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Soleirolia soleirolii

Soleirolia soleirolii est une espĂšce de plantes dicotylĂ©dones de la famille des Urticaceae, originaire de l'ouest du bassin mĂ©diterranĂ©en (plante tyrrhĂ©nienne). C'est l'unique espĂšce du genre Soleirolia (genre monotypique). Elle est parfois aussi dĂ©nommĂ©e Soleirole, ou HĂ©lixine ou encore Helxine (son ancien nom de genre) ou « Larme d'ange Â».

Vue rapprochée d'un tapis de Soleirolia soleirolii.
Planche botanique présentant les différentes parties de la plante Soleirolia soleirolii.
Tapis dense de Soleirolia soleirolii.
S. soleirolii colonisant la surface d'une roche

Cette herbacée, vivace naine, aux racines traçantes peu profondes, forme des touffes ou tapis, qui la font apprécier comme plante couvre-sol (susceptible de devenir envahissante quand les conditions du milieu lui conviennent parfaitement (environnements tempérés à subtropicaux mais constamment humides et ombragés).

Systématique

La premiĂšre description de la plante (sous le nom Helxine soleirolii) a Ă©tĂ© faite en 1825 par le botaniste français Esprit Requien qui a par ce nom voulu rendre hommage Ă  Henri-Augustin Soleirol, le botaniste qui en avait rapportĂ© un Ă©chantillon (de Cervione en Corse). Comme le nom Helxine avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© attribuĂ© par LinnĂ© Ă  une autre espĂšce trĂšs diffĂ©rente et d'une toute autre famille, un nouveau nom de genre lui a Ă©tĂ© donnĂ© : Soleirolia (par le botaniste français Charles Gaudichaud-BeauprĂ©, en 1830) toujours en l'honneur de Soleirol. Le nom complet de Soleirolia soleirolii a finalement Ă©tĂ© formĂ© par James Edgar Dandy en 1965[2].

Soleirolia soleirolii est la seule espÚce du genre Soleirolia au sein de la famille des Urticacées[3].

En raison des terminaisons différentes du nom de genre et de l'épithÚte spécifique, Soleirolia soleirolii n'est formellement pas un tautonyme et est donc autorisé par les rÚgles de la nomenclature botanique[4].

Habitats

Elle préfÚre les sols perméables, humifÚres, plutÎt frais et de pH neutre à acide, mais elle colonise volontiers des roches, murs ou pierres humides ou proches de l'eau.

Description, comportement

Les parties de la plante aérienne sont légÚrement à densément couvertes de poils droits et en forme de faucille, mais ces poils ne sont pas comparables à ceux de certains genres de cette famille (orties) ; ils ne sont pas urticants.

Tiges : elles sont filiformes et dĂ©licates, translucides, rosĂątre et vitreuses (parfois poilues[5]). Elles se ramifient et peuvent atteindre environ 50 cm de long ; elles peuvent s'enraciner au niveau des nƓuds.

Feuilles : disposées en alternance, elles ont de simples limbes foliaires, circulaires à oblongs, de 3 à mm de long et d'une largeur de 2 à mm de large, inégaux dans leur base. La marge foliaire est entiÚre. Les feuilles de la forme naturelle sont d'un vert luxuriant. Les cystolithes (cristaux inorganiques) de forme linéaire allongée, sont présents dans les feuilles, sans stipules[6].
Des horticulteurs ont sélectionné et mis sur le marché quelques cultivars panachés, dorés ou bronze.

Fleur : Soleirolia soleirolii est monoïque (chaque inflorescence, pendante, blanche ou rose et généralement non perçue car minuscule, ne contient qu'une fleur). Sur la partie inférieure de la tige se forment en été des fleurs femelles et dans la partie supérieure des fleurs mùles. Les fleurs mùles contiennent quatre bractées libres, quatre étamines et un pistil ovale inversé stérile. Les quatre bractées des fleurs femelles sont fusionnées et sans poils, et le stylet mince de cette fleur n'est pas durable ; il n'y a pas de staminodes.

AkĂšnes : ils sont brillants et brun clair, de forme symĂ©trique et ovale avec une extrĂ©mitĂ© supĂ©rieure pointue, longs de 0,8 Ă  0,9 mm pour un diamĂštre d'environ 0,6 mm. L'akĂšne est densĂ©ment enveloppĂ© par des bractĂ©es durables formant trois ailes liĂ©geuses et ils sont couvertes de poils fins issus de la fleur.

Comme le laisse penser son nom anglais, mother of thousands, cette plante se bouture et se marcotte aisĂ©ment, faisant qu'elle est de plus en plus utilisĂ©e en plante d'intĂ©rieur et parfois d'extĂ©rieur (comme couvre-sol, sur des murs vĂ©gĂ©talisĂ©s et pour son feuillage dĂ©coratif). Elle forme des tapis ou coussins denses et monospĂ©cifiques de 2 Ă  25 cm d'Ă©paisseur.

Elle semble toxique ou non-appĂ©tente pour les escargots, limaces et autres invertĂ©brĂ©s herbivores. Aux États-Unis, la chenille du vulcain (Vanessa atalanta) semble pouvoir la consommer Ă  la place de l'ortie (Urtica holosericea)[7]. Cette absence de prĂ©dateur commun peut la rendre localement envahissante.

Étymologie

Le nom générique « Soleirolia » et l'épithÚte spécifique « soleirolii » sont un hommage à Henri-Augustin Soleirol (1781-1853), botaniste amateur qui collecta des plantes en Corse et en Sardaigne[8].

Origine géographique et répartition

Cette plante serait originaire des Ăźles mĂ©diterranĂ©ennes (elle est encore endĂ©mique en Corse, aux BalĂ©ares, Ă  Majorque, en Sardaigne et sur l'Ăźle voisine de Caprera[9] - [10]) et c'est une palĂ©oendĂ©mique connue de l'Archipel toscan[5], mais elle tend Ă  remonter vers le nord (notamment en bordure de fontaines, riviĂšres ou sur sols humides oĂč elle peut former de larges tapis), peut-ĂȘtre grĂące au rĂ©chauffement climatique, et sans doute surtout Ă  cause d'introductions par l'homme ou d'Ă©chappĂ©es de jardin ou de pot de fleur. En France[11], elle s'est implantĂ©e en Bretagne, Normandie, dans le sud de la rĂ©gion parisienne et on en trouve au moins localement dans le Pas-de-Calais. Elle a Ă©tĂ© trouvĂ©e en 2017 en Afrique du nord (AlgĂ©rie)[12].

Diffusion récente dans le monde

Lors de la derniÚre glaciation la Sardaigne et la Corse semblent avoir été le dernier refuge de l'espÚce[13] qui y bénéficie d'un climat subtropical aux étés chauds et secs et aux hivers doux et humides. La plante y est trouvée à l'ombre des arbres, sur de bons sols forestiers ou dans les anfractuosités, joints des murs ou sur des roches humides.

Depuis la fin du XXe siĂšcle, l'espĂšce semble localement s'ĂȘtre naturalisĂ©e en Europe de l'Ouest, au moins jusque dans l'ouest de l'Allemagne (Ă  MĂŒnster, dans la Ruhr ou encore Ă  Cologne[14] - [15]) malgrĂ© des gelĂ©es profondes hivernales (jusqu'Ă  environ -16 °C) qui n'empĂȘchent pas une propagation continue, sans doute souvent Ă  partir de graines car des floraisons sont rĂ©guliĂšrement observĂ©es[16] - [17].

Une population significative de Soleirolia soleirolii a rĂ©cemment Ă©tĂ© signalĂ©e[5] en AlgĂ©rie (2017), dans un oued situĂ© Ă  439 m d'altitude sur la pĂ©ninsule de l'Edough (ancienne Ăźle[18] et presqu’üle lors des prĂ©cĂ©dentes grandes transgressions marines[19]) non loin d'une chute d'eau (cascade des Vautours) dans un environnement favorable aux endĂ©miques rares dans le pays (ex. : Lactuca muralis (L.) Gaertn., Eupatorium cannabinium L., Sagina procumbens L., Carex sylvatica Huds., Hyacinthoides lingulata (Poir.) Rothm., Neotinea maculata (Desf.) Stearn, Hypericum afrum Lam. (Hamel & al. 2013), mais actuellement menacĂ© par l'ailanthe de Chine (Ailanthus altissima (Mill.) Swingle) qui s'y comporte en espĂšces invasive, par le surpĂąturage et l’agriculture (dĂ©frichement de maquis et pompage), les canicules, sĂ©cheresses et incendies susceptibles d'ĂȘtre plus intenses et plus frĂ©quents dans le contexte du rĂ©chauffement climatique.

Sensibilité

Cette plante, bien que rustique et se bouturant facilement, ne s'est pas spontanément répandue hors de ses ßles d'origine durant les derniers millénaires.

Elle est vulnérable à la sécheresse car ses racines sont toujours trÚs superficielles.
Sa partie aĂ©rienne meurt en cas de dĂ©shydratation et sous −5 °C, et sa partie souterraine meurt en dessous de −10 °C et en cas de dĂ©shydratation.

Elle serait sensible aux oxydes d'azote mais semble s'adapter Ă  certaines pollutions urbaines[20].

Étant donnĂ© son caractĂšre potentiellement localement invasif, sa sensibilitĂ© Ă  divers dĂ©sherbants a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e (publication 2010) en mĂȘme temps que celle de deux autres plantes naines Ă©galement utilisĂ©s comme couvre-sol (Polygonum capitatum, et Sedum mexicanum), toutes trois susceptibles de devenir localement envahissante [21] : Soleirolia soleirolii est totalement tuĂ©e par quelques dĂ©sherbants (ex. : Aminopyralide, Triclopyr ou picloram) mais rĂ©siste relativement bien Ă  d’autres (tels que le Bentazone, le 2,4-D Ă©thylhexyl ester, le diuron, le paraquat/diquat ou la simazine).

Génétique

Le nombre de chromosomes de Soleirolia soleirolii est 2n = 20 [22]. Le nombre de chromosomes de base du genre Soleirolia Ă©tant (x = 10) il y a diploĂŻdie.

Plante d'intérieur

Depuis la fin du XXe siÚcle, c'est une plante souvent utilisée en intérieur, seule ou en association avec d'autres.

Soins

Cette plante a besoin d'un substrat neutre Ă  lĂ©gĂšrement acide, humide, et de lumiĂšre (pas de soleil direct nĂ©anmoins) et d'une tempĂ©rature idĂ©alement situĂ©e autour de 15 °C en Ă©tĂ© et 10 °C en hiver. La proximitĂ© d'une source de chaleur (ex. : cheminĂ©e, radiateur, cuisiniĂšre) est Ă  Ă©viter, de mĂȘme que le gel (bien que l'espĂšce puisse tolĂ©rer −5 °C sans perdre son feuillage). Si l'air est sec, une brumisation Ă  l'eau de pluie est bienvenue.

La plante peut ĂȘtre taillĂ©e (aux ciseaux) ou bouturĂ©e et marcotĂ©e[4].

À la diffĂ©rence de certaines plantes qui ont un mĂ©tabolisme qui diminue beaucoup en hiver, cette espĂšce nĂ©cessite un substrat restant humide en hiver, car son mĂ©tabolisme reste Ă©levĂ©, mais l'engorgement du sol est Ă  Ă©viter pour que les racines ne pourrissent pas, surtout en hiver. En intĂ©rieur l'irrigation par le bas est recommandĂ©e pour Ă©viter un pourrissement des feuilles.

Cultivars

Plusieurs variétés ont été créées et mises sur le marché :

  • 'Argentea', au feuillage vert-gris argentĂ©,
  • 'Aurea', aux feuilles sont vert dorĂ©,
  • 'Aladatase', aux feuilles vert clair vif,
  • 'PanachĂ©', aux feuilles vertes bordĂ©es de jaune


Synonymes

Selon The Plant List (9 février 2018)[1] :

  • Helxine soleirolii Req.
  • Parietaria soleirolii (Req.) Spreng.
  • Soleirolia corsica Gaudich.
  • Soleirolia repens Kuntze

Notes et références

  1. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 9 février 2018
  2. James Edgar Dandy (1965) Urticaceae. In: Vernon H. Heywood (Hrsg.) : Flora Europaea. Notulae Systematicae ad floram Europaeam spectantes No. 5. In: Feddes Repertorium. Band 70, Nr. 1–3, , S. 4, DOI:10.1002/fedr.19650700103
  3. Soleirolia soleirolii ; Tropicos.org. Missouri Botanical Garden, St. Louis
  4. Herwig, Rob (1983) Pareys Zimmerpflanzen-EnzyklopÀdie. Paul Parey, Berlin/Hamburg, (ISBN 3-489-61024-5).
  5. Tarek Hamel et Amir Boulemtafes, « DĂ©couverte d’une endĂ©mique tyrrhĂ©nienne Soleirolia soleirolii (Urticaceae) en AlgĂ©rie (Afrique du Nord) », Flora Mediterranea, vol. 27,‎ , p. 185-193 (ISSN 1120-4052, e-ISSN 2240-4538, OCLC 7309289959, DOI 10.7320/FlMedit27.185).
  6. David E. Boufford : Soleirolia. In: Flora of North America Editorial Committee (Hrsg.): Flora of North America North of Mexico. Volume 3: Magnoliophyta: Magnoliidae and Hamamelidae. Oxford University Press, New York / Oxford u. a. 1997, (ISBN 0-19-511246-6), S. 411–412 (englisch, online).
  7. Source : "Backyard Biodiversity" (guide pour enseignants, en anglais) ; Center for Ecosystem Survival, S.F.S.U. - Dept. of Biology
  8. (es) Francisco Gålvez, « Soleirolia Graud.-Beaup. in Freycinet, Voy. Monde Bot. 504 (1830) », sur Flora Vascular de Andalucía Occidental (consulté le ).
  9. Bacchetta, G., Casti, M. & Mossa, L. (2007) New ecological and distributive data on the rupestrian flora of Sardinia. – J. Bot. Soc. Bot. France 38: 73-83.
  10. Sáez, L., Bibiloni, G., Rita, J., Gil, L., Moragues, E., Zarco, CR. & Vicens, J. (2015) Additions and amendments to the flora of the Balearic Islands. – Orsis 29: 173-192.
  11. Base de données MNHN
  12. Hamel, T., & Boulemtafes, A. (2017). [ URL=https://www.researchgate.net/profile/Hamel-Tarek/publication/320355023_Decouverte_d'une_endemique_tyrrhenienne_Soleirolia_soleirolii_Urticaceae_en_Algerie_Afrique_du_Nord/links/59df9cf34585153716006861/Decouverte-dune-endemique-tyrrhenienne-Soleirolia-soleirolii-Urticaceae-en-Algerie-Afrique-du-Nord.pdf DĂ©couverte d’une endĂ©mique tyrrhĂ©nienne Soleirolia soleirolii (Urticaceae) en AlgĂ©rie (Afrique du Nord)]. Flora mediterranea, 27, 185-193.
  13. Soleirolia soleirolii im Germplasm Resources Information Network (GRIN), USDA, ARS, National Genetic Resources Program. National Germplasm Resources Laboratory, Beltsville, Maryland
  14. Biologische Station Westliches Ruhrgebiet e.V.: Gebietsfremde Pflanzen im westlichen Ruhrgebiet. (Memento des Originals vom 24. MĂ€rz 2016 im Internet Archive) i Info: Der Archivlink wurde automatisch eingesetzt und noch nicht geprĂŒft. Bitte prĂŒfe Original- und Archivlink gemĂ€ĂŸ Anleitung und entferne dann diesen Hinweis.
  15. Bochumer Botanischer Verein: BeitrĂ€ge zur Flora Nordrhein-Westfalens aus dem Jahr 2013. Jahrbuch des Bochumer Botanischen Vereins. Bd. 5, 2014, S. 130–163 (PDF 6,4 MB)
  16. Armin Jagel, Corinne Buch: Soleirolia soleirolii - Bubikopf (Urticaceae), BlĂŒtenbildung auch im Freiland. In: Jahrbuch des Bochumer Botanischen Vereins. Band 3, 2012, S. 285–289 (PDF-Datei).
  17. Armin Jagel, Corinne Buch (2011) Beobachtungen an einigen Neophyten im Bochumer Raum (Ruhrgebiet/Nordrhein-Westfalen). In: Floristische Rundbriefe. Band 44, S. 44–59.
  18. Carranza S & Wade E (2004) Taxonomic revision of Algero-Tunisian Pleurodeles (Caudata: Salamandridae) using molecular and morphological data. Revalidation of the taxon Pleurodeles nebulosus (Guichenot, 1850). – Zootaxa 5(488): 1-24
  19. VĂ©la, E. & Benhouhou, S. 2007 : Évaluation d’un nouveau point chaud de biodiversitĂ© vĂ©gĂ©tale dans le bassin mĂ©diterranĂ©en (Afrique du Nord). – C. R. Biologies 330: 589-605. doi:10.1016/j.crvi.2007.04.006
  20. Relative sensitivity of greenhouse pot plants to long-term exposures of NO- and NO2-containing air.
  21. Foo, C., Harrington, K. C., & MacKay, M. B. (2010). Herbicide tolerance of three ornamental ground cover species: Polygonum capitatum, Sedum mexicanum and Soleirolia soleirolii. In 17th Australasian weeds conference. New frontiers in New Zealand: together we can beat the weeds. Christchurch, New Zealand, 26-30 September, 2010 (pp. 303-306). New Zealand Plant Protection Society
  22. Peter W. Ball: Soleirolia. In: T. G. Tutin, N. A. Burges, A. O. Chater, J. R. Edmondson, V. H. Heywood, D. M. Moore, D. H. Valentine, S. M. Walters, D. A. Webb (Hrsg.): Flora Europaea. 2., ĂŒberarbeitete Auflage. Volume 1: Psilotaceae to Platanaceae. Cambridge University Press, Cambridge/New York/Melbourne 1993, (ISBN 0-521-41007-X), S. 81 (englisch, eingeschrĂ€nkte Vorschau in der Google-Buchsuche).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Adolphi K & Sumser H (1991) Funde von Soleirolia soleirolii (REQ.) DANDY in Deutschland. – Florist. Rundbr. 25(1): 20-22.
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