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Sous-genres de la fantasy

Les sous-genres de la fantasy sont des tendances que l'on peut distinguer au sein du genre général de la fantasy, et qui correspondent à des types d'univers, d'intrigues ou de traitements littéraires différents au sein de ce genre.

Illustration de Arthur Rackham pour La Walkyrie de Richard Wagner.
« À ce moment elle fut changée par magie en une merveilleuse petite fée. » Illustration de John Bauer pour le conte d'Alfred Smedberg Les sept souhaits.

Les problèmes de classement

Il n'existe pas de classement unique des sous-genres de la fantasy, pour plusieurs raisons[1]. D'abord, parce que ces classements sont différents selon l'Histoire et la tradition littéraires des pays, sont réalisés par des instances diverses : les critiques ou les universitaires qui analysent le genre, les éditeurs qui les utilisent pour lancer différentes collections, et parfois les auteurs eux-mêmes lorsqu'ils réfléchissent sur la nature de leurs écrits. Ensuite, parce qu'aucun classement n'est entièrement satisfaisant, beaucoup d'œuvres de fantasy sont à cheval sur plusieurs catégories. Enfin, parce que les classements sont très variables, à la fois d'un critique à l'autre et plus généralement entre critiques anglo-saxons et francophones.

Anne Besson souligne que « le(s) classement(s) ne sont absolument pas stables, mais se concurrencent ou se confondent […] Du fait des théoriciens et critiques, soucieux de proposer leur propre système typologique ou de dénoncer les créations marketing, comme des auteurs, qui ne cessent de remettre en cause tout équilibre en transgressant les frontières dès leur établissement, on aboutit à un empilement de catégories, dont les principes de distinction eux-mêmes sont très variés et largement incompatibles[2]. »

Principaux critères de classement

Classement par tonalités

Un classement possible consiste à repérer différentes tonalités du genre, selon qu'une œuvre est plus ou moins sérieuse ou humoristique, optimiste ou sombre, etc.

  • La fantasy Ă©pique[3] se situe dans la lignĂ©e gĂ©nĂ©rale du Seigneur des anneaux de Tolkien. Mettant en scène des aventures sĂ©rieuses, elle se rattache aux genres de l'Ă©popĂ©e ou du roman d'aventures et met en scène des hĂ©ros[4]. Les critiques ou auteurs anglo-saxons distinguent plusieurs catĂ©gories au sein de cette tendance, selon diffĂ©rents critères :
    • L’heroic fantasy a comme particularitĂ© de prĂ©senter souvent un seul personnage Ă©voluant dans des royaumes en conflit, un hĂ©ros qui, grâce Ă  ses particularitĂ©s (physiques, mentales, magiques), parvient Ă  vaincre ses ennemis.
    • Fritz Leiber a inventĂ© le terme sword and sorcery, pour des aventures prĂ©sentant des guerriers barbares, des amazones et des sorciers malĂ©fiques luttant pour leur survie, la plupart du temps dans une Ă©poque de violence, de chaos et de conflits Ă©piques. Ex. : Conan le barbare de Robert E. Howard.
  • La manner fantasy est très marginale, car presque pas traduite en France. Elle incorpore des Ă©lĂ©ments de comĂ©die de mĹ“urs, gĂ©nĂ©ralement dans un cadre urbain très hiĂ©rarchisĂ©.

Classement par thèmes

Un autre classement possible est un classement thématique, catégorisant les œuvres de fantasy selon les grands types de sujets, d'environnements ou de personnages qu'elles évoquent.

  • L'expression mĂ©diĂ©val-fantastique (ou « med-fan ») a souvent Ă©tĂ© utilisĂ©e pour traduire l'anglais fantasy, mais elle n'est pas satisfaisante, car maladroite (elle confond le fantastique avec le merveilleux propre Ă  la fantasy) et n'englobant pas tous les sous-genres de la fantasy (puisqu'elle se rĂ©fère au seul Moyen Ă‚ge). Le mĂ©diĂ©val-fantastique n'est donc qu'un sous-genre de la fantasy regroupant les Ĺ“uvres et jeux prenant place dans un cadre mĂ©diĂ©val.
  • L’oriental fantasy regroupe les Ĺ“uvres qui se dĂ©roulent dans des univers exotiques, inspirĂ©s par exemple des Mille et une nuits[12].
  • La fantasy Ă©rotique, caractĂ©risĂ©e par la place importante de l'Ă©rotisme, relève pour le moment davantage d'un label d'Ă©diteur que d'un sous-genre littĂ©raire bien reprĂ©sentĂ© (il ne faut pas confondre l'Ă©rotisme avec l'Ă©vocation explicite de la sexualitĂ© qui apparaĂ®t dans des sous-genres tels que la dark fantasy). On peut en revanche parler de fantasy Ă©rotique pour dĂ©signer une partie des Ĺ“uvres des illustrateurs, peintres ou dessinateurs de fantasy.
  • La nature fantasy, qui met en avant la nature, les Ă©lĂ©ments (feu, eau, air, terre), et les paysages dans lesquels se dĂ©roulent l'intrigue comme des points centraux voire des personnages Ă  part entière dans l'histoire, avec ou sans dimension Ă©cologique. Adrien Mangold avec "Journal intime d'un Dieu omniscient" est considĂ©rĂ© comme le prĂ©curseur du genre.

Classement par proximité avec d'autres genres littéraires

Un autre grand critère de classement consiste à repérer les rapprochements entre la fantasy et d'autres grands genres littéraires comme le roman historique, la science-fiction, le fantastique ou l'horreur, et même avec certains sous-genres de ces genres.

Outre les sous-genres spécifiques énumérés ci-dessous, la dark fantasy, par son atmosphère sombre qui inquiète ou effraie franchement le lecteur, est parfois rapprochée de l'horreur ou du fantastique. De même, la fantasy urbaine a parfois recours à un merveilleux plus discret tendant vers la fantastique.

  • La space fantasy mĂŞle Ă  la fantasy le space opera, lui-mĂŞme un sous-genre de la science-fiction. La space fantasy comporte des voyages dans l'espace Ă  bord de vaisseaux spatiaux et de la magie et des crĂ©atures fantastiques. Ex. : le jeu de rĂ´le Spelljammer dĂ©taille l'espace autour des planètes oĂą se dĂ©roulent les campagnes de Donjons et Dragons. Les voyageurs spatiaux se dĂ©placent Ă  bord de navires en bois propulsĂ©s par Ă©nergie magique. Ce cadre demeure totalement mĂ©diĂ©val car il n'y a jamais d'intervention de technologie nulle part. Un autre exemple couramment proposĂ© est la saga Star Wars : la Force s'apparente plus Ă  de la magie qu'Ă  un quelconque phĂ©nomène physique et les protagonistes participent Ă  une longue lutte manichĂ©enne entre Chevaliers Jedi et Seigneurs Sith, le tout dans un univers imaginaire inspirĂ©, selon Lucas, de Tolkien.
  • Certaines Ĺ“uvres de fantasy sont Ă©galement proches du steampunk, soit parce qu'elles intègrent une technologie « Ă  la Jules Verne », soit parce qu'elles mettent en scène des personnages historiques. La distinction est rendue difficile par le fait qu'un certain nombre d'univers font volontiers se cĂ´toyer technologie avancĂ©e et magie. Ces ouvrages se rattachent au sous-genre gaslamp fantasy[15].
  • Le rĂ©alisme magique, apparu en AmĂ©rique du Sud comme genre littĂ©raire et nommĂ© par Gabriel GarcĂ­a Márquez[16], s'apparente parfois Ă  de la fantasy mythique associĂ© Ă  du fantastique horrifique (dans un mĂ©lange proche de la dark fantasy) ; la magie plus subtile du genre porte parfois un regard Ă©merveillĂ© sur un univers oĂą se mĂŞlent les mondes rĂ©els et imaginaires. Le genre est ancrĂ© dans les pays (notamment africains) devenus indĂ©pendants au cours du XXe siècle, oĂą se confrontent dans l’esprit des auteurs la rĂ©alitĂ© du monde moderne, perçu comme menaçant, les responsabilitĂ©s de l’homme empreint de doute face Ă  son avenir, et les aspirations au bonheur d’un monde spirituel passĂ©, perdu ou imaginaire. Le rĂ©alisme magique est une tentative de rĂ©concilier une reprĂ©sentation objective et subjective du monde dans un tout indissociable et parfois idĂ©alisĂ©. Ex. : Les Enfants de Minuit de Salman Rushdie, Le Djinn dans l'Ĺ’il-de-Rossignol de A.S. Byatt, En attendant le vote des bĂŞtes sauvages d’Ahmadou Kourouma.

Voir aussi

Notes et références

  1. Sur ce sujet, voir Anne Besson, « Les sous-genres de la fantasy : réalité de lecture ou concept marketing ? » in La fantasy, Klincksieck, 2004, p. 116-120.
  2. Anne Besson, La fantasy, p. 116.
  3. Jacques Baudou, L'Encyclopédie de la fantasy, chapitre 8 « La fantasy épique », p. 68-79.
  4. Anne Besson parle d'« un « cœur de genre » où se côtoient l'épique et l'héroïque, aux qualifications multiples autant que redondantes » (La fantasy, p. 118). Jacques Baudou (L'Encyclopédie de la fantasy, p. 69) utilise comme critère le fait que les cycles et univers se réclament de l'héritage du Seigneur des Anneaux.
  5. Mats Ludün, La Fantasy, Ellipses (coll. « Réseau Genres/Registres »), 2006.
  6. Jacques Baudou, L'Encyclopédie de la fantasy, chapitre 10 « La fantasy humoristique », p. 86-93.
  7. Du merveilleux noir à la dark fantasy : Francis Berthelot et Clive Barker, deux auteurs de la transgression, thèse de Grégory Bouak, sous la direction de Pierre Brunel, Paris IV-Sorbonne, en cours. Voir aussi Anne Besson, La Fantasy, p. 118-119.
  8. Jacques Baudou (2009), p.9-10.
  9. André-François Ruaud (dir.), Panorama illustré de la fantasy et du merveilleux, Introduction, p. 13-14, et chapitre « Fantasy animalière : cherchez la petite bête », p. 175-186
  10. Jacques Baudou, L'Encyclopédie de la fantasy, chapitre 12 « La fantasy animalière », p. 106-111.
  11. Jacques Baudou, L'Encyclopédie de la fantasy, chapitre 9 « La fantasy urbaine », p. 80-85.
  12. Anne Besson, La Fantasy, p. 118.
  13. Anne Besson, La Fantasy, p. 117.
  14. Jacques Baudou (2009), encadré « La science fantasy », p.122.
  15. « Le romantisme anglais, un Moyen Âge fantasmé | Fantasy », sur fantasy.bnf.fr (consulté le )
  16. André-François Ruaud (dir.), Panorama illustré de la fantasy et du merveilleux, « Réalisme magique : un autre regard sur le monde », p. 213-214.
  17. « Les sous-genres de la fantasy, un vaste monde à découvrir | Fantasy », sur fantasy.bnf.fr (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Jacques Baudou, L'EncyclopĂ©die de la fantasy, Fetjaine, 2009.
  • Anne Besson, La fantasy, Klincksieck (collection « 50 questions »), 2007.
  • AndrĂ©-François Ruaud (dir.), Panorama illustrĂ© de la fantasy & du merveilleux, Les moutons Ă©lectriques, 2004.
  • Voyez aussi la bibliographie de l'article fantasy.
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