Tanneguy Le FĂšvre
Tanneguy Lefebvre, dit Tanaquillus Faber, né à Caen en 1615 et mort à Saumur le , est un philologue et helléniste français.
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Biographie
Tanneguy Lefebvre fit ses Ă©tudes au collĂšge des jĂ©suites de La FlĂšche. AprĂšs avoir achevĂ© ses Ă©tudes Ă Paris, il fut nommĂ© contrĂŽleur de lâimprimerie royale du Louvre par le cardinal Richelieu qui voulait en faire le principal dâun collĂšge quâil voulait fonder sous le nom de Richelieu, mais la mort du ministre fit Ă©vanouir ses espĂ©rances, et sa pension fut mal payĂ©e. Il quitta donc Paris et voyagea. Quelque temps aprĂšs, Ă©tant allĂ© Ă Langres avec M. de FranciĂšres, qui en Ă©tait gouverneur, il embrassa le calvinisme en 1644. Il sâinstalla Ă Saumur en 1649 oĂč il obtint, deux ans plus tard, un poste de professeur Ă lâacadĂ©mie protestante. Il occupa avec grand succĂšs ce poste prĂšs de vingt ans, dâabord comme rĂ©gent de troisiĂšme, puis comme titulaire dâune chaire de grec crĂ©Ă©e spĂ©cialement pour lui en 1665. Il tint Ă©galement pension pour les Ă©lĂšves de lâacadĂ©mie, dont AndrĂ© Dacier, qui devait Ă©pouser sa fille.
Il reprĂ©senta Ă©galement lâĂglise rĂ©formĂ©e au synode du Poitou. Sa profonde Ă©rudition le met en correspondance avec de nombreux Ă©rudits de lâĂ©poque, dont Gronow, MĂ©nage, Paul Bauldri[1] ou Pellisson, qui font appel Ă ses lumiĂšres et le protĂšgent. Pellisson lui faisait mĂȘme anonymement payer une pension de cent Ă©cus. Colbert lui Ă©galement fera attribuer une pension de 1 000 livres en 1665. Il aurait pu obtenir bien plus, mais sa religion faisait toujours obstacle Ă nombre de faveurs.
Sa manie de mettre des termes grecs ou latins lĂ oĂč il ne trouvait pas dâĂ©quivalent français lâa fait dĂ©peindre par MoliĂšre dans les Femmes savantes sous les traits de Vadius.
Sa mauvaise santĂ© croissante et un certain laxisme moral (il avait, Ă Saumur, une maitresse pour qui il rĂ©digeait des vers latins qui couraient par la ville) le mirent en froid avec ses collĂšgues de lâacadĂ©mie. Loin dâarranger les choses, sa propre prise de distance vis-Ă -vis du calvinisme et menĂšrent Ă une querelle avec le consistoire qui lâamena Ă dĂ©missionner de son poste le .
Il reçut des offres de la part dâuniversitĂ©s dâAngleterre, de Leyde et de Strasbourg dĂ©sireuses dâobtenir ses services. En mĂȘme temps, son compatriote Huet chercha Ă obtenir son abjuration, quâil obtint le , mais il refusa de rendre sa conversion publique. Il Ă©tait, comme lâa Ă©crit Voltaire, sĂ»rement « plus philosophe que huguenot ». Il fut dâailleurs, lorsquâil mourut soudainement alors quâil venait dâaccepter un poste Ă lâuniversitĂ© de Heidelberg, enterrĂ© au cimetiĂšre protestant de la Bilange.
Lefebvre a publié au moins 37 ouvrages, dont des éditions, entre autres, de divers auteurs grecs non-conformistes comme Longin, Anacréon, Sappho, Apollodore d'AthÚnes, Aristophane ou Lucien et latins comme Virgile, Horace, LucrÚce, Térence ou Tite-Live.
Une de ses filles, Anne Dacier, est devenue célÚbre comme traductrice de grec. Son fils, Tanneguy II Lefebvre (Saumur, 1658-Saumur, 1717), fut lui aussi régent au collÚge de Saumur, avant de devenir pasteur en Suisse et en Angleterre puis de revenir à Saumur, aprÚs avoir abjuré.
Notes et références
- Louis MorĂ©ri, Le Grand Dictionnaire historique, ou le mĂ©lange curieux de lâhistoire sacrĂ©e et profane : nouvelle Ă©dition dans laquelle ou a refondu les supplĂ©mens de Claude-Pierre Goujet. Le tout revu, corrigĂ© et augmentĂ© par Ătienne François Drouet, t. 2, Paris, Libraires associĂ©s, , 401 p. (lire en ligne), p. 208.
Publications
- Epistolae Criticae, 1659.
- Les Vies des poĂštes Grecs, 1665.
- Méthode pour commencer les humanités grecques et latines. Saumur, René Péan, 1670.
- ΀α ÏÎżÏ ÎΜαÎșÏÎ”ÎżÎœÏÎżÏ ÎșαÎč ΣαÏÏÎ·ÎżÏ Ï ÎŒÎ”Î»Î”. Notas & animadversiones addidit Tanaquillus Faber; in quibus multa veterum emendantur. Saumur, RenĂ© PĂ©an, 1680.
- Journal du journal, ou Censure de la censure : Seconde journaline de Mr LefĂšvre, Saumur, Jean II Lesnier, , II-30 p., in-4° (OCLC 493523055, lire en ligne)Cet Ouvrage, dĂ©diĂ© Ă son ancien Ă©lĂšve Paul Bauldri, est une rĂ©ponse Ă un article que lâabbĂ© Gallois avait fait insĂ©rer dans le Journal des savans, et ou Le FĂšvre Ă©tait vivement critiquĂ©.