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Venera 9

Venera 9 (en russe : Венера-9) Ă©tait une sonde spatiale soviĂ©tique dont l'objectif Ă©tait d'Ă©tudier VĂ©nus. La sonde qui faisait partie du programme Venera Ă©tait constituĂ©e d'une partie destinĂ©e Ă  rester en orbite (orbiteur) et d'une autre destinĂ©e Ă  atterrir sur VĂ©nus (atterrisseur). D'une masse de 4 936 kg, elle fut lancĂ©e le . L'atterrisseur se sĂ©pare le et atterrit deux jours plus tard (). L'atterrisseur parvint jusqu'au sol, survĂ©cut 53 minutes aux conditions extrĂŞmes de pression et de tempĂ©rature. Il put effectuer quelques mesures de tempĂ©rature, de pression et prendre une photo panoramique. Pour la première fois, une sonde renvoyait des images de la surface d'une autre planète. Venera 10, sonde jumelle lancĂ©e quelques jours plus tard obtint les mĂŞmes rĂ©sultats.

Description de cette image, également commentée ci-après
Maquette de Venera 10 (identique Ă  Venera 9)
Données générales
Organisation URSS
Constructeur Drapeau de l'URSS Lavotchkine
Programme Venera
Domaine Étude de Vénus
Type de mission Atterrisseur et orbiteur
Statut Mission achevée
Lancement 8 juin 1975
Lanceur Proton-K
Fin de mission
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 4936 kg dont atterrisseur 1563 kg
Masse ergols 1093 kg
Source d'Ă©nergie Panneaux solaires
Orbite autour de VĂ©nus
PĂ©riapside 1457 km
Apoapside 112144 km
Inclinaison 34,15°
Vue de Vénus par Venera 9 (image non retraitée).

Contexte

Dans les années 1960 et 1970 l'Union soviétique lance une série de sondes spatiales pour étudier la planète Vénus. Ces engins, qui forment le programme Venera, sont développés dans le cadre d'une course à l'espace qui oppose l'Union soviétique aux États-Unis et constituent à ce titre un enjeu autant politique que scientifique. Les sondes spatiales du programme Venera vont progressivement dévoiler la structure de l'atmosphère et certaines caractéristiques du sol vénusien. Le programme constitue le plus grand succès de l'astronautique soviétique dans le domaine de l'exploration du système solaire.

Après une série d'échecs entre 1961 et 1965 qui sont tout autant dus au lanceur Molnia utilisé qu'à la qualité des sondes spatiales, le programme est confié au bureau d'études Lavotchkine. Celui-ci obtient une longue série de succès. Les premières données in situ sur l'atmosphère vénusienne sont renvoyées par la mission Venera 4 en 1967. Venera 7 réussit à se poser intacte sur le sol malgré la pression écrasante de 93 atmosphères. Venera 8, lancé en 1972, fournit les premières données depuis le sol.

Les soviĂ©tiques n'envoient aucune sonde spatiale vers VĂ©nus durant la fenĂŞtre de lancement de 1973 mais pour celle de 1975 ils disposent enfin de la sonde spatiale lourde dont le dĂ©veloppement avait Ă©tĂ© entamĂ© lors de la reprise du programme Venera par le bureau Lavotchkine en 1965. Grâce au recours au lanceur Proton beaucoup plus puissant, la nouvelle sonde spatiale est cinq fois plus lourde et sa masse atteint 5 tonnes. Ce nouveau modèle, baptisĂ© 4V-1, utilise une plateforme dĂ©rivĂ©e des modèles de sondes martiennes M-71 et M-73.

Caractéristiques techniques de Venera 9

L'orbiteur

Un rĂ©servoir toroĂŻdal de 2,35 mètres de diamètre entoure le moteur-fusĂ©e principal. Celui-ci brĂ»le un mĂ©lange hypergolique d'UDMH et de peroxyde d'azote et a une poussĂ©e qui peut ĂŞtre modulĂ©e entre 9,6 et 18 kN ; l'axe de poussĂ©e du moteur est orientable et il peut ĂŞtre rallumĂ© plusieurs fois pour une durĂ©e totale de 560 secondes. Il est prolongĂ© par un cylindre court pressurisĂ© de 1,1 mètre de diamètre contenant un deuxième rĂ©servoir, l'avionique et des instruments scientifiques. Deux panneaux solaires sont situĂ©s de part et d'autre du cylindre et ont chacun une superficie de 1,25 Ă— 2,1 mètres. Les panneaux qui, une fois dĂ©ployĂ©s, donnent une envergure totale de 6,7 mètres Ă  l'engin spatial servent Ă©galement de support Ă  diffĂ©rents systèmes : les petits moteurs Ă  gaz froid utilisĂ©s pour le contrĂ´le d'attitude alimentĂ©s par un rĂ©servoir d'azote stockĂ© sous une pression de 350 bars, un magnĂ©tomètre et les deux antennes hĂ©licoĂŻdales omnidirectionnelles utilisĂ©es pour communiquer avec l'atterrisseur. Ce vaisseau-mère, contrairement Ă  ses prĂ©dĂ©cesseurs dĂ©truits en rentrant dans l'atmosphère de VĂ©nus, a la capacitĂ© d'utiliser sa propulsion pour se freiner et se placer en orbite. LĂ , il sert de relais entre la Terre et l'atterrisseur grâce Ă  deux rĂ©cepteurs VHF autorisant un dĂ©bit de 256 bit/s. Le système de tĂ©lĂ©communications comprend Ă©galement une antenne parabolique Ă  grand gain et quatre autres antennes hĂ©licoĂŻdales omnidirectionnelles Ă  faible gain[1] - [2].

L'atterrisseur

Maquette de l'atterrisseur enfermé dans son bouclier thermique.

L'atterrisseur a la forme d'une capsule sphĂ©rique de 2,4 mètres de diamètre, fixĂ©e Ă  l'extrĂ©mitĂ© de la plateforme. La partie externe de la sphère est un bouclier thermique creux formĂ© d'une structure en nid d'abeille recouverte d'un matĂ©riau ablatif. Cette coque externe a pour seul rĂ´le de protĂ©ger l'atterrisseur de la chaleur intense gĂ©nĂ©rĂ©e durant la première phase de la descente. Une fois la rentrĂ©e atmosphĂ©rique rĂ©alisĂ©e, cette coque est larguĂ©e dĂ©voilant l'atterrisseur proprement dit. La coque externe de celui-ci est une sphère en titane chargĂ©e de rĂ©sister Ă  la pression. Une antenne cylindrique de 80 cm de diamètre et de 1,4 mètre de haut coiffe la sphère et entoure le compartiment des parachutes. Les ingĂ©nieurs soviĂ©tiques ont tirĂ© les consĂ©quences de la densitĂ© de l'atmosphère vĂ©nusienne : l'atterrisseur utilise des parachutes uniquement durant le premier stade de la descente. Pour limiter le temps de la descente et donc l'Ă©chauffement progressif de la capsule, il tombe ensuite en chute libre uniquement freinĂ© par un anneau plat de 2,1 mètres de diamètre qui entoure la base de l'antenne : celui-ci stabilise l'atterrisseur et augmente la trainĂ©e et donc le freinage atmosphĂ©rique tout en servant de rĂ©flecteur Ă  l'antenne. L'engin spatial atterrit sur le sol vĂ©nusien sur un anneau dĂ©formable auquel il est reliĂ© par une sĂ©rie d'absorbeurs de choc. La masse totale de la sonde atteint 5 tonnes dont 2,3 tonnes pour la plateforme sans carburant, 1 560 kg pour l'atterrisseur. La partie de l'atterrisseur atteignant le sol vĂ©nusien pèse 560 kg [3] - [4].

La nouvelle gĂ©nĂ©ration d'atterrisseur pĂ©nètre dans l'atmosphère vĂ©nusienne sous un angle relativement faible comparĂ© aux sondes prĂ©cĂ©dentes (environ 20° contre 75°). La dĂ©cĂ©lĂ©ration est en consĂ©quence plus faible et ne dĂ©passe pas 170 g. 20 secondes plus tard, alors que la vitesse a chutĂ© Ă  250 m/s, un petit parachute pilote est dĂ©ployĂ© puis le bouclier thermique qui s'est scindĂ© en deux hĂ©misphères est larguĂ©. Onze secondes plus tard alors que l'atterrisseur se trouve Ă  environ 60 km d'altitude et la vitesse est de 50 m/s, les trois parachutes de 4,3 mètres de diamètre sont dĂ©ployĂ©s et les instruments scientifiques sont mis en marche. Durant 20 minutes, l'atterrisseur traverse la couche la plus dense des nuages sous ses parachutes puis parvenus Ă  une altitude de 50 km, ceux-ci sont larguĂ©s et l'engin spatial tombe en chute libre seulement freinĂ© par le disque plat qui entoure son antenne. Au fur et Ă  mesure que l'air s'Ă©paissit, la trainĂ©e se fait plus forte et lorsque l'atterrisseur atteint le sol 50 minutes après le dĂ©but de sa chute libre, sa vitesse n'est plus que de 7 m/s[5].

L'instrumentation scientifique

Le sous-ensemble de la sonde spatiale qui reste en orbite autour de Vénus, l'orbiteur, emporte un grand nombre d'instruments destinés plus particulièrement à l'atmosphère de Vénus dont des caméras fonctionnant dans l'ultraviolet pour filmer les nuages, un spectromètre infrarouge, un radiomètre infrarouge, un spectromètre imageur fonctionnant dans l'ultraviolet, un photo polarimètre, un magnétomètre triaxial, un radar bistatique expérimental. De son côté, l'atterrisseur met en œuvre durant la descente atmosphérique deux photomètres l'un à large bande l'autre à bande étroite, un néphélomètre, des instruments de mesure de la pression et de la température, des accéléromètres et un spectromètre de masse. Une fois posé, les équipements scientifiques suivants sont utilisés : deux caméras panoramiques associées à des projecteurs chargés de compenser la faiblesse de l'éclairage naturel, un anémomètre, un spectromètre à rayons gamma pour déterminer la proportion de thorium, uranium et potassium présents dans le sol et un densitomètre à rayons gamma[6].

L'atterrisseur de Venera 9 sur le sol de VĂ©nus (vue d'artiste).

DĂ©roulement de la mission

Le premier exemplaire de la nouvelle sonde, baptisĂ© Venera 9, est lancĂ© le . La sonde jumelle, Venera 10, est lancĂ©e le . Les deux lancements sont des succès. Au cours du transit de Venera 9 vers VĂ©nus, deux corrections de trajectoire sont effectuĂ©es les et . Le , deux jours avant l'arrivĂ©e, l'atterrisseur est larguĂ© et l'orbiteur incline sa trajectoire pour se placer en position d'insertion orbitale avec un changement de vitesse de 247 m/s. Le , Venera 9, arrivĂ© Ă  proximitĂ© immĂ©diate de VĂ©nus, utilise sa propulsion principale (delta-V de 963 m/s) pour s'insĂ©rer en orbite autour de la planète. L'orbite initiale de 1500 Ă— 111 700 km avec une inclinaison de 34,17° est modifiĂ©e peu après en deux temps et l'orbiteur va mener sa mission sur une orbite de 1547 Ă— 112 144 km avec une inclinaison de 34,15°. Venera 9 est la première sonde spatiale Ă  se placer en orbite autour de la planète VĂ©nus. La mission de l'orbiteur de Venera 9 s'achève 3 mois plus tard Ă  la suite d'une panne de l'Ă©metteur radio. Les camĂ©ras embarquĂ©es Ă  bord de Venera 9 et de Venera 10 fournissent 1 200 km de films (d'images) de l'apparence extĂ©rieure de VĂ©nus en utilisant plusieurs filtres pour permettre de distinguer la structure des nuages et dans une faible mesure les formations en surface. L'ensemble des informations collectĂ©es par les deux orbiteurs ont permis de rĂ©aliser la première Ă©tude de l'atmosphère vĂ©nusienne sur une longue pĂ©riode en collectant des donnĂ©es de plusieurs natures[7].

VĂ©nus par Venera 9.

L'atterrisseur de Venera 9 pĂ©nètre dans l'atmosphère de VĂ©nus sous un angle de 20,5° Ă  la vitesse de 10,7 km/s. Il touche le sol le Ă  5 h 03 TC sur la face Ă©clairĂ©e de la planète. Venera 9 est posĂ© sur une pente inclinĂ©e de 20 Ă  25° et la surface rocheuse et irrĂ©gulière accentue l'inclinaison de l'atterrisseur d'un angle de 10 Ă  15°. Les expĂ©riences scientifiques sont lancĂ©es immĂ©diatement et les donnĂ©es sont relayĂ©es Ă  l'orbiteur jusqu'Ă  ce que celui-ci ne soit plus visible 53 minutes plus tard. La tempĂ©rature interne de l'atterrisseur atteint Ă  ce moment-lĂ  60 °C. Durant la descente de l'atterrisseur dans l'atmosphère vĂ©nusienne, les instruments ont mis en Ă©vidence que la base de la couche nuageuse dĂ©bute Ă  une altitude de 49 km et comprend plusieurs couches s'Ă©tageant entre 60 et 57 km, entre 57 et 52 km ainsi qu'entre 52 et 49 km. Ces nuages s'apparentent Ă  une brume lĂ©gère constituĂ©e de gouttelettes beaucoup plus petites que celles prĂ©sentes dans le phĂ©nomène mĂ©tĂ©orologique Ă©quivalent terrestre. La visibilitĂ© au sein de la couche nuageuse est de plusieurs kilomètres. La rĂ©fractivitĂ© des gouttelettes est compatible avec l'hypothèse d'une composition Ă  base d'acide sulfurique. La lumière, dont la composante bleue est en partie filtrĂ©e par les nuages, prend une teinte orangĂ©e dans les couches infĂ©rieures de l'atmosphère. Les aĂ©rosols subsistent avec une densitĂ© faible de 49 Ă  25 km d'altitude ; au-dessous, l'air redevient complètement limpide. Les instruments chargĂ©s d'analyser la composition chimique durant la descente sont victimes de dĂ©faillance ou ne fournissent pas de donnĂ©es fiables, un problème qui sera frĂ©quent dans les premières sondes de cette nouvelle sĂ©rie. La tempĂ©rature mesurĂ©e au sol est de 455 °C tandis que la pression est de 85 bars avec un vent lĂ©ger de 0,4 Ă  0,7 m/s. Une seule des deux camĂ©ras parvient Ă  prendre une photo car l'obturateur de l'autre camĂ©ra n'est pas Ă©jectĂ©. L'image en noir et blanc prise par Venera montre un sol plat parsemĂ© de rochers angulaires de formation manifestement rĂ©cente et peu Ă©rodĂ©s, une surprise pour les spĂ©cialistes qui s'attendaient Ă  une surface sableuse en raison des conditions fortement Ă©rosives des vents violents et de la très haute tempĂ©rature. Autre surprise, la luminisositĂ© au sol est suffisante pour distinguer tous les dĂ©tails et l'horizon, au lieu d'une clartĂ© crĂ©pusculaire induite par l'Ă©paisseur de l'atmosphère[8]. Le site d'atterrissage est baignĂ© par une lumière dont l'intensitĂ© peut ĂŞtre comparĂ©e Ă  celle d'un jour d'Ă©tĂ© nuageux aux latitudes moyennes sur Terre. La proportion dans le sol de thorium, uranium et potassium mesurĂ©e par Venera 9 s'apparente Ă  celle des basaltes terrestres[9].

Retraitement des images

Don P. Mitchell a réutilisé les données originales des images Venera et les a reconstituées en utilisant des logiciels de traitement photographique modernes[10].

Références

Bibliographie

  • (en) Wesley T. Huntress et Mikhail Ya. Marov, Soviet robots in the Solar System : missions technologies and discoveries, New York, Springer Praxis, , 453 p. (ISBN 978-1-4419-7898-1, lire en ligne)
  • (en) Brian Harvey et Olga Zakutnayaya, Russian space probes : scientific discoveries and future missions, Springer Praxis, (ISBN 978-1-4419-8149-3)
  • (en) Brian Harvey, Russian Planetary Exploration : History, Development, Legacy and Prospects, Berlin, Springer Praxis, , 351 p. (ISBN 978-0-387-46343-8, lire en ligne)
    Historique des missions interplanétaires russes des débuts jusqu'en 2006
  • (en) Paolo Ulivi et David M. Harland, Robotic Exploration of the Solar System Part 1 The Golden Age 1957-1982, Chichester, Springer Praxis, , 534 p. (ISBN 978-0-387-49326-8)
    Description détaillée des missions (contexte, objectifs, description technique, déroulement, résultats) des sondes spatiales lancées entre 1957 et 1982.
  • (en) Boris Chertok, Rockets and people, vol. 2 : creating a rocket industry, NASA History series, (ISBN 978-1-288-54781-4)
  • (en) Boris Chertok, Rockets and people, vol. 3 : Hot days of the cold war, NASA, coll. « NASA History series », , 832 p. (ISBN 978-0-16-081733-5)
  • (en) Andrew J. Ball, James R.C. Garry, Ralph D. Lorenz et Viktor V. Kerzhanovichl, Planetary Landers and entry Probes, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-12958-9)
  • (en) Asif A. Siddiqi, The soviet space race with Apollo, University Press of Florida, , 489 p. (ISBN 978-0-8130-2628-2)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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