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Trylon et Perisphere

Le Trylon et la Perisphere sont deux structures modernistes monumentales de l'Exposition universelle de New York de 1939-1940 dont le thème Ă©tait « le monde de demain ». Elles ont Ă©tĂ© imaginĂ©es par les architectes Wallace Harrison et J. Andre Fouilhoux. La Perisphere, Ă  l'Ă©poque la plus grande sphère au monde avec ses 55 m de diamètre, accueille un diorama d'Henry Dreyfuss intitulĂ© « DĂ©mocracitĂ© », qui, en accord avec le thème de l'exposition, dĂ©peint une ville utopique du futur. Cette sphère est reliĂ©e au Trylon, une pyramide de 186 m de haut, par un escalier mĂ©canique, le plus long de l'Ă©poque. Les deux monuments ont Ă©tĂ© dĂ©montĂ©s pour l'effort de guerre, juste avant la Seconde Guerre mondiale.

Trylon et Perisphere
Localisation
Adresse
Coordonnées
40° 44′ 47″ N, 73° 50′ 42″ O
Carte

Choix du projet

Photographie d'un modèle métallique du monument.
Modèle pour le Trylon et la Perisphere (1938).

L'Exposition universelle de New York 1939-1940, l'une des plus grandes expositions universelles jamais organisées et la deuxième exposition universelle américaine la plus coûteuse, est un projet ambitieux dans la période d'incertitude qui suit la Grande Dépression et qui précède la Seconde Guerre mondiale[1] - [2].

Si le thème initial de l'exposition était la commémoration du 150e anniversaire de l'investiture de George Washington et sa ratification de la Constitution, le thème avant-gardiste « le monde de demain » est finalement choisi en 1936[1]. Les différents commanditaires s'emparent de l'idée et le consumérisme américain l'emporte. L'évènement célèbre ainsi également la consommation, la commercialisation et la foi dans les affaires et l'industrie américaines[1].

L'exposition se déroule à Flushing Meadows-Corona Park, une ancienne décharge du Queens, sur une surface de plus de 486 ha[3] - [4].

Tout comme la France avait impressionnĂ© le monde entier avec la Tour Eiffel lors de l'Exposition de 1889 et la « grande roue de Chicago » avait fascinĂ© le public Ă  l'Exposition de 1893 de Chicago[5], les organisateurs de l'Ă©dition 1939-1940 de l'exposition universelle souhaitent prĂ©senter une Ĺ“uvre imposante. Dans un premier temps, il est proposĂ© de construire une statue gĂ©ante de Diane. L'idĂ©e, jugĂ©e pas assez innovante, trop ancrĂ©e dans le passĂ© et trop Ă©loignĂ©e du thème, n'est pas retenue[5]. En 1936, après un concours, Wallace Harrison et J. AndrĂ© Fouilhoux sont engagĂ©s pour imaginer et concevoir la pièce centrale de cette exposition[5] - [3] - [6]. Ils proposent un théâtre circulaire avec un diorama montrant les interactions entre les milieux urbains et ruraux, accompagnĂ© de deux tours jumelles d'une centaine de mètres de hauteur. L'idĂ©e est toutefois jugĂ©e trop peu innovante[5]. Ce n'est qu'Ă  la mi- que le projet final est prĂ©sentĂ©. Il s'agit d'une pyramide Ă  base triangulaire de 213 m de haut et d'une sphère de 61 m de diamètre, le tout recouvert de bĂ©ton et peint en blanc[1] - [5].

Le nom Trylon and Perisphere est donné au projet. Il s'agit d'un néologisme basé sur le grec[1] - [5]. Le préfixe grec peri-, qui signifie « tout autour », « environ » ou « enfermé » désigne la sphère (Perisphere) tandis que try désigne le nombre trois, le nombre de faces du Trylon[1] - [5].

Dans ce projet, les visiteurs entrent d'abord dans le Trylon[7], avant d'ĂŞtre conduits vers la Perisphere[7]. Ă€ l'intĂ©rieur de celle-ci, une exposition d'Henry Dreyfuss est accessible[7]. Autour de la sphère, une rampe de 290 m de long et m de large est imaginĂ©e pour quitter l'exposition Ă  l'intĂ©rieur de la Perisphere[7]. On lui donne le nom d'Helicline[1] - [7].

Construction

Photographie de la passerelle qui entoure la sphère.
Helicline, passerelle entourant la Perisphere avec des visiteurs. Elle est recouverte de miroirs.

Malheureusement, les contraintes techniques et le coĂ»t total du projet demandent de revoir Ă  la baisse les ambitions[1]. La pyramide sera finalement haute de 186 m et la sphère aura un diamètre de 55 m[1]. Le revĂŞtement en bĂ©ton est abandonnĂ© au profit d'une couche de plâtre et d'un stuc blanc. Le rĂ©sultat n'est malheureusement pas aussi Ă©lĂ©gant : la surface extĂ©rieure a un aspect plus granuleux qui l'Ă©loigne lĂ©gèrement de l'idĂ©al d'une structure lisse et parfaite[1]. Le coĂ»t total du projet est estimĂ© Ă  1,7 millions de dollar[3].

Des essais en soufflerie montrent que des rafales de vent pourraient entrainer une inondation de la structure placée au centre d'un bassin[5] - [7]. Il est donc décidé de surélever la sphère du sol grâce à huit piliers en acier[1] - [5] - [7]. Ce rehaussement a cependant quelques conséquences sur l'esthétique de la structure, étant donné que la sphère ne donne plus l'illusion de flotter sur l'eau. On recouvre donc les piliers de miroirs et on augmente la pression des fontaines pour dissimuler les piliers derrière les jets d'eau[5] - [7]. Les derniers essais en soufflerie montreront que la structure peut résister à des vents de 140 km/h[5].

La construction nĂ©cessite 2 000 m3 de bĂ©ton, plus de 7 000 pièces individuelles en acier, et le poids total des deux monuments est d'environ 10 000 tonnes[7]. Les piliers, qui supportent la sphère font m de haut et 1,2 m de large, sont disposĂ©s en un cercle de 25 m de diamètre[3]. Le bassin qui entoure la sphère a un diamètre d'environ 100 m, l'eau s'arrĂŞtant Ă  2,4 m sous la sphère[3].

L'Helicline, qui permet de tourner autour de la Perisphere et de redescendre, est une passerelle de 290 m de long et 5,5 m de large[7]. Les visiteurs peuvent admirer l'exposition depuis celle-ci, Ă©tant donnĂ© qu'il s'agit d'un des points les plus hauts du parc[7]. Elle est recouverte de miroirs[7]. Pour entrer dans le Trylon, les visiteurs empruntent un escalier mĂ©canique, le plus long du monde Ă  l'Ă©poque[1] - [7].

La construction du Trylon et de la Perisphere se termine le et est cĂ©lĂ©brĂ©e par le maire de l'Ă©poque, Fiorello La Guardia[5]. Aucun des 54 ouvriers du chantier n'aura Ă©tĂ© blessĂ©, si ce n'est un orteil Ă©crasĂ© pour l'un d'entre eux[5].

Democracity

Ă€ l'intĂ©rieur de la Perisphere, Henry Dreyfuss imagine un diorama intitulĂ© Democracity (DemocracitĂ©). Il y dĂ©peint une ville futuriste idĂ©ale qui couvre une surface de 28 500 km2 et peut accueillir 1 500 000 habitants[1]. Sur base des travaux d'Ebenezer Howard, une banlieue est prĂ©sente, avec un quartier central des affaires (Centerton), des quartiers industriels et des quartiers rĂ©sidentiels. Le tout est entourĂ© de champs et de forĂŞts et les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments de la ville sont interconnectĂ©s par des autoroutes modernes[1]. Après avoir payĂ© 25 cents, le public accède Ă  l'exposition et se retrouve sur deux balcons mobiles pour admirer, en hauteur, le diorama[1] - [7] - [8]. Une prĂ©sentation est lancĂ©e toutes les six minutes. Une voix off, accompagnĂ©e par la musique Rising Tide du compositeur William Grant Still, prĂ©sente la ville et ses avantages. Un cycle jour/nuit est mis en Ă©vidence et la ville s'Ă©claire grâce Ă  une peinture phosphorescente pour simuler l'activitĂ© nocturne[7].

L'Exposition

Photographie
Vue sur le Trylon et la Perisphere durant l'exposition.

L'Exposition dĂ©bute en , soit quelques mois avant la Seconde Guerre mondiale[1]. Le Trylon, avec ses 186 m de haut, attire directement le regard et est vu depuis de nombreux quartiers de New York. Il est ainsi possible de l'admirer depuis Manhattan et d'entrevoir sa pointe depuis le Bronx[7]. Chaque nuit, plus de 340 projecteurs Ă©clairent la Perisphere[5], ceux-ci ayant mĂŞme nĂ©cessitĂ© l'Ă©laboration de nouvelles technologies[7]. Des bandes rouges, blanches et bleues, symbolisant les couleurs du drapeau amĂ©ricain, sont ainsi projetĂ©s sur la structure, avec des nuages passant devant[5]. En 1939, le jour d'Halloween, la sphère est transformĂ©e en Jack-o'-lantern gĂ©ante, avec la projection du cĂ©lèbre visage[1].

L'entrée en guerre de certains pays européens affectera l'exposition[1]. Ainsi, l'Espagne, en pleine guerre civile, ferme son pavillon dès 1939. Ensuite, avec les conquêtes de l'Allemagne nazie, les pavillons polonais, danois, norvégien, belge, néerlandais et français ferment également[1]. De plus, le blanc immaculé de la Perisphere terni très vite avec la poussière et la pollution. Le Trylon est également endommagé et le , des plaques tombent au sol, heureusement ne causant aucun blessé[5]. L'année suivante, le , un orage frappe durement l'exposition et la foudre s'abat quatre fois sur la structure, ne lui causant que des dégâts légers[5]. Il est finalement décidé, après l'exposition, de démonter les deux structures, les frais de maintenance étant trop importants[5].

Le , l'exposition ferme dĂ©finitivement. Le dernier jour de son ouverture, elle a accueilli 550 000 visiteurs, un record de frĂ©quentation[7]. Dès le lendemain, les pavillons sont dĂ©molis. L'acier rĂ©cupĂ©rĂ© est très probablement utilisĂ© pour l'effort de guerre[1] - [7].

HĂ©ritage

Photographie d'un timbre de 1939 représentant le Trylon et la Perisphere.
Trylon et Perisphere sur un timbre américain de 1939.

Le Trylon et la Périsphère sont devenus le symbole central de l'Exposition universelle de 1939-1940, leur image étant reproduite sur un large éventail de supports promotionnels et servant de point central à l'exposition[1]. Les États-Unis ont émis un timbre-poste en 1939 représentant le Trylon et la Périsphère (photo)[1]. L'Unisphère, symbole de l'Exposition universelle de New York de 1964-1965, se trouve désormais à l'emplacement de la Périsphère[1] - [7].

Apparitions dans le monde culturel

  • Compositeur (et orchestrateur de Rhapsody in Blue) Ferde GrofĂ© a Ă©tĂ© mandatĂ© par l'Exposition universelle pour composer une pièce de musique symphonique dĂ©diĂ©e aux Ă©difices sculptĂ©s.
  • Le New Yorker a publiĂ© une caricature de George Price dans laquelle deux hommes dĂ©guisĂ©s en Trylon et Perisphere s'approchent du bureau de l'Exposition universelle, l'un disant : « Si cela ne nous fait pas entrer, rien ne le fera ».
  • Le Trylon est mentionnĂ© dans la chanson de 1939 de Yip Harburg, Lydia the Tattooed Lady, rendue cĂ©lèbre par Groucho Marx dans At The Circus .
  • Le Trylon Theatre, situĂ© sur le Queens Boulevard Ă  Forest Hills, Queens, a fonctionnĂ© de Ă  . Le dĂ©cor du théâtre comprenait plusieurs rĂ©fĂ©rences Ă  l'Exposition universelle de 1939-1940.
  • Dans le film de 1941 Joies matrimoniales, les personnages vont Ă  l'exposition. Les structures rĂ©elles sont prĂ©sentĂ©es avec un long plan de camĂ©ra et sont clairement visibles pendant que les personnages sont coincĂ©s dans un manège.
  • L'Ă©pisode L'OdyssĂ©e du vol 33 de The Twilight Zone prĂ©sente une vue aĂ©rienne de ces structures pour indiquer qu'un Boeing 707 a voyagĂ© dans le temps et est arrivĂ© en 1939 ou 1940.
  • Dans la sĂ©rie de bandes dessinĂ©es de DC Comics All-Star Squadron (dĂ©butant en 1981 mais se dĂ©roulant pendant la Seconde Guerre mondiale), l'escadron utilise la Perisphere comme quartier gĂ©nĂ©ral.
  • Dans la sĂ©rie de bandes dessinĂ©es de DC Comics Young All-Stars (qui dĂ©bute en 1987 mais se dĂ©roule Ă©galement pendant la Seconde Guerre mondiale), utilise le Trylon et la Perisphere comme quartier gĂ©nĂ©ral.
  • La nouvelle d'Howard Waldrop de 1985 Heirs of the Perisphere dĂ©crit l'excavation de la capsule temporelle qui est enterrĂ©e lors de l'Exposition universelle de 1939.
  • L'auteur-compositeur-interprète Aimee Mann a crĂ©Ă© une chanson intitulĂ©e Cinquante ans après la foire pour son album de 1993 Something, dont le sujet est l'Exposition universelle de 1939. La chanson fait rĂ©fĂ©rence au Trylon et Ă  la Perisphere tout en suggĂ©rant Ă  quel point la vision brillante de l'avenir de l'exposition avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e au cours des « dĂ©cennies Ă  venir » dĂ©sormais Ă©coulĂ©es.
  • Dans l'Ă©pisode de 1995 Aubrey de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e The X-Files, le protagoniste a des visions du Trylon et de la Perisphere, ce qui mène les dĂ©tectives Ă  un indice important.
  • Le deuxième Ă©pisode de la quatrième saison de la sĂ©rie de Showtime Homeland s'intitule Trylon and Perisphere.
  • L'album Ă©ponyme de 2000 Deltron 3030 prĂ©sente une image de la Perisphere sur sa pochette.
  • Un chapitre du roman de Michael Chabon, Les Extraordinaires Aventures de Kavalier et Clay, qui se passe en 1942, se dĂ©roule Ă  l'intĂ©rieur de la Perisphere rĂ©cemment abandonnĂ©e.
  • Dans le roman semi-autobiographique World's Fair de l'auteur E. L. Doctorow, il raconte l'histoire d'un garçon nommĂ© Edgar qui au dĂ©but des annĂ©es 1930 vit dans le Bronx. Le roman culmine avec l'Exposition universelle de 1939. Le Trylon et Perisphere sont rĂ©fĂ©rencĂ©s tout au long de l'histoire.
  • Dans le roman de 1939 Doc Savage de Kenneth Robeson, World's Fair Goblin, le Trylon et la Perisphere sont reprĂ©sentĂ©s sur la couverture et font partie intĂ©grante de l'histoire.
  • Dans le roman de 1940 de la sĂ©rie des Nero Wofle de Rex Stout, Where There's a Will (chapitre 13), Archie Goodwin suggère Ă  un policier d'« aller s'asseoir sur le trylon ».
  • Le film utopique / dystopique de 2015 Ă€ la poursuite de demain contient des versions futuristes du Trylon, de la Perisphere et de l'Helicline. La Perisphere, contrairement Ă  l'Exposition de 1939, contient un dispositif qui permet de voir dans le passĂ© ; le passĂ© est vu sur la surface intĂ©rieure de la sphère. De plus, contrairement Ă  la Perisphere de 1939, la future Perisphere flotte dans les airs. Dans l'ouverture du film, l'image de Disneyland est modifiĂ©e pour inclure le trio. Ils apparaissent Ă©galement dans l'animation de clĂ´ture.
  • La nouvelle de 2017 Le passĂ© est important pour nous de Tom Hanks, dans sa collection Uncommon Type, se dĂ©roule principalement Ă  New York lors de l'Exposition universelle de 1939 et mentionne le Trylon et la Perisphere parmi d'autres sites.

Voir aussi

Notes et références

  1. (en-US) « AD Classics: Trylon and Perisphere / Harrison and Fouilhoux », sur ArchDaily, (consulté le )
  2. (en-US) « 81 Years Ago, FDR Opened the 1939 World's Fair in Queens », sur Untapped New York, (consulté le )
  3. (en) Allen County Public Library Genealogy Center, New York panorama : a comprehensive view of the metropolis, New York : Random House, (lire en ligne), p. 487-500
  4. (en) Barbara Cohen, Steven Heller et Seymour Chwast, Trylon and Perisphere: the 1939 New York World's Fair, Abrams, (ISBN 978-0-8109-2415-4, OCLC 18497461, lire en ligne)
  5. « The Trylon & Perisphere », sur www.1939nyworldsfair.com (consulté le )
  6. (en-US) « Designers chosen for tower at fair; Harrison and Fouilhoux Sign Contract to Plan Key Building of Exposition. », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  7. (en-US) « 10 Facts About the Lost Giant Trylon and Perisphere from the 1939 World's Fair », sur Untapped New York, (consulté le )
  8. (en) « Democracity Booklet », sur www.1939nyworldsfair.com (consulté le )

Liens externes

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