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Site gallo-romain de Triguères

Le site gallo-romain de Triguères est un site archéologique français situé à Triguères dans le département du Loiret et la région Centre-Val de Loire.

Site gallo-romain de Triguères
Vellaunodunum ?
Image illustrative de l’article Site gallo-romain de Triguères
carte de l'ancien oppidum celte de Triguères (1862)
Localisation
Pays Drapeau de l'Empire romain Empire romain
Province romaine Gaule lyonnaise
RĂ©gion Centre-Val de Loire
DĂ©partement Loiret
Commune Triguères
Type Chef-lieu de Civitas
CoordonnĂ©es 47° 56′ 21″ nord, 2° 58′ 54″ est
Altitude 120-170 m
GĂ©olocalisation sur la carte : Empire romain
(Voir situation sur carte : Empire romain)
Site gallo-romain de Triguères
Site gallo-romain de Triguères
Histoire
Époque Antiquité (Empire romain)

Il pourrait correspondre au Vellaunodunum décrit par Jules César lors de la guerre des Gaules[1] - [2] - [3].

Histoire

Époque celte

Une grande levée a été érigée de main d'homme au nord de la colline du donjon, fermant ainsi l'éperon de la Garenne avec contrescarpe, fossé, escarpe et talus, et conforme en tous points aux caractères décrits par Jules César pour les fortifications gauloises : poutres enchâssées dans les murs notamment. Elle n'a pu servir qu'à protéger ladite colline contre des assauts éventuels de ce côté - ce qui, tenant compte de l'escarpement des trois autres côtés, en faisait un lieu bien fortifié. Le mot donjon pourrait n'être qu'une forme francisée du mot dunum, attendu qu'il n'y a à Triguères aucune trace historique d'un quelconque château fortifié, fortification ou donjon[4].

Vellaunodunum

Triguères est selon l'étude de Eugène Boutet de Monvel publiée en 1865 un candidat de premier choix pour être le Vellaunodunum mentionné par Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules[4] - [3] - [5].

CĂ©sar Ă©tait Ă  Agedincum (Sens) ; et voulait porter secours au BoĂŻens, sur la localisation desquels dont on ne sait pas grand-chose de sĂ»r sauf qu'ils Ă©taient du cĂ´tĂ© de la Loire. Dès le dĂ©part son intention Ă©tait de traverser ou de longer le pays des Bituriges (ad Bituriges pervenit), le Berry. Sur son chemin il rencontra et enleva trois villes : une SĂ©none, Vellaunodunum ; une Carnute, Genabum ; et une Biturige, Noviodunum. CĂ©sar ne faisant pas passer Ă  travers champs ses 50 000 hommes et ses machines de guerre (il avait bien fallu qu'il amenât avec lui celles qu'il dĂ©ploya devant Vellaunodunum), et n'ayant pas le temps de construire des routes au fur et Ă  mesure qu'il avançait, il a empruntĂ© des chemins celtes. Il existait effectivement une route celte de Sens Ă  Gien passant par Triguères constituant le chemin le plus court de Sens Ă  la Loire. Il dit ĂŞtre allĂ© d'Agendicum Ă  Vellaunodunum en deux marches. Triguères Ă©tait sur la route la plus directe de Sens Ă  la Loire, et Ă  36 km de Sens - soit deux (journĂ©es de) marche de 4,5 lieues (une distance par marche qui coĂŻncide avec VĂ©gèce, XĂ©nophon, Antonius, Pline, et avec les marches calculĂ©es de CĂ©sar lui-mĂŞme). 4,5 lieues par marche, soit 18 km/jour, Ă©tait une distance raisonnable : c'Ă©tait l'hiver, les jours Ă©taient courts, et en plus de marcher l'armĂ©e devait aussi monter le camp Ă  l'Ă©tape et le dĂ©monter avant le dĂ©part. Au-delĂ  de Triguères sur la mĂŞme route celte, il y avait Montbouy et son amphithéâtre, thermes, etc. Ă  16 km, puis Gien 20 km plus loin - soit deux marches de Triguères Ă  Gien, ce qui Ă©tait le compte de CĂ©sar. Tout autre attribution de ville (Genabum Ă  OrlĂ©ans, comme il est communĂ©ment admis, ou Châteauneuf-sur-Loire, ou ailleurs) et tout autre itinĂ©raire, impliqueraient des marches plus longues que ces 18 km par jour (maximum 20) avec en plus la forĂŞt Ă  traverser, et apparaĂ®t irrĂ©aliste[4].

Quoi qu'il en soit, les restes d'une ville gallo-romaine importante furent retrouvés à Triguères dans les années 1850-1860. Les sections suivantes sont introduites dans l'ordre des découvertes.

Amphithéâtre

DĂ©couvert peu après 1850, un amphithéâtre se trouvait au lieu-dit de la Mardelle, derrière l'ancienne gare ferroviaire[Note 1]. Il mesurait 71 m de longueur sur 56 m de profondeur, et pouvait accueillir environ 8 000 personnes[6]. Les pierres essĂ©millĂ©es dont il Ă©tait revĂŞtu ont servi Ă  construire le mur du cimetière communal inaugurĂ© en 1862[4].

Cimetière gallo-romain

Tombes au pied du donjon

En 1857, le propriétaire du château du Donjon découvre un cimetière gallo-romain dans son jardin[6]. Une épée retrouvée dans une tombe n'était pas de facture romaine et datait d'avant le VIIIe siècle. On n'a trouvé qu'un seul bijou, un collier simple de perles en émail, et aucun signe chrétien : pas de croix, de poisson, de monogramme, d'oiseau... Par ailleurs, à côté des tombes en pierre se trouvaient dix fosses, rangées dans un autre sens, contenant des dépouilles. On suppose qu'il s'agissait d'esclaves, enterrés sans pompe et même avec un cheval enterré parmi eux. Ainsi, l'incinération a cessé mais le christianisme n'était pas encore passé par là. Dans le monde celtique, les morts ne sont en général pas décorés.

Noter que les tombes en pierre aussi bien que les fosses, sont entourées et recouvertes d'une très grande quantité d'ossements libres, suggérant fortement qu'un massacre a eu lieu à cet endroit et que les tombes non profanées ne sont restées intactes que parce qu'elles étaient recouvertes de cadavres[4].

Sanctuaire de source au moulin du Chemin

Villa et bains du lieudit Les Vallées

En 1858, un sanctuaire de source est mis au jour du cĂ´tĂ© du moulin du Chemin[Note 2] - [6]. Suivant le plan classique des sanctuaires de source de cette Ă©poque, il s'agissait d'une grande enceinte rectangulaire de 108 m sur 50 m Ă  ciel ouvert, enclose d'un pĂ©ribole, donnant une cour entourĂ©e d'un portique Ă  colonnade formant galerie. Ă€ l'intĂ©rieur, on retrouva les fondations de trois constructions ; elles contenaient une grande quantitĂ© de colonnes brisĂ©es, de chapiteaux corinthiens pĂŞle-mĂŞle - le tout dĂ©pareillĂ©, une grande partie des pièces venant clairement d'un autre lieu - , de statues en morceaux, de brisures de poteries d'un grain très fin - et de dĂ©pouilles humaines mĂ©langĂ©es au tout[4].

Villas gallo-romaines des Vallées et des Monts

Peu après, au lieu-dit Les VallĂ©es[Note 3] oĂą coulait une fontaine, une grande villa gallo-romaine fut dĂ©couverte, dont l'aile ouest Ă  elle seule mesurait 50 m de long sur 20 m de large. Une autre partie de la villa est enfouie sous la route menant de Triguères aux VallĂ©es[6].

Suit la dĂ©couverte d'un hypocauste (salle de chauffage pour des thermes) au lieu-dit Les Monts[Note 4], sur la commune de Château-Renard mais Ă  seulement 1,5 km Ă  vol d'oiseau des VallĂ©es. Ces thermes des Monts Ă©taient ceux d'une riche maison particulière, et seulement une partie en fut dĂ©gagĂ©e par les fouilles[4].

Temple gallo-romain

Ayant constatĂ© la relative infertilitĂ© de la terre au pied du trilithe, des fouilles eurent lieu lĂ  aussi et l'on trouva un temple gallo-romain avec des statuettes consacrĂ©es dont la quantitĂ© laisse supposer qu'elles Ă©taient des ex-votos, ainsi que des mĂ©dailles, des monnaies romaines, et deux haches celtiques dont une aiguisĂ©e et l'autre encore en Ă©bauche. Ă€ plus de 11 m de profondeur on retrouva des ornements fĂ©minins, des clĂ©s, des vases Ă  parfum, et des pièces de monnaie romaine et gauloise[4].

Aqueduc et thermes

Maisons, caves et vicus gallo-romains au vieux colombier

Puis une conduite d'eau fut découverte le long du chemin Perré, qui s'avéra être une canalisation rejoignant la fontaine Sainte-Anne de Douchy[Note 5], à six kilomètres de là et comblée depuis le début du XIXe siècle car elle était si abondante qu'elle provoquait des inondations. L'aqueduc, de facture romaine, était une simple auge faite de dalles en silex étranger au pays, enduit de fin ciment en couches de différentes couleurs, et recouvert sur toute sa longueur de dalles non taillées provenant de l'Allier. Il s'interrompait brusquement au pied du donjon à cause de constructions.

SubsĂ©quemment cherchant des thermes, les investigateurs trouvèrent dans le champ Ă  l'ouest du donjon quelques très petites maisons gallo-romaines, accompagnĂ©es de nombreuses figurines et pièces de monnaie, et des soupiraux de cave qui menèrent quant Ă  eux Ă  la dĂ©couverte d'un chemin adjacent empierrĂ© Ă  la façon romaine. Une voie romaine les traversait en direction du moulin du Chemin. Les thermes recherchĂ©s furent trouvĂ©s au sud de ce chemin. D'une surface de 100 m de longueur sur 35 m de large, un bâtiment luxueux Ă©tait donc fourni en eau par la fontaine Sainte-Anne de Douchy et offrait pour les hommes d'un cĂ´tĂ© et les femmes de l'autre, un système de chauffage de l'eau perfectionnĂ© ainsi que des salles de massage et de repos. Les petites maisons de l'autre cĂ´tĂ© du chemin, servaient Ă  abriter les esclaves chargĂ©s d'entretenir les thermes. Ces thermes ne contenaient aucun ex-voto ou autre signe cultuel[4].

La grande destruction

La « grande Triguères » cessa d'exister au cours du Ve siècle : des amas de colonnes, de murs et de statues brisées sont retrouvés dans le sanctuaire de source. Ces ravages ne sont pas ceux du temps, mais d'un anéantissement sauvage et délibéré. Et rapide : le four à briques découvert à la ferme de la Mardelle était encore plein de briques crues, et le four prêt pour la cuisson. Les pièces de monnaie trouvées retracent une continuité d'occupation ininterrompue jusqu'à Arcadius (377-408). Les autres monnaies retrouvées datent de Henri II et après, soit onze siècles plus tard[4]. Il a fallu six siècles pour que Triguères renaisse, sans jamais retrouver le faste qu'elle avait connu. La seule théorie en cours attribue la destruction au roi des Huns Attila. En 451, ayant levé le siège d'Orléans, Attila en route pour son échec aux champs Catalauniques près de Troyes serait passé par Triguères et l'aurait ravagée[6].

Notes et références

Notes

  1. CoordonnĂ©es de l'emplacement de l'amphithéâtre : 47° 56′ 29″ N, 2° 58′ 48″ E. Il est encore bien visible sur des photographies satellite et les lignes de relief des cartes d'Ă©tat-major montrent bien son grand arc de cercle, mĂŞme si une maison a Ă©tĂ© construite Ă  l'emplacement de l'arène.
  2. CoordonnĂ©es du moulin du Chemin : 47° 56′ 18,88″ N, 2° 58′ 48,98″ E.
  3. CoordonnĂ©es du lieu-dit Les VallĂ©es : 47° 55′ 55,73″ N, 2° 58′ 21,75″ E
  4. CoordonnĂ©es du lieudit Les Monts : 47° 56′ 07,13″ N, 2° 57′ 02,28″ E
  5. CoordonnĂ©es de la fontaine Sainte-Anne Ă  Douchy : 47° 56′ 43,62″ N, 3° 03′ 06,3″ E. Elle est encore indiquĂ©e sur la carte d'Ă©tat-major de GĂ©oportail.

Références

  1. Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, VII, 11.
  2. Ange Petit, Dissertation sur Genabum-Gien - Vellaunodunum-Triguères, Orléans, Alphonse Gatineau, , 135 p. (lire en ligne)
  3. M.A. Bréan, Itinéraire de l'expédition de César, 1865.
  4. Eugène Boutet de Monvel, « Nouvelle étude sur les ruines celtiques et gallo-romaines de la commune de Triguères », Mémoire de la Société d'Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d'Orléans, Orléans, Imprimerie d’Émile Puget et compagnie, t. 7,‎ , p. 137-172 (lire en ligne)
  5. Eugène Boutet de Monvel, « Étude sur les expéditions de Jules César dans les Carnutes », Mémoire de la Société d'Agriculture, Sciences Belles-Lettres et Arts d'Orléans, t. 7,‎ , p. 5-102 (lire en ligne)
  6. Liliane Violas, « Histoire d'il y a belle lurette..., Triguères », L’Éclaireur du Gâtinais, no 2780,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • François Dupuis, « MĂ©moire sur la dĂ©couverte d'un théâtre romain Ă  Triguères, en 1857 », Bulletin de la sociĂ©tĂ© archĂ©ologique et historique de l'OrlĂ©anais, t. IV,‎ , p. 390-405
  • François Dupuis, « Rapport sur une visite faite aux ruines romaines de Triguères, arrondissement de Montargis », Bulletin de la sociĂ©tĂ© archĂ©ologique et historique de l'OrlĂ©anais, t. IV, no 40,‎ , p. 17-21
  • François Dupuis, « Théâtre romain de Triguères », Bulletin de la sociĂ©tĂ© archĂ©ologique et historique de l'OrlĂ©anais, t. II, no 25,‎ , p. 250-253
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