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Trépied photographique

Un trépied photographique est un support transportable à trois pieds conçu pour un appareil de prise de vue photographique.

Trépied photographique
Utilisation
Usage

Les trépieds utilisés en photographie diffÚrent peu de ceux destinés au cinéma, et à l'audiovisuel.

On utilise un trépied soit pour assurer le cadrage soigné d'une photographie, soit parce que le temps de pose est trop long pour obtenir une image sans effet de « bougé ». On peut aussi utiliser un trépied en photographie pour faire du time-lapse (image par image) ou photographier de nuit sans flash en utilisant de longs temps de pose, ou bien pour figurer sur une photo grùce au déclenchement retardé. En audiovisuel, on utilise un trépied pour assurer la stabilité du cadre.

Utilisation

Un appareil photographique enregistre l'image pendant la durĂ©e de l'exposition, gĂ©nĂ©ralement une fraction de seconde. Si l'axe de la prise de vue bouge pendant ce temps, l'image d'un point s'Ă©tale sur un petit secteur de la surface sensible, formant une tache allongĂ©e dans le sens du dĂ©placement. On appelle cet effet un « flou de bougĂ© ». Dans une prise de vue « Ă  main levĂ©e », plus le temps de pose est long et plus il est difficile de rester immobile. Les petits mouvements involontaires changent un peu la direction vers laquelle on pointe l'appareil. Le champ d'un objectif Ă  longue focale s'inscrit dans un plus petit angle ; la mĂȘme variation de direction pendant l'exposition balaye une plus grande partie de l'image. En 24 Ă— 36, sans stabilisateur d'image, on conseille d'utiliser un trĂ©pied dĂšs que le temps de pose est supĂ©rieur Ă  l'inverse de la focale ; avec un objectif de 50 mm de focale, on envisage un pied pour les prises de vue sans flash avec une pose plus longue que 1/50 de seconde[1]. Bien entendu, cette valeur est indicative. Pour avoir la meilleure nettetĂ© possible, on peut utiliser le pied Ă  toutes les vitesses.

Les trĂ©pieds de construction lĂ©gĂšre peuvent ĂȘtre plus frĂȘles ; pour Ă©viter qu'ils ne vibrent, on peut placer un triangle au sol sous les extrĂ©mitĂ©s des branches. Certains modĂšles ont un triangle intermĂ©diaire qui les rigidifie, avec l'inconvĂ©nient d'imposer une hauteur minimale plus grande.

En cinĂ©ma, mĂȘme si l'image n'est pas affectĂ©e par le flou de bougĂ©, le spectateur peut percevoir les dĂ©placements du cadre quand la camĂ©ra est portĂ©e. Le trĂ©pied est le plus lĂ©ger des supports disponibles ; on utilise aussi les pieds lourds, la dolly, les grues, le Steadicam.

Les pieds destinĂ©s au cinĂ©ma ou Ă  la vidĂ©o et ceux destinĂ©s Ă  la photographie diffĂšrent principalement par leur tĂȘte. Pour l'image animĂ©e, il faut pouvoir effectuer des mouvements de rotation panoramique horizontaux ou verticaux de façon fluide. Les tĂȘtes sont munies d'amortisseurs de mouvement et souvent de ressorts qui Ă©vitent que la tĂȘte ne se trouve dĂ©sĂ©quilibrĂ©e dans un panoramique vertical. Pour rester stables pendant les mouvements malgrĂ© la rĂ©sistance des freins, les pieds sont souvent plus lourds. En photographie, on peut prĂ©fĂ©rer une articulation Ă  boule. Une plaque basculante permet de passer rapidement de l'orientation horizontale Ă  l'orientation verticale.

Construction

George Fiske en route pour une prise de vue avec son matériel, dont un trépied (années 1880).

Les trĂ©pieds photographiques doivent ĂȘtre facilement transportables, ajustables en hauteur, supporter le poids des appareils pour lesquels ils sont spĂ©cifiĂ©s, et ne pas vibrer.

On appelle « branches » les trois pieds qui se rejoignent Ă  la plateforme centrale et « tĂȘte » le support articulĂ© de l'appareil.

Branches

Selon les usages auxquels le trĂ©pied est destinĂ©, la construction des branches peut-ĂȘtre plus ou moins lĂ©gĂšre et plus ou moins rigide. On trouve couramment des tubes tĂ©lescopiques tenu en place par des vis presse-Ă©toupe ou des freins Ă  levier. Les pieds destinĂ©s au cinĂ©ma ou Ă  la vidĂ©o doivent ĂȘtre plus rigides que ceux destinĂ©s Ă  la photographie, pour absorber l'effort des freins de mouvements d'appareil. Ils sont souvent faits de deux tubes par branche dans la section supĂ©rieure. Le blocage des sections se fait alors par une vis.

L'ouverture des pieds est limitée par des butées. Certains modÚles permettent plusieurs positions de butées pour adapter l'angle des branches à la hauteur désirée et permettre une position à plat par exemple.

Les branches se rejoignent sur la platine. Un niveau Ă  bulle indique l'horizontalitĂ© de la platine, qu'on obtient en rĂ©glant la hauteur de chacune des branches, selon la mĂȘme procĂ©dure que pour les trĂ©pieds de gĂ©omĂštre.

Les trĂ©pieds photographiques ont souvent une section verticale qui coulisse dans la plateforme pour Ă©lever ou abaisser la tĂȘte. La plateforme centrale des trĂ©pieds cinĂ©matographiques modernes est Ă©vidĂ©e en forme de bol ouvert en bas, et la base de leur tĂȘte est une portion de sphĂšre qui se pose dans ce bol, formant une articulation permettant de mettre l'axe de rotation panoramique de la tĂȘte Ă  la verticale rapidement, mĂȘme si la platine n'est pas exactement horizontale.

TĂȘtes

DiffĂ©rents types de tĂȘtes photo.

Il existe trois types principaux de tĂȘtes :

  • Les tĂȘtes Ă  rotule construites autour d'une boule montĂ©e dans un creux, ce qui permet des mouvements dans les deux dimensions. Le boĂźtier est fixĂ© Ă  une tige qui sort de la boule, et qui porte une articulation pour basculer le boĂźtier entre les orientations portrait ou paysage.
  • Les tĂȘtes Ă  axes, qui ont des contrĂŽles sĂ©parĂ©s pour chaque degrĂ© de libertĂ© : la camĂ©ra peut ainsi ĂȘtre Ă©levĂ©e sans mouvement azimutal parasite. Les manettes qui contrĂŽlent la position peuvent ĂȘtre vissĂ©es pour fixer un ou deux degrĂ©s de libertĂ©.
  • Les tĂȘtes Ă  berceau, utilisĂ©es en cinĂ©ma, dans lequel l'axe de panoramique horizontal est remplacĂ© par un chemin de roulement semi-circulaire vertical, permettant un mouvement autour d'un axe virtuel situĂ© au-dessus de l'appareil de prise de vues. Les mouvements peuvent ĂȘtre contrĂŽlĂ©s par des manivelles.

La tĂȘte est gĂ©nĂ©ralement munie de deux axes, dont l'un permet d'orienter l'appareil dans le plan horizontal, sans limitation, et l'autre de l'incliner dans les limites permises par la plateforme. Les tĂȘtes destinĂ©es Ă  la photographie remplacent quelquefois ces axes par une articulation Ă  boule, et permettent l'orientation horizontale ou verticale du boĂźtier. Des vis de blocage permettent de bloquer l'appareil dans la position choisie. Les tĂȘtes destinĂ©es aux prises de vues animĂ©es ont, en plus des systĂšmes de blocage des axes, des freins et des ressorts de compensation destinĂ©s Ă  faciliter l'exĂ©cution de mouvements panoramiques fluides.

Les axes des tĂȘtes panoramiques sont concourants. Le point de concours de l'axe optique et de l'axe de rotation dĂ©finit le centre de rotation. On peut ainsi faire tourner l'appareil photographique autour de son centre optique et conserver le mĂȘme point de vue quelle que soit son orientation. Ce type de tĂȘte trouve son application directe dans la rĂ©alisation de panoramas par assemblage.

Pour les chambres photographiques, et, Ă  une pĂ©riode prĂ©coce, pour les camĂ©ras cinĂ©matographiques, on a fabriquĂ© des tĂȘtes dont le dĂ©placement de la platine support de l'appareil peut ĂȘtre contrĂŽlĂ© des engrenages mus par une manivelle. Dans le sens horizontal, l'engrenage prend sur une couronne dentĂ©e fixe, et on peut souvent retirer la vis pour le laisser pivoter librement. Dans le sens vertical, l'engrenage actionne une vis sans fin. Comme cette transmission ne fonctionne que dans le sens vis-engrenage, l'appareil n'a pas besoin d'ĂȘtre Ă©quilibrĂ©, il ne peut basculer vers l'avant ou vers l'arriĂšre sous l'effet de son propre poids. À l'Ă©poque classique du cinĂ©ma, la plateforme actionnĂ©e par une vis sans fin est remplacĂ©e par un berceau circulaire. Comme le centre de rotation est au-dessus de la camĂ©ra, celle-ci tend Ă  retomber, comme une nacelle de balançoire, en position mĂ©diane. La manivelle contrĂŽle le mouvement par un engrenage, comme dans le sens horizontal, permettant des mouvements bien plus rapides qu'avec la vis sans fin. AprĂšs un apprentissage, la tĂȘte Ă  manivelles permet d'exĂ©cuter des mouvements rĂ©guliers et fluides. Comme un tour de manivelle correspond Ă  un angle, on peut rĂ©pĂ©ter avec prĂ©cision un mouvement. Pour les mouvements horizontaux, l'appareil ne risque pas de basculer La construction d'un mouvement Ă  vis sans fin avec rattrapage de jeu mĂ©canique prĂ©sente quelques difficultĂ©s, et il en existe de plus ou moins complexe, selon l'usage auquel ils sont destinĂ©s.

Certaines tĂȘtes sont dotĂ©es de systĂšmes Ă©lectroniques qui permettent de tĂ©lĂ©commander les mouvements du boĂźtier ou de la camĂ©ra, souvent Ă  l'aide de cardans mus par de petits moteurs Ă©lectriques.

Fixation des appareils sur la tĂȘte

TĂȘte classique de trĂ©pied photo, avec ses manettes pour le contrĂŽle de la hausse et de l'azimut et niveau Ă  bulle.

Les tĂȘtes modernes sont souvent dotĂ©es d'un systĂšme de platines qui permet de fixer et d'enlever rapidement l'appareil : la partie mĂąle se visse au boĂźtier photographique ou Ă  la camĂ©ra, et vient s'emboĂźter dans la partie femelle sur la tĂȘte. Cela Ă©vite de devoir complĂštement visser et dĂ©visser le boĂźtier Ă  chaque fois.

De nombreuses caméras vidéo professionnelles sont équipées d'un tel systÚme de façon permanente.

Les vis de fixation des boßtiers sont normalisées.

  • Les appareils lĂ©gers sont percĂ©s Ă  la base et filetĂ©s au pas Whitworth 1/4 de pouce avec 20 filets par pouce. Ce pas est parfois appelĂ© « pas Kodak ».
  • Les appareils lourds, comme les camĂ©ras cinĂ©ma, sont percĂ©es au pas Whitworth 3/8 de pouce, 16 filets par pouce.

Un trou non fileté est quelquefois prévu dans la semelle pour assurer l'alignement de l'appareil.

Types

Un mini-trĂ©pied de table avec une tĂȘte Ă  rotule.

Il existe une vaste gamme de trĂ©pieds. Les meilleur marchĂ© sont en gĂ©nĂ©ral faits en aluminium et piĂšces moulĂ©es en plastique. Typiquement, leur tĂȘte est intĂ©grĂ©e au trĂ©pied, et trĂšs sommaire — souvent insuffisante pour effectuer des mouvements de camĂ©ra Ă©lĂ©gants avec un camĂ©scope. Elles sont souvent dotĂ©es d'une articulation qui permet de basculer le boĂźtier Ă  la verticale, et d'une petite saillie destinĂ©e Ă  orienter correctement les camĂ©scopes.

Les meilleurs trĂ©pieds ont des tĂȘtes interchangeables et des pieds auxquels on peut fixer des accessoires pour les terrains difficiles. Leurs tĂȘtes permettent des mouvements fluides grĂące Ă  une finition soignĂ©e. Ils sont gĂ©nĂ©ralement fabriquĂ©s en aluminium, en bois, et parfois en acier ou mĂȘme en fibre de carbone. La lĂ©gĂšretĂ© de la construction des pieds favorise le transport, mais n'est pas toujours avantageuse pour la prise de vues. On peut amĂ©liorer la stabilitĂ© d'un pied trop lĂ©ger en le lestant. On peut par exemple suspendre entre les branches un sac contenant tout le matĂ©riel inutilisĂ©[2]. Beaucoup de trĂ©pieds, mĂȘme bon marchĂ©, ont des niveaux Ă  eau qui permettent de rĂ©gler finement l'inclinaison de la tĂȘte.

Certains trĂ©pieds spĂ©ciaux ont de nombreuses articulations qui permettent de monter la tĂȘte Ă  l'envers ou d'en incliner la tige de support pour arriver entre les montants du trĂ©pied. On peut ainsi faire de la macrophotographie dans la nature.

Il existe des petits trĂ©pieds de poche, qui varient entre des modĂšles peu onĂ©reux mais peu stables, jusqu'Ă  des modĂšles beaucoup plus chers capables de supporter des poids de plusieurs kilos. On les utilise dans les situations oĂč un trĂ©pied complet est trop encombrant ou trop lourd.

Alternative : le monopied

Certains photographes, notamment lors de l'utilisation de téléobjectifs, ou pour la macrophotographie de petits animaux mobiles utilisent des supports à pied télescopique unique. Ils permettent aussi d'accélérer le montage et le démontage, tout comme - grùce à leur légÚreté - la mobilité (exemple des photographes de sports). Le monopied, souvent appelé « monopode », exige cependant que le photographe tienne son appareil, mais comme il ne doit plus supporter le poids de l'appareil et que la distance entre le sol et le boßtier est fixée, ce systÚme offre une compromis entre stabilisation et mobilité.

Annexes

Bibliographie

  • Laurent Thion, Photographier en toute stabilitĂ© : MatĂ©riel, prise de vue et dĂ©fis crĂ©atifs, Paris, Dunod, , 224 p. (ISBN 978-2-10-055042-5, prĂ©sentation en ligne)

Articles connexes

Lien externe

Notes et références

  1. Jost J. Marchesi, Les fondamentaux de la prise de vue, Paris, Eyrolles, coll. « Les cours photo Eyrolles », , 112 p., p. 22 ; « 8 conseils pour améliorer la netteté de vos photos », sur tontonphoto.fr.
  2. Thion 2010, p. 22.
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