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Reduviidae

Description

Les Reduviidae peuvent avoir un aspect gĂ©nĂ©ral trĂšs variĂ©, allant d'un corps trapu et massif Ă  une forme allongĂ©e et dotĂ©e de longues pattes filiformes. Elles se caractĂ©risent par un rostre gĂ©nĂ©ralement triarticulĂ© (alors que chez la plupart des HĂ©tĂ©roptĂšres, il comprend quatre articles), et en gĂ©nĂ©ral fortement arquĂ©, d'abord projetĂ© vers l'avant puis nettement recourbĂ© vers l'arriĂšre sous la tĂȘte. Les antennes comptent quatre articles mais qui peuvent ĂȘtre subdivisĂ©s. La tĂȘte prĂ©sente souvent un « cou » en arriĂšre des yeux, et un sillon transversal la sĂ©pare en deux parties. Des ocelles sont prĂ©sentes et situĂ©es en arriĂšre des yeux composĂ©s (chez certains, les ocelles sont absents). Un sillon stridulatoire est situĂ© sur le prosternum. Les pattes antĂ©rieures sont souvent transformĂ©es en pattes ravisseuses, avec des armatures d'Ă©pines, des poils collants, des ventouses ou des pinces. Les tarses mĂ©dians et postĂ©rieurs sont composĂ©s de trois articles. Les hĂ©mĂ©lytres ne prĂ©sentent pas de cunĂ©us. Leur taille est moyenne Ă  grande, de 5 Ă  40 mm[2] - [3].

Certaines espÚces présentent des couleurs vives afin de mettre en garde des agresseurs (aposématisme), alors que d'autres espÚces ont une coloration plutÎt cryptique.

RĂ©partition et habitat

Elles sont cosmopolites, et habitent les milieux les plus divers, du sol aux arbres, en passant par les herbes et les buissons.

Biologie

Alimentation

Les Reduviidae sont trÚs majoritairement prédatrices, mais la sous-famille des Triatominae se nourrit de sang (hématophagie) d'oiseaux et de mammifÚres, et une espÚce s'est révélée phytophage[4]. Certains groupes se sont spécialisés : des Emesinae chassent des araignées ou des proies d'araignées sur leurs toiles[5], les Ectrichodiinae se sont spécialisées dans la chasse aux mille-pattes (Diplopoda)[6], les Salyavatinae et les Sphaeridopinae et certains Harpactorinae dans celle des termites[7] - [8] - [9], les Holoptilinae dans celle des fourmis.

  • Ectrichodia crux (Ectrichodiinae) avec un mille-pattes, Port-Elizabeth (Afrique du Sud).
    Ectrichodia crux (Ectrichodiinae) avec un mille-pattes, Port-Elizabeth (Afrique du Sud).
  • Emesinae sp. Ă  l'affut dans une toile d'araignĂ©e (Ezhupunna, Kerala, Inde).
    Emesinae sp. à l'affut dans une toile d'araignée (Ezhupunna, Kerala, Inde).
  • Zelus luridus (Harpactorinae) avec une mouche (Virginie, États-Unis).
    Zelus luridus (Harpactorinae) avec une mouche (Virginie, États-Unis).
  • JuvĂ©nile de RĂ©duve masquĂ© ayant attaquĂ© un Poliste (GuĂȘpe)
    JuvĂ©nile de RĂ©duve masquĂ© ayant attaquĂ© un Poliste (GuĂȘpe)

Stridulation

Certains RĂ©duviidĂ©s sont capables d’émettre une stridulation, essentiellement lorsqu’on les saisit ou lorsqu’on les inquiĂšte. Le son Ă©mis a pour origine le frottement de l'apex de leur rostre sur un sillon prosternal ridĂ©.

Camouflage

Les larves de plusieurs espÚces se camouflent avec divers matériaux collés par une sécrétion adhésive. C'est le cas de la larve du Réduve masqué (Reduvius personatus), une espÚce européenne, qui couvre son corps de poussiÚres et de débris, à l'aide de structures collantes, et de poiles spécialisés de ses tarses antérieurs[3]. Des genres de Reduviinae, comme Inara ou Acanthaspis recouvrent leur corps de cadavres de fourmis, avec un effet de camouflage olfactif leur permettant de passer inaperçues d'autres fourmis[10], modifiant la forme de leur corps pour tromper des prédateurs (araignées, par exemple)[11], ou encore pour se protéger comme avec un exosquelette. Chez Porcelloderes impenetrabilis (Physoderinae) de Tanzanie, une espÚce aptÚre, les adultes ont également été trouvés à pratiquer ce type de camouflage, cas unique pour l'instant chez les Reduviidae[12].

  • Jeune de RĂ©duve masquĂ© couvert de poussiĂšre.
    Jeune de Réduve masqué couvert de poussiÚre.
  • Autre jeune de RĂ©duve masquĂ© camouflĂ©e dans de la sciure.
    Autre jeune de Réduve masqué camouflée dans de la sciure.
  • Autre image de RĂ©duve masquĂ©, du sud de la NorvĂšge.
    Autre image de Réduve masqué, du sud de la NorvÚge.
  • Autre nymphe de Reduviidae camouflĂ©e, espĂšce non identifiĂ©e, Bangalore (Inde).
    Autre nymphe de Reduviidae camouflée, espÚce non identifiée, Bangalore (Inde).
  • JuvĂ©nile (larve) de Reduviinae (Acanthaspis petax ou Inara flavopicta) qui a recouvert son abdomen de cadavres de fourmis.
    Juvénile (larve) de Reduviinae (Acanthaspis petax ou Inara flavopicta) qui a recouvert son abdomen de cadavres de fourmis.

Vecteurs de maladies

Les Triatominae d'Amérique latine (genres Panstrongylus, Triatoma ou Rhodnius) sont vecteurs de maladies, notamment la maladie de Chagas, une infection parasitaire véhiculée via Trypanosoma cruzi, un protozoaire flagellé sanguicole et tissulaire. La maladie est aussi appelée Trypanosomiase américaine car elle sévit en Amérique latine : Chili, Brésil, Mexique, Argentine, etc. Ce n'est pas la piqûre de ces réduves hématophages qui est la voie de transmission du parasite : en effet ce sont les déjections émises lors de la piqûre qui sont la source d'infection; l'hÎte une fois piqué aura tendance à gratter la zone de piqûre et favorisera alors la pénétration du parasite par voie transcutanée due aux lésions de grattage.

Taxonomie

La famille des Reduviidae a été décrite par l'entomologiste français Pierre André Latreille en 1807. De nombreuses sous-familles ont été décrites pour réunir les prÚs de 1000 genres et presque 7000 espÚces, ce qui en fait la deuxiÚme famille d'HétéroptÚres la plus diversifiée aprÚs les Miridae.

Étymologie

Leur nom vient du latin reduvius dérivé de reduviÊ, signifiant « envies aux doigts » (petites portions de peau se détachant au bord des ongles), en raison de la douleur lors de la piqûre de ces insectes, associée à celle de l'arrachage de ces peaux[13]. Une autre étymologie est également possible : le sens de « débris, restes » du mot latin reduviÊ[14], pour désigner le fait que la larve du Réduve masqué, espÚce relativement courante en Europe, se couvre de poussiÚre (voir section Camouflage ci-aprÚs)[3].

Noms vernaculaires

C'est de la mĂȘme origine que vient leur nom vernaculaire de « rĂ©duves ». En anglais, ils sont appelĂ©s « assassin bugs », ou « punaises assassins », en raison de leur moeurs prĂ©dactrices, qui leur vaut Ă©galement leur nom allemand de « Raubwanzen », ou « punaises ravisseuses ».

Systématique

Liste des sous-familles

Selon BioLib (21 avril 2022)[1] :

  • sous-famille Bactrodinae StĂ„l, 1866
  • sous-famille Centrocnemidinae Miller, 1956
  • sous-famille Cetherinae Jeannel, 1919
  • sous-famille Chryxinae Champion, 1898
  • sous-famille Ectrichodiinae Amyot & Serville, 1843
  • sous-famille Elasmodeminae Lethierry & Severin, 1896
  • sous-famille Emesinae Amyot & Serville, 1843
  • sous-famille Hammacerinae StĂ„l, 1859
  • sous-famille Harpactorinae Amyot & Audinet-Serville, 1843
  • sous-famille Holoptilinae Amyot & Serville, 1843
  • sous-famille Manangocorinae Miller, 1954
  • sous-famille Peiratinae Amyot & Serville, 1843
  • sous-famille Phimophorinae Handlirsch, 1897
  • sous-famille Phymatinae Laporte, 1832
  • sous-famille Physoderinae Miller, 1954
  • sous-famille Pseudocetherinae Villiers, 1963
  • sous-famille Reduviinae Latreille, 1807
  • sous-famille Saicinae StĂ„l, 1859
  • sous-famille Salyavatinae Amyot & Serville, 1843
  • sous-famille Sphaeridopinae Amyot & Serville, 1843
  • sous-famille Stenopodainae Amyot & Serville, 1843
  • sous-famille Triatominae Jeannel, 1919
  • sous-famille Tribelocephalinae Stal, 1866
  • sous-famille Vesciinae Fracker & Bruner, 1924
  • sous-famille Visayanocorinae Miller, 1952
  • genre Evagoras Burmeister, 1843
  • genre Porcelloderes RĂ©dei, 2012

ITIS (21 avril 2022)[15] mentionne la mĂȘme liste avec les diffĂ©rences suivantes :

  • sous-famille Epiroderinae Distant, 1904
  • les Physoderinae, ni les Tribelocephalinae ne sont mentionnĂ©es.

Origine, Ă©volution et fossiles

On estime la sĂ©paration de l'ancĂȘtre commun des Reduviidae d'avec les autres HĂ©tĂ©roptĂšres au Jurassique moyen, vers −178 millions d'annĂ©es. Cet ancĂȘtre commun devait probablement vivre sur l'Ă©corce (mais peut-ĂȘtre aussi au sol ou dans le feuillage, d'autres milieux des Reduviidae), et Ă©tait un prĂ©dateur gĂ©nĂ©raliste. La sĂ©paration entre le "complexe phymatin" (Hammacerinae + Centrocnemidinae + Holoptilinae + Phymatinae) et les autres Reduviidae (appelĂ©s « Reduviidae supĂ©rieurs », « Higher Reduviidae » en anglais) aurait eu lieu au Jurassique supĂ©rieur, vers −160 millions d'annĂ©es. La vĂ©ritable diversification au sein de la famille s'opĂšre plus tardivement, commençant Ă  partir du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur (Ă  partir de −100 millions d'annĂ©es) et se poursuit jusqu'au MiocĂšne. Tous les prĂ©dateurs spĂ©cialistes actuels ont Ă©voluĂ© Ă  partir d'ancĂȘtres prĂ©dateurs gĂ©nĂ©ralistes, et en ce qui concerne les prĂ©dateurs de fourmis et de termites, cette Ă©volution s'est produite plusieurs fois. La colonisation des nids de vertĂ©brĂ©s aurait eu lieu une fois, et aurait soit permis ultĂ©rieurement, soit accompagnĂ© la transition des Triatominae vers l'hĂ©matophagie. Cette Ă©volution aurait eu lieu tardivement, vers −32 millions d'annĂ©es, au cours de l'OligocĂšne, et expliquerait le peu de spĂ©cialisation des Triatominae, en comparaison avec celle des Cimicidae (punaise de lits) et des PhthiraptĂšres (poux), apparus beaucoup plus tĂŽt et qui ont coĂ©voluĂ© avec leurs hĂŽtes[16].

Selon Paleobiodatabase[17], 46 espÚces fossiles ont été découvertes, réparties dans 31 genres, dont 18 genres fossiles, parmi lesquels 3 sont directement rattachés aux Reduviidae :

  • genre †Hymenopterites Heer 1870, 1 espĂšce
  • genre †Poliosphageus Kirkaldy 1910, 1 espĂšce.
  • genre †Tagalodes Scudder 1890, 1 espĂšce.

Les autres sont rattachĂ©s Ă  9 sous-familles actuelles : Centrocnemidinae (2 espĂšces), Emesinae (14 espĂšces), Harpactorinae (13 espĂšces), Holoptilinae (3 espĂšces), Peiratinae (1 espĂšce), Phymatinae (1 espĂšce), Reduviinae (6 espĂšces), Stenopodinae (1 espĂšce), Triatominae (2 espĂšces). Le plus ancien est datĂ© du CĂ©nomanien (−95 millions d'annĂ©es), mais le plus grand nombre concerne le Priabonien, Ă  l'ÉocĂšne (−38 millions d'annĂ©es) et le Burdigalien-Langhien (MiocĂšne, entre −20 et −13 millions d'annĂ©es)[17].

Quelques espĂšces

  • Harpactorinae : Rhynocoris iracundus, le rĂ©duve irascible.
    Harpactorinae : Rhynocoris iracundus, le réduve irascible.
  • Reduviinae : Reduvius personatus, le rĂ©duve masquĂ©.
    Reduviinae : Reduvius personatus, le réduve masqué.
  • Triatominae - Rhodnius prolixus, un des vecteurs de la maladie de Chagas.
    Triatominae - Rhodnius prolixus, un des vecteurs de la maladie de Chagas.
  • Phymatinae : portrait d'une Phymata (punaise guitare) amĂ©ricaine (Missouri, États-Unis).
    Phymatinae : portrait d'une Phymata (punaise guitare) amĂ©ricaine (Missouri, États-Unis).
  • Harpactorinae: Arilus cristatus, Wheel Bug (ou « punaise Ă  roue »), Pennsylvanie (États-Unis).
    Harpactorinae: Arilus cristatus, Wheel Bug (ou « punaise Ă  roue »), Pennsylvanie (États-Unis).
  • Salyavatinae: Salyavata variegata, du Costa-Rica.
    Salyavatinae: Salyavata variegata, du Costa-Rica.
  • Accouplement chez Agriosphodrus dohrni, Harpactorinae 8Japon).
    Accouplement chez Agriosphodrus dohrni, Harpactorinae 8Japon).
  • Emesinae : Empicoris rubromaculatus, du Portugal.
    Emesinae : Empicoris rubromaculatus, du Portugal.
  • Harpactorinae : Pselliopus cinctus, Virginie (États-Unis).
    Harpactorinae : Pselliopus cinctus, Virginie (États-Unis).
  • Harpactorinae : Zelus longipes (Ă  Cuba).
    Harpactorinae : Zelus longipes (Ă  Cuba).

Liens externes

Notes et références

  1. BioLib, consulté le 21 avril 2022
  2. Henri-Pierre Aberlenc (coordination), Les insectes du monde : biodiversitĂ©, classification, clĂ©s de dĂ©termination des familles, Plaissan & Versailles, Museo Éditions & Éditions Quae, (ISBN 978-2-37375-101-7 et 2-37375-101-1, OCLC 1250021162, lire en ligne), tome 1, p. 514, tome 2 pp. 210 et 246
  3. « Reduviidae punaises HétéroptÚre HémiptÚre », sur entomofaune.qc.ca (consulté le )
  4. Jean-Michel BĂ©renger et Dominique Pluot-Sigwalt, « Relations privilĂ©giĂ©es de certains Heteroptera Reduviidae prĂ©dateurs avec les vĂ©gĂ©taux. Premier cas connu d'un Harpactorinae phytophage », Comptes Rendus de l'AcadĂ©mie des Sciences - Series III - Sciences de la Vie, vol. 320, no 12,‎ , p. 1007–1012 (DOI 10.1016/S0764-4469(97)82474-2, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. « Subfamily Emesinae - Thread-legged Bugs », sur bugguide.net (consulté le )
  6. Michael Forthman et Christiane Weirauch, « Toxic associations: A review of the predatory behaviors of millipede assassin bugs (Hemiptera: Reduviidae: Ectrichodiinae) », European Journal of Entomology, vol. 109, no 2,‎ , p. 147–153 (DOI 10.14411/eje.2012.019, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. (en) « Termite Feeders », sur Heteropteran Systematics Lab (consulté le )
  8. (en) Eric R.L. Gordon et Christiane Weirauch, « Efficient capture of natural history data reveals prey conservatism of cryptic termite predators », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 94,‎ , p. 65–73 (DOI 10.1016/j.ympev.2015.08.015, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. (en) The Australian Museum, « Termite Assassin Bug », sur The Australian Museum (consulté le )
  10. (en-US) Nicky Bay, « Gruesome Tactics of an Ant-Snatching Assassin Bug », sur Macro Photography by Nicky Bay, (consulté le )
  11. (en) R. R. Jackson et S. D. Pollard, « Bugs with backpacks deter vision‐guided predation by jumping spiders », Journal of Zoology, vol. 273, no 4,‎ , p. 358–363 (ISSN 0952-8369 et 1469-7998, DOI 10.1111/j.1469-7998.2007.00335.x, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. (en) DĂĄvid RĂ©dei, « Porcelloderes impenetrabilis gen. & sp. n. from Tanzania, an Assassin Bug Camouflaging in the Adult Stage (Hemiptera: Heteroptera: Reduviidae: Physoderinae) », African Invertebrates, vol. 53, no 2,‎ , p. 601–613 (ISSN 1681-5556 et 2305-2562, DOI 10.5733/afin.053.0208, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. AcadĂ©mie française, « RÉDUVE », sur www.dictionnaire-academie.fr (consultĂ© le )
  14. « reduvia », dans Wiktionnaire, (lire en ligne)
  15. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 21 avril 2022
  16. (en) Wei Song Hwang et Christiane Weirauch, « Evolutionary History of Assassin Bugs (Insecta: Hemiptera: Reduviidae): Insights from Divergence Dating and Ancestral State Reconstruction », PLoS ONE, vol. 7, no 9,‎ , e45523 (ISSN 1932-6203, PMID 23029072, PMCID PMC3460966, DOI 10.1371/journal.pone.0045523, lire en ligne, consultĂ© le )
  17. « Reduviidae (assassin bug) », sur paleobiodb.org (consulté le )
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