
Barbara Chatenay fut arrêtée quelques mois plus tard par la Gestapo au métro Pont de l'Alma. Elle portait sur elle des plans de la base des sous-marins allemands à Saint-Nazaire, un objectif prioritaire pour les Alliés. Elle fut torturée puis déportée au camp de concentration de Ravensbrück où elle aussi échappa à la mort de justesse. Elle était appréciée de ses camarades déportées pour sa force de caractère et son inventivité : elle leur avait appris à se frotter les doigts sur les briques des baraques du camp pour se farder les joues et avoir bonne mine lors du « tri » quotidien, afin d'échapper à la chambre à gaz. À plusieurs reprises, elle ne dut la vie qu'à la bienveillance du médecin du camp, qui l'appelait « ma petite Anglaise ». Cela n'empêcha pas Barbara de témoigner à charge au procès du médecin, qui fut condamné à mort et exécuté pour ses « expériences médicales » sur les détenues. Son expérience est rapportée dans un ouvrage de Sarah Helm (en) sur le camp[1].
Quant à ses fils, Louis-Pierre participa aux activités de résistance de son père, notamment en aidant des aviateurs alliés, abattus au-dessus de la France, à gagner la Suisse ou l'Espagne. Il franchit à pied les Pyrénées vers l'Espagne en 1943, fut emprisonné par le régime franquiste, rejoignit Londres, devint officier de liaison auprès de l'armée américaine, participa au débarquement en Normandie, et termina la guerre à Munich. Il a été décoré de la Bronze Star américaine pour bravoure. Michel, parachutiste de la France libre et du SAS britannique, participa notamment à l'opération Amherst. Jacques, également parachutiste du 4th SAS Regiment, une unité de la France Libre, fut tué à La Gacilly, alors qu'il participait aux opérations en Bretagne. Anne-Marie, en raison de son jeune âge, était souvent chargée de transporter des messages pour la Résistance.
Rappelé pour sa propre sécurité à Londres, Victor Chatenay travailla en étroite collaboration avec les services de renseignement britanniques — et français — pour la préparation du débarquement en Normandie. Il participa ensuite à établir l'autorité des Forces françaises de l'intérieur (FFI) favorables au général de Gaulle dans les zones libérées par les armées alliées, notamment à Angers, aux côtés du préfet Michel Debré.
Vie politique
Vouant une admiration inconditionnelle au général de Gaulle, membre de tous les mouvements politiques gaullistes du RPF au RPR, il fut maire d'Angers de 1947 à 1959.
Il fut élu sénateur de 1948 à 1951 puis député de Maine-et-Loire de 1951 à 1959.
Le , il fut nommé au premier Conseil constitutionnel de la Ve République par le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas. Il fera ainsi partie des neuf premiers membres de cette institution. Il y siège de 1959 à 1962. Cette nomination est une compensation pour un désagrément subi lors de la composition du premier gouvernement de Michel Debré, en : à la suite d'une confusion avec son homonyme Pierre Chatenet, on avait annoncé au député-maire d'Angers qu'il allait entrer dans ce gouvernement en qualité de Secrétaire d'État. Michel Debré l'appela ensuite pour s'excuser et lui assurer qu'il lui « revaudrait cela » ; c'est chose faite avec cette nomination au Conseil constitutionnel[2]
Victor Chatenay décéda à presque 99 ans le à Angers. On a donné son nom à une avenue de la ville, non loin de sa propriété de La Romanerie, sur la commune de Saint-Barthélémy-d'Anjou.
Famille
- Son arrière-petite-fille, la navigatrice Clarisse Crémer participe à la 9e édition du Vendée Globe[3] terminant 12e et première femme du tour du monde, devenant la plus rapide de l’histoire[4].
DĂ©corations
Victor Chatenay Ă©tait titulaire de[5] :
- : Grand officier de la LĂ©gion d'honneur
- : Croix de guerre 14-18
- : Croix de guerre 39-45
- : MĂ©daille de la RĂ©sistance avec rosette
- : Commandeur des Palmes académiques
- : Commandeur du MĂ©rite civil
- : King's Medal For Courage britannique.
MĂ©moires
- Victor Chatenay, Mon Journal du Temps du Malheur, Le Courrier de l'Ouest,
- Victor Chatenay, Des bagnards au Gotha : mon journal de 14-18, (lire en ligne)
Références
- (en) Sarah Helm, If this is a Woman : Inside Ravensbruck: Hitler’s Concentration Camp for Women, Hachette UK, , 848 p. (ISBN 9780748112432, lire en ligne)
- Catala, Michel, « Victor Chatenay et l'évolution politique de la ville d'Angers de 1947 à 1959 », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 103, no 1,‎ , p. 109–131 (DOI 10.3406/abpo.1996.3863, lire en ligne , consulté le ).
- « Vendée Globe. L’ancien maire d’Angers peut être fier de son arrière-petite-fille Clarisse Crémer », sur le Courrier de l'Ouest, (consulté le )
- Martin Couturié, « Clarisse Crémer, première femme à l'arrivée : «Le Vendée Globe, c’est 10 ans d’émotion en trois mois» », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Victor Chatenay », sur Sycomore, base de données des députés de l'Assemblée nationale
Annexes
Sources
- « Victor Chatenay », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] [texte sur Sycomore]
Liens externes
- Ressources relatives Ă la vie publique :