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Théodore Verhaegen

Pierre-Théodore Verhaegen, né le à Bruxelles et mort le dans la même ville, est un avocat et homme d'État belge, chef du parti libéral. Il est le fondateur de l'Université libre de Bruxelles, qu'il plaça en 1834 sous le signe du libre examen. Son parcours politique, académique et maçonnique fut marqué par une volonté d’engagement et de progrès.

Théodore Verhaegen
Illustration.
Portrait de Théodore Verhaegen, XIXe siècle.
Fonctions
Bourgmestre de Watermael-Boitsfort
Conseiller d'État provincial du Brabant (Belgique). député libéral de Bruxelles
Député libéral de Bruxelles
Vice-président de la Chambre des représentants de Belgique
Réélection 1857 à 1859
Biographie
Nom de naissance Pierre-Théodore Verhaegen
Date de naissance
Lieu de naissance Bruxelles
Date de décès (à 66 ans)
Lieu de décès Bruxelles
Sépulture Cimetière de Bruxelles, à Evere.
Nationalité Drapeau de la Belgique Belgique
Parti politique Parti libéral de Belgique
Profession Avocat et homme politique

Théodore Verhaegen
Blason
Statue de Théodore Verhaegen, par Guillaume Geefs, en face de l'ULB.

Biographie

L'homme politique

De 1825 jusqu'à 1842, Théodore Verhaegen fut bourgmestre de Watermael-Boitsfort.

En 1836, il est élu au Conseil provincial du Brabant. Il œuvre pour la création d'un parti libéral créant en 1841 la Société de l'Alliance, ce qui aboutit à la convocation en 1846 du premier Congrès libéral. Il fonde, fin 1846, une société rivale, l'Association libérale et Union Constitutionnelle de Bruxelles.

En 1837, il fut élu député libéral de Bruxelles. Il sera vice-président de la Chambre de 1847 à 1852 et de 1857 à 1859. En , il s'oppose à la politique militaire du ministre libéral Frère-Orban et quitte la Chambre.

La création de l'Université libre de Belgique

En 1834, il est un des fondateurs de l'Université libre de Belgique qu'il plaça sous le signe du libre examen et où il enseigne le droit[1].

Le franc-maçon et le chrétien

Membre de la loge Les Amis philanthropes du Grand Orient de Belgique, il fut ensuite le grand maître du Grand Orient de Belgique de 1854 à 1862. Ceci, tout en restant catholique pratiquant et membre de la fabrique d'église. En voici quelques témoignages : « Il y a une foi éclairée à laquelle Verhaegen lui-même adhère : c'est, de la manière dont il l'entend, la foi catholique. Voilà ce qui peut paraître à certains égards le paradoxe de l'homme, lorsqu'on lit ses sorties anticléricales : il se déclare catholique et, jusque vers la fin de sa vie au moins, il sera pratiquant. ». Plus loin : « « C'est un maçon qui pratique », disait de lui De Potter en 1851. Le témoignage du nonce à Bruxelles, Fornari, est particulièrement explicite..... Nonobstant tout cela, Verhaegen fait montre d'une certaine religion ; il se fait un devoir d'aller à la messe tous les dimanches et il n'hésite pas, au temps pascal, de s'approcher, en public et dans sa paroisse, de la Sainte-Table.... »[2].

Rappelons qu'à cette époque de nombreux maçons étaient catholiques pratiquants, avant que l'Église de Belgique, par un mandement des évêques belges dirigés par Mgr Engelbert Sterckx, ne réactive en les condamnations anciennes prévues par la bulle In eminenti apostolatus specula du et n'excommunie[3] ainsi de nombreux citoyens pour ce seul motif. Sous le coup de cet acte, nombre de francs-maçons catholiques ne quittèrent pas la maçonnerie, comme l'avaient espéré les évêques, mais s'y maintinrent encore plus fermement.

Cela poussa le clergé à durcir encore sa position en provoquant ce qu'on a appelé la « sécularisation cléricale »[4] ou déchristianisation forcée en leur interdisant toute participation à un quelconque acte religieux, avec, comme l'écrit Jeffrey Tyssens[5] « le trop fameux « refus de sépulture » qui pouvait être entamé par le refus de l'extrême onction, relayé ensuite par un déni d'obsèques religieuses, et finalisé par un enterrement dans une tombe en terre non bénite, était sans aucun doute un des aspects les plus amers de la confrontation entre la franc-maçonnerie belge et la hiérarchie ecclésiastique ». Toutefois, à partir de 1850, on assiste à un revirement des francs-maçons, qui font l'objet de cette condamnation et qui plutôt que d'abandonner leur appartenance vont eux-mêmes organiser des funérailles civiles[6]. C'est également le début d'une déchristianisation en profondeur d'une grande partie des élites bruxelloises qui va désormais rejeter elle-même tout encadrement par le clergé catholique[7].

La fin de sa vie

Tombe de Théodore Verhaegen au cimetière de Bruxelles à Evere.

Verhaegen, malgré ces sentiments religieux évoqués, n'en demanda pas moins d'avoir des funérailles purement civiles[8] et, malgré les supplications de ses enfants[9], il mourut sans l'aide d'un prêtre[10].

En effet, « il est probable qu'à ce moment-là, Verhaegen rédigea une première fois ses volontés qui stipulaient qu'il interdisait formellement à « tout membre du clergé catholique de l'approcher ou même de séjourner dans la maison » .... « Une vieille servante, jadis attachée à sa mère, qui le soignait et qu'il écoutait quand il était indisposé, lui fit entendre qu'il était temps de songer à ses devoirs religieux. Elle voulait lui mettre un cierge bénit dans la main, mais il le cassa et lança les débris dans l'espace..... Alors M. Verhaegen entra dans une grande colère, et fit appeler MM. Van Schoor, Thiéfry, Doktor (sic) Van Hoeter et autres lumières de la loge : il leur dit de prévenir ses enfants qu'il ne voulait pas de prêtre, et à la demande de ses amis il consigna ses déclarations par écrit ». Ses enfants étaient bouleversés. Ils tentèrent de faire revenir le mourant sur sa décision, mais leurs supplications n'y feront rien »[11].

L'origine de ce revirement et de cette rancœur n'est pas connue, mais il fit un choix cohérent[12] en partageant ainsi le sort de ses frères maçons, victimes eux aussi de la « déchristianisation forcée » appelée aussi « sécularisation cléricale » provoquée par le clergé lui-même qui interdisait à certaines personnes toutes pratiques religieuses[4].

Il est enterré au cimetière de Bruxelles, à Evere.

Famille et descendance

Pierre-Théodore Verhaegen épousa le à Bruxelles Jeanne Philippine Françoise Josèphe Barbanson (1795-1858), fille de Jean-Baptiste Barbanson, président du tribunal de première instance de Bruxelles, admis au lignage Sweerts en 1786 et de Marie Thérèse Schwartz. Ils eurent pour enfants:

  • Jean Baptiste François Eugène (1820-1878), avocat, conseiller communal de Boitsfort, qui épousera Marie Florence Caroline Joséphine Nève (1823-1903) ;
  • Thérèse Marie Verhaegen (1821-1838) ;
  • Marie-Anne Jeanne Philippe Joséphine Adèle (1824-1907), qui épousera le baron Adolphe le Hardy de Beaulieu, économiste libéral.

La nombreuse descendance de Pierre-Théodore Verhaegen s'allia, entre autres, avec les familles : le Hardÿ de Beaulieu, Houtart, Terlinden, Mélot, Nève de Mévergnies, de Prelle de la Nieppe, Greindl, Carton de Wiart, Desclée de Maredsous, de Kerckhove de Denterghem, de la Vallée Poussin, Puissant Baeyens[13], de Gerlache de Gomery[14], etc.

Il est l'arrière grand père de Juliette Verhaegen[15].

Hommage

Bibliographie

  • Pierre-Théodore Verhaegen. L'homme, sa vie, sa légende. Bicentenaire d'une naissance, ULB, 1996, 266 p.
  • Jh. Tordoir, Verhaegen, aîné. Président de l'Association libérale et union constitutionnelle de l'arrondissement de Bruxelles, Archives libérales francophones, 1997.

Notes et références

  1. « À la redécouverte de la Saint- Verhaegen », sur ulb.ac.be (consulté le ).
  2. Jean Stengers, « Les idées philosophiques et religieuses de Verhaegen », dans Pierre-Théodore Verhaegen. L'homme, sa vie, sa légende, Bruxelles, 1996, p. 119 et p. 120.
  3. Remarquons qu'avant cette date les Bulles papales excommuniant les francs-maçons étaient sans valeur dans les Pays-Bas Autrichiens à raison du défaut de placet. Lire : Paul Duchaine, La franc-maçonnerie belge au XVIIIe siècle, Bruxelles, 1911, p. 85.
  4. Jeffrey Tyssens, En vain la terre te cache : un cadre analytique pour les monuments funéraires maçonniques, dans Franc-Maçonnerie et beaux-arts, Bruxelles, 2007, p. 262 : « phénomène qualifié de « sécularisation cléricale » l'apparition de pratiques sociales sécularisées par l'action du clergé lui-même, un clergé qui refusait aux porteurs de ces pratiques toute participation légitime à une quelconque action sociale religieusement encadrée ».
  5. Jeffrey Tyssens, « « En vain la terre te cache » : un cadre analytique pour les monuments funéraires maçonniques », dans Franc-Maçonnerie et beaux-arts, Bruxelles, 2007, p. 262.
  6. Jeffrey Tyssens, op. cit., p. 262, « à partir de 1850, les francs-maçons eux-mêmes rejettent tout encadrement par le clergé catholique », ce qui ne joua pas pour le clergé protestant.
  7. Jeffrey Tyssens, « « En vain la terre te cache » : un cadre analytique pour les monuments funéraires maçonniques », dans Franc-Maçonnerie et beaux-arts, Bruxelles, 2007, p. 262 : « Ce qui est plus frappant encore, c'est la transformation qui s'est produite dès 1850 environ : dorénavant, le refus devenait de moins en moins le fait du clergé, parce que c'était bel et bien les francs-maçons eux-mêmes qui rejetaient systématiquement tout encadrement par le clergé catholique du trépas et des obsèques, du deuil et du souvenir.... Des exemples classiques, comme le décès de ce maçon notable que fut Pierre-Théodore Verhaegen, on peut aisément déduire comment ce « mourir contre les siens » était essentiel pour une expropriation symbolique du clergé catholique, pour la rupture de son monopole spirituel. ».
  8. L'indépendance belge, 24 février 1863: « (il stipulait qu'il) interdisait formellement à tout membre du clergé catholique de l'approcher ou même de séjourner dans la maison », ainsi que: Jeffrey Tyssens et Marie-Pierre Verhaegen, « La fin de Verhaegen », dans Pierre-Théodore Verhaegen. L'homme, sa vie, sa légende, Bruxelles, 1996, p. 151 : « il est probable qu'à ce moment-là, Verhaegen rédigea une première fois ses volontés qui stipulaient qu'il interdisait formellement à « tout membre du clergé catholique de l'approcher ou même de séjourner dans la maison » .... « Une vieille servante, jadis attachée à sa mère, qui le soignait et qu'il écoutait quand il était indisposé, lui fit entendre qu'il était temps de songer à ses devoirs religieux. Elle voulait lui mettre un cierge bénit dans la main, mais il le cassa et lança les débris dans l'espace..... » ».
  9. Jeffrey Tyssens et Marie-Pierre Verhaegen, « La fin de Verhaegen », dans Pierre-Théodore Verhaegen. L'homme, sa vie, sa légende, Bruxelles, 1996, p. 151 : « il leur dit de prévenir ses enfants qu'il ne voulait pas de prêtre.... Ses enfants étaient bouleversés. Ils tentèrent de faire revenir le mourant sur sa décision, mais leurs supplications n'y feront rien ».
  10. Jeffrey Tyssens et Marie-Pierre Verhaegen, « La fin de Verhaegen », dans Pierre-Théodore Verhaegen. L'homme, sa vie, sa légende, Bruxelles, 1996, p. 151 : « Alors M. Verhaegen entra dans une grande colère, et fit appeler MM. Van Schoor, Thiéfry, Doktor (sic) Van Hoeter et autres lumières de la loge : il leur dit de prévenir ses enfants qu'il ne voulait pas de prêtre, et à la demande de ses amis il consigna ses déclarations par écrit ».
  11. Lire en ce qui concerne ses funérailles civiles : Jeffrey Tyssens et Marie-Pierre Verhaegen, « La fin de Verhaegen », dans Pierre-Théodore Verhaegen. L'homme, sa vie, sa légende, Bruxelles, 1996, p. 151.
  12. Jeffrey Tyssens et Marie-Pierre Verhaegen, « La fin de Verhaegen », dans Pierre-Théodore Verhaegen. L'homme, sa vie, sa légende, Bruxelles, 1996, p. 151 : « Son choix, bien qu'inhabituel à l'époque était pour un anticlérical de sa trempe tout à fait cohérent ».
  13. Pierre-Théodore Verhaegen, paru dans le quotidien Le Soir, le lundi 23 septembre 1996.
  14. Généalogie Gerlache-Verhaegen.
  15. « VERHAEGEN,UNE PENSEE LIBRE ET CITOYENNE BARON ROUGE, AUMONIER DE BAUDOUIN DES ANTICLERICAUX DEISTES AUX LIBRE EXAMINISTES », sur Le Soir (consulté le )
  16. « Rue Théodore Verhaegen », sur http://www.irismonument.be.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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