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Tramway de JĂ©rusalem

Le tramway de JĂ©rusalem (en hĂ©breu : הרכבת הקלה בירושלים) est un tramway dont les caractĂ©ristiques sont celles d'un mĂ©tro lĂ©ger, qui dessert la ville de JĂ©rusalem et une partie de la Cisjordanie. Il transporte, selon Geo magazine, 130 000 voyageurs par jour.

Tramway de JĂ©rusalem
(he) הרכבת הקלה בירושלים
Image illustrative de l’article Tramway de Jérusalem
Le tramway longeant les murs de la Vieille-ville

Situation JĂ©rusalem
Drapeau d’Israël Israël
Type Métro léger
Entrée en service
Longueur du rĂ©seau 13,8 km
Longueur additionnĂ©e des lignes 13,8 km
Lignes 1
Stations 24
Rames Alstom Citadis
Écartement des rails 1 435 mm
Propriétaire CityPass Consortium
Exploitant Egged Holding Ltd
Vitesse maximale 80 km/h

Image illustrative de l’article Tramway de Jérusalem

Son premier tronçon d'une longueur de 13,8 km a Ă©tĂ© mis en service le [1].

L'ancien réseau

Historiquement, Jérusalem se trouve sur le Chemin des Patriarches situé entre la Via Maris (le long de la côte à l'ouest) et la route principale (à l'est du Jourdain). Lors de la croissance de ville au XIXe siècle qui l'amène à sortir des remparts, l'urbanisation s'est réalisée le long des grandes voies de communication, devenant ainsi la route de Jaffa, qui mène à l'ouest en direction de la plaine côtière, la route des crêtes menant vers le nord à Ramallah, Naplouse et Damas, et au sud vers Bethléem et Hébron , ainsi qu'une route à l'est vers Jéricho.

Les premiers projets de tramway datent de 1892 et ont été conçus par l'ingénieur grec libanais, George Frangié, qui était également intervenu sur le projet du chemin de fer Jaffa - Jérusalem. Ce tramway aurait relié Jérusalem, Ein Karem et Bethléem[2]. En 1910, les autorités ottomanes publient un appel d'offres pour la réalisation d'un tramway[3].

En 1918, la 272e compagnie des Royal Engineers de l'armĂ©e britannique, commandĂ©e par le colonel Jordan Bell, et spĂ©cialisĂ©e dans les travaux de voies ferrĂ©es, a construit un système ferroviaire reliant JĂ©rusalem (quartier de la Colonie allemande) Ă  Al-Bireh, situĂ© Ă  la pĂ©riphĂ©rie de Ramallah, avec un itinĂ©raire sinueux dans JĂ©rusalem et les montagnes entourant la Vieille-ville, passait par l’actuelle Knesset et le Zoo biblique. 850 ouvriers arabes Ă©gyptiens et locaux, dont environ la moitiĂ© de femmes, ont participĂ© aux travaux [4] - [5].

Le chemin de fer a été utilisé par l'armée britannique pendant quelques mois pour le transport de troupes du général Allenby. Il a été démantelé lorsque le front s'est déplacé vers le nord à la fin de 1918. Il ne subsiste plus de traces de cette ligne, mais certaines des rues de la ville ont pu être ouvertes le long de son itinéraire[5].

Le projet et sa réalisation

Objectifs du projet

Améliorer le déplacement des habitants de Jérusalem car la circulation y est rendue difficile par des bouchons quotidiens qui affectent aussi bien les voitures que les autobus, diminuer la pollution liée aux autobus traditionnels, désenclaver certains quartiers.

Montage financier

Le , le gouvernement israélien a signé un contrat de Partenariat public-privé avec le consortium Citypass Limited (regroupant Alstom, Veolia Transport, les entreprises israéliennes Polar et Ashtrom, les banques Leumi et Hapoalim) pour l'exploitation et la construction de la ligne de tramway de Jérusalem[6] - [7] - [8] - [9] - [10] - [11] - [12].

Ce type de contrat de construction et d'exploitation ferroviaire est défini par l’acronyme anglais BOT : des entreprises privées construisent (build) et gèrent (operate) le tramway pendant trente ans avant de rétrocéder (transfer) le tout aux pouvoirs publics[12].

Découvertes archéologiques

Lors de la construction de la voie de tramway dans la zone de Shuafat, les restes d'un ancien site de peuplement judéo-romain ont été découverts.

Ils ont été décrits comme étant ceux d'une « communauté sophistiquée impeccablement planifiée par les autorités romaines composée de rangées de maisons ordonnées et de deux beaux bains publics au nord »[13].

Restructuration du réseau de transport public

La mise en service du tramway s'accompagne de la restructuration du réseau de bus de Jérusalem, avec la mise en service de 4 lignes de bus à haut niveau de service circulant en site propre, dénommées BRT (Bus Rapid Transit).

Par ailleurs sera crĂ©Ă©e une nouvelle ligne JĂ©rusalem - AĂ©roport Ben Gourion - Tel Aviv, qui mettra les deux grandes agglomĂ©rations Ă  trente minutes l’une de l’autre. D’une longueur de 57 km, cette ligne Ă  deux voies comportera 20 km de tunnels et km de ponts enjambant les vallĂ©es[14].

Grandes dates du projet

Pose des rails sur le boulevard Herzl en mai 2007.
Pavage des voies sur le boulevard Herzl ern avril 2008.

La mise en service du tramway était prévue pour 2006, mais a pris plusieurs années de retard sur le calendrier prévu, les travaux avançant très lentement. La date de mise en service ne cesse d'être reportée. On a parlé de 2006, puis 2008, puis 2009, puis , puis d'[15] puis du , puis du [16]. Il est alors question de ne le mettre en service qu'après les vacances, lors des fêtes de Soukkot, mi-octobre ou en [17] et on parle même de [18] ! Finalement, la mise en service gratuite a lieu le et, le , le service devient payant et est assuré normalement.

  • La construction de la ligne de tramway a dĂ©butĂ© en .
  • Le Pont de Cordes de l'architecte Santiago Calatrava a Ă©tĂ© inaugurĂ© le [19], dans le cadre des festivitĂ©s du 60e anniversaire d'IsraĂ«l.
  • Les tests dĂ©butent au printemps 2010[20]. Les rames argentĂ©es roulent pour la première fois sur la ligne de tramway le .
  • Le , le tramway de JĂ©rusalem arrive en phase finale, malgrĂ© les importants retards et de gros dĂ©passements de budget. Les rames toutes neuves commencent Ă  sillonner la ville pour une pĂ©riode d'essai technique. La première sortie s'est effectuĂ©e en prĂ©sence de personnalitĂ©s officielles dont le Ministre des Transports et de la SĂ©curitĂ© routière IsraĂ«l Katz et le Maire de JĂ©rusalem, Nir Barkat. La mise en service reste prĂ©vue pour le . On apprend dans le mĂŞme temps que le projet de Tramway de Tel Aviv est abandonnĂ© provisoirement faute de financement[21], mais l'enjeu politique n'est sans doute pas le mĂŞme qu'Ă  JĂ©rusalem.
  • Le lundi : les tests ont Ă©tĂ© effectuĂ©s sur le pont suspendu du tramway. On y a fait passer plusieurs rames en mĂŞme temps pour vĂ©rifier sa soliditĂ©. Ces tests avaient lieu de nuit, mais une centaine de personnes Ă©taient venues spĂ©cialement pour y assister et ont applaudi avec enthousiasme.
  • Le mardi Ă  8 heures du matin : premier accident du tramway qui est entrĂ© en collision avec une voiture ayant brulĂ© un feu rouge au niveau de la colline des Français[22].
  • Le jeudi : nouveau dĂ©lai pour la mise en service de la première ligne de tramway, qui est reportĂ©e cette fois au pour une ouverture partielle très limitĂ©e. L'exploitation commerciale complète ne se fera pas avant le . En effet, lors d'une visite de contrĂ´le, il a Ă©tĂ© constatĂ© que la sĂ©curitĂ© n'Ă©tait pas aux normes internationales et l'autorisation n'a pas Ă©tĂ© donnĂ©e. Par ailleurs, d'autres questions restent toujours en suspens, comme le conflit commercial entre CityPass et Egged[16].
  • Le mercredi : Dans le diffĂ©rend entre l'État, la municipalitĂ© et la sociĂ©tĂ© CityPass qui gère le tramway concernant la prioritĂ© aux feux de circulation, un arbitrage indĂ©pendant a rejetĂ© la demande de report d'un mois supplĂ©mentaire prĂ©sentĂ©e par la sociĂ©tĂ© CityPass et a dĂ©cidĂ© que la mise en service devra ĂŞtre effective au plus tard le . Elle se fera de façon progressive. Concernant la prioritĂ© aux feux, aucune dĂ©cision dĂ©finitive n'a encore Ă©tĂ© prise, celle-ci Ă©tant repoussĂ©e Ă  une date indĂ©terminĂ©e[23].
  • Le : le tramway circule librement et gratuitement Ă  JĂ©rusalem pour 3 mois jusqu'au , en attendant la complète mise au point du système de signalisation.

Infrastructure

Stabile de Calder "un geste pour JĂ©rusalem (he)" au pied du Mont Herzl (Place de Hollande) - C'est le terminus de la ligne de tramway

Tracé de la ligne

La première ligne a été inaugurée en 2011. Elle débute à Pisgat Ze'ev, importante enclave juive de Jérusalem-est, suit au sud la route 60 jusqu'à la route de Jaffa (Rehov Yaffo), en traversant les quartiers arabes de Jérusalem-est de Sheer Jarra, Shoaffat, Beit Hanina. Elle suit cette artère commerciale majeure du centre-ville, élargie et réaménagée à cette occasion en direction de l'ouest, longe les murailles de la vieille ville, dessert le marché Mahane Yehuda puis atteint la gare routière centrale de Jérusalem, continue vers le sud-ouest, traversant le Pont de Cordes le long du boulevard Herzl, jusqu'au quartier de Beit HaKerem, le terminus se trouvant à proximité du cimetière national du mont Herzl non loin du mémorial de Yad Vashem.

La ligne de tramway s'Ă©tend sur 13,5 kilomètres et dessert 23 stations[7].

Liste des stations :

  • 'Heil Ha-Aus
  • Sayeret Dukhifat
  • Pisgat Ze'ev Center
  • Yekuti'el Adam
  • Beit'Hanina (Shuafat North)
  • Shu'afat (Shuafat Center)
  • Es-Salal (Shuafat south)
  • Giv'at-Ha-Mitvar
  • Ammunition Hill
  • Shim'on Ha-Tsadik
  • Shivtei IsraĂ«l
  • Damascus Gate
  • City Hall
  • Jaffa Center (King George)
  • Ha-Davidka
  • Mahame Yehuda
  • Ma-Turun (Jaffa West)
  • Central Station
  • Kiryad Moshe (Ben Dor)
  • Ha-Haluk (Haft Square)
  • Denia Square
  • Yefeh Nef
  • Mount Herzl

Aménagements

La réalisation du tramway s'est accompagnée de l'élargissement et de la piétonnisation de la route de Jaffa, l’une des plus vieilles et l’une des plus longues de Jérusalem, et qui en constitue un pôle commercial et d'animation majeur. Plusieurs bâtiments anciens ont été rénovés et l'arrivée du tramway s'est traduite par la construction de nouveaux logements de haut standing[24]

Végétalisation

Entre 2009 et 2011, plus de 3 500 arbres ont été plantés le long de la ligne. Leurs espèces ont été sélectionnées pour résister au climat de Jérusalem, avec ses hivers froids, tout en procurant de l'ombre en été. Il s'agit de platanes, de frênes et de chênes. Toutefois, le ministère des Transports s'est opposé en à la plantation d'arbres en bordure de la plate-forme, en raison de problèmes de visibilité[25].

Principaux ouvrages d'art

Construction du pont Chords en , de l'architecte Calatrava
Le pont suspendu du tramway en août 2008

DĂ©pĂ´t

Le dĂ©pĂ´t de la ligne est situĂ© Ă  l'entrĂ©e du quartier de Pisgat Zeev, sur le « Mont des français », Ă  proximitĂ© de la station Giv'at HaMivtar, sur un terrain de 10 acres (40 000 m2 environ).

Un poste de commande centralisé y est implanté et gère la circulation des rames, qui bénéficient d'une priorité dans la gestion des carrefours[26].

  • Vues du dĂ©pĂ´t

Exploitation

Mobilier urbain des stations, avec abri et distributeur de billets

Veolia Transport, qui devait exploiter la ligne dans le cadre du consortium CityPass, s’est retirée en 2010. L’exploitation est désormais assurée par le groupe de transports israélien Egged Holding Ltd pendant 27 ans[1].

Matériel roulant

Rame constituée de deux Citadis 302 accouplées, sur Jaffa Street
Dispositif d’accouplement des deux Citadis formant une rame du tramway de Jérusalem

46 rames, de type Citadis 302, équipées de fenêtres pare-balles et ont un design lisse (sans parties mécaniques visibles) pour être moins vulnérables aux attaques terroristes, ont été commandées au constructeur Alstom[7], et ont eu leur aspect extérieur défini par Yellow Window Design Consultants, du groupe Enthoven[27].

Compte tenu des importantes rampes que doivent gravir les rames du tramway de Jérusalem, qui peuvent atteindre 9 %, tous les essieux des rames Citadis 302 sont équipés de moteurs de traction[28].

Chaque rame mesure 32,52 m de long avec un gabarit de 2,65 m de large, et transporte jusqu'Ă  228 passagers dont 56 places assises et huit strapontins. Elles circulent accouplĂ©es par deux de manière permanente.

Livraison de l'une des premières rames du tramway

Horaires de fonctionnement

Afficheur Ă©lectroluminescent trilingue des stations

Le tramway fonctionne tous les jours de la semaine. Le service s'interrompt le chabbat, du vendredi soir vers 17 heures au samedi soir vers 21 heures.

En semaine, le tramway circule de 5 h 30 environ jusqu'Ă  minuit environ.

Les fréquences théoriques sont les suivantes en [29] :

Un tramway toutes les ... minutes5 h 30 Ă  6 h 006 h 00 Ă  6 h 3006 h 30 Ă  9 h 0009 h 00 Ă  13 h 0013 h 00 Ă  15 h 0015 h 00 Ă  18 h 0018 h 00 Ă  24 h 00
Dimanche Ă  jeudi14 min 30 s9 min 30 s5 min 30 s7 min 30 s7 min9 min12 min 30 s
Vendredi7 min7 min7 min7 min7 min7 min-
Samedi------9 min 30 s

Dans chaque station, des afficheurs indiquent en hébreu, arabe et anglais l'attente avant le prochain tramway.

Tarification et billetterie

Distributeur de billets.
L'Ă©cran est multilingue

Le billet valable pour un voyage, le jour de l'achat, est vendu par des automates situĂ©s sur les quais de station au prix de 6,90 shekalim en 2015. Ce billet est Ă©galement valable dans tous les bus intra muros (y compris Guivat Zeev, Kever Rahel, MaalĂ© Adoumim, Almon, Mevasseret Tsion, Motsa, Bet Zayt, Ora, Adam, Kohav Yaakov, Tel Tsion et Ar Guilo) pendant une durĂ©e de 1h30.

Une carte sans contact est disponible pour les pré-paiements de trajets sur les automates et les abonnements. Elle peut être anonyme ou personnelle. La carte personnelle contient les droits à réduction (senior etc.) pour qu'ils soient appliqués automatiquement[30].

Parcs relais

Panneau routier annonçant le parc relais du Mont Hertzl.

Trois parcs relais ont été aménagés le long de la ligne, près des terminus de Pisgat Zeev (derrière la mairie de quartier) et de Mont Herzl (sous la statue rouge) ainsi qu'à Amunition Hill (à côté du musée).

Leur usage est gratuit pour les usagers munis d'un titre de transport.

Ils fonctionnent :

  • Du dimanche au jeudi de 5 h du matin Ă  1 h de la nuit suivante ;
  • Le vendredi de 5 h du matin Ă  15 h ;
  • Le samedi de 30 min après la sortie du shabat jusqu’au dernier train[31].

Signalisation

Signalisation routière et du tramway à Pisgat Ze'ev

Accidents, incidents et attentats

  • Le lundi au soir : premier jet de pierres sur le tramway dans le quartier arabe de Beit Hanina. une vitre a Ă©tĂ© brisĂ©e[32]. Pourtant, lors de sa construction, le tramway de JĂ©rusalem avait Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour pouvoir rĂ©sister Ă  des jets de pierres.
  • Le mercredi : premier conflit social. 20 conducteurs sur les 35 suspendent le travail et envoient une lettre de dĂ©mission, Ă  la suite du dĂ©saccord concernant le salaire et les conditions de travail[33].
  • Le dimanche dans l'après-midi : le service a Ă©tĂ© interrompu pendant environ une heure après qu'un piĂ©ton a Ă©tĂ© sĂ©rieusement blessĂ© par le tramway. Il s'agit d'un homme âgĂ© habitant Ă  JĂ©rusalem-Est qui traversait les voies entre la porte de Damas et la porte neuve. Il a Ă©tĂ© Ă©vacuĂ© Ă  l'hĂ´pital Hadassah d'Ein-Kerem[34].
  • Le jeudi : une soldate est poignardĂ©e par un Arabe dans le tramway Ă  Pisgat Zeev, Ă  la station "Yekoutiel Adam". Elle souffre de graves blessures (poumon perforĂ©) mais le pire a Ă©tĂ© Ă©vitĂ© car la lame a frĂ´lĂ© le cĹ“ur. Depuis quelques semaines on observe un regain de tension dans la capitale israĂ©lienne[35].
  • En Ă©tĂ© 2014 : un tiers des wagons et plusieurs stations du tramway sont vandalisĂ©s lors des Ă©meutes en rĂ©ponse Ă  l’assassinat d’un adolescent arabe[36] - [37]

Extensions et nouvelles lignes

Une carte de la municipalité de Jérusalem présentant la ligne rouge actuelle, la ligne bleue prévue, et en pointillés des projets d'extensions.

Le , le groupe français Alstom, qui avait participé à la construction de la première ligne de tram, fait savoir qu’il ne participera pas à l’appel d’offres en cours à propos de l’extension du tramway de Jérusalem. Il aurait invoqué l’impact de cette construction sur le respect des droits des Palestiniens et l’illégalité de sa participation à ce projet au regard du droit français. Des organisations de défense des droits de l’homme et des associations pro-palestiniennes avaient fait pression sur les compagnies étrangères engagées dans la construction de ce tramway[38].

Extension de la ligne rouge

Des projets prévoient d'étendre la ligne actuelle jusqu'à Neve Yaakov au nord-est, et Ein Kerem au sud-ouest.

Ligne verte

La ligne verte doit faire 19,6 km et circuler de l'UniversitĂ© hĂ©braĂŻque de JĂ©rusalem situĂ©e au Mont Scopus Ă  Gilo, au sud de la ville[39]. L'appel d'offres est lancĂ© au dĂ©but de 2018, et prĂ©voit un coĂ»t de 10 milliards de shekels pour une ouverture en 2024[40]. Elle doit disposer de 33 stations et transporter jusqu'Ă  160 000 passagers par jour[41].

Ligne bleue

La ligne bleue doit relier Ramot Ă  Gilo en passant par le centre-ville sur 20,3 km. Ses 42 arrĂŞts doivent voir passer 250 000 passagers/jour. Son tracĂ© est approuvĂ© le , pour une ouverture estimĂ©e vers 2023[42] - [43]. Un embranchement de la ligne doit Ă©galement desservir Emek RephaĂŻm et Malha[44].

Critiques et contentieux

Légalité du projet

La plupart des critiques ont un fondement politique, car le tracé s'inscrit dans des quartiers de Jérusalem-Est revendiqués par l'Autorité palestinienne : le projet est dès lors ressenti par cette dernière, non comme un trait d'union entre les peuples, mais comme un axe logistique de la colonisation israélienne en territoire palestinien.

Les arguments des opposants

La ligne de tramway traverse Jérusalem-Est et passe par des quartiers juifs construits dans un secteur de Jérusalem conquis lors de la guerre des Six Jours et sur lequel la souveraineté d'Israël n'est pas reconnue par la communauté internationale[10] - [45] - [46].

En reliant Jérusalem-Ouest, partie israélienne de la ville, aux colonies de French Hill, de Pisgat Zeev, et de Neve Yaakov, la construction du tramway est vue, selon certains, comme légitimant la reconnaissance de ces colonies[12] - [47].

Pour Fouad Hallak et Wassim H. Khazmo (conseillers de l’Organisation de libération de la Palestine) :

« À terme, le tramway rapprochera de Jérusalem-Ouest toutes les colonies juives de Jérusalem-Est. Il participe donc à l’irréversibilité de l’occupation. Or, sans Jérusalem-Est, il n’y a pas d’Etat palestinien[12]... »

Amnesty International estime que :

« le tramway va entériner des mesures illégales d'annexion et de colonisation adoptées préalablement par le gouvernement israélien, [...] la conclusion de ce contrat soulève des questions de violation du droit international[48]. »

Plusieurs associations (parmi lesquelles Amnesty International, France-Palestine Solidarité et Femmes en noir) considèrent que le projet du tramway de Jérusalem ne respecte pas la IVe convention de Genève ainsi que la résolution 465 du Conseil de sécurité des Nations unies[45] - [49].

Veolia a fait depuis en partie marche arrière en revendant une partie de ses participations et en cherchant un opérateur pour le remplacer[50]

Sanctions Ă  l'Ă©gard de Veolia et Alstom

Les critiques du projet et son caractère considéré comme illégal par certains ont eu des répercussions négatives sur Veolia et Alstom : Alstom Transport et Veolia Transport sont actionnaires, à hauteur respectivement de 20 % et 5 %, du consortium CityPass Limited, chargé de la construction et de l'exploitation du tramway de Jérusalem[6].

Les assemblées générales de Veolia Environnement (, au CNIT) et d'Alstom (, au carrousel du Louvre) furent marquées par des actions des militants du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, demandant le retrait de ces deux entreprises du projet[46].

En , la Ligue arabe déclara que la construction de ce tramway était illégitime et demanda à Alstom et Veolia Transport de « se retirer immédiatement si elles ne veulent pas que des démarches soient entreprises contre elles[12]. »

Une banque hollandaise (ASN Bank) a mis fin à sa participation dans le capital de Veolia Environnement en 2006[6] - [47]. En 2009, pour la même raison, le fonds de pension suédois AP7 a retiré Alstom de son portefeuille[6].

Ă€ cause de sa participation au tramway de JĂ©rusalem, Veolia se serait vue exclue de plusieurs appels d'offres auxquels elle soumissionnait :

Des pressions politiques ont été exercées contre Alstom et Veolia.

Point de vue de Veolia et d'Alstom

Veolia quant à lui, souligne que le tramway a pour but d'améliorer la mobilité et le développement économique des populations de la région, et qu'il profitera à tous, population arabe y compris, que ce soit en termes de déplacements (plus faciles, plus rapides) et en termes d'emplois[51]. Il indique avoir consulté la population arabe des quartiers avoisinant Jérusalem, et avoir constaté une approbation du tramway. Il rappelle en outre qu'il se charge uniquement de l'exploitation du tramway, pas de la construction, et qu'il n'a pas été consulté sur le tracé, défini dans l'appel d'offres. Enfin, il déclare que si un tribunal français ou une juridiction internationale reconnue venait à conclure que le projet de tramway ou l'accord conclu par Veolia Transport violerait la loi, il accepterait toute décision irrévocable. Il remarque également que l'AFPS a mis près de 7 ans à agir en justice (appel d'offres datant de 2000).

Veolia a vendu les 5 % des parts qu'il possédait en , mais maintient temporairement une assistance technique.

Alstom remarque que la population de Jérusalem a crû de près de 50 % en vingt ans, et que le tramway est « une solution logique pour apporter une réponse à la congestion[7]. »

Procès contre les entreprises françaises

En , devant le tribunal de grande instance de Nanterre, l'Association France-Palestine Solidarité a attaqué en justice Alstom et Veolia Transport dans le cadre d'une requête en annulation du contrat du tramway de Jérusalem[11]. L'Organisation de libération de la Palestine a voulu se joindre à cette action en justice[52], mais son action a été rejetée pour des questions de forme.

Procédure sur la compétence du tribunal de Nanterre

Les sociétés françaises ont saisi la justice à propos de la compétence du TGI de Nanterre sur la question, ce qui a été tranché positivement. Dans son jugement du , le tribunal de grande instance de Nanterre n'a pas retenu les arguments (« incompétence matérielle et territoriale du tribunal saisi », « irrecevabilité des demandes des plaignants pour défaut de qualité et d'intérêt pour agir », « immunité de juridiction de l'État d'Isarël » - État qui n'est pas partie prenante dans le projet mais qui est considéré comme « puissance occupante de la partie de la Cisjordanie où est construit et ou sera exploité le tramway litigieux ») de ces deux sociétés contestant leur assignation en justice[6]. Le tribunal considère que l'AFPS (Association France-Palestine Solidarité) peut intenter une action contre ces sociétés françaises car l'exécution du contrat de construction et d'exploitation du tramway de Jérusalem pourrait porter atteinte aux intérêts collectifs que l'AFPS défend[6].

Contrairement à Veolia, Alstom a décidé de faire appel de ce jugement[6]. La cour d'appel de Versailles a débouté Alstom et confirmé la compétence du TGI de Nanterre. Alstom a saisi la cour de cassation et a été débouté.

Procédure sur le fond et décisions de justice

Les procédures sur le fond auraient dû commencer en , mais à la demande de l'AFPS, et contre l'avis de Veolia, l'audience de plaidoirie a été repoussée en , puis toujours à la demande de l'AFPS, en , malgré l'opposition de Veolia.

Le , le Tribunal de Nanterre rejette la plainte de l'AFPS, arguant que les lois internationales évoquées par l'AFPS s'appliquaient aux États, et non aux entreprises ou aux individus, tandis que les lois du code civil français ne peuvent s'appliquer à un contrat qui est soumis aux lois israéliennes, et enfin considère que le dernier argument utilisé par l'AFPS (à savoir la violation des codes éthiques des entreprises) n'est pas démontré[53].

L'OLP et l'AFPS font appel. Le , la Cour d’Appel de Versailles condamne l’OLP et l’Association France Palestine SolidaritĂ© (AFPS) Ă  verser 30 000 euros aux sociĂ©tĂ©s Alstom, 30 000 euros Ă  Alstom Transports et 30 000 euros Ă  Veolia Transports. La Cour d’Appel a jugĂ© que le motif politique, imputĂ© Ă  l’État d’IsraĂ«l ne pouvait ĂŞtre appliquĂ© Ă  la cause des contrats passĂ©s par les sociĂ©tĂ©s commerciales. C’est pourquoi elle a dĂ©boutĂ© les appelants[54].

Procès contre l’État français

L'AFPS et l'OLP attaquent également l’État français pour son soutien à la participation de Alstom et Veolia à la construction ou à l'exploitation du métro léger de Jérusalem. L'affaire remonte jusqu'au Conseil d'État ; elles sont finalement déboutées[55].

Pollution

En Israël comme ailleurs, la familiarité des habitants avec les transports à énergies fossiles et l'addiction à la voiture automobile individuelle ont suscité de nombreuses critiques face aux nombreux embouteillages dus au chantier de construction du tramway, accusé d'engendrer de la pollution, au point que le maire de Jérusalem a parlé d'une situation « intolérable ».

Notes et références

  1. « Le tramway de Jérusalem circule », sur Ville, Rail & Transports, (consulté le )
  2. Cotterell, Paul (December 1989). "A Tramway Project in Jaffa". HaRakevet (6): p. 11.
  3. (he) Nir Hasson, « Government Promised Light Rail Operator : Buses Won't Compete Against You », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Fanny Houvenaeghel, « Quand la Palestine prenait le train », Histoire de la Terre Sainte, sur http://www.terrasanta.net, (consulté le )
  5. (en) Nir Hasson, « Jerusalem light rail to finally get on track after 101 years », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Israël est-il menacé par une campagne de désinvestissement ? », Willy Jackson, Le Monde diplomatique, septembre 2009, pages 12-13.
  7. « Jerusalem : Des innovations techniques au service de la performance », Alstom, consulté le 4 novembre 2008.
  8. « Jérusalem : Non au tramway colonial ! », Association France Palestine Solidarité, Dossier pour la campagne contre le tramway à Jérusalem, consulté le 4 novembre 2008.
  9. « Tramway de Jérusalem : exercer notre responsabilité dans un contexte difficile », Veolia Environnement, consulté le 4 novembre 2008.
  10. « Tramway Jérusalem », Amnesty International France, 13 décembre 2006.
  11. « Communiqué sur l’état de la procédure engagée par l’AFPS et l’OLP relative à la construction et à l’exploitation d’un tramway à Jérusalem », Association France Palestine, 2 octobre 2008.
  12. Philippe Rekacewicz et Dominique Vidal, « Un tramway français nommé schizophrénie », in Le Monde diplomatique, Février 2007, p.18.
  13. (en) Isabel Kershner, « Under a Divided City, Evidence of a Once United One », The New York Times, 5 juin 2007, consulté le 29 janvier 2008.
  14. Mati Ben Avraham, « Tramway, bus et train : Comment la ville de Jérusalem va rejoindre la modernité », Israël Valley - Chambre de commerce France-Israël, (consulté le )
  15. (en) « News in Brief », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. http://www.globes.co.il/serveen/globes/docview.asp?did=1000636430&fid=1725
  17. (en) Maayan Lubell, « Streetcar named disaster, Jerusalem tram goes nowhere », Reuters, (consulté le )
  18. « Le tramway de Jérusalem accumule les retards et les commerçants de la capitale n'en peuvent plus. Plus de 50 bus seront déroutés et le trafic sur Agripas sera réduit », Le Jerusalem Post, (consulté le )
  19. (en) Peggy Cidor, « One bridge too far », Jerusalem Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. (en) Abe Selig, « Palestinians irate over new Jerusalem light rail », The Jerusalem post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. (en) Amiram Barkat, « Tel Aviv light rail co MTS rejects gov't offer », Globes, Israel's business arena, (consulté le )
  22. Melanie Lidman, « J’lem’s light rail suffers 1st accident », The Jerusalem post,‎ (lire en ligne, consulté le )
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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