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Molnia (lanceur)

Molnia (du russe : Молния, « la foudre ») est un lanceur soviétique développé au début des années 1960 à partir de la fusée Vostok pour lancer des sondes spatiales vers Mars, Vénus et la Lune. À partir du début des années 1970 il est quasiment exclusivement utilisé pour lancer des satellites d'alerte précoce US-K et des satellites de télécommunications Molnia qui présentent la particularité de circuler sur le même type d'orbite elliptique haute dite orbite de Molnia.

Molnia
lanceur spatial
Image illustrative de l’article Molnia (lanceur)
Données générales
Pays d’origine Drapeau de l'URSS Union soviétique
Constructeur Usine Progress de Samara
Premier vol 10 octobre 1960
Statut Retiré du service en 2010
Lancements (Ă©checs) 320 (34)[1]
Hauteur 45 mètres
Diamètre ~3 mètres
Masse au décollage 306 tonnes
Étage(s) 4
Poussée au décollage 370.4 t.
Version décrite Molnia M
Orbite lunaire 1600 kg
Motorisation
Ergols Kérosène et Oxygène liquide
1er étage Blocs B, D, W, G : 19,8 m ; moteur : 4 x RD-107 (754,9 kN) ; durée : 107 s
2e étage Bloc A : 28,75 m ; moteur : RD-108 (672,3 kN) ; durée : 291 s
3e étage Bloc I : 8,1 m ; moteur : RD-0110 (298 kN) ; durée : 200 s
4e étage Bloc L : 5,1 m ; moteur : S1.5400A (69 kN) ; durée : 285 s
Missions
Satellites de télécommunications
Sondes spatiales
Le lanceur Molnia

Molnia fait partie de la famille de lanceurs dérivés du missile R7 Semiorka qui ont joué un rôle central dans le programme spatial soviétique. La fusée Molnia dérive du lanceur Vostok mais elle comporte un étage supérieur plus puissant, le Bloc I qui remplace le bloc E et qui a été développé pour le lanceur Soyouz. Enfin le tout est coiffé d'un quatrième étage le bloc L qui n'existait pas sur la Vostok et qui fait l'objet de deux premières spatiales : il est mis à feu après une phase de vol non propulsif et il utilise le S1.5400 premier moteur-fusée mettant en œuvre le cycle à combustion étagée. Après une première version à la fiabilité désastreuse, une version plus puissante (Molnia M) devient opérationnelle à compter de 1965. En tout 320 fusées Molnia sont tirées entre 1960 et 2010. Les lanceurs Molnia étaient fabriqués à l'Usine Progress située dans la ville de Samara.

Historique

Le dĂ©veloppement de Molnia dĂ©bute officiellement le . L'objectif du projet est de disposer d'un lanceur permet d'envoyer des sondes spatiales vers les planètes Mars et VĂ©nus. Elle est d'ailleurs appelĂ©e initialement Venera (du nom de la sĂ©rie des sondes envoyĂ©es vers VĂ©nus) et ne prendra sa dĂ©signation officielle de Molnia qu'en 1965 lorsqu'elle commence Ă  ĂŞtre utilisĂ©e pour placer en orbite haute les satellites de tĂ©lĂ©communications du mĂŞme nom. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, l'Union soviĂ©tique dispose du lanceur Vostok mais celui-ci manque de puissance pour envoyer une sonde spatiale vers les planètes Mars et VĂ©nus. La solution retenue est de remplacer l'Ă©tage supĂ©rieur de la fusĂ©e Vostok, le bloc E, par deux Ă©tages : le bloc I surmontĂ© par le bloc L. Le bloc L prĂ©sente initialement une fiabilitĂ© très faible. Sur les 27 vols de Molnia qui ont lieu avec la configuration initiale entre 1960 et 1970, 15 sont des Ă©checs souvent liĂ©s Ă  une dĂ©faillance du bloc L. Celle-ci porte le plus souvent sur l'allumage ou la durĂ©e de fonctionnement trop brève. Ă€ partir de 1965 une version plus puissante et plus fiable de l'Ă©tage est utilisĂ©e portant la charge utile pour la destination de Mars de 890 Ă  980 kg[2].

Rôle du lanceur Molnia dans le programme spatial soviétique

Le lanceur Molnia joue un rôle central dans l'histoire de l'exploration du système solaire puisqu'il place en orbite toutes les sondes spatiales soviétiques vers Mars et Vénus jusqu'au début des années 1970. C'est ainsi que le un lanceur Molnia lance Venera 1 la première sonde spatiale qui réussit à se diriger vers une autre planète. Les Molnia lancent les sondes spatiales lunaires Luna 4 à 14, les sondes martiennes Mars 1 à 3 et les sondes vénusiennes Venera 1 à 8. Par la suite le lanceur est remplacé dans cet usage par la fusée Proton plus puissante. Sa capacité à placer des charges utiles sur des orbites hautes est utilisée quasi exclusivement pour mettre en orbite les satellites d'alerte précoce US-K et ldes satellites de télécommunications Molnia qui circulent sur une orbite elliptique haute dite orbite de Molnia et qui lui donnent son nom[3] - [4].

Caractéristiques techniques

Principales caractéristiques du lanceur en version M
Caractéristique 1er étage 2e étage 3e étage 4e étage
DĂ©signation Blocs B, D, W, G Bloc A Bloc I Bloc L
Dimensions
(longueur × diamètre)
19,8 Ă— 2,68 m 28,75 Ă— 2,95 m 8,1 m Ă— 2,66 m 5,1 Ă— 2,8 m
Masse
(masse Ă  vide)
4 x 43,4 t
(4 x 3,7 t)
100,6 t
(6,8 t)
24,8 t
(t)
t
(1,2 t)
Moteur-fusée 4 × RD-107 RD-108 RD-0110 S1.5400A
Poussée maximale 4 x 754,9 kN 672,3 kN 298 kN 69 kN
Impulsion spécifique
(dans le vide)
257 s (au niveau de la mer) 248 s (au niveau de la mer) 330 s 340 s
Durée de fonctionnement 119 s 291 s 200 s 285 s
Ergols Kérosène et Oxygène liquide

Le bloc I

Le bloc I remplace le bloc E du lanceur Vostok. Avec une masse de 24,8 tonnes (masse Ă  vide de 1 976 kg), il est chargĂ© de placer le quatrième Ă©tage ainsi que la charge utile sur une orbite basse (200 Ă— 500 km). Il est propulsĂ© par un nouveau moteur, le RD-0110, premier moteur-fusĂ©e Ă  usage spatial dĂ©veloppĂ© par le bureau d'Ă©tudes KB Khimautomatiki dirigĂ© par SĂ©mion Kosberg. Ce moteur reprend une architecture commune sur les lanceurs Semiorka avec une turbopompe unique alimentant 4 chambres de combustion et leur tuyère. La turbopompe est mise en mouvement par les gaz d'un gĂ©nĂ©rateur Ă  gaz qui sont Ă©galement utilisĂ©s par quatre petits moteurs-verniers pour maintenir l'orientation du lanceur dans les trois axes. Sa poussĂ©e est de 298 kN. il fonctionne durant 200 secondes. Contrairement au bloc E qu'il remplace, les rĂ©servoirs d'ergols sont de forme cylindrique et non toroĂŻdale. Le bloc I est long de 8,1 mètres pour un diamètre de 2,66 m[2] - [5].

Le bloc L

Bloc L
Bloc L du lanceur Molnia avec une sonde spatiale de la série 2MV mise en œuvre sans succès au début des programmes Mars et Venera.

L'Ă©tage supĂ©rieur Bloc L est un nouvel Ă©tage qui est utilisĂ© pour fournir la vitesse nĂ©cessaire Ă  la charge utile circulant en orbite basse (200 Ă— 500 km) )Ă  la suite de l'extinction du Bloc I pour la placer selon le cas sur une orbite haute (satellites de tĂ©lĂ©communications) ou une orbite interplanĂ©taire (sondes spatiales). Pour viser ces orbites, l'Ă©tage est allumĂ© après une pĂ©riode de vol libre au cours duquel son orientation est maintenue fixe Ă  l'aide du système de contrĂ´le d'attitude SOIS. L'Ă©tage donne lieu Ă  plusieurs innovations technologiques. Le moteur-fusĂ©e Ă  ergols liquides S1.5400 qui le propulse et brĂ»le le mĂ©lange d'ergols KĂ©rosène / Oxygène liquide est le premier moteur Ă  mettre en Ĺ“uvre un cycle Ă  combustion Ă©tagĂ©e permettant des gains significatifs au niveau de son impulsion spĂ©cifique (7 Ă  10 %) qui monte Ă  342 secondes. Pour la mise Ă  feu du Bloc L les ingĂ©nieurs soviĂ©tiques ont recours Ă  une deuxième innovation : un petit propulseur Ă  propergol solide (BOZ) est utilisĂ© avec deux objectifs. La poussĂ©e produite plaque les ergols, qui Ă©taient dispersĂ©s dans les rĂ©servoirs par l'absence de gravitĂ©, contre le fond et garantit l'alimentation initiale du moteur. Par ailleurs les gaz produits par le bloc de poudre entrainent une petite turbine qui met en rotation la turbopompe. Celle-ci est entrainĂ©e par la suite par les gaz produits par une prĂ©-chambre de combustion. Les gaz utilisĂ©s pour entrainer la turbopompe comme ceux accĂ©lĂ©rĂ©s par celle-ci sont injectĂ©s dans la chambre de combustion (principes du cycle Ă  combustion Ă©tagĂ©e). La pression dans cette dernière est de 54 bars. L'orientation du moteur peut ĂŞtre modifiĂ©e de 3° ce qui permet de contrĂ´ler l'attitude du lanceur en lacet et en tangage. Le contrĂ´le en roulis est pris en charge par deux moteurs auxiliaires de 100 newtons de poussĂ©e. Une fois que le moteur est dĂ©marrĂ©, le propulseur BOZ est larguĂ©. Le moteur S1.5400 une fois Ă©teint ne peut pas ĂŞtre remis en marche. Il fonctionne durant 285 secondes dans la deuxième version dĂ©ployĂ©e[2].

La première version du bloc L, dont la structure dĂ©rive du bloc E, utilise deux rĂ©servoirs toroĂŻdaux de 60 cm de diamètre pour stocker les ergols. Il a une masse Ă  vide de 1,08 tonnes et avec les ergols de 5,1 tonnes. Le propulseur BOZ reprĂ©sente 700 kg et le moteur Ă  sec pèse environ 150 kg. L'Ă©tage est long de 5,1 mètres et son diamètre est de 2,8 mètres. La deuxième version de l'Ă©tage utilise un moteur-fusĂ©e amĂ©liorĂ© mais surtout transporte une quantitĂ© nettement plus importante d'ergols : sa masse au lancement passe Ă  6,66 tonnes pour une masse Ă  vide de 1,16 tonne. Les dimensions extĂ©rieures restent inchangĂ©es[2].

Molnia-M

À partir de 1964, apparaît Molnia-M, qui a été retirée du service en 2010[6].

Les premiers lancements

DateChargeRĂ©sultatVersion
Mars 1AÉchec
Mars 1BÉchec
Venera 1AÉchec
Venera 1Succès
Venera 2AÉchec
Venera 2BÉchec
Venera 2CSuccès
Spoutnik 22 (Mars-1962A)Succès
Mars 1Succès
Mars 2ASuccès
Cosmos 21 (Zond)Échec
Spoutnik 25ÉchecL
Luna 4AÉchecL
Luna 4SuccèsL
Cosmos 21 (Zond 1)Succès
Zond 1AÉchecM
Luna 5AÉchecM
Venera 2D (Cosmos 27)ÉchecM
Zond 1SuccèsM
Luna 5BÉchecM
Molnia 1A (Orbite de Molnia)Échec
Comos 41 (Molnia 1B)Succès
Zond 2Succès
Luna 5C (Cosmos 60)SuccèsL
Luna 5DÉchecL
Molnia 1Succès
Luna 5SuccèsM
Luna 6SuccèsM
Zond 3Succès
Luna 7Succès
Molnia 1Succès
Venera 2SuccèsM
Venera 3SuccèsM
Cosmos 96 (Venera 4A)ÉchecM
Luna 8Succès

Références

  1. https://space.skyrocket.de/doc_lau/molniya.htm
  2. (de) Bernd Leitenberger, « Die Semjorka Trägerrakete », sur www.bernd-leitenberger.de (consulté le )
  3. Nicolas Pillet, « Lancement Molnia du 12 février 1961 », sur www.kosmonavtika.com (consulté le )
  4. Chris Mihos, « Mars (1960-1974) » (consulté le )
  5. (de) Bernd Leitenberger, « Die Sojus Trägerrakete », sur www.bernd-leitenberger.de (consulté le )
  6. Nicolas Pillet, « Lancements effectués par la Russie en 2010 » (consulté le )

Bibliographie

  • Christian Lardier (Air et Cosmos) et Stefan Barensky (prĂ©f. Jean-Yves Le Gall), Les deux vies de Soyouz, Paris, Editions Edite, coll. « Histoire des sciences », , 415 p. (ISBN 978-2-846-08266-2 et 2-846-08266-9, OCLC 758791376, BNF 42293729, LCCN 2010540421)

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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