Tony Lainé
Tony Lainé, était médecin psychiatre d'enfants et psychanalyste français. Il est né le à Paris et mort le [1] à Toronto (Canada). Pendant les années 1970, alors que Franco Basaglia fermait les hôpitaux psychiatriques en Italie, Tony Lainé impulsait l'ouverture des services psychiatriques pour enfants en créant les hôpitaux de jour, des lieux d'accueil thérapeutique (maisons, appartements, accueil familial, etc.) et la psychiatrie de secteur infanto-juvénile. Le droit d'intégration sociale pour les enfants psychotiques et autistes faisait partie d'une véritable démarche politique de Tony Lainé. Ayant vécu les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale, il s'est déterminé très tôt à lutter contre les enfermements de toutes sortes, surtout pour les enfants qui ne sont simplement "pas comme les autres".
Naissance |
15e arrondissement de Paris |
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Décès |
(Ă 62 ans) Toronto |
Sépulture | Cimetière du Père-Lachaise |
Nationalité | Française |
Profession | Psychiatre, psychanalyste et pédopsychiatre (d) |
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Outre son travail sur le terrain comme Médecin Chef du IIe Secteur Infanto-Juvénile de l'Essonne, il a saisi l'occasion de toucher le grand public par ses idées grâce à sa collaboration avec le réalisateur Daniel Karlin sur plusieurs séries d'émissions - notamment Enquête sur la santé mentale d'un pays au-dessus de tout soupçon, L'amour en France - très populaires, parfois "scandaleuses" car subversives des idées conventionnelles concernant les enfants psychotiques et autistes. Une autre émission télévisée, devenue une référence sur la question du nourrisson, Le bébé est une personne était une collaboration avec Bernard Martino, à la suite de sa rencontre avec le pédiatre Thomas Berry Brazelton en 1984, lors de l'un des premiers colloques mondiaux sur la santé mentale des bébés, tenu à Cannes [2].
Biographie
Son père était ouvrier spécialisé, militant anarcho-syndicaliste et résistant dans le maquis dès 1942. Sa mère, née dans une famille juive à Tchita en Sibérie, est arrivée en France, à Berck-Plage, à l'âge de 5 ans pour se faire soigner du Mal de Pott. Après la révolution russe toute la famille s'est installée en France. Cette mère haute en couleur, diplômée de philosophie, amie de Simone de Beauvoir, poète et écrivain, devenue institutrice[3], a eu une forte influence sur le jeune Tony Lainé dans ses choix de la psychiatrie et de l'écriture. Il grandit à Dissay, dans la Vienne et effectue ses études de médecine (pédiatrie, neurologie) et de psychiatrie dans le Poitou. En 1957 il effectue un stage de plusieurs mois à Saint-Alban (en remplacement du Dr Tosquelles dans le service du Dr Gentis).
Il soutient sa thèse de doctorat en médecine le , ensuite il est reçu au concours de psychiatres des hôpitaux. À partir de 1960, il exerce comme psychiatre d'abord à Évreux puis à Poitiers. Il ouvrira en 1968 le premier Service de psychiatrie infanto-juvénile de la région Poitou-Charentes. Par la suite, il devient aussi psychanalyste.
En 1971, il est nommé Chef de service de psychiatrie infantile de l’hôpital Barthélemy-Durand à Étampes, dans l'Essonne, où il développe le dispositif de soins extra-hospitalier de secteur, autour du centre Le Pradon, à Sainte-Geneviève-des-Bois. Les équipes du service déploient « un clavier institutionnel permettant d'individualiser la réponse »[4] thérapeutique, développant les approches novatrices, non-stigmatisantes, marquées par l'intégration dans le milieu scolaire et dans la communauté (logements, familles d'accueil, lieux de vie, "petites maisons", structures d'insertion professionnelle, etc.).
Spécialiste de la psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent, il travaille plus particulièrement sur l'autisme. Il contribue à l'essor du courant de la psychiatrie alternative, désaliéniste.
Politiquement il s'est engagé dans sa jeunesse au Parti communiste. En 1968, Médecin-chef au centre psychothérapique de la Vienne, il est le candidat communiste aux élections législatives, pour la circonscription de Poitiers ; en 1971, il conduit la liste unifiée de gauche (PCF-PS-PSU) aux élections municipales de Poitiers. À partir de 1974 il préside la Commission de Santé du PCF. Marqué par des débats internes difficiles (concernant la psychiatrie soviétique, la psychanalyse, etc), et après un temps d'engagement auprès de Jack Ralite, il quitte le Parti communiste en 1986.
Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (42e division)[5].
Il était marié avec Kathleen Kelley-Lainé, psychanalyste (auteur de Peter Pan ou l’enfant triste, Calmann Lévy, 1992, et de Petits contes cruels sur la mondialisation, avec Dominique Rousset, Bayard, 2001). Ils ont un fils, Étienne Lainé. Anne Lainé, sa fille, est née de son premier mariage avec Anne-Marie Pain.
Ses archives ont été déposées à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (IMEC) ; elles concernent aussi bien son activité de médecin, ses articles dans des revues spécialisées, la transcription de ses communications, conférences et interviews, des notes de travail et des correspondances, que des documents en rapport avec ses documentaires et ses livres.
Un recueil de textes essentiels avec une interview et des inédits de Tony Lainé, est publié post-mortem le aux éditions Lignes, sous le titre Le défi de la folie - Psychiatrie et politique (1966-1992)[6].
Ĺ’uvres
Documentaires pour la télévision (réalisés par Daniel Karlin)
- Une année avec Capucine, 1973.
- La Raison du plus fou, 1977 - (1/3 Les années de la mise au monde; 2/3 La loi du père; 3/3 Les Hommes à la Tâche.)
- La Mal Vie, 1978.
- Les Violences de l'amour, 1986.
- L'Amour en France, 1990.
- Justice en France, 1991.
Documentaire pour télévision (réalisé par Bernard Martino; proposé par Tony Lainé, Bernard Martino et Gilbert Lauzun)
- Le Bébé est une personne, 1984 - (1/3 Voyage au centre de la mère; 2/3 L'Espace d'une rencontre; 3/3 Ces bébés qui nous échappent).
Livres
La plupart de ces livres sont tirés des documentaires de même titre.
- La Raison du plus fou (avec Daniel Karlin), Paris, Éditions sociales, 1977. (ISBN 2-209-05272-6)
- La Mal Vie (avec Daniel Karlin), préface de Tahar Ben Jelloun, Paris, Éditions sociales, 1978. (ISBN 2-209-05312-9)
- Le petit donneur d'offrandes et autres histoires de fous (avec Daniel Karlin), Paris, Éditions sociales, 1981. (ISBN 2-209-05412-5)
- La Mort du père, et autres récits du fils (avec Daniel Karlin), Paris, Messidor-Éditions sociales, 1983. (ISBN 2-209-05552-0)
- Les Violences de l'amour (avec Daniel Karlin), Paris, Grasset, 1986. (ISBN 2-246-37501-0)
- L'Amour en France (avec Daniel Karlin), Paris, Grasset, 1989. (ISBN 2-246-39751-0)
- Le Défi de la folie. Psychiatrie et politique (1966-1992), édition établie et présentée par Martin Pavelka, préface de Franck Chaumon, Paris, Lignes, 2018, 575 p. (ISBN 978-2-35526-188-6)
Hommages
- L'Ă©cole maternelle de Dissay porte son nom.
- L'école primaire du quartier des 3 cités à Poitiers porte son nom.
- Un pavillon d'hospitalisation complète spécialisé en pédopsychiatrie porte son nom sur le centre hospitalier psychiatrique de Poitiers.
- Le Centre MĂ©dico-Psycho-PĂ©dagogique d'Athis Mons porte son nom[7].
- La Maison de l'Enfance Ă Aubervilliers (voulue par Jacques Ralite) porte son nom.
Notes et références
- Relevé des fichiers de l'Insee
- Il ne doit pas être confondu avec son homonyme Rémi Lainé, réalisateur qui a également collaboré avec Daniel Karlin, notamment après la disparition de Tony Lainé.
- Patrice Huerre, « Lainé, Tony », cf. bibliographie.
- Michel Reynaud et Claude Lorin, « Entretien avec Tony Lainé », Revue Synapse, N°66,‎ mai 1990.
- Site sur le cimetière du Père-Lachaise.
- Tony Lainé, Le défi de la folie : Psychiatrie et politique (1966-1992), Paris, Éditions Lignes, (présentation en ligne).
- « CENTRE MEDICO-PSYCHO-PEDAGOGIQUE TONY LAINE | Croix-Rouge française », sur pourvous.croix-rouge.fr (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Patrice Huerre, « Lainé, Tony », p. 905-906, in Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse, 1. A/L. Calmann-Lévy, 2002, (ISBN 2-7021-2530-1).