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Urbanisme Ă©cologique

L'urbanisme écologique ou urbanisme durable est une façon d'appréhender le rapport de l'urbain à la nature. Il se veut ainsi plus respectueux de l'environnement en utilisant de nouvelles méthodes de constructions, de nouveaux matériaux, de nouveaux modes de déplacements, pour une ville donnant plus de place à la naturalité comme élément de qualité de vie. La notion de durabilité renvoie à l'impératif de concilier, dans l'urbanisme, le bien-être, l'équité et la cohésion sociales et le développement économique avec le respect du cadre naturel.

Écoquartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau.

« Écovilles » ou « écovillages »

DĂ©finition

On les appelle parfois aussi « eco-towns », « éco-cités », « écoquartiers », « écopolis ». Ils sont des exemples plus ou moins complets ou aboutis de l'urbanisme écologique appliqués à l'échelle d'un territoire de vie plus important que la maison, l'immeuble ou le bâtiment tertiaire (du « quartier » à la ville de plusieurs millions d'habitants. Ces écovillages sont soumis à des règles, principes et critères plus ou moins stricts qui leur valent leur titre, mais ils sont très variés dans leur autonomie, leurs formes et dimensions, notamment parce qu'ils cherchent à tirer profit des ressources locales. Certains s'apparentent à des villes nouvelles, d'autre à la ville renouvelée sur elle-même. Ils se présentent souvent comme des exemples, voire des vitrines et lieux d'expérimentation et de démonstration, conçus pour être facilement visités.

Exemples

En Europe, elles se sont d'abord développées en Allemagne (Fribourg, sur des modèles d'abord testés à petite échelle par Hambourg, Stuttgart, Berlin..) et en Europe du Nord et au Royaume-Uni (ex : Bedzed).

En France : la France a pris du retard en termes d'écovilles et d'écoquartiers, mais de nombreux projets sont en cours. Le plan local d'urbanisme, qui remplace depuis 2000 le plan d'occupation des sols, intègre désormais un projet d'aménagement et de développement durable. L'urbanisme écologique est une des propositions du Grenelle de l'environnement (l'atelier 1 a notamment proposé « Un plan volontariste d'écoquartiers » avec la réalisation d'au moins un écoquartier avant 2012 dans les communes qui ont des programmes de développement de l’habitat supérieur à 200 logements. Ces écoquartiers doivent avoir des caractéristiques (environnementales, sociales, services, activités…) et niveaux de performances à définir (dans ces quartiers, qui imposeraient aux bâtiments non seulement des exigences de consommation énergétique mais aussi d’autres exigences sur l’eau, les déchets, la biodiversité, l’accessibilité, les transports, la densité minimale, la mixité sociale et fonctionnelle).).
Le prĂ©-rapport de la Commission Attali publiĂ© en 2007 propose Ă©galement la crĂ©ation avant 2012 de dix Ecopolis, villes d’au moins 50 000 habitants intĂ©grant HQE (haute qualitĂ© environnementale) et nouvelles technologies de communication, et intĂ©grant une mixitĂ© sociale.

Limites

  • Certains projets sont du « greenwashing » (Ă©coblanchiment) avec une forte empreinte carbone ou Ă©nergie grise, les filières courtes pour les matĂ©riaux n'Ă©tant pas toujours dĂ©veloppĂ©es en France dans les annĂ©es 2000 ou au dĂ©but des annĂ©es 2010, ou le bilan des projets n'Ă©tant pas toujours global.
  • Ces projets sont actuellement souvent limitĂ©s par le fait que leur exemplaritĂ© s'arrĂŞte Ă  leurs frontières. Un Ă©coquartier peut ĂŞtre polluĂ© par les fumĂ©es, les pesticides aĂ©roportĂ©s ou les eaux qui le traversent. De plus le caractère Ă©cologique du bâti n'implique pas un comportement exemplaire de tous ses usagers. Ainsi, certains habitants de Bedzed ont continuĂ© Ă  acheter des voitures diesel ou Ă  essence alors que le bâtiment Ă©tait Ă©quipĂ© de panneaux photovoltaĂŻques destinĂ©s Ă  recharger des voitures Ă©lectriques.
  • Les coĂ»ts d'achats et d'investissement sont parfois plus Ă©levĂ©s, mĂŞme si l'on sait qu'ils sont ensuite largement « remboursĂ©s Â» par les Ă©conomies de fonctionnement.
  • La lĂ©gislation ne facilite gĂ©nĂ©ralement pas leur rĂ©alisation comme ville renouvelĂ©e sur elle-mĂŞme, l'utilisation des meilleurs labels et produits ni le dĂ©veloppement des filières et boucles courtes de consommation (une Ă©coville a plus de sens si une grande partie de l'alimentation peut ĂŞtre produite relativement localement). Souvent les grands projets sont aussi confrontĂ©s au manque d'architectes, paysagistes, Ă©clairagistes, et d'artisans et entreprises du BTP formĂ©s Ă  la haute qualitĂ© environnementale et Ă  l'intĂ©gration fonctionnelle de la biodiversitĂ© dans la ville et le bâti.
  • La satisfaction des usagers de ces villes ou quartiers semble Ă©levĂ©e. Mais cela induit parfois une hausse des prix des logements Ă  la revente voire une spĂ©culation.
Schéma du développement durable.

Principes

Les principes sont ceux du développement durable et des sciences écologiques appliquées à l'urbanisme.

Nouvel urbanisme

Cet urbanisme se veut vertueux et s'inscrit généralement dans une volonté plus large de développement durable et donc de démocratie participative. Il cherche à diminuer l'empreinte écologique de la ville, voire à rembourser sa « dette écologique » avec par exemple des constructions à biodiversité positive. Il produit pour cela des règles visant une meilleure intégration de la ville à l'environnement et de l'environnement à la ville ; l'urbanisme écologique veut veiller au respect de la nature relictuelle, y compris de la nature banale et ordinaire et de l'environnement nocturne, mais aussi aux conditions de restauration de la biodiversité, à un niveau proche de son potentiel naturel (Végétation naturelle potentielle en particulier).

Il cherche aussi Ă  limiter la dĂ©pendance des habitants aux Ă©nergies fossiles ou affectant l'environnement (et en particulier la dĂ©pendance au pĂ©trole et au rĂ©seau Ă©lectrique) via par exemple une autonomie Ă©lectrique, un rĂ©seau de chaleur local, la bioclimatisation, etc. Par exemple la hauteur des bâtiments est limitĂ©e Ă  cinq Ă©tages hors sol pour permettre un dĂ©placement vertical sans aide mĂ©canique[Note 1]. Des bâtiments bien orientĂ©s dont la hauteur ne dĂ©passe jamais la largeur de la rue permettent un meilleur accès au soleil pour tous. Des Ă©difices profonds de moins de 10 mètres facilitent l'Ă©clairage et une ventilation naturels de toutes les pièces. Les constructions mitoyennes (habitat groupĂ© ou habitat intermĂ©diaire, petits collectifs) limitent les pertes d'Ă©nergie, les dĂ©placements et les coĂ»ts de viabilisation (rĂ©seaux d'Ă©nergie, d'eau, d'assainissement...) ; nĂ©anmoins, des interruptions de la mitoyennetĂ© permettent la permĂ©abilitĂ© de la trame urbaine Ă  la faune et la flore indigène et certaines rues, murs et toitures peuvent ĂŞtre vĂ©gĂ©talisĂ© et intĂ©grĂ©s dans une trame verte urbaine ; Les règlements d'urbanisme peuvent imposer des noues, des bassins d'orages et d'un Ă©gouttage important, ainsi qu'une permĂ©abilitĂ© maximale des parkings, sols non bâtis et des voiries Ă  la percolation des eaux pluviales pour Ă  la fois limiter le risque d'inondation et les sĂ©cheresses (par rĂ©alimentation normale de la nappe phrĂ©atique), chaque parcelle rĂ©cupĂ©rant et absorbant les eaux de pluies (pour partie rĂ©Ă©vaporĂ© via l'Ă©vapotranspiration) pour ne pas exporter d'eau de ruissellement ; en voirie, des fossĂ©s et zones humides permettent la pĂ©nĂ©tration directe des eaux de ruissellement sans crĂ©ation d'Ă©gouttage.

« Mobilité plus écologique »

Cet urbanisme est conçu pour décourager les transports motorisés polluants en privilégiant et facilitant le « transport vert » ou « doux » dont notamment la marche, le tramway et le vélo[1].
La mobilité écologique fait également fortement appel aux transports en commun et à l'intermodalité en privilégiant les transports de type ferroviaire (train, tramway). Certains écoquartiers ont banni la voiture, l'ont repoussée en périphérie, ou s'appuient sur des flottes de véhicules partagés, tout en privilégiant les alternatives douces.
Le chemin de fer permet les déplacements interurbains et internationaux continentaux. Réseau de voies vertes urbain et interurbain : offre une alternative non motorisée aux déplacements locaux et régionaux courts. Les marchandises sont tant que possible déplacées par voie d'eau, chemin de fer voire par tram ou métro (la nuit quand cela est possible). L'utilisation de l'avion est systématiquement découragée et réservée aux déplacements intercontinentaux.

Architecture, matériaux et énergie

L'écoville s'attardera davantage à employer des matériaux renouvelables, récupérables et de récupération tels que la terre, la chaux, la paille, le bois… L'écoville recycle également les vieux bâtiments délabrés et récupère les matériaux afin qu'aucun gaspillage ne soit effectif. Les bâtiments sont fonctionnels et doivent permettre une économie d'énergie :

  • Ă©clairage et ventilation passifs maximaux par l'application des principes bioclimatiques ; utilisation rationnelle de l'Ă©nergie (cogĂ©nĂ©ration, isolation, bilans Ă©nergĂ©tiques, bilan carbone…) et maximalisation de l'emploi des Ă©nergies renouvelables ;
  • dĂ©chets : on tend vers « zĂ©ro dĂ©chets Â» ; compostage des dĂ©chets vĂ©gĂ©taux et des selles humaines et animales ; emballages consignĂ©s ou biodĂ©gradables dans le compost ; traitement des eaux grises en citerne avant leur rejet sur les espaces non bâtis ou cultivĂ©s ;
  • les Ă©covilles et villages tendent Ă©galement Ă  offrir une large place Ă  la faune et la flore en multipliant les zones de nature, la biodiversitĂ©, y compris sur le bâti (mur vĂ©gĂ©talisĂ©, toiture vĂ©gĂ©tale, et dans les espaces verts de rĂ©crĂ©ation, incitant Ă©galement au retour de la faune au sein des murs de la citĂ© via un rĂ©seau Ă©cologique local de corridors biologiques (maillage vert) et en favorisant les espèces locales et une gestion Ă©cologique et donc diffĂ©renciĂ©e.

Réalisations concrètes

Il faut bien comprendre que, l'écoville telle que décrite ci-dessus demeure pour le moment irréalisée, dans la mesure où celle-ci serait totalement aboutie. Aujourd'hui pourtant dans les grandes métropoles on retrouve chacun de ces éléments mais à de petites échelles. En termes de réalisations effectives, qui existent, on doit alors plutôt parler aujourd'hui d'écovillages. exemples de villages écologiques: Auroville, Findhorn, Lebensgarten Steyerberg…)

Habitat groupé

L'habitat groupé est un des facteurs de solidarité sociale et de qualité environnementale d'une ville (éventuellement « ville renouvelée sur elle-même »). Il peut s'agir tant d'un programme d'urbanisme que de la volonté d'un groupe d'individus désireux de partager (habitat coopératif). Il permet aussi une réduction des coûts par l'achat collectif de terrains et matériaux, une moindre consommation d'énergie et de sol, l'engagement d'un seul architecte et d'un seul entrepreneur, un espace vert et de jardin partagé, voire collectivement entretenu. L'enjeu écologique est bien présent et l'habitat groupé est une manière de reproduire une micro-société au sein de bioconstructions qui vont permettre par exemple un traitement groupé et sélectif des déchets et des eaux usées. Dans l'habitat coopératif, cuisine, salle de réunion, chambre d'ami, bibliothèque, buanderie, chaufferie, cabane à outils, garage et garages à vélo, sont autant d'espaces qui peuvent être mutualisés.

Dans un monde où la mobilité des personnes et des ménages s'est fortement développée, les expériences durables d'habitat groupé étaient de plus en plus rares (modèle pavillonnaire prédominant). Si les personnes prêtes à accepter quelques compromis limitant leur liberté personnelle pour bénéficier de convivialité et espaces communs semblent une minorité, les expériences d'habitat coopératif se multiplient[2] néanmoins en France à la fin des années 2000 et au début des années 2010, dans les métropoles de Lille, Strasbourg, Paris, en Bretagne, en Isère[2], en Belgique... En Allemagne, le phénomène n'est plus une exception, puisqu'il représente, en 2012, 20 % des nouvelles constructions.

On peut citer parmi d'autres exemples : la Terre d'Enneille (écovillage belge de La Grande-Enneille), Durbuy[3], le hameau de Boussac, l'Abbaye de Saint-Denis-en-Broqueroie, la Placette à Wezembeek-Oppem (Bruxelles) ou l'écoquartier néerlandais EVA-Lanxmeer.

Exemples d'Ă©covilles

Bibliographie

  • « La ville "durable", Ă©conome ? Faire la ville autrement », dir FrĂ©dĂ©ric Bonnet, revue Esprit, no 347 (aoĂ»t-)
  • Alberti M, Booth D, Hill K, Coburn B, Avolio C, Coe S, et al. (2007) The impact of urban patterns on aquatic ecosystems: an empirical analysis in Puget lowland sub-basins. Landscape and Urban Planning 80:345–361
  • Vito (Victor Locuratolo), Vito Utopique, Mr Mondialisation, , site consultĂ© le , [lire en ligne]

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. En France, le nombre d'étages d'un immeuble sans ascenseur est plus faible en raison des normes d'accessibilité.

Références

  1. Hélène Crié-Wiesner, « Repenser la ville américaine, un sacré job pour les urbanistes », Rue89,‎ (lire en ligne).
  2. L'habitat groupé coopératif, CAUE de l'Isère, octobre 2008, pdf consulté le 12 novembre 2012
  3. Ecovillage / Terre d'Enneille
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