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Société zoologique de France

La Société zoologique de France est une société savante consacrée à la zoologie fondée en 1876. Elle édite une revue, le Bulletin de la Société zoologique de France, et décerne quatre prix scientifiques (prix Gadeau de Kerville - prix Charles Bocquet - prix Frédéric-Jules Malotau de Guerne - Prix Ida et Embrik Strand)[1].

Société zoologique de France
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Domaine d'activité
Siège
Pays
Langue
Organisation
Fondateur
Président
Philippe Lherminier
Publication
Bulletin de la Société zoologique de France
Site web

Les origines

On considère parfois que l’apparition des sociétés savantes spécialisées durant le XIXe siècle est une réponse à la complexité croissante de la science à laquelle l’Académie des sciences ou la Royal Society ne pouvaient répondre. Si ce facteur est exact, il n’est pas pour autant le seul[2]. Les sociétés scientifiques créées au XIXe siècle sont, presque sans exception, fondées par un seul homme : Charles Adolphe Wurtz (1817-1884) pour la Société chimique de France et Paul Broca (1824-1880) pour la Société d'anthropologie de Paris, c’est le cas également de la Société zoologique de France avec Aimé Bouvier (1844-1919)[3], marchand naturaliste et chasseur de fauves.

Pour promouvoir le lancement de la Société, une circulaire est publiée, signée par une quarantaine de personnes, des amateurs fortunés. Ce texte souhaite faire avancer la zoologie descriptive[4]. Or celle-ci n’est pas à l’honneur auprès des zoologistes professionnels : un seul professeur du Muséum national d'histoire naturelle, Edmond Perrier (1844-1921), et un seul professeur d’université, Jacques-Amand Eudes-Deslongchamps (1794-1867), répondirent favorablement à cet appel. Cet inintérêt manifesté par les plus grands spécialistes n’incita pas les jeunes zoologistes, comme les aides naturalistes du Muséum, à adhérer à la Société, car elle ne permettait pas de fréquenter des personnalités influentes et la réputation de son bulletin était très modeste[4]. La presque totalité des premiers membres étaient des notables : rentiers, juges, hommes politiques, médecins, commerçants, officiers, etc.[5]. Cette composition n’était pas rare et correspondait à celle que l’on rencontrait alors dans d’autres sociétés comme la Société entomologique de France créée en 1832[6] ou la Société botanique de France créée en 1854[7].

La première réunion se tient dans l’appartement d’Aimé Bouvier le . Présidée par Jules Vian (1815-1904), elle réunit notamment Félix Pierre Jousseaume (1835-1921), Louis Bureau (1847-1936), Eugène Simon (1848-1924), Raphaël Blanchard (1857-1919) et Fernand Lataste (1847-1934)[5]. La vingtaine de présents vote les statuts, le bureau et se dota de Jules Vian comme président[5]. Deux ans plus tard, la Société comptait plus de 160 membres dont un quart d’étrangers[8]. Les séances de la Société attirèrent très tôt des visiteurs de marque comme l’empereur du Brésil, Pedro II, le .

La Société connut sa première crise en avec la découverte d’un manque dans la trésorerie d’environ 5 000 Francs[9]. On fit porter à Aimé Bouvier la responsabilité des différents problèmes que l’enquête révéla comme la disparition de certaines cotisations jamais versées à la caisse de la Société mais aussi la disparition de fascicules du Bulletin comme de volumes de la bibliothèque. Bouvier présente sa démission en 1880, elle est accompagnée de nombreuses autres dont cette d’Edmond Perrier[10] - [8]. Les membres restant appellent alors et à nouveau Jules Vian à la présidence de la Société[11].

L’influence de Raphaël Blanchard

Ce sont Fernand Lataste et Raphaël Blanchard, deux jeunes chercheurs en histologie, qui vont donner un vrai essor à la Société. Lataste écrit en 1880 que ce ne sont plus seulement quelques branches mais la zoologie tout entière, sous toutes ses faces, descriptive et géographique, systématique et anatomique ou physiologique [qui]doit entrer dans nos attributions[12]. La société ne pouvant demeurer dans l’appartement d’Aimé Bouvier s’installe dans les locaux de la Société géologique de France[12].

Celle-ci va se consacrer notamment aux travaux devant aboutir à l’adoption d’un code de règle de nomenclature zoologique[13]. La Société présente ses propositions lors d’un congrès à Bologne en 1881 (parmi celles-ci, l’obligation d’ajouter des parenthèses au nom de l’auteur d’une espèce si celle-ci a changé de genre)[13]. Cette diversification de ses centres d’intérêt se manifeste dans les articles publiés au Bulletin : le premier article de zoophysiologie expérimentale paraît en 1886 et est signé par Raphaël Dubois, le premier grand travail d’histologie paraît en 1895 sous la plume de Hetch[13]. Le Bulletin est aussi l’occasion de décrire les découvertes faites par les expéditions scientifiques du Travailleur et du Talisman[14]. En 1888, sous l’impulsion de Raphaël Blanchard et Jules de Guerne (1855-1931)[13], la Société se dote d’une nouvelle publication, ses Mémoires afin d’y publier les travaux les plus importants.

Le nombre d’adhérents augmenta et passa de 161 en 1878, 270 en 1889[12] et 367, un record, en 1897[15]. L’essor de la Société porte un rude coup à d’autres sociétés savantes et notamment à la Société philomathique de Paris.

Alphonse Milne-Edwards (1835-1900) reçoit du gouvernement français les moyens d’organiser un grand congrès international de zoologie[16] en 1889 au moment de l’Exposition universelle. Celui-ci se tourne vers la Société zoologique de France pour l’organisation de cette manifestation, Milne-Edwards en assurant la présidence. Le code de nomenclature zoologique n’est pas entériné par le congrès, du fait de l’opposition des zoologistes allemands, préférant leur propre système[17]. Il en résultera vingt ans de conflits[18].

La société demeure, jusqu’à la fin du siècle, une société de bourgeois, masculine et parisienne[19].

Du début du XXe siècle à la Seconde Guerre mondiale

La composition comme l’activité de la Société vont profondément se transformer au début du XXe siècle. Raphaël Blanchard devient professeur d’université et doit démissionner du poste de secrétaire général. C’est Jules Guiart qui lui succède[15]. Le dernier président amateur, Paul Carié (1876-1931), est élu en 1923[20]. En 1937, la présidence est détenu pour la première fois par une femme, Marie Phisalix (1861-1946)[20]. En 1938, le nombre de membres est de 390[20].

La France et l’Algérie comptaient moins de 30 chaires de zoologie au lendemain de la Première Guerre mondiale tandis que les effectifs ne dépassaient pas 150 personnes[21].

Cinq de ses membres se sont vu décerner le prix Nobel : Alphonse Laveran (1845-1922), André Lwoff (1902-1994), Elias Metschnikoff (1845-1916), Thomas Hunt Morgan (1866-1945) et Charles Richet (1850-1935).

Annexes

Liste des présidents[22]

Notes

  1. Jean-Loup d'Hondt, CNRS - Muséum National d'Histoire Naturelle, « Prix scientifiques décernés par la Société Zoologique de France » [PDF], sur snv.jussieu.fr, (consulté le ).
  2. Fox (1976) : 799-800.
  3. (en) "Bouvier", in Bo Beolens, Michael Watkins & Michael Grayson, The Eponym Dictionary of Birds, Bloomsbury Publishing Plc, London, New York, 2014. (ISBN 9781472905741)
  4. Fox (1976) : 801.
  5. Hondt (1990) : 66.
  6. Gouillard (2004) : 19-24.
  7. Pellegrin (1954) : 17-46.
  8. Fox (1976) : 803.
  9. Fox évalue cette somme à la moitié d'une année de salaire pour un professeur du Muséum. Fox (1976) : 803.
  10. Hondt (1990) : 66-67.
  11. La fortune personnelle de Jules Vian permit aussi à la Société de passer ce cap difficile. Fox (1976) : 803.
  12. Cité par Fox (1976) : 804.
  13. Hondt (1990) : 67.
  14. Fox (1976) : 806.
  15. Hondt (1990) : 72.
  16. Selon Cox (1976), la France après la défaite de 1871, cherche à affirmer son prestige international en organisant de nombreux congrès : la seule année 1889 voit se dérouler à Paris 69 congrès officiels, dont la moitié concernant les sciences de la vie. Cox (1976) : n. 10, 812.
  17. Fox (1976) : 806-807.
  18. Blanchard exposera les vexations et injures qu'il avait reçu durant toutes ses années dans ses Souvenirs d'Allemagne qu'il publie en 1915 dans le Bulletin de la Société. Fox (1976) : 806-807.
  19. Hondt (1990) : 71-72.
  20. Hondt (1990) : 73.
  21. Grassé (1976) : 781-782.
  22. D'après le Bulletin de la Société zoologique de France, vol. 47 (1922) : p. xxvii-xviii.

Sources primaires

Sources secondaires

  • Jean Gouillard (2004). Histoire des entomologistes français, 1750-1950. Édition entièrement revue et augmentée, Boubée (Paris) : 287 p.
  • François Pellegrin (1954). Un siècle de Société de botanique de France, Bulletin de la Société de botanique de France, Supplément au n° 101 : 17-46.
  • Pierre-Paul Grassé (1976). Un demi-siècle de zoologie française, Bulletin de la Société Zoologique de France, 101 (5) : 781-797.

Lien externe

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