Thingyan
Thingyan (([audio] ModĂšle:Lang-mnwSaáč kran ou [audio] ááááșáĄáážáááșáčááŒááș Sabhaáč ÊŒataáž„ saáč kran), ΞÉȘÌÉŽdÊĂ ÉŽ ; arakanais, ΞÉÌÉŽkrĂ ÉŽ ; du pali sankanta, signifiant transit (du Soleil, de la constellation des Poissons Ă celle du BĂ©lier)[1]) est la fĂȘte de l'eau du nouvel an birman.
Elle a lieu habituellement à la mi-avril (le mois de Tagu dans le calendrier traditionnel birman). Célébrée durant quatre ou cinq jours, elle culmine le jour du nouvel an. à l'origine, ses dates étaient calculées selon le calendrier luni-solaire traditionnel birman, mais elles sont maintenant fixées du 13 au du calendrier grégorien ; elles coïncident souvent avec celles de Pùques[2].
Thingyan est la plus importante pĂ©riode de congĂ©s en Birmanie, marquant la fin de l'annĂ©e scolaire et le dĂ©but des vacances d'Ă©tĂ©. L'aspersion d'eau sous toutes ses formes en est un Ă©lĂ©ment essentiel, durant les quatre premiers jours. Dans la plupart des rĂ©gions, elle ne commence cependant vraiment que le deuxiĂšme. Thingyan est comparable aux autres fĂȘtes du nouvel an des rĂ©gions de bouddhisme theravÄda en Asie du Sud-Est, comme le Nouvel An lao, Chaul Chhnam au Cambodge, Aluth Avurudu au Sri Lanka et Songkran en ThaĂŻlande.
LĂ©gende
Thingyan trouve son origine dans la version bouddhiste d'un mythe hindou. Le roi des Brahmas, Arsi, avait perdu un pari contre le roi des Devas, Ćakra (Thagya Min) : celui-ci dĂ©capita Arsi, comme convenu, mais une tĂȘte d'Ă©lĂ©phant fut mise sur son corps, qui devint alors Ganesh. La tĂȘte coupĂ©e Ă©tait si puissante que si elle avait Ă©tĂ© jetĂ©e dans la mer, celle-ci se serait assĂ©chĂ©e, sur la terre, celle-ci aurait Ă©tĂ© calcinĂ©e, dans l'air, le ciel se serait enflammĂ©. Sakra ordonna donc que cette tĂȘte soit transportĂ©e par une devi, diffĂ©rente chaque annĂ©e. La nouvelle annĂ©e correspond au moment oĂč la tĂȘte change de gardienne[1].
Veille de Thingyan
La veille de Thingyan, le premier jour de la fĂȘte, nommĂ© a-kyo nei (áĄááŒááŻáá±á·), est le dĂ©but d'activitĂ©s religieuses multiples. Les bouddhistes doivent observer les Huit PrĂ©ceptes[3], plus que les Cinq PrĂ©ceptes habituels, notamment ne prendre qu'un seul repas, avant midi. Thingyan est une pĂ©riode d'uposatha, comparable au carĂȘme des chrĂ©tiens. Des aumĂŽnes et des offrandes sont dĂ©posĂ©es devant les moines dans leurs monastĂšres, et devant les statues de Bouddha une noix de coco verte, au pĂ©doncule intact, entourĂ©e de grappes de bananes vertes (ááŸááșáá»á±áŹááœáČáĄáŻááșážááœáČ, nga pyaw pwĂš oun pwĂš) et de rameaux de thabyay ou jamblon (Syzygium cumini), tandis qu'on verse sur leur tĂȘte de l'eau parfumĂ©e. Ă l'Ă©poque monarchique, on lavait cĂ©rĂ©monieusement les cheveux des rois avec l'eau pure de Gaungsay Kyun (lit. l'Ăźle du lavement de la tĂȘte), un petit affleurement d'une Ăźle du Golfe de Martaban prĂšs de Moulmein[4].
La fĂȘte commence vraiment Ă la nuit tombĂ©e, avec de la musique, des chants et des danses, des farces et une gaitĂ© gĂ©nĂ©rale en anticipation de la fĂȘte de l'eau. Dans chaque quartier s'Ă©lĂšvent des plates-formes ou des scĂšnes provisoires, en bois, bambou et papier mĂąchĂ© dĂ©corĂ©, portant des noms de fĂȘte. Des groupes locaux de jeunes filles, qui rĂ©pĂ©taient depuis des semaines, se produisent dans des spectacles de danses et de chansons brillamment colorĂ©s. Elles portent du thanaka odorant sur le visage et des fleurs jaunes de padauk dans les cheveux. Le padauk (Pterocarpus macrocarpus) fleurit chaque annĂ©e durant Thingyan et sa fleur est surnommĂ©e la « fleur de Thingyan ». Une foule de participants Ă pieds, Ă bicyclette, voiture ou moto, fait le tour de ces plates-formes (mandat), certains faisant leur propre musique, la plupart des femmes portant du thanaka et des fleurs de padauk. Des chars (ou radeaux) gaiment dĂ©corĂ©s et illuminĂ©s, transportent des orchestres et des dizaines de jeunes hommes ; ils s'arrĂȘtent devant chaque mandat pour Ă©changer des chansons avec les jeunes filles, des classiques de Thingyan que chacun connaĂźt et d'autres Ă©crites pour l'occasion, ainsi que pour faire du than gyat (similaire au rap, avec un seul rĂ©citant soutenu par les voix des autres, qui critique tout ce qui va mal dans le pays, le consumĂ©risme, le SIDA, la corruption, les politiciens incapables, etc.[5]). C'est en effet un moment de relĂąchement gĂ©nĂ©ral, un important exutoire pour le stress et le mĂ©contentement. En dĂ©pit de l'ivresse, des disputes et des accidents inĂ©vitables, l'ambiance est plutĂŽt bon enfant et la gaitĂ© bruyante.
FĂȘte de l'eau
Le lendemain, a-kya nei (áĄáá»áá±á·) est le jour oĂč le nat Thagyamin (Ćakra ou Indra) descend du ciel sur la terre. Un canon (Thingyan a-hmyauk) est tirĂ© et les gens sortent avec des rĂ©cipients plein d'eau et des rameaux de thabyay, pour rĂ©pandre l'eau sur le sol avec une priĂšre. Une prophĂ©tie de nouvel an (áááșáčááŒááșá ᏠThingyan sa) est annoncĂ©e par les brahmanes (ponna), basĂ©e sur l'animal que monte Thagya Min lors de sa descente vers la Terre et sur ce qu'il porte Ă la main[4]. On raconte aux enfants que s'ils ont Ă©tĂ© gentils Thagya Min inscrira leur nom dans un livre d'or, mais que s'ils ont Ă©tĂ© mĂ©chants il ira dans un livre-chien.
Dans la plupart des rĂ©gions, les vĂ©ritables aspersions ne commencent pas avant a-kya nei. Traditionnellement, on rĂ©pand l'eau parfumĂ© d'un bol d'argent avec un rameau de thabyay (jamblon), une pratique qui se poursuit dans les rĂ©gions rurales. Il s'agit de « laver » mĂ©taphoriquement les pĂ©chĂ©s de chacun avant l'annĂ©e suivante. Dans les villes importantes comme Rangoun, on utilise en outre des tuyaux d'arrosage, d'Ă©normes seringues en bambou, en mĂ©tal ou en plastique, des pistolets Ă eau et tout autre matĂ©riel dont on peut faire sortir de l'eau, mĂȘme des bombes Ă eau et des lances d'incendie ! C'est la pĂ©riode la plus chaude de l'annĂ©e et la plupart apprĂ©cient une bonne douche. Seuls les moines et les femmes enceintes ne doivent pas ĂȘtre arrosĂ©s. certains jeunes gens peuvent ĂȘtre attrapĂ©s par les femmes, qui leur barbouillent la figure de suie. Les jeunes filles juchĂ©es sur les mandats Ă©changent des centaines de litres d'eau avec les garçons qui passent sur leurs chars. De nombreux participants portent des serviettes pour empĂȘcher l'eau d'entrer dans leurs oreilles et par pudeur, leurs lĂ©gers vĂȘtements d'Ă©tĂ© finissant complĂštement trempĂ©s. Des farceurs utilisent de l'eau glacĂ©e pour arroser leurs victimes au passage.
Les spectacles pwÚ données par des marionnettistes, des orchestres, des troupes de danse, des acteurs, des vedettes de cinéma et des chanteurs de pop sont courants.
Durant cette période, le gouvernement birman lÚve les restrictions sur les rassemblements[6]. Dans l'ancienne capitale Rangoun, la foule peut se rassembler sur Kadawgyi Pet et Kabaraye Roads. On installe des stations d'arrosage provisoires, connues sous le nom de pandals, qui servent aussi de salle de bal. Beaucoup sont sponsorisés par les notables et les entreprises[6].
TroisiĂšme et quatriĂšme jours
Le troisiĂšme jour est nommĂ© a-kyat nei, et certaines annĂ©es il est doublĂ© par un jour supplĂ©mentaire. Le quatriĂšme jour est nommĂ© a-tet nei (áĄáááșáá±á·) : c'est celui oĂč Thagya Min retourne au ciel, le dernier jour de la fĂȘte de l'eau. Certains jettent de l'eau tard dans la journĂ©e avec une excuse du genre : « Thagya Min a laissĂ© sa pipe et revient la chercher. » Durant cette pĂ©riode de congĂ©, on observe une longue tradition, celle du mont lone yeibaw (ááŻáá·áșááŻá¶ážáá±áá±á«áș), des boules de riz gluant fourrĂ©es de jaggery (sucre de palme) qu'on jette dans l'eau bouillante et qu'on sert dĂšs qu'elles remontent Ă la surface, ce qui leur donne leur nom[1]. Tous ceux qui aident Ă leur confection sont bienvenus, mais attention au farceur qui remplace le sucre par un piment ! Le mont let saung (ááŻáá·áșáááșáá±áŹááșáž) est une autre douceur de Thingyan : des morceaux de riz gluant avec des graines de sĂ©same grillĂ©es dans du sirop de jaggery et de lait de coco. Les deux sont servis avesc de la noix de coco rĂąpĂ©e.
Dans les grandes villes comme Rangoun et Mandalay, les Arakanais cĂ©lĂšbrent Thingyan selon leurs propres traditions. L'eau est versĂ©e sur les participants depuis une pirogue (áá±áŹááșážááŸá±, laung hlei) et on sert le mohinga (soupe de riz) d'Arakan.
Jour du nouvel an
Le lendemain est le jour de l'an (ááŸá áșáááșážáá áșáááșáá±á·, hnit hsan ta yet nei). C'est le moment de rendre visite aux anciens et de leur rendre hommage par le gadaw (ou shihko), avec une offrande traditionnelle d'eau dans un pot en terre cuite et de shampoing. Les jeunes font souvent un shampoing traditionnel Ă leurs aĂźnĂ©s, avec des baies d'Acacia rugata et des Ă©corces. Beaucoup font des rĂ©solutions de nouvel an, gĂ©nĂ©ralement d'amĂ©liorer leur conduite et de faire des actions mĂ©ritoires pour leur karma. RelĂącher des poissons (áá«ážááœáŸááșááœáČ, nga hlut pwĂš) est une autre tradition observĂ©e ce jour-lĂ ; les poissons rĂ©cupĂ©rĂ©s dans les lacs et riviĂšres en voie d'assĂšchement (Thingyan tombe en pleine saison sĂšche) sont mis Ă l'abri dans de grandes poteries de terre vernissĂ©e pour ĂȘtre relĂąchĂ©s dans des lacs et des riviĂšres plus grands avec une priĂšre et un vĆu disant « Je te libĂšre une fois, tu me libĂšres dix fois[4] ». Les gens font aussi des dons de nourriture appelĂ©es satuditha (á ááŻááźááŹ). Ils offrent typiquement de la nourriture aux participants aux cĂ©lĂ©brations du nouvel an.
Thingyan (a-hka dwin) est aussi une Ă©poque de prĂ©dilection pour le shinbyu, la cĂ©rĂ©monie ouvrant le noviciat des garçons dans le bouddhisme theravÄda, pĂ©riode qu'ils passent parmi les moines Ă s'imprĂ©gner des enseignements du Bouddha, le Dharma. Il s'agit d'un rite de passage comparable Ă la cĂ©rĂ©monie de la majoritĂ© dans d'autres religions.
Références
- (en) Khin Myo Chit, Flowers and Festivals Round the Burmese Year, (lire en ligne)
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Thingyan » (voir la liste des auteurs).
- (en) Min Kyaw Min, « Thingyan », Northern Illinois University
- (en) Ronald M. Mallen, « Easter Dating Method », Astonomical Society of South Australia, (consulté le ) : « List of Easter Sunday Dates 2000-2099 »
- (en) « The Eight Precepts »
- (en) Shway Yoe (Sir James George Scott) 1882, The Burman : His Life and Notions, New York, Norton Library 1963, 353, 348â349, 343â344
- (en) Ko Thet, « Laughing All the Way to Prison », The Irrawaddy, (consulté le )
- "In Myanmar, Celebrating Water, Letting Off Steam", in The New York Times, April 20, 2009, p. A11.