AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Sevrage tabagique

Le sevrage tabagique est l'arrĂȘt de la consommation de tabac, dans le but de s'affranchir de la dĂ©pendance induite. Bien que le sevrage du tabac puisse ĂȘtre spontanĂ©, il existe plusieurs aides, essentiellement destinĂ©es Ă  arrĂȘter de fumer. Un tel sevrage reste souvent difficile, variable selon le degrĂ© de dĂ©pendance et de motivation. Le sevrage tabagique permet de rĂ©duire les effets du tabac sur la santĂ©.

Cigarette brisée.

Évaluation de la dĂ©pendance

L'Ă©valuation de la dĂ©pendance est un prĂ©alable souvent nĂ©cessaire avant d'entreprendre un arrĂȘt de la consommation de tabac. En effet, de celle-ci dĂ©pend le risque d'Ă©chec et le besoin de recourir Ă  une aide thĂ©rapeutique. Cette dĂ©pendance peut par exemple ĂȘtre approchĂ©e par le test de Fagerström, qui consiste en un questionnaire sur les habitudes de consommation de tabac.

Chez un individu prĂ©sentant cette dĂ©pendance, le souhait de s'en affranchir est majoritaire. Ainsi en Grande-Bretagne 78 % des fumeurs aimeraient ĂȘtre non-fumeurs Ă  l'horizon d'un an et 80 % ont fait une tentative au cours des 5 derniĂšres annĂ©es (et dĂ©jĂ  75 % dans la tranche des 16-25 ans)[1].

ArrĂȘt brutal ou progressif

Le sevrage tabagique peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© de maniĂšre immĂ©diate, ou progressivement par diminution du nombre de cigarettes journaliĂšres. Les deux stratĂ©gies semblent Ă©quivalentes en termes de rĂ©ussite[2] - [3].

ArrĂȘt spontanĂ©

Refus spontané.

Chez la personne dĂ©pendante, fumer soulage pendant quelque temps un manque imperceptible, assimilĂ© subjectivement Ă  une souffrance. La dĂ©marche classique d'arrĂȘt consiste Ă  Ă©teindre une derniĂšre cigarette et Ă  ĂȘtre suffisamment dĂ©terminĂ© et confiant pour ne plus jamais avaler Ă  nouveau de la fumĂ©e. La probabilitĂ© de parvenir sans aide Ă  s'abstenir de fumer durant un an ou plus avec cette mĂ©thode est estimĂ©e selon les sources entre 3 et 6,4 %[4] - [5].

Les fumeurs qui arrĂȘtent sans assistance extĂ©rieure acceptent en gĂ©nĂ©ral de subir quelques jours dĂ©stabilisants : les effets du sevrage sont temporaires et bĂ©nins (hors terrain pathologique avĂ©rĂ©). PassĂ©s huit jours les « envies » de fumer s'espacent et se surmontent de plus en plus aisĂ©ment : cela accroĂźt la confiance en soi, d'autant que l'on ressent trĂšs vite les bĂ©nĂ©fices de l'arrĂȘt. PassĂ©es trois semaines, les envies ne sont plus causĂ©es par un besoin physique et prennent gĂ©nĂ©ralement un caractĂšre occasionnel.

L'arrĂȘt doit prendre en compte le fait que le dĂ©sir de fumer reste durablement gravĂ© en mĂ©moire : on ne peut faire l'Ă©conomie d'apprendre Ă  y faire face pour en ĂȘtre protĂ©gĂ©. Compte tenu des alĂ©as de la vie, il est probable qu'un jour ce dĂ©sir se manifeste Ă  nouveau d'oĂč le risque de rĂ©cidive : la sensibilisation cĂ©rĂ©brale Ă©tant rĂ©manente, une seule bouffĂ©e de fumĂ©e de tabac peut suffire Ă  rĂ©activer la dĂ©pendance.

Il est possible de limiter une prise de poids Ă©ventuelle – prĂ©sente dans trois arrĂȘts sur quatre – comme de rĂ©duire l'agressivitĂ© et l'obsession de l'envie de fumer, en prenant connaissance et surtout conscience des effets complexes du tabagisme et des mĂ©canismes de la dĂ©pendance contre lesquels la volontĂ© est gĂ©nĂ©ralement impuissante.

Il existe plusieurs ouvrages pratiques dĂ©crivant diffĂ©rentes mĂ©thodes d'arrĂȘt non Ă©valuĂ©es scientifiquement.

[réf. nécessaire]

Prise en charge médicale

Selon une recommandation émise par la Haute Autorité de santé à l'intention des professionnels, une prise en charge médicale des patients fumeurs est toujours recommandée, surtout en cas de comorbidité ou risque de complications (hospitalisation, états dépressifs, grossesse, polytoxicomanie, antécédents ou traitement neuropsychiatrique, etc.)[6].

En France en 2008 étaient recensés 646 centres de consultation en tabacologie médicale, presque également répartis entre secteurs public (303) et privé (343). Il convient de prévoir 4 à 6 consultations réparties sur plusieurs mois.

Ces services puisent une partie de leur efficacité dans l'accompagnement par un tabacologue formé à la prise en charge de la composante psychologique de la dépendance. Elles sont le plus souvent accompagnées d'un traitement médicamenteux afin de réduire les envies de fumer et la sensation de manque pendant la période de sevrage. Il n'existe pas de remÚde connu pour la prévention de la récidive[7].

Compte tenu de la sensibilisation créée par les effets pharmacologiques du tabagisme, la décision de cesser définitivement de fumer est requise.

Aides non médicamenteuses

Thérapies comportementales et cognitives (TCC)

Ces thérapies, notamment l'entretien motivationnel, présentent l'avantage de permettre une validation scientifique objective[8] - [9]. Elles améliorent les résultats du traitement médicamenteux de la prise en charge médicale, agissant notamment sur la dépendance sociale qui fonctionne par des conditionnements acquis[10].

C'est le traitement de premiĂšre intention pour la femme enceinte (ConfĂ©rence de consensus 1999). Elles peuvent ĂȘtre proposĂ©es Ă©galement sans apport mĂ©dicamenteux et, dans ce cas, ont les mĂȘmes rĂ©sultats que le traitement mĂ©dicamenteux mais sans aucun effet secondaire.

L'accent en France étant mis sur l'approche médicale en centre de tabacologie spécialisé, les TCC restent peu pratiquées pour le sevrage tabagique.

Assistance téléphonique

Initialement mis en place en Californie, en Australie et au Royaume-Uni dans les annĂ©es 2000[11] - [12], les centres d'assistance tĂ©lĂ©phoniques n'ont pas donnĂ© lieu en France Ă  une Ă©valuation mĂ©dicale rigoureuse. Ces services sont peu dĂ©veloppĂ©s en pratique : environ 4 000 appels Ă  Tabac Info Service au mois de mai 2011 par exemple[13].

Aide en ligne

Internet a permis le dĂ©veloppement de groupes bĂ©nĂ©voles de soutien, modĂ©rĂ©s ou autogĂ©rĂ©s, comme des forums de discussion[14] ou sur des rĂ©seaux sociaux (Twitter, Facebook). DiffĂ©rents fabricants de produits pharmaceutiques proposent un accompagnement de soutien Ă  la pharmacothĂ©rapie, parfois nommĂ© Éducation thĂ©rapeutique.

Des logiciels d'aide Ă  l'arrĂȘt sont disponibles sur internet[15] - [16] ou sur ordinateur ou console de jeu. L'utilisation de ces logiciels peut ĂȘtre utile[17].

Mois sans tabac

Le mois sans tabac est un dispositif français, lancĂ© en 2016[18], destinĂ© Ă  aider les fumeurs qui souhaitent entreprendre un sevrage. Ceux-ci sont encouragĂ©s Ă  ne pas fumer pendant le mois de novembre. Les participants sont invitĂ©s Ă  s'inscrire sur le site Tabac Info Service. Ils peuvent ensuite ĂȘtre aidĂ©s dans leur dĂ©marche par les autres participants et par des professionnels[19].

MĂ©dicaments

Substituts nicotiniques

Timbre de nicotine.

Un timbre autocollant diffuse lentement la nicotine par la peau, ce qui maintient une titration en nicotine et réduit ou supprime les impressions de manque. Le traitement habituel dure huit semaines, avec diminution progressive du dosage. Le dosage initial est établi en fonction de l'évaluation de l'intensité de la dépendance tabagique et du résultat de la mesure du CO expiré.

Selon une mĂ©ta-analyse Cochrane, la prise de nicotine augmente de 50 Ă  70 % la probabilitĂ© d’arrĂȘter de fumer par rapport Ă  l’absence de traitement ou Ă  un placebo le taux d'arrĂȘt Ă  12 mois en contexte clinique est de 13,7 %[20] ; d'autres Ă©tudes ont montrĂ© une efficacitĂ© plus rĂ©duite (sur 100 tentatives, 3 Ă  6 arrĂȘts confirmĂ©s Ă  12 mois)[21].

Il existe d'autres modes d'administration des substituts nicotiniques : gommes Ă  mĂącher, inhalateurs, vaporisateurs, comprimĂ©s Ă  sucer, comprimĂ©s sublinguaux, etc. Concernant l'arrĂȘt durable, ces diffĂ©rentes spĂ©cialitĂ©s de nicotine n'ont pas une efficacitĂ© supĂ©rieure Ă  celle des timbres transdermiques. Elles lui sont parfois associĂ©es, pour tenter d'augmenter le taux de succĂšs.

En France, les timbres transdermiques sont vendus en pharmacie, Ă©ventuellement sur ordonnance (la prescription est obligatoire pour les mineurs). Depuis le , l’Assurance maladie subventionne Ă  hauteur de 50 € par annĂ©e civile et par bĂ©nĂ©ficiaire l'achat de nicotine pharmaceutique — patch, gomme, pastille, etc. — prescrite par un professionnel de santĂ©. Le 31 mai 2011, la participation a Ă©tĂ© portĂ©e Ă  150 euros pour les femmes enceintes.

Au Canada, les timbres transdermiques sont également vendus en pharmacie. Délivrés dans un premier temps uniquement sur ordonnance, ils sont désormais en vente libre. Les compagnies d'assurances n'exigent plus l'ordonnance pour rembourser l'assuré.

Les moyens mĂ©dicaux de sevrage actuels ne dĂ©passent pas des taux rĂ©els de rĂ©ussite de 20 %, Ă  30 % — pour les Ă©tudes les plus optimistes — des fumeurs qui les utilisent. Les fumeurs qui tentent d’arrĂȘter de fumer spontanĂ©ment sont moins de 10 % Ă  rester abstinents au-delĂ  d’un an[22], tandis que ceux qui utilisent un placebo ou assimilĂ© sont 10 % Ă  rester abstinents.

Bupropion

Conditionnement de bupropion vendu aux États-Unis.

Le bupropione est autorisĂ© comme psychotrope antidĂ©presseur aux États-Unis et l'on constata que l’un de ses effets secondaires Ă©tait de rĂ©duire l’envie de fumer des patients sous traitement. Le produit inhibe la recapture de la noradrĂ©naline et de la dopamine, ce qui rĂ©duit chez un fumeur la sensation de soulagement du manque de nicotine lorsqu'il fume.

Ce mĂ©dicament amphĂ©taminique commercialisĂ© depuis 2001 par GlaxoSmithKline sous la marque Zyban permettrait un taux de sevrage confirmĂ© Ă  12 mois Ă  compter du dĂ©but du traitement de 15 % (source Pfizer), correspondant Ă  un taux d'arrĂȘt du tabac double de celui obtenu avec un traitement placebo[23]. Il est dĂ©livrĂ© sur ordonnance et nĂ©cessite un suivi mĂ©dical car il est accompagnĂ© d'effets secondaires et prĂ©sente une longue liste de contre-indications. Il fait l'objet d'un suivi de pharmacovigilance renforcĂ©.

Varénicline

CommercialisĂ©e en France depuis fĂ©vrier 2007 par Pfizer, la varĂ©nicline prĂ©sente une utilisation similaire au bupropion. Elle est commercialisĂ©e sous la marque Champix en Europe et Chantix aux États-Unis. La varĂ©nicline n'est disponible que sur ordonnance.

La varĂ©nicline agit en rĂ©duisant l'intensitĂ© de l'envie de fumer ainsi que la sensation de manque : occupant les seuls rĂ©cepteurs nicotiniques alpha4bĂȘta2 dans le cerveau, elle rĂ©duit l'effet de la nicotine inhalĂ©e sur le systĂšme de rĂ©compense (c'est un agoniste partiel). Fumer perd ainsi grandement de son intĂ©rĂȘt.

Avec un accompagnement psychologique rĂ©gulier et intensif comprenant un suivi hebdomadaire avec un thĂ©rapeute pendant les 3 premiers mois, dans une Ă©tude sur 1 000 personnes, la proportion de sevrage Ă  12 mois aprĂšs un traitement de 12 semaines Ă©tait de 22 %, contre 10 % avec le traitement placebo[24]. Une Ă©tude prĂ©alable rĂ©alisĂ©e Ă  l'initiative du fabricant montrait, aprĂšs 7 semaines de traitement chez 300 malades environ, un taux d'abstinence Ă  52 semaines de 14 % contre 4,0 % avec le placebo[25]. Ces rĂ©sultats sont dĂ©pendants de la qualitĂ© de l'accompagnement et du suivi lors des tests.

La varĂ©nicline occasionne des « effets indĂ©sirables graves » et fait l'objet d'une surveillance renforcĂ©e par l'Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ©[26]. De ce fait, elle ne faisait plus partie depuis mai 2011 de la liste des produits bĂ©nĂ©ficiant de la subvention forfaitaire de 50 euros en France. Elle est nĂ©anmoins Ă  nouveau remboursĂ©e.

Autres traitements pharmacologiques

La cytisine est employĂ©e dans ce cadre depuis des dĂ©cennies dans certains pays[27], notamment en Europe de l'Est[28]. Elle semble plus efficace qu'un placebo et son intĂ©rĂȘt est d'autant plus important qu'il est bien moins cher que les autres solutions pharmacologiques disponibles[29].

Compte tenu de l'importance des enjeux sanitaires, de nombreux projets de recherche de produits d'aide au sevrage tabagique ou visant une réduction de la consommation sont en cours.

Une autre piste en cours d'essais cliniques vise Ă  prĂ©venir la rĂ©cidive en faisant produire des anticorps empĂȘchant temporairement la nicotine d'irriguer le cerveau lors d'un Ă©cart Ă  l'abstinence. Par analogie avec la prĂ©vention immunologique des maladies infectieuses et faute d'autre terme adaptĂ©, ces traitements sont actuellement nommĂ©s vaccins.

L'utilisation de la psilocybine est Ă  l'Ă©tude[30] - [31].

Aides non conventionnelles

Cigarettes sans tabac

Les cigarettes sans tabac sont composées de plantes à fumer (tussilage, noisetier, sauge, etc.). Par rapport aux cigarettes conventionnelles, leur but est de permettre la reproduction de l'acte de fumer en évitant la consommation de nicotine. Leur vente en officine de pharmacie en France a été interdite en octobre 2006 : elles sont dorénavant en vente dans les bureaux de tabac.

Homéopathie

Selon ses partisans, le principe de l'homéopathie consisterait à « combattre le mal par le mal » en utilisant une substance active provoquant des symptÎmes similaires à ceux d'une intoxication au tabac, à doses infinitésimales voire inexistantes.

L’efficacitĂ© de cette mĂ©thode comparĂ©e Ă  un placebo n'a toutefois pas Ă©tĂ© montrĂ©e scientifiquement. Elle n'est pas recommandĂ©e par la Haute AutoritĂ© de santĂ© ni par l’Agence française de sĂ©curitĂ© sanitaire des produits de santĂ©, qui l'a classĂ©e en 2003 parmi les thĂ©rapeutiques qui ont fait l'objet d'une Ă©valuation mais qui n'ont pas dĂ©montrĂ© leur efficacitĂ©[32] - [33].

Hypnothérapie

L'hypnose a pour objectif d'agir sur des ressources inconscientes thĂ©oriques visant Ă  l'arrĂȘt du tabagisme et au maintien de l'abstinence. Par exemple, le dĂ©roulement classique du psychiatre amĂ©ricain Herbert Spiegel comporte trois suggestions essentielles : la fumĂ©e de tabac est un poison ; le corps mĂ©rite d'ĂȘtre protĂ©gĂ© de la fumĂ©e ; il est possible et agrĂ©able de vivre sans fumer. Ce type de suggestion n'implique pas un rapport hiĂ©rarchique au thĂ©rapeute : le client est invitĂ© Ă  participer Ă  sa propre thĂ©rapie et Ă  apprendre l'auto-hypnose. Une ou deux sĂ©ances suffisent gĂ©nĂ©ralement.

L'hypnothĂ©rapie ne fait pas partie des pratiques validĂ©es pour l'arrĂȘt du tabagisme, son efficacitĂ© n'ayant pas Ă©tĂ© mĂ©dicalement dĂ©montrĂ©e[34].

Acupuncture

L'acupuncture, fondĂ©e sur des principes traditionnels chinois, est parfois utilisĂ©e comme aide Ă  l'arrĂȘt du tabagisme. D'autres procĂ©dĂ©s dĂ©rivĂ©s comprennent l'acupression, le laser et la stimulation Ă©lectrique.

L'examen d'essais en contexte expĂ©rimental n'a pas Ă©tabli que l'acupuncture ou les techniques connexes augmentaient significativement le taux de succĂšs Ă  l'arrĂȘt du tabagisme par rapport Ă  une acupuncture placebo (en positionnant les aiguilles dans des endroits autres que ceux rĂ©putĂ©s sensibles)[35]. L'acupuncture a Ă©tĂ© classĂ©e par l'AFSSAPS parmi les thĂ©rapeutiques non prouvĂ©es scientifiquement et non recommandĂ©es[33].

Auriculothérapie

L'auriculothĂ©rapie est une mĂ©thode thĂ©rapeutique d'origine française, dont les effets seraient dus Ă  une action de type neurologique[36]. Elle consiste en la pose d'aiguilles en des points prĂ©cis de l'oreille. La stimulation de ces points entrainerait la disparition presque instantanĂ©e des sensations de manque, via des voies neurologiques dont l’existence est discutĂ©e.

L'auriculothérapie a été classée par l'AFSSAPS parmi les thérapeutiques non prouvées scientifiquement et non recommandées[33].

Lasérothérapie

Actuellement, la lasĂ©rothĂ©rapie n’a montrĂ© aucune efficacitĂ© spĂ©cifique pour le sevrage tabagique[34].

BoĂźtiers programmables

La technique du boĂźtier programmable pour arrĂȘter de fumer date des annĂ©es 1970. En effet on rapporte que le dirigeant soviĂ©tique Leonid Brejnev, gros fumeur, aurait utilisĂ© un tel boĂźtier pour limiter sa propre consommation de cigarettes[37]. Les boĂźtiers programmables ont le plus souvent une taille lĂ©gĂšrement supĂ©rieure Ă  celle d'un paquet de cigarettes standard. Ils sont dotĂ©s d'un programmateur Ă©lectronique, de boutons d'utilisation et d'un clapet muni d'un systĂšme de verrouillage. L'utilisateur insĂšre ses cigarettes dans le boĂźtier et programme le nombre d'ouvertures qu'il souhaite sur une pĂ©riode donnĂ©e, ou encore la durĂ©e entre deux cigarettes. Certains boĂźtiers invitent le fumeur Ă  sĂ©lectionner un programme prĂ©cis de rĂ©duction progressive. Les boĂźtiers programmables ont pour but d'agir sur le geste du fumeur ainsi que sa psychologie. Ils visent un sevrage progressif, tout en limitant le risque de rechute ou de dĂ©rapage.

Incitation financiĂšre

Une incitation financiĂšre peut amĂ©liorer l'efficacitĂ© d'une tentative d'arrĂȘt du tabagisme. Dans une expĂ©rimentation avec les salariĂ©s d'une grande entreprise, 15 % des fumeurs incitĂ©s financiĂšrement Ă  la rĂ©ussite Ă©taient abstinents Ă  12 mois, Ă  comparer Ă  seulement 5 % des candidats non incitĂ©s financiĂšrement Ă  l'arrĂȘt (les aides pharmaceutiques Ă©tant fournies gracieusement et Ă  volontĂ© dans les deux cas)[38]. Il semble donc qu'une incitation financiĂšre augmente les chances de succĂšs, mĂȘme si dans l'absolu, ce rĂ©sultat reste modeste. C'est la raison pour laquelle l'expĂ©rimentation de subventionnement du rĂ©sultat en Écosse[39] a conduit le gouvernement Ă  cesser cette politique jugĂ©e coĂ»teuse et faiblement efficace[40].

Comparaison d'efficacité

Un examen systĂ©matique publiĂ© dans l'European Journal of Cancer Prevention a montrĂ© que la thĂ©rapie comportementale de groupe Ă©tait la mĂ©thode d'arrĂȘt du tabagisme la plus efficace, suivie par le bupropion, les conseils intensifs d'un mĂ©decin, les substituts nicotiniques, l'assistance individuelle, l'assistance par tĂ©lĂ©phone, les conseils d'une infirmiĂšre et l'apprentissage autodidacte. L'Ă©tude n'a pas pris en compte la varĂ©nicline[41].

Concernant spécifiquement les différents traitements médicamenteux, il n'existe que peu de comparaisons directes entre eux. Elles concernent essentiellement le bupropion versus les dérivés nicotiniques et ne montrent pas de différences significatives entre ces deux options[42].

Santé publique et mesures collectives de lutte antitabac

Signalisation d'interdiction de fumer dans une gare.

Selon les pays, diffĂ©rentes mesures lĂ©gales peuvent ĂȘtre prises afin de favoriser l'arrĂȘt du tabac. Cela peut passer par exemple par une campagne de prĂ©vention, une restriction de publicitĂ©, une augmentation des taxes sur la vente ou une interdiction selon l'Ăąge, ou en fonction de la situation.

Conséquences du sevrage

Effets positifs

Taux de survie Ă  partir de l'Ăąge de 35 ans des non-fumeurs, fumeurs de cigarettes et ex-fumeurs ayant arrĂȘtĂ© entre 25 et 34 ans[43]. La courbe des ex-fumeurs suit de prĂšs celle des non-fumeurs.

Parmi les bĂ©nĂ©fices pouvant ĂȘtre attribuĂ©s Ă  la cessation du tabagisme, citons :

  • diminution notable du risque de contracter des maladies graves, voire mortelles (cancer, maladies cardio-vasculaires) ;
  • augmentation de l'espĂ©rance de vie allant jusqu'Ă  10 ans, en fonction de l'Ăąge lors de l'arrĂȘt (voir Étude des mĂ©decins britanniques sur le tabagisme) ;
  • Ă©conomie d'argent ;
  • sentiment de libĂ©ration comparativement Ă  la dĂ©pendance passĂ©e ;
  • Ă©nergie ;
  • plaisir de retrouver son odorat ;
  • teint de la peau plus vif ;
  • meilleure haleine ;
  • timbre de voix plus clair.

La lutte contre le tabagisme aux États-Unis aurait Ă©vitĂ© 8 millions de dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ©s entre 1964 et 2013, et aurait contribuĂ© Ă  l'allongement de la durĂ©e de vie de 2,3 ans pour les hommes, et de 1,6 an pour les femmes[44].

Effets indésirables

L'arrĂȘt du tabac est frĂ©quemment associĂ© Ă  une pĂ©riode de transition se manifestant par des dĂ©sagrĂ©ments passagers :

  • dĂ©pression ;
  • prise de poids ;
  • somnolence ;
  • sensation de faim ;
  • toux, « chat » dans la gorge ;
  • gencives sensibilisĂ©es pouvant saigner lors des brossages.
  • sautes d'humeur
  • irritabilitĂ©

Ces symptĂŽmes – exceptĂ© la prise de poids – vont en s'attĂ©nuant en quelques semaines en gĂ©nĂ©ral.

La prise de poids est un effet secondaire classique de l'arrĂȘt du tabagisme et reste une prĂ©occupation d'une femme sur deux et d'un homme sur quatre dans cette situation[45]. Elle est d'environ kg la premiĂšre annĂ©e de l'arrĂȘt[46] et peut-ĂȘtre plus importante chez l'obĂšse[47]. De profonds remaniements de la flore intestinale Ă  l'arrĂȘt du tabac pourraient expliquer cette prise de poids[48].

L'intĂ©rĂȘt de l'arrĂȘt du tabac reste malgrĂ© tout Ă©vident, mĂȘme chez la personne en surcharge pondĂ©rale pour laquelle le risque pulmonaire et vasculaire du tabac est le plus Ă©levĂ©. Par ailleurs, les chiffres donnĂ©s concernent exclusivement l'arrĂȘt dans des situations de prise en charge mĂ©dicale du tabagisme et ne reflĂštent sans doute pas les cas d'arrĂȘt volontaire et autonome[49].

Une surveillance médicale est recommandée, surtout aux fumeurs atteints de complications, notamment en cas de diabÚte, de dépression ou de maladie psychiatrique.

Recommandations et consensus

L'arrĂȘt du tabagisme a fait l'objet de la publication de recommandations. Celles de l'« American College of Cardiology » datent de 2018[50].

Notes et références

  1. Taylor T., Lader D., Bryant A., Keyse L., Joloza M. T., « Smoking-related behaviour and attitudes, 2005 », sur Office for National Statistics, (consulté le ).
  2. Lindson-Hawley N, Aveyard P, Hughes JR, Reduction versus abrupt cessation in smokers who want to quit, Cochrane Database Syst Rev, 2012;11:CD008033
  3. Lindson-Hawley N, Aveyard P, Hughes JR, Gradual reduction vs abrupt cessation as a smoking cessation strategy in smokers who want to quit, JAMA, 2013;310:91-92
  4. (en) C. Viswesvaran et F. L. Schmidt, « A meta-analytic comparison of the effectiveness of smoking cessation methods », Journal of Applied Psychology (en), vol. 77, no 4,‎ , p. 554-61 (PMID 1387394, lire en ligne).
  5. Haute AutoritĂ© de santĂ© (HAS), ArrĂȘter de fumer et ne pas rechuter : la recommandation 2014 de la HAS sur le site de la HAS
  6. « ArrĂȘt de la consommation de tabac : du dĂ©pistage individuel au maintien de l’abstinence en premier recours », sur Haute AutoritĂ© de SantĂ© (consultĂ© le ).
  7. Tabac Comprendre la dépendance pour agir, Expertise collective, Inserm, 2004 [PDF]
  8. (en) Lai DTC, Cahill K, Qin Y, Tang JL, « Motivational interviewing for smoking cessation », Cochrane Database Syst Rev, no 1,‎ , CD006936. (PMID 20091612, DOI 10.1002/14651858.CD006936.pub2, rĂ©sumĂ©)
  9. (en) Carlos Gantiva, Pedro Guerra et Jaime Vila, « From appetitive to aversive: motivational interviewing reverses the modulation of the startle reflex by tobacco cues in smokers not ready to quit », Behav Res Ther, vol. 66,‎ , p. 43-8. (PMID 25698163, DOI 10.1016/j.brat.2015.01.006)
  10. « Tabac : comprendre la dépendance pour agir », rapport d'experts de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, janvier 2004, 473 p.
  11. (en) Lindsay F Stead, Rafael Perera et Tim Lancaster, « Telephone counselling for smoking cessation », Cochrane Database Syst Rev, no 3,‎ , CD002850. (PMID 16855992, DOI 10.1002/14651858.CD002850.pub2, lire en ligne [html])
  12. (en) Lindsay F Stead, Jamie Hartmann-Boyce, Rafael Perera et Tim Lancaster, « Telephone counselling for smoking cessation », Cochrane Database Syst Rev, vol. 8:CD002850.,‎ (PMID 23934971, DOI 10.1002/14651858.CD002850.pub3, lire en ligne [html])
  13. OFDT Tableau de bord mensuel Tabac juin 2011.
  14. par exemple le forum Stop-tabac.ch
  15. iCoach
  16. "Coach" du site Stop-tabac.ch
  17. Seung-Kwon Myung, McDonnell DD, Kazinets G, Hong Gwan Seo, Moskowitz JM, Effects of Web- and computer-based smoking cessation programs, meta-analysis of randomized controlled trials, Arch Intern Med, 2009;169:929-937
  18. « Mois sans tabac 2020 : pourquoi y participer ? comment ça marche ? », sur Santé Magazine, (consulté le )
  19. « Accueil #MoiSansTabac », sur tabac-info-service.fr (consulté le ).
  20. (en) Silagy C, Lancaster T, Stead L, et al. « Nicotine replacement therapy for smoking cessation » Cochrane Database Syst Rev. 2004;(3):CD000146.
  21. (en) Patricia Yudkin, Kate Hey, Sarah Roberts, Sarah Welch, Robert Walton et al. « Abstinence from smoking eight years after participation in randomised controlled trial of nicotine patch » BMJ 2003;327(7405):28-29
  22. M. Underner, J. Perriot, G. Peiffer et J.-C. Meurice, « Effets de l’activitĂ© physique sur le syndrome de sevrage et le craving Ă  l’arrĂȘt du tabac », Revue des maladies respiratoires, vol. 33, no 6,‎ , p. 431-443 (DOI 10.1016/j.rmr.2015.09.009, lire en ligne).
  23. (en) Hughes JR, Stead LF, Lancaster T. « Antidepressants for smoking cessation » Cochrane Database Syst Rev. 2007 (1):CD000031 PMID 17253443
  24. (en) Jorenby D E et al., « Efficacy of varenicline, an alpha4beta2 nicotinic acetylcholine receptor partial agonist, vs placebo or sustained-release bupropion for smoking cessation: a randomized controlled trial », JAMA, vol. 296, no 1,‎ , p. 56–63 (PMID 16820547, rĂ©sumĂ©)
  25. (en) Nides M, Oncken C, Gonzales D, Reeves K et al. ; Varenicline Study Group « Smoking Cessation With Varenicline, a Selective 42 Nicotinic Receptor Partial Agonist. Results From a 7-Week, Randomized, Placebo- and Bupropion-Controlled Trial With 1-Year Follow-up » Arch Intern Med. 2006;166:1561-1568.
  26. « Varénicline », (consulté le )
  27. Tutka P. « Nicotinic receptor partial agonists as novel compounds for the treatment of smoking cessation » Expert Opin Investig Drugs 2008;17:1473-1485.
  28. (en) Etter JF, Lukas RJ, Benowitz NL, West R, Dresler CM, « Cytisine for smoking cessation: a research agenda » Drug Alcohol Depend. 2008;92:3-8.
  29. (en) West R, Zatonski W, Cedzynska M et al. « Placebo-controlled trial of cytisine for smoking cessation » N Engl J Med. 2011;365:1193-120.
  30. (en) Lauren Nelson, « Hallucinogen in 'magic mushrooms' helps longtime smokers quit in Hopkins trial », sur The Hub, (consulté le ).
  31. (en) Marisol Martinez, « Johns Hopkins receives first federal grant for psychedelic treatment research in 50 years », sur The Hub, (consulté le ).
  32. Haute Autorité de santé, « Stratégies thérapeutiques d'aide au sevrage tabagique », (consulté le ).
  33. Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ©, « Les stratĂ©gies thĂ©rapeutiques mĂ©dicamenteuses et non-mĂ©dicamenteuses de l'aide Ă  l'arrĂȘt du tabac », (version du 21 mars 2013 sur Internet Archive).
  34. Ordre des pharmaciens du Québec et Institut national de santé publique du Québec, « La pharmacothérapie de la dépendance au tabac », .
  35. White AR, Rampes H, Campbell J. Acupuncture and related interventions for smoking cessation. Cochrane Database of Systematic Reviews 2006, Issue 1. Art. No.: CD000009. DOI: 10.1002/14651858.CD000009.pub2
  36. J. BOSSY, Bases neurobiologiques des réflexothérapies, Masson, Paris, 3e éd., 1983
  37. Article "The World: Four On the Road" - Time Magazine, Monday, Nov. 08, 1971
  38. Volpp KG, Troxel AB, Pauly MV, A randomized, controlled trial of financial incentives for smoking cessation, N Eng J Med, 2009;360:699-709
  39. Christie B, Scottish NHS offers cash to get smokers to quit, BMJ, 2009;338:b1306
  40. NHS dumps smoker draw , Edinburgh Evening News, 17 août 2009 "NHS Lothian has abandoned its policy of offering financial incentives to help smokers quit."
  41. Lemmens V, Oenema A, Knut IK, Brug J, « Effectiveness of smoking cessation interventions among adults: a systematic review of reviews », Eur J Cancer Prev, vol. 17, no 6,‎ , p. 535–44 (PMID 18941375, DOI 10.1097/CEJ.0b013e3282f75e48, lire en ligne)
  42. Cahill K, Stevens S, Lancaster T, Pharmacological treatments for smoking cessation, JAMA, 2014;311:193-194
  43. Doll R, Peto R, Boreham J, Sutherland I., « Mortality in relation to smoking: 50 years' observation on male British doctors », BMJ, vol. 328, no 7455,‎ , p. 1519 (PMID 15213107, PMCID 437139, DOI 10.1136/bmj.38142.554479.AE)
  44. Holford T. R., Meza R., Warner K. E. et al, « Tobacco Control and the Reduction in Smoking-Related Premature Deaths in the United States, 1964-2012 », Journal of the American Medical Association, no 311(2),‎ , p. 164-171 (lire en ligne).
  45. Clark MM, Hurt RD, Croghan IT et al. The prevalence of weight concerns in a smoking abstinence clinical trial, Addict Behav, 2006;31:1144-52
  46. Aubin H-J, Farley A, Lycett D, Lahmek P, Aveyard P, Weight gain in smokers after quitting cigarettes: meta-analysis, BMJ, 2012;345:e4439
  47. Lycett D, MunafĂČ M, Johnstone E, Murphy M, Aveyard P, Associations between weight change over 8 years and baseline body mass index in a cohort of continuing and quitting smokers, addiction, 2011;106:188-96
  48. (en) Biedermann L, Zeitz J, Mwinyi J, Sutter-Minder E, Rehman A, Ott SJ, Steurer-Stey C, Frei A, Frei P, Scharl M, Loessner MJ, Vavricka SR, Fried M, Schreiber S, Schuppler M, Rogler G., « Smoking cessation induces profound changes in the composition of the intestinal microbiota in humans », PLoS One., vol. 8, no 3,‎ , e59260. (PMID 23516617, PMCID PMC3597605, DOI 10.1371/journal.pone.0059260, lire en ligne)
  49. FernĂĄndez E, Chapman S, Quitting smoking and gaining weight: the odd couple, BMJ, 2012;345:e4544
  50. Barua RS, Rigotti NA, Benowitz NL et al. 2018 ACC expert consensus decision pathway on tobacco cessation treatment, a report of the American College of Cardiology task force on clinical expert consensus, JACC, 2018, 72:3332-3365.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.