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Tobie Nathan

Tobie Nathan[1], né le au Caire en Égypte[2], est un psychologue, professeur émérite de psychologie à l’université Paris-VIII et écrivain français. Il est l'un des représentants de l'ethnopsychiatrie française.

Tobie Nathan
Tobie Nathan au Salon du livre de Paris de 2017.
Biographie
Naissance
Nom de naissance
AĂŻd Nathan
Nationalités
Formation
Activités
Ĺ’uvres principales

Biographie

Famille et jeunesse

Les parents de Tobie Nathan sont des juifs et installés au Caire depuis de nombreuses générations : son grand-père maternel était pharmacien, tandis que son père dirigeait une fabrique de parfums[3]. Sa famille doit quitter Le Caire en 1957 à la suite de l'arrivée au pouvoir de Nasser et de l'expulsion des juifs. Ils vivent en Italie, puis s'installent en France, où Tobie Nathan fait ses études et obtient la naturalisation à l'âge de vingt et un ans[3].

Parcours de formation et professionnel

Tobie Nathan soutient une thèse de doctorat de psychologie en 1976, sous la direction de Georges Devereux[4] - [5], puis une thèse d'État ès lettres et sciences humaines, intitulée Apports de l'ethnopsychiatrie à la théorie et à la pratique de la clinique psychanalytique[6], sous la direction de Didier Anzieu à l'université Paris-Nanterre (1983). Il devient successivement assistant, puis maître-assistant à l'université Paris-XIII, et depuis 1986, professeur de psychologie clinique et pathologique à l'université Paris-VIII[7]. De 1996 à 2000, il a dirigé l'UFR « Psychologie, pratiques cliniques et sociales » de l'université de Paris VIII, et de 2000 à 2003, l'Institut d'enseignement à distance (IED) de la même université.

Il dirige la délégation de l'Agence universitaire de la Francophonie pour l'Afrique des Grands Lacs à Bujumbura (Burundi) (2003-2004), puis il est conseiller de coopération et d'action culturelle à l'ambassade de France en Israël (2004-2009) et à Conakry en Guinée (2009-2011).

Activités de recherche et éditoriales

Tobie Nathan s'intéresse à la psychanalyse, puis aux psychothérapies et à l'ethnopsychiatrie. Au cours de ses recherches, il étudie les dispositifs de soins mis en place par les guérisseurs, en Afrique, au Moyen-Orient comme celui de Jeanne-Paule Visnelda à La Réunion. Il décrit les liens entre psychopathologie, pratiques cliniques et environnement social. Professionnellement, il exerce également comme expert près la cour d'appel de Paris. Il crée la première consultation d'ethnopsychiatrie en France, en 1979, dans le service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de l'hôpital Avicenne (Bobigny), alors dirigé par Serge Lebovici, consultation dont les principes ont ensuite été adoptés par d'autres consultations en France et à l'étranger.

Il a fondé en 1993 le Centre Georges-Devereux[8], centre universitaire d'aide psychologique aux familles migrantes, au sein de l'UFR « Psychologie, pratiques cliniques et sociales » de l'université de Paris VIII – centre qu'il a dirigé de 1993 à 1999. Ce centre fut, en France, le premier lieu universitaire de clinique psychologique, accueilli au sein d'une UFR ou d'un département de psychologie. Il regroupait dans un même espace, sur le campus de l'université à Saint-Denis, une clinique spécifique, des recherches universitaires en psychopathologie et en psychothérapie et la formation des étudiants de troisième cycle. Aujourd'hui, le Centre Georges-Devereux se trouve à Paris et n'est plus intégré à l'université Paris 8.

Il a fondé, en 1978, la première revue francophone d’ethnopsychiatrie, Ethnopsychiatrica (1978-1981). Puis il fonde, en 1983, la Nouvelle Revue d'ethnopsychiatrie (36 numéros de 1983 à 1998). Depuis 2000, il dirige la revue Ethnopsy / Les mondes contemporains de la guérison.

Il est aussi écrivain et a publié sept romans et des essais — dont Ethno-roman (2012) qui obtient le prix Femina essai[9] — ainsi que, en collaboration, une pièce de théâtre.

Ethnopsychiatrie

Tobie Nathan est l'un des principaux représentants de l'ethnopsychiatrie, discipline fondée par l'anthropologue et psychanalyste Georges Devereux, qui propose une nouvelle vision de la psychothérapie et du patient, considéré dans son univers familial et culturel.

L'œuvre de Tobie Nathan fait débat en France. Son approche a donné lieu à des discussions et à des critiques de plusieurs ordres. Les critiques ont porté sur la technique psychothérapique, les présupposés politiques de son approche et sa critique de la psychanalyse. Sa vision de la psychothérapie n'est pas acceptée par certains psychanalystes à cause de ce qu'ils considèrent comme un retour à la suggestion – ce qu'il conteste – et surtout, selon eux, par sa non-prise en compte du transfert tel que sa dynamique a été mise en évidence par Sigmund Freud. Cependant, le sens du mot « transfert », la fonction qu’on lui attribue dans la cure ont évolué[10] et il est difficile d’en proposer une version acceptable par tous les thérapeutes. Son attachement au respect de la diversité des cultures humaines peut également entrer en conflit avec une tendance européenne, héritée des Lumières, qui privilégie une vision universelle de la condition humaine, via notamment la notion de droits de l’homme. Des universitaires comme Didier Fassin lui ont parfois ainsi parfois reproché un certain relativisme culturel[11], dont la dérive serait une sorte d'assignation des personnes à leur culture d'origine.

Sa contribution au Livre noir de la psychanalyse a aussi donné lieu à querelles même s'il se défend d'y avoir écrit un texte polémique. On peut lire ici son texte : « Ceci n'est pas une psychothérapie ».

Il a aussi écrit des textes importants qui sont devenus des références en psychologie et en psychopathologie tels L'influence qui guérit (1994) ou La nouvelle Interprétation des rêves (2011).

Ĺ’uvre

Romans

Textes scientifiques

  • SexualitĂ© idĂ©ologique et nĂ©vroses. Essai de clinique ethnopsychanalytique, prĂ©face de Georges Devereux, Grenoble, La PensĂ©e sauvage, 1977.
  • Psychanalyse et copulation des insectes, Grenoble, La PensĂ©e sauvage, 1983.
  • La Folie des autres. TraitĂ© d’ethnopsychiatrie clinique, Paris, Dunod, collection « Psychismes », 1986[13].
  • Le Sperme du Diable. ÉlĂ©ments d'ethnopsychothĂ©rapie, Paris, PUF, 1988.
  • Fier de n'avoir ni pays ni amis, quelle sottise c’était ! Principes d'ethnopsychanalyse, Grenoble, La PensĂ©e sauvage, 1993.
  • Psychanalyse paĂŻenne. Essais ethnopsychanalytiques, Paris, Bordas, 1993 ; Ă©dition poche, Paris, Odile Jacob, 2000.
  • L'Influence qui guĂ©rit, Paris, Odile Jacob, 1994.
  • Rituels de deuil, travail du deuil, Éditions La PensĂ©e Sauvage, 1994
  • La parole de la forĂŞt initiale, coĂ©crit avec Lucien Hounkpatin, Ă©ditions Odile Jacob, 1996.
  • Quel avenir pour la psychiatrie et la psychothĂ©rapie? CoĂ©crit avec Pierre Pichot, Ă©ditions EmpĂŞcheurs de Penser Rond, 1998.
  • « Manifeste pour une psychopathologie scientifique », in Tobie Nathan et Isabelle Stengers, MĂ©decins et sorciers, Paris, Odile Jacob, 1998.
  • « ÉlĂ©ments de psychothĂ©rapie », in PsychothĂ©rapies (en collaboration avec Alain Blanchet, Serban Ionescu et Nathalie Zajde), Paris, Odile Jacob, Paris, 1998.
  • L'enfant ancĂŞtre , La pensĂ©e sauvage, 2000.
  • Nous ne sommes pas seuls au monde, Paris, Les EmpĂŞcheurs de penser en rond, 2001, Le Seuil, 2015.
  • Le Divan et le Grigri, avec Catherine ClĂ©ment, Paris, Odile Jacob, 2002 (et 2005 en poche.)
  • Du commerce avec les diables, Paris, Les EmpĂŞcheurs de penser en rond, 2004.
  • « Ceci n'est pas une psychothĂ©rapie… L'ethnopsychiatrie au Centre Georges-Devereux » (en collaboration avec Émilie Hermant), in Le Livre noir de la psychanalyse (sous la direction de Catherine Meyer), Paris, Les Arènes, 2005.
  • (direction) La Guerre des psy. Manifeste pour une psychothĂ©rapie dĂ©mocratique, Paris, Les EmpĂŞcheurs de penser en rond, 2006.
  • Penser l'invisible , Gallimard , 2007.
  • A qui j'appartiens? , Les EmpĂŞcheurs de Penser en Rond, 2007.
  • La Nouvelle InterprĂ©tation des rĂŞves, Paris, Odile Jacob, 2011.
  • CoĂ©crit avec Nathalie Zajde, PsychothĂ©rapie dĂ©mocratique, Paris, Odile Jacob, 2012.
  • Tous nos fantasmes sexuels sont dans la nature, 1001 Nuits, 2013.
  • Philtre d'amour, Odile Jacob, 2013
  • L’Étranger ou le Pari de l’autre, Autrement, 2014
  • Quand les dieux sont en guerre, La DĂ©couverte, Les EmpĂŞcheurs de penser en rond, 2015
  • MĂ©decins et sorciers, coĂ©crit avec Isabelle Stengers, Ă©ditions La DĂ©couverte, 2016.
  • Les Ă‚mes errantes, Ă©ditions de l'Iconoclaste, 2017
  • JĂ©sus le guĂ©risseur, Flammarion, 2017
  • Secrets de thĂ©rapeute, Ă©ditions de l'Iconoclaste, 2021
  • Ethnomythologiques: Petits objets du quotidien, Ă©ditions Stock, 2022

Essai

  • Sortir d'une secte,coĂ©crit avec Jean-Luc Swertvaegher, Les EmpĂŞcheurs de Penser en Rond, 2003

RĂ©compenses et distinctions

Notes et références

  1. Né Aïd Nathan au Caire. Lors de sa naturalisation en 1961, il choisit le prénom de « Théophile », pour l'état-civil « de Gaulle et moi… ».
  2. Virginie Bloch-Lainé, « Totem sans tabou » sur Libération, 1er septembre 2015.
  3. Gilles Anquetil, « Tobie Nathan : « Je préfère les esprits à l'inconscient» », sur Le Nouvel Observateur, .
  4. Georges Devereux, père de l'ethnopsychiatrie avec Tobie Nathan dans La Tête au carré sur France Inter le 10 septembre 2013.
  5. SUDOC 006671225
  6. SUDOC 041201779
  7. biographie
  8. Centre Georges-Devereux
  9. Patrick Deville reçoit le prix Femina par Thierry Clermont dans Le Figaro le 5 novembre 2012.
  10. Par exemple : Serge Viderman, Épître aux Zélotes, PUF, 2007 ; ou Contribution à une lecture de La construction de l'espace analytique de Serge Viderman)
  11. Didier Fassin, « L’ethnopsychiatrie et ses réseaux. L’influence qui grandit », Genèses, n° 35, 1999.
  12. « Tobie Nathan », sur les-secrets-de-vos-reves, (consulté le )
  13. Recension

Liens externes

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