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Tingidae

Noms vernaculaires

Les Tingidae s'appellent tingidés ou tigres en français. Elles sont surnommées "Lacebug" : punaises dentelière, par les anglais[1].

Description

La plus grande particularité des Tingidae réside sur leurs hémélytres. Celles-ci sont ornées de nombreuses veinules, forment des aréoles (ou cellules) et donnant l'aspect de dentelle particulière à cette famille. Certaines espèces ont des excroissances en forme d'ampoule sur le pronotum ou les hémélytres, n'empêchant pas leurs capacités de vol. De plus, la majorité des individus sont brachyptères, formes macroptères pouvant se déplacer sont plus rares. Le téguments des imagos exsudent parfois une substance cireuse blanchâtre. En France, elles mesurent entre 1,5 et 6 mm, le plus grand spécimen est éthiopien et n'atteint pas le centimètre. Le dimorphisme sexuel est faible, les femelles sont un peu plus grandes et ont un abdomen plus large que les mâles[1].

Habitats

Ce sont des punaises terrestres, vivant des les strates arborées, herbacées et muscinales. Elles sont majoritairement xérothermophiles mais quelques espèces sont mésophile et d’autres hygrophiles. Beaucoup d’espèces non arboricoles peuvent être trouvées sur les arbres, ce sont des individus macroptères en phase de dispersion, c’est notamment le cas en fin d’été[1].

Cycle de vie

De l’œuf à l'adulte

Les œufs mesurent 0,4 à 0,85 mm de long, avec un opercule entouré d’une collerette. Cette dernière permet les échanges respiratoires avec l’extérieur, mais aussi le passage des spermatozoïdes pour la fécondation de l'œuf. Selon les espèces, le nombre d'œufs peut varier de 20 à 60 chez Tingis ampliata, de 150 à 280 chez Corytucha ciliata et jusqu’à 400 chez Stephanitis pyri. Ils sont pondus isolément ou par petits groupes, un peu distants les uns des autres, sur les tiges ou les feuilles (de préférence sur la face inférieure, le long des nervures). La majorité des espèces insèrent leurs œufs dans le tissu vivant des plantes-hôtes lors de la ponte. Un trou est pré-creusé grâce à l’ovipositeur et l'œuf est inséré dans la fente, élargissant le trou. Le développement dépend surtout de la température, il varie entre 5 et 28 jours selon les espèces et les conditions météo. Certains œufs provoquent la création d’une galle, lors de l’insertion de l'œuf dans la plante. Ces galles compriment les œufs, parfois au point de les tuer, mais pour les autres elles créent une enveloppe protectrice dans laquelle le juvénile pourra se nourrir et muer, jusqu’au stade adulte où elle en ressortira. C'est le cas du genre Copium. Stephanitis rhododendri quant à lui enduit ses œufs d’un fluide sortant de son tube anal, qu’il étale et crée une croute sur l’opercule des œufs, ce qui les protège et les dissimulent[1].

Il y a 5 stades juvéniles. Leur durée varie selon la qualité et la quantité de nourriture disponible, l’humidité et surtout la température. La période entre l’éclosion et la mue imaginale peut durer entre 2 et 6 semaines. Le premier stade est le plus court, les jeunes muent juste après leur premier repas. Les derniers stades sont également les plus lents. Les mues durent entre 2 et 4 heures, la pigmentation du nouvel individu met quelques heures supplémentaires. Certaines espèces ont un comportement grégaire au stade juvénile I, II et III, par groupe de quelques dizaines d’individus[1].

Il y a une diapause hivernale, souvent au stade adulte, plus rarement au stade de  juvĂ©niles âgĂ©es ou d'Ĺ“ufs. Pour les espèces arboricoles, les individus s’abritent sous les Ă©corces, dans les nids d’oiseaux abandonnĂ©s ou dans le tapis de feuilles mortes au pied des arbres. Pour les herbacĂ©es vivaces, la diapause se fait peu profondĂ©ment dans la litière vĂ©gĂ©tale, directement au pied des plantes-hĂ´tes. Dans le cas des plantes annuelles, il y a une phase de migration en quĂŞte d’un gĂ®te d’hivernage. Durant leur diapause, les Tingidae perdent environ 15% de leur poids, correspondant Ă  la consommation de leurs rĂ©serves de lipides. Cette diminution de masse, ainsi que la mortalitĂ©, touche sensiblement plus les mâles que les femelles. Lors de la diapause hivernale, plusieurs jours consĂ©cutifs Ă  -13°C laisse très peu de survivants[1].

Le réveil après la période hivernale dépend des conditions climatiques régionales et du cycle annuel des végétaux[1].

La majorité des espèces sont univoltines, mais certaines sont bi ou trivoltines. Dans ce dernier cas, il faut plutôt parler de développement continu, car il y a de moins en moins de synchronisation des générations au fil de l’avancement de la saison. Le nombre de cycles dépend surtout de la région géographique et des circonstances climatiques plus ou moins favorables. Les adultes sont observables pendant presque toute la belle saison[1].

Reproduction

Les accouplements ont lieu au printemps. Le mâle commence par s’agiter avec des mouvements rapides et des battements d’ailes, puis il relève ses ailes et se positionne à angle droit de la femelle. Il glisse son abdomen sous celui de la femelle et recouvre la plupart du temps l’abdomen de la femelle avec ses ailes. Le mâle s’agrippe à la femelle avec plusieurs de ses pattes, ils restent accrochés à angle droit, ou légèrement aigu, comme les aiguilles d’une montre. L’accouplement dure 8 à 10 h chez Tingis ampliata, et presque toute la journée chez Galeatus maculatus. La période d’accouplement dure entre quelques semaines et trois mois selon les espèces. La période de préoviposition est courte (quelques jours), ce qui signifie que lorsque l’accouplement à lieu, l’ovogenèse est déjà bien avancée[1].

Dispersion

Les Tingidae sont peu actives, elles se déplacent lentement, avec une faible capacité de dispersion dû à la faible proportion d’individus macroptères. Néanmoins, certaines espèces sont capables de se disperser en volant sur de courtes distances (souvent en été avec les jeunes adultes ou en automne avant l’hibernation). Cela ne concerne que des populations macroptères, d’espèces arboricoles ou vivant sur des plantes annuelles[1].

Alimentation

Ce sont des phytophages strictes, sur les parties aériennes des végétaux vivants. Leur régime alimentaire va de la monophagie à la polyphagie englobant plusieurs familles de plantes. Leur salive à faible cytotoxicité est injecté à l’intérieur d’une cellule, qui est ensuite aspiré, provoquant la mort de la cellule. Une piqûre varie de 2 à 30 min[1].

La myrmécophilie est suspectée chez plusieurs espèces mais ça n’a pas été démontré. Il est probable que ce soit simplement une affection des mêmes milieux, associé à une tolérance entre ces espèces[1].

Prédation

Des prédations ont été observées de la part d’araignées, dermaptères, coccinelles, carabes, larves de chrysopes, Reduviidae et Anthocoridae. De plus, les Miridae du genre Stethoconus sont des prédateurs spécialisées sur les Stephanitis : les juvéniles et adultes d'une espèce se nourrissent des juvéniles et adultes de l'autre[1].

Il existe également de l'endoparasitisme des œufs et des juvéniles de nombreuses espèces par des microhyménoptères de la famille des Mymaridae[1].

Impact sur les cultures

Ravageurs

Certaines espèces sont ravageuses, dans les vergers et les cultures. En France, il s'agit notamment de Stephanitis pyri, S. rhododendri, Monosteirma unicostata, Corythuca ciliata. Une lutte chimique est souvent mise en place pour diminuer les populations mais des recherches pour l’utilisation de champignons pathogènes sont en cours. A chaque piqûre pour se nourrir, une cellule est vidé et meurt. Les zones piquées de la plantes se décolorent (dû à la perte de chloroplastes), créant des petits points jaunes verdâtres. Selon le nombre d'individus, les zones touchées sont simplement pictées de jaune ou se dessèchent, provoquant la mort des feuilles, des rameaux ou du pied entier[1].

Le Tigre du Platane est une punaise envahissante est originaire d'Amérique. Elle est apparue, pour la première fois en Europe, en 1964 en Italie, et a été repérée en France d'abord à Antibes en 1975. On la trouve également en Espagne, en Autriche et dans le Sud de l'Allemagne. Elle se nourrit exclusivement au détriment des feuilles du platane. N'ayant pas d'ennemis naturels en Europe, son expansion n'est limitée que par les conditions climatiques. Chaque année, trois générations se succèdent sur les platanes des régions méditerranéennes. On peut trouver, en observant à la belle saison la face inférieure des feuilles des platanes infestés, aussi bien les œufs, que les mues et individus vivants aux différents stades de leur cycle de développement, de la jeune larve à l'imago. L'hibernation se passe sous l'écorce des arbres. Les dégâts sur les arbres se manifestent par une décoloration blanchâtre de la face supérieure des feuilles, la production de miellat à la face inférieure et le développement de fumagine ; puis les feuilles jaunissent et tombent prématurément et les arbres affaiblis deviennent plus sensibles aux attaques de maladies cryptogamiques.

Auxiliaires

Quelques espèces sont utilisées pour combattre certaines plantes envahissantes dans les cultures, comme les Verbanaceae buissonnantes : Teleonemia scrupulosa, Leptobyrsa.

Systématique

La famille des Tingidae a été décrite par l'entomologiste français Francis de Laporte de Castelnau en 1832. Les Tingidae comptent près de 250 genres, pour 2000 espèces dans le monde, répartis sur toutes les terres habitables du globe. En France, la famille est représenté par 25 genres et 90 espèces[1].

La famille se divise en trois sous-familles :

Notes et références

  1. Jean Péricart, Hémiptères Tingidae euro-méditerranéens (Faune de France 69), , 618 p.

Liens externes

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