Valérie Toranian
Valérie Toranian, née Valérie Astrig Couyoumdjian[1], en 1962 à Suresnes, est une journaliste française, directrice de la rédaction de Elle de 2002 à 2014, de la Revue des Deux Mondes de 2014 à 2022 et actuellement du Point, depuis octobre 2022[2].
.jpg.webp)
| Directrice de la rédaction Revue des Deux Mondes | |
|---|---|
| depuis | |
| Directrice de la rédaction Elle | |
| - | |
| RĂ©dactrice en chef Elle | |
| - |
| Naissance | |
|---|---|
| Nom de naissance |
Valérie Astrig Couyoumdjian |
| Nationalité | |
| Activités | |
| Conjoints |
Ara Toranian (d) (de aux années 2000) Franz-Olivier Giesbert (depuis ) |
| A travaillé pour |
Elle (depuis ) Revue des Deux Mondes Hay Baykar (d) Nouvelles d'Arménie Magazine |
|---|---|
| Distinction |
Biographie
Valérie Toranian est la petite-fille d'Arméniens rescapés du génocide qui débarquent à Marseille dans les années 1920 ; sa grand-mère est couturière à domicile pour des façonniers du Sentier[3]. Son père meurt quand elle a 15 ans[4]. Sa mère, normande, est professeur de français, latin et grec[3].
Pigiste au milieu des années 1980, elle signe en 1989 ses premiers articles dans Elle. Elle fonde avec son premier mari, Jean-Marc Ara Toranian, la revue Nouvelles d'Arménie Magazine.
Elle
En 1994, elle dirige la rubrique beauté du magazine Elle, qui l'a embauchée. Elle devient rédactrice en chef en 1998, puis directrice de la rédaction en 2002, fonction qu'elle doit quitter en [5], en raison d'une diminution des ventes.
Sébastien Fontenelle, Mona Chollet, Laurence de Cock et Olivier Cyran dans Les Editocrates (2022) analysent longuement la ligne éditoriale du magazine Elle dirigé par V. Toranian. Ils y voient une orientation proche de l'extrême-droite islamophobe, qui s'affirmera davantage dans la Revue des Deux Mondes dès 2014[6]. Ainsi lors de la parution en français du livre de la féministe italienne Oriana Fallaci, La Rage et l'orgueil, généralement considéré comme un brûlot islamophobe[7] - [8], Elle rejette certaines « formules détestables » de l'ouvrage tout en exprimant un accord sur le fond avec des propos relatifs à la condition des femmes musulmanes[6]. Le magazine Elle présente avec une certaine bienveillance le site d'extrême droite Causeur (en 2013), loué pour sa position à contre-courant de la « pensée unique »[6].
V. Toranian est remplacée en 2014 à la tête de Elle par Françoise-Marie Santucci[9].
En 2011, elle tient une chronique sur Canal+ dans La Nouvelle Édition animée par Ali Baddou.
Revue des Deux Mondes
En , elle devient directrice de la Revue des Deux Mondes[4]. Elle fait prendre à cette revue un virage « réactionnaire », invitant à y écrire, par exemple, Éric Zemmour, Alain Finkelkraut, ou Pierre-André Taguieff[10], et d'autres personnalités qui ont en commun une islamophobie marquée[6]. L'islamologue réputé pour son érudition, Christian Jambet y est attaqué et désigné comme un« musulman fanatique »[6] - [7]. Michel Houellebecq y est présenté comme un « prophète »[6] - [7].
Le Point
En octobre 2022, elle prend la direction de la rédaction du magazine Le Point, en remplacement de Sébastien Le Fol[11].
Vie privée
Après avoir vécu avec Ara Toranian, avec qui elle a deux enfants, elle devient la compagne de Franz-Olivier Giesbert[4].
Pour en finir avec la femme (2004)
Valérie Toranian publie en 2004 un essai intitulé Pour en finir avec la femme (éditions Grasset). Pour Jacqueline Rémy dans L'Express, ce livre dénonce la vision essentialiste des femmes, aussi bien que les positions différentialistes hostiles au féminisme hégémonique (celui des femmes blanches occidentales). L'Express note le silence de l'autrice concernant des sujets peu consensuels comme la prostitution, les statistiques sur la violence conjugale, ou la loi tendant à favoriser l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives[12].
L'essayiste et journaliste Mona Chollet voit dans le livre une instrumentalisation du féminisme, mis au service d'un discours raciste anti-arabe[13]. Elle souligne un intérêt sélectif porté aux cas de misogynie, selon qu'ils permettent ou non de stigmatiser les Arabes et les musulmans - la condition des femmes occidentales étant largement idéalisée[13]. Pour en finir avec la femme diffuserait une vision caricaturale de certaines cultures réduites à des pratiques sexistes et archaïques[13]. Selon Mona Chollet, un « racisme vertueux », tel que celui de Valérie Toranian, « reste un racisme »[13].
Publications
- Pour en finir avec la femme, Éditions Grasset,
- L’Étrangère, Flammarion, — Grand prix 2015 de l'héroïne Madame Figaro
- Une fille bien, Flammarion,
Notes et références
- Guillaume Gendron, « Valérie Toranian, d’ici et d’aïeule », sur Libération.fr, (consulté le )
- « Le Point: Valérie Toranian, nouvelle directrice de la rédaction », sur LEFIGARO, (consulté le )
- Gattegno et Sarfati 2007.
- Gendron 2015, p. 30.
- Daragon 2014.
- SĂ©bastien Fontenelle, Mona Chollet, Laurence de Cock et Olivier Cyran, Les Ă©ditocrates 2: Le cauchemar continue..., La DĂ©couverte, (ISBN 978-2-348-03552-4, lire en ligne)
- « Du racisme anti-arabe à l’islamophobie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Jean-Yves Camus, «LA CRITIQUE DE L'ISLAM, NOUVELLE OBLIGATION MORALE ET POLITIQUE ?», Revue internationale et stratégique, 2007/1 N°65 | pages 123 à 128
- Delcambre 2014.
- « Drôle de tournant à la « Revue des deux mondes » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Le Point : Sébastien Le Fol remplacé par Valérie Toranian », lalettrea.fr, 14 octobre 2022.
- « Son féminisme à Elle », sur L'Express, (consulté le )
- « Périphéries - Un féminisme mercenaire », sur www.peripheries.net (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Hervé Gattegno et Anne-Cécile Sarfati, Femmes au pouvoir, éditions Stock, , 416 p. (lire en ligne), « Valérie Toranian ».
- SĂ©bastien Fontenelle, Mona Chollet, Laurence de Cock et Olivier Cyran, Les Ă©ditocrates 2: Le cauchemar continue..., La DĂ©couverte, (ISBN 978-2-348-03552-4, lire en ligne)
- Benoît Daragon, « Valérie Toranian va quitter le magazine "Elle" », PureMédias,‎ (lire en ligne).
- Alexis Delcambre, « “Elle” : Valérie Toranian officiellement écartée », Le Monde,‎ (lire en ligne).
- Guillaume Gendron, « Valérie Toranian. D’ici et d’aïeule », Libération,‎ , p. 30 (lire en ligne).