Accueil🇫🇷Chercher

Grue (cinéma)

Une grue au cinéma est un système de portage permettant des prises de vues cinématographiques :

  • de filmer en hauteur (cas d’un plan en plongĂ©e) sans avoir besoin de chercher un promontoire naturel ou le toit d’un immeuble ;
  • d’exĂ©cuter au cours du plan un mouvement de camĂ©ra caractĂ©ristique, soit une Ă©lĂ©vation continue du sol jusqu’au plus haut de la grue, soit au contraire une descente. Sans effectuer ce mouvement, l’engin peut aussi porter la camĂ©ra pour effectuer un simple travelling, avant, arrière, ou latĂ©ral, au-dessus d’un obstacle qui interdit de le faire parcourir par un chariot (en survolant une foule par exemple, ou tout autre obstacle au sol).

(Avant que se présente la possibilité d’exécuter des mouvements amples avec une caméra télécommandée munie d’une visée vidéo, certains mouvements de bas en haut étaient obtenus à l’aide d’un système tout à fait différent : le plan incliné, où un chariot de travelling, équilibré par une masse du même poids, roulait sur des rails inclinés à 45°, dressés sur un échafaudage métallique)

Dolly et jib

L'une des plus célèbres marques : la Dolly Panther (sans caméra)
Une autre marque célèbre : la Dolly Fisher en travelling circulaire
  • Certains chariots de travelling sont Ă©quipĂ©s d’un système d’élĂ©vation ou de descente de la camĂ©ra et offrent ainsi au cadreur une grande facilitĂ© pour rĂ©gler l’axe de prise de vues au niveau du visages des comĂ©diens. Ils se diffĂ©rencient des simples pieds Ă  colonne sur roues car ils permettent Ă©galement d’effectuer un mouvement de grue pendant la prise de vues grâce Ă  un vĂ©rin hydropneumatique, mouvement qui peut porter la camĂ©ra au maximum Ă  1 mètre et demi du sol et sert surtout Ă  recadrer un personnage pour l'accompagner dans ses mouvements (par exemple, se lever ou s'asseoir). On peut aussi leur associer un petit bras Ă  deux flèches, posĂ© Ă  la place de la camĂ©ra, ce qu'on appelle d'un terme anglais, (jib), qui augmente la performance du dispositif, la camĂ©ra se trouvant alors Ă  l'extrĂ©mitĂ© d'un bras mobile.

Grue Ă  plate-forme

Grue classique Ă  plate-forme, avec une Ă©quipe indienne (New Delhi).

« La grue vertigineuse des studios hollywoodiens — très rares sous nos cieux — couvrant des trajectoires très complexes et grimpant jusqu’à dix-huit mètres de hauteur[1] » nécessite une équipe de machinistes renforcée (3 personnes au minimum pour les plus légères) pour son installation et sa manipulation, de par son poids et son encombrement. Elle doit à tout prix respecter certaines règles de calage afin d'assurer la sécurité des personnes à bord et des machinistes au sol[2].

La grue à deux flèches est basée sur le principe de la balance Roberval : afin de garder l’horizontalité des plateaux, la balance Roberval est actionnée par un parallélogramme articulé, fléaux et contre-fléaux. De même, la grue de cinéma comporte deux bras dont les extrémités demeurent horizontales et empêchent le renversement de son précieux et fragile chargement grâce à des contre-flèches.

D’inĂ©gales longueurs, les deux bras supportent, d’un cĂ´tĂ© — au bout de la flèche la plus longue, jusqu’à 30 mètres — la camĂ©ra et le personnel concernĂ© (le cadreur, le pointeur et parfois le rĂ©alisateur ou le directeur de la photographie), de l’autre les contrepoids (les gueuses), installĂ©s sur une contre-flèche plus courte dont la commande permet aux machinistes de mettre en mouvement l’ensemble. De plus en plus, pour des raisons de sĂ©curitĂ©, la plate-forme accueillant le personnel est remplacĂ©e par un support de camĂ©ra orientable, tĂ©lĂ©commandĂ© depuis le sol[3]. Les bras sont souvent haubanĂ©s pour conserver leur rigiditĂ© tout en permettant de diminuer le poids de leur structure.

L’histoire du cinéma garde en mémoire des mouvements de grue superbes avec l’engin Chapman qui s’était imposé à Hollywood :

« En 1937, dans Jeune et innocent, Alfred Hitchcock nous offre un extraordinaire mouvement de grue. Le film raconte comment un jeune homme est accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Avec sa petite amie, il part à la recherche de l’assassin qui est repérable par un tic, il cligne de l’œil gauche quand il est stressé! Dans un mouvement de grue de soixante et quelques secondes, qui nous mène du hall d’entrée d’un cabaret à la salle où évoluent de nombreux couples, la caméra survole la piste, elle descend progressivement, se dirige vers l’orchestre, des musiciens blancs grimés en noirs, dont elle isole le batteur, s’approche de lui, de plus en plus près, finit par un gros plan très serré de son visage, et soudain… l’homme cligne nerveusement de l’œil gauche[3]. »

Grue télescopique

Deux types représentent les grues télescopiques :

  • Bras tubulaires. La Louma 1 (marque dĂ©posĂ©e) apparaĂ®t dans les annĂ©es 1975 et c’est une rĂ©vĂ©lation pour le monde du cinĂ©ma. Elle porte aisĂ©ment une camĂ©ra 35 mm autosilencieuse, qu’elle peut positionner au dĂ©part Ă  quelques centimètres du sol et Ă  l’arrivĂ©e Ă  huit mètres de haut. Ses bras sont modulables, mais pas tĂ©lescopiques, et les Ă©lĂ©ments s’emboĂ®tent, ne nĂ©cessitant pour sa mise en Ĺ“uvre et sa manipulation qu’un seul machiniste. Le cadreur règle la camĂ©ra Ă  distance, devant un pupitre qui comprend un Ă©cran vidĂ©o de contrĂ´le, deux manivelles pour effectuer des panoramiques, dotĂ©es d’un système automatique de panoramique compensĂ© (« SmartPan ») agissant dans le sens contraire de la levĂ©e ou de l’abaissement du bras, et deux commandes de mise au point et de rĂ©glage du diaphragme, et Ă©ventuellement d’une de zoom.
  • Bras rectangulaires tĂ©lescopiques. Ce type de grues ressortit plus du chariot Ă©lĂ©vateur de chantier que de la grue de chantier. L’effort de portage est concentrĂ© sur un bras Ă©lĂ©vateur extensible, fait de solides pièces Ă  gabarit rectangulaire, qui s’emboĂ®tent l’une dans l’autre, de la plus large Ă  la plus Ă©troite. Des vĂ©rins successifs autorisent le dĂ©ploiement de ces Ă©lĂ©ments tout en assurant la rigiditĂ© du tout. Au bout du bras, une camĂ©ra tĂ©lĂ©commandĂ©e est installĂ©e mais certains systèmes autorisent la prĂ©sence d’un technicien accompagnant la camĂ©ra.

Louma a développé un modèle de ce type, la Louma 2, qui offre notamment l’avantage d’avoir tous les câbles d’alimentation intégrés à l’intérieur des éléments, qui ainsi ne pendent pas en dehors du bras extensible.

  • Louma 1 en prise de vues vertigineuse Ă  90° du sol.
    Louma 1 en prise de vues vertigineuse à 90° du sol.
  • Grue tĂ©lescopique repliĂ©e (peut se dĂ©plier au cours de la prise de vues).
    Grue télescopique repliée (peut se déplier au cours de la prise de vues).
  • Grue tĂ©lescopique en extension.
    Grue télescopique en extension.

Grue portable

Grue Coolcam

De nombreux modèles plus petits, mais à l’extension plus limitée, sont prévus pour des caméras plus légères et des trajectoires simples.

Avec les camĂ©ras très lĂ©gères est apparu un autre type de grues, les portables. InspirĂ©es des perches microphoniques, les grues Coolcam sont portĂ©es par l'opĂ©rateur qui peut ainsi se dĂ©placer entre deux prises de vues. Elles ont une longueur de 1,70 m Ă  5,50 m avec des camĂ©ras pouvant peser jusqu'Ă  kg.

Références

  1. Vincent Pinel, Dictionnaire technique du cinéma, Paris, Armand Colin, , 369 p. (ISBN 978-2-200-35130-4), p. 140
  2. Le Guide machinerie de la prise de vues cinéma, François Reumont, éditions Dujarric, 2004
  3. Marie-France Briselance et Jean-Claude Morin, Grammaire du cinéma, Paris, Nouveau Monde, coll. « Cinéma », , 588 p. (ISBN 978-2-84736-458-3), p. 391-392

Bibliographie

  • François Reumont, Le Guide machinerie de la prise de vues cinĂ©ma, Dujarric, [dĂ©tail de l’édition].

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.